Je ne savais pas le 5 mars dernier que le fest’ Heavy Psych Sounds serait le dernier concert auquel j’assisterai avant le confinement lié au Covid-19. Je t’écris donc de chez moi, enfermée depuis 3 jours pour éviter toute contagion, passive ou active.
Après ces quelques mots de contexte, je reviens donc en pensée dans le passé proche et lointain à la fois. Le passé est souvent chargé du cliché de légèreté perdue, mais pas ce soir au Glazart puisqu’à l’affiche, c’est Stoner, donc du lourd. Je sors de manif’ aux côtés de mes collègues (oui je n’ai pas fini de te parler de l’époque troublée que nous vivons), on s’est faits trempés pour la bonne cause : s’opposer au projet de réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Bref, ce soir, malgré la pluie, je me retrouve au nord de Paris pour voir et écouter pas moins de 5 groupes. En tête d’affiche, deux groupes californiens, Lords of Altamont et Mondo Generator. Et en support, deux groupes italiens et un texan.
On commence en douceur avec le premier groupe, Giobia, italien comme son nom l’indique, de Milan plus précisément. C’est très planant et tout à fait assumé seventies autant au niveau du look que du son que le groupe définit comme Acid Rock (acide comme lysergique, et pas comme vinaigre, hein cornichon!). Il y a une 12 cordes, un clavier et de la réverb à fond à tel point que quand le chanteur s’adresse à nous, on ne comprend rien. C’est pas mal, ça a des faux airs de Led Zep, et c’est assez lisse. La claviériste passe au chant et le show devient plus pêchu. Mais ça reste de la musique d’ambiance, de bonne qualité mais sans plus.
Avec le 2ème groupe, Duel, le volume monte d’un cran et le rythme est effréné. Cette fois, pas de réverb’ dans la voix qui manque un peu de souffle, les deux autres guitaristes soutenant efficacement le chanteur. Ils sont originaires du Texas et collent à l’image qu’on peut se faire d’un Texan moyen : leur Tripped Out Stoner Metal (sic) est graisseux, et donne à penser à un des ces trains américains massifs lancé à pleine bourre. Les décidels dépassent la barre des 100. Seul petit bémol, j’ai l’impression que le groupe joue la même chanson tout le long du set.
En coeur de programmation, voici Black Rainbows, en provenance de Rome. Ils sont à l’origine du label Heavy Psych Sounds, et donc du fest’ de ce soir. Pour info, le fest’ joue dans plusieurs villes européennes (Londres, Anvers, Deventer et Paris donc), mais aussi (si le Covid-19 ne dure pas, on croise les doigts…) à San Francisco, Los Angeles et New York, puis la Suisse en juin.
Que joue Black Rainbows, te demandes-tu ? Et bien, d’après l’étiquette qu’ils se collent sur le dos, ils font du HEAVY PSYCH-STONER-70’s FUZZ ROCK with PSYCHEDELIC SPACE ACID ROCK. Et que le dernier ferme la porte ! Concrètement, les Italiens jouent technique et rapide. Je ne profite pas réellement de leur set car ce soir, je dois, en plus de ce live report, faire l’interview de M. Nick Oliveri, l’enfant terrible du Stoner. Et le rendez-vous n’est pas très bien organisé. Bref, je rate un set sur 5.
Et voici le sus-nommé Oliveri et son groupe (enfin, l’un de ses groupes), Mondo Generator. Les 3 bonshommes saluent le public en trinquant avant de s’y mettre. La foule est engourdie mais salue l’énergie du groupe. Malheureusement, comme pour les groupes précédents, l’ingénieur son n’est pas au top, ça manque d’ampleur malgré le niveau des décibels. Oliveri est égal à lui même, speed, concentré en rage, dense. On pourrait presque parler de flow quand on l’écoute chanter avec ses rythmes brisés, son style presque spoken word. Mais ça reste du rock, avec de grosses guitares et un son bien compact derrière. Le trio alterne les titres du nouvel album et d’autres plus anciens, des reprises de Kyuss dont Green Machine qui est suivi du morceau « Kyuss dies ! ». Monsieur est malicieux. Le set se terminera d’ailleurs comme il a commencé, avec une cover de Queens of the Stone Age. Leur passage est intense parce qu’il est varié, la fureur alterne avec des passages plus mélodiques, on ne sait pas sur quel pied danser et c’est vivifiant. Bon, autre point négatif de ce concert : le public. Entre les gros lourds avinés et les décérébrés incapables de profiter sans braquer leur téléphone vers la scène, c’est pas l’extase côté communion festive.
Finalement, après le set et divers atermoiements, je fais mon interview en mode express, passe prendre une petite bière maintenant que mes vêtements ont séché (à cause de la pluie, n’imagine rien d’autre) et hop, je prend le concert de Lords of Altamont en cours.
Les (autres) californiens ont pris possession de la scène et on passe a la séance décrassage. Ça gigote un peu plus que précédemment et l’atmosphère se réchauffe. Le chanteur nous annonce qu’il fête son anniversaire. On est contents, on va donc gigoter un peu plus. Et franchement, même si Mondo Generator n’a pas démérité, je dois concéder que les Lords relèvent le niveau, en grande partie grâce à leur frontman. Jake Cavaliere occupe la scène, tel un prêcheur. Il interagit avec la foule et invite a chanter avec lui. Et ça fonctionne !
Je sors du concert un brin déçue par le début du concert, mais rassérénée par les deux derniers groupes. Au final, je pense que ce livre report sera le dernier avant très longtemps pour moi. Pas seulement à cause du Covid-19, mais aussi parce que je suis un peu lassée de ces concerts-produits qui me laissent clairement insatisfaite. Alors cette crise sanitaire est peut-être le bon moment pour raccrocher les gants.
En tout état de cause, pendant cette période de confinement, je t’invite à revoir tes priorités, à utiliser Internet pour faire de belles découvertes, pas que musicales, et si on s’en sort, à profiter intensément de la vie dehors quand tout ça sera derrière nous.
Des bises (de loin, je voudrais pas te contaminer si je suis porteuse saine).