HOT on the rocks!
this is Karras

Interview avec Diego, Etienne et Yann du groupe Karras

vendredi/27/03/2020
886 Views

En juin dernier, Art N Roll vous présentait le supergroupe Karras, formé de Diego Janson (ex Sickbag), Yann Heurtaux (Mass Hysteria) et Etienne Sarthou (AqME, Deliverance). Le groupe sort son premier album « No More Heretics », l’occasion de rencontrer les trois membres pour en savoir un peu plus.

 

 

Nous nous étions vus en juin pour échanger sur la création du groupe, depuis vous avez pu faire quelques dates en live. Il y a eu notamment le Sylak puis une date à Paris. Comment ça s’est passé ?

Yann (guitare) : De mieux en mieux, c’est de plus en plus fluide. Il n’y a pas eu beaucoup de dates. Ça se passe très bien. On a hâte que l’album sorte, hâte de présenter le nouveau clip. Ça va être cool de faire des concerts avec des gens qui connaissent l’album. Ça change quand même la donne car dans ce style de musique, quand tu enchaines 2 morceaux les gens ne savent pas si c’est le même. Les gens auront le disque, ils connaitront les titres et ça sera plus intéressant. Pressés d’être au Hellfest aussi. Là ça va se calmer avec Mass Hysteria, on va pouvoir caler plus de dates avec Karras.

 

Diego, tu nous disais que le chant pour toi n’avait pas été une évidence. Comment t’es tu senti pendant les concerts ?

Diego (chant, basse) : J’ai découvert le chant sur le tas. J’ai fait des backing dans des groupes. Je prends tout à la légère, si ça marche je le fais, si Etienne me dit que ça ne le fait pas je ne le fais pas. Je n’ai pas d’appréhension, je suis bien avec les gars avec qui je joue. Je me sens à l’aise, je me suis lâché avec eux et le chant c’est venu comme ça. C’est quelque chose qui me permet de m’exprimer. C’est le prolongement de moi.

Etienne (batterie) : Il est étonnant, il est hyper zen. Il est moins stressé que Yann ou moi avant de monter sur scène.

Diego : J’ai travaillé pour être comme ça. Je ne l’ai pas toujours été.

Etienne : Il fait du yoga, je ne sais pas mais il est incroyablement zen.

Diego : Je ne sais pas, mais je ne ressens pas la pression. Après je ne me sens pas encore chanteur bassiste. Je pense que je peux faire mieux, j’y travaille.

 

Ce qui était frappant lors de votre prestation au Backstage, c’est que d’une part le groupe était cohérent sur scène et de l’autre Diego tu étais complètement habité. C’était captivant.

Diego : Merci, c’est cool (rires)

Il y a une différence entre ce que tu projettes sur la version CD du morceau que vous nous aviez fait écouter et ce que tu projettes sur scène. C’est un cran au-dessus en live.

Diego : Tu parles de cohérence et c’est exactement ça. Je me sens bien entouré et ça déroule. Je me suis posé beaucoup de questions lorsque je jouais dans mes précédents groupes. Avec Karras tout est évident, je me pose moins de questions et c’est peut-être pour ça que tout fonctionne. J’ai 40 piges et c’est un travail de long terme.

 

Vous lancez un nouveau projet tout en ayant une longue expérience derrière vous. Quelles sont les leçons apprises sur le tas et qu’est-ce que vous avez l’impression de mieux réussir maintenant ?

Yann : tu arrives sur scène avec un peu plus de confiance. Ce qui me plait c’est que, même si j’adore Mass Hysteria, j’arrive avec un nouveau truc et le défendre sur scène c’est excitant. Jouer des morceaux qui ne sont pas de moi, essayer de les jouer du mieux possible ça m’excite.

Etienne : Tu parlais de la cohérence, nous ça nous parait totalement normal de jouer avec lui. A nos yeux, cet album lui appartient complètement aujourd’hui car c’est lui qui le défend sur scène. Au début Karras partait d’un projet chaotique. On ne savait vraiment pas ce qu’on allait faire Diego et moi. On ne savait pas qui allait chanter, qui allait faire quoi, on savait juste qu’on avait des bons morceaux. Diego a vraiment tout orienté, c’est lui qui a donné la tonalité artistique du projet. Mais même en ayant enregistré l’album c’était le chaos. A partir du moment où on a intégré Yann, on a su que c’était la bonne équipe. On a su qu’on pouvait défendre l’album et qu’on était prêts à en écrire d’autres. Les 3 dates que l’on a faites nous ont conforté dans l’idée que c’était normal d’être ensemble.

 

Est-ce que les morceaux ont déjà commencé à évoluer avec la manière dont Yann joue, avec les répètes et les dates de live ?

Yann : Ce qui évolue c’est surtout la fluidité dans le jeu. Tu ne joues pas le morceau de la même manière lorsque tu te concentres. Pour l’instant j’ai encore ça. Les morceaux j’essaie de me les approprier vraiment pour pouvoir les jouer sans réfléchir. Jouer en répète et jouer sur scène ce n’est pas du tout la même chose. Tu peux jouer un morceau 50 fois en répète, ça ne change rien. C’est vraiment le live qui a une influence. Je n’ai pas de pression quand je joue avec Karras, j’ai surtout de l’excitation. Mais le stress de bien faire il est là, tout comme le stress avant de monter sur scène et c’est plutôt positif. C’est la scène qui fera que l’on progressera. Mais je n’ai pas envie de tout faire non plus. Je ne veux pas être le groupe qu’on appelle quand il y a besoin d’une première partie.

 

Tu disais que ton modèle était Nails.

Yann : Je suis assez fan de la musique et de comment il amène son groupe. Il en a fait un groupe un peu culte alors qu’il ne l’est pas plus que les autres. C’est juste sa façon de communiquer sur son groupe. C’est un bon exemple, il arrive sans communiquer à en faire un truc rare et j’adore comment il tient les rênes de son projet. Et je pense que ce n’est même pas voulu.

 

En tant qu’amateur du genre, est-ce que tu peux nous dire ce qui t’a accroché l’oreille lorsque tu as découvert Karras ? Quel est le plus qui t’a fait te dire que c’était le projet sur lequel tu voulais t’engager ?

Yann : Quand Diego m’a proposé, je ne pensais pas avoir le temps. Quand j’ai écouté, il y avait tous les éléments que j’aimais. J’écoute du Death, du Grind, et la voix de Diego est terrible. J’ai été séduit dès la première écoute et je me suis dit que je n’avais pas envie de passer à côté. Je ne regrette absolument pas.

 

Etienne, est-ce qu’on peut solliciter ton regard de producteur. Qu’as-tu cherché à obtenir avec le son de cet album et les ambiances ?

Etienne : J’ai eu la même approche pour la production que pour l’écriture des morceaux. Il fallait que ce soit urgent. Dans l’écriture des morceaux Diego revenait en me disant qu’il voulait changer tel ou tel truc et je lui disais « Non, surtout pas ! ». C’est l’instinct qui doit primer. Il faut que ce soit primitif. IL faut débrancher le cerveau, ce sont les trippes qui doivent parler. Pour la prod c’était pareil. Il fallait passer peu de temps, que ce soit bien, correctement joué mais ne pas tomber dans le délire de certains groupes de Death qui veulent que ce soit ultra bien joué. C’est pour ça qu’à mon sens on est plus Grind que Death dans la forme. Dans le fond on a plein d’éléments de Death de Thrash et autre. Mais dans la forme, c’est assez punk, aussi bien dans la prod que dans l’énergie que l’on dégage. C’est le résultat de cette urgence dans le processus d’écriture et de production. Il ne faut pas que ce soit trop propre ou trop beau. Il faut que ça fasse un peu mal à l’écoute. Mais, et j’y tiens, je veux que ça reste lisible et qu’on comprenne l’émotion qui passe. D’ailleurs, le mix que l’on a choisi est le plus propre.

 

Je trouve que l’on entend bien ce sentiment d’urgence et ce côté viscéral

Diego : Je trouve que la production est assez fidèle aux morceaux. Je ne sais pas ce que ça aurait donné si on était allés chez un producteur extérieur au groupe. Etienne savait où aller et c’est cohérent.

 

Comme discuté la dernière fois, tout est basé sur l’univers de l’Exorciste. Diego, c’est toi qui écris les paroles.  Les textes adoptent un style d’écriture très différent selon les morceaux.

Diego : Oui car c’est une fiction. J’invente un univers autour du personnage de Karras après sa défenestration avec le démon en lui.

 

C’était la base du désaccord entre vous…

Diego : La base du désaccord oui (rires). Je lui ai inventé une histoire. Il va au purgatoire, il revient sur Terre et il lui arrive beaucoup de galères (rires).

Etienne : On le renvoie sur Terre !

Diego : On le renvoie sur Terre oui (rires). Il veut se venger de Regan, après il faut lire les paroles pour voir de quoi ça parle mais il y a un petit côté épique. Un peu ridicule, un peu sérieux, un peu maléfique, c’est tout ça en même temps.

 

Tu as un morceau qui s’appelle « Virgin of the Damned » avec des paroles très crues. Est-ce que par rapport à ta personnalité ce n’est pas difficile de chanter ce genre de choses ?

Diego : Pas du tout, parce que ce n’est pas moi. C’est Regan qui parle à Father Karras.

Yann : Ça te ressemble quand tu bois (rires)

Diego : C’est ça (rires). Mais non ce n’est pas du tout difficile. C’était cool à écrire. Je me mets dans la peau d’un personnage féminin pour écrire un truc un peu graveleux. Ça me plait.

 

L’album a été composé il y a un bout de temps maintenant, vous êtes surement en train de travailler sur d’autres morceaux, d’autres idées. Quand on a un album concept comme celui-ci, avec un univers aussi fort…

Etienne : Concept album, je n’avais pas réfléchi comme ça mais c’est vrai que c’est un concept album.

Diego : Ce n’était pas vraiment le but, mais c’est vrai que l’on a tout tourné autour du Father Karras donc ça peut s’appeler un concept album.

 

La question c’est de savoir si vous allez rester sur cet univers ou si c’est du one shot ?

Etienne : On n’en sait rien !

Diego : Je pense que l’univers va évoluer. C’est de la fiction, ça peut aller n’importe où, on peut faire ce qu’on veut. L’univers peut s’étirer à l’infini. J’ai déjà une idée du prochain univers qui va être proche avec des personnages qui se rapprochent. Il y a beaucoup à dire sur d’où vient l’Exorciste et je pense explorer la genèse de l’Exorciste.

 

Est-ce que cet univers va être mis en scène, au Hellfest par exemple ?

Etienne : Oui, sans se déguiser on va pouvoir faire quelque chose. On peut facilement créer un beau backdrop avec des visuels tirés du film. D’ailleurs, ça a été très facile de trouver des illustrations de pochette qui étaient cool. IL y a en a une qui se détachait des autres et c’est celle que l’on a choisi mais tout était cool. Le seul problème avec les visuels que l’on tire du film c’est la qualité de la définition.

Diego : Il y a de la matière !

 

Avoir un visuel, un univers compte beaucoup pour attirer de l’attention sur le groupe

Diego : Il faut avoir un concept qui soit cohérent avec la musique.

Etienne : Après on est que 3 sur scène, donc on va rester dans quelque chose de très simple et très rock n roll. Si on travaillait trop ça, ça deviendrait contraire au côté spontané de notre musique. On va rester très bruts, laisser la musique et ce que nous on est sur scène parler d’eux-mêmes.

 

Comment vous vivez cette période où vous parlez beaucoup de l’album qui n’est pas encore sorti.

Yann : Je suis pressé ! Je suis pressé que les gens l’écoutent. Je suis vraiment content de cette signature chez Verycords, je sais qu’on va être bien entourés.  Le premier clip était un truc ultra brutal et là on part sur « Afterlife » qui est un truc mid tempo, un peu plus long. Les gens vont comprendre que Karras ce n’est pas que du Grind.

Diego : On est excités, c’est chouette. Ce sont des bons moments d’une vie. Une fois que l’album est sorti il ne t’appartient plus vraiment. J’ai hâte qu’il se soit propagé.

Etienne : On sort l’album dans de très bonnes conditions. On est signés chez Verycords, c’est une situation très agréable pour sortir un premier album. On a déjà de très bons retours des journalistes que l’on a croisés aujourd’hui. On est très confiants. On aime le disque, on est prêts à le défendre.

 

Leave A Comment