Groupe : Borgne
Album : Y
Label : Les Acteurs de l’Ombre
Sortie : 3 mars 2020
Note: 16/20
Eh bien, on peut dire qu’en plus de 20 ans d’existence, les suisses de Borgne auront été plutôt prolifiques ! C’est donc pas moins d’une 15aine de disques, en comptant les rééditions et les vinyles, que le groupe nous a sorti depuis ses débuts en 1998. Une chose est sûre, ils n’aiment pas perdent leur temps.
C’est donc à peine 2 petites années qui nous séparent du précédent album, [∞], Borgne n’ayant visiblement pas l’intention de lever le pied.
J’avoue que l’étiquette « industrial black metal » a suffisamment titillé ma curiosité pour que je me penche sur le groupe et ce fameux album « Y » fraichement sorti.
Une galette plutôt bien fournie avec 7 titres oscillants entre 6 et 9 minutes qui prennent le temps d’installer cette ambiance glaciale et noire qui nous accompagnera tout au long de l’écoute.
On retrouve pas mal d’éléments traditionnels black metal dans les grandes lignes mais ceux-ci sont subtilement mélangées et alternés avec ces grosses couches de claviers angoissants et autres éléments typiquement industriels. Je pense à ces breaks très metal indus syncopés qui apportent une respiration assez groovy et bienvenue dans une musique très intense et étouffante. Le morceau « Je deviens mon propre abysse » en est un très bon exemple et est d’ailleurs particulièrement efficace.
On y retrouve aussi quelques passages plus calmes avec de la guitare acoustique, des beats un peu plus posés et même un peu de chant clair, ce qui laisse un peu de répit dans un musique déjà très oppressante.
Il y a quelques lignes mélodiques qui ressortent agréablement de tout ce chaos, lui donnant cette sensation de grandiloquence accentuée par les nappes de claviers qui renforcent la noirceur générale qui se dégage de l’album.
On y retrouve au passage un chant assez classique mais efficace en anglais et en français, déclamant des textes particulièrement soignés et profonds. J’avoue ne pas toujours prendre le temps de lire les textes d’un album à chroniquer (bon, on ne nous les donne pas toujours et, comme disait ma maman : « mais on ne comprend rien à ce qu’il dit là, ton monsieur qui hurle ! ») mais la qualité d’écriture est bien là. Et je dois aussi signaler que le chant est assez intelligible (par moment hein, ça reste du black metal) ce qui n’est pas forcément un standard du genre.
L’album se conclut par un morceau imposant de plus de 17 minutes, « A voice in the land of stars », qui clôture avec beaucoup de justesse l’ensemble, comme une sorte de dernier acte de l’histoire, en reprenant toutes les idées distillées des autres morceaux en une version condensée.
L’artwork est plutôt soigné et assez classique dans le style avec son coté volontairement sale et obscure.
Alors certes, nous ne sommes, pas face à une révolution du genre : les passages black metal sonnent très old school (c’est loin d’être nouveau mais ça reste très efficace) et le côté froid et monolithique est très accentué par l’utilisation d’une boite à rythme à la place d’un batteur humain. Un choix qui fait toujours débat mais qui est ici parfaitement justifié par le coté volontairement mécanique et froid de la rythmique.
En bref, un album, certes, classique mais avec une écriture de qualité, un ambiance sombre et maitrisée ponctuées de mélodies envoutantes, suffisamment varié et étonnamment catchy dès la première écoute.