HOT on the rocks!

Interview de Pierre fondateur de la web radio RSTLSS

mardi/29/09/2020
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Art’N Roll : Présente-toi en quelques mots ?

Bonjour à tout le monde dans un premier temps. Hahahaha

Je m’appelle Pierre, je suis né en 1980, donc pas tout jeune mais pas vraiment vieux, dans ce qui me sert de cerveau je suis même resté un peu trop jeune, le sérieux n’est pas ma spécialité, par contre l’humour et le partage sont l’essence de ma personnalité ! J’ai vécu toute ma jeunesse dans le sud de la France à la campagne et ma mère ainsi que ma sœur ont fait mon éducation musicale alors du coup, beaucoup de hard rock du coté de ma mère et de la new wave et du métal du coté de ma sœur. Ce qui est sûr c’est qu’il y a eu un travail d’ouverture musical, tu aimes ce que tu veux aimer et ce qui te procure quelque chose qui te semble important. Je suis homosexuel décomplexé mais très complexe mentalement qui adore se nourrir de ce que les gens racontent, ont vécu, des différences pour en faire des forces et l’écoute est probablement ma plus grande qualité. Je déteste la discrimination et les gens qui ne savent pas opérer un débat.

Mes plus gros défauts, je n’arrive pas à me concentrer et je hais les ordres et la hiérarchie.

ANR : Quel est ton parcours ?

Pour ne pas avoir honte de quoi que ce soit et peut être cerner le personnage je vais tout dire, j’ai été dans une école catholique jusqu’à mes 11 ans et ensuite, collège public qui m’a bien aidé au niveau du rock, forcément entre 1991 et 1996, il s’en est passé des choses, à tous les niveaux !

Le lycée a été compliqué, j’ai redoublé car j’étais un véritable petit con qui foutait un bordel inimaginable, mais jamais puni, sauf au niveau des notes. C’est allé même parfois très loin, j’adorais aller me bourrer la gueule avec mes amis dans les maisons pas loin au lieu d’aller en cours, il y avait des instruments et un supermarché. Mais très vite je suis parti en lycée agricole pour tenter de m’orienter vers de l’urbanisme ce qui m’a amené à la faculté de géographie à Aix ou là, bon, autant le dire, c’était la teuf non-stop et j’allais très souvent voir ma sœur à Londres, rock à fond !

Bon, là ou tout a basculé c’est lorsque ma meilleure amie m’a proposé de l’aider sur un festival espagnol, pour faire le site internet français et ensuite l’accompagner. C’était une époque ou lorsqu’on était dans l’espace presse, l’alcool était gratuit et servi dans des mini seaux. J’avais à cette époque-là des baggy géant, des skate shoes bien trop grande et évidemment des dreads géantes et bien sales. Trop saoul je m’étais assoupi aux pieds des chiottes qui vous imaginez bien puaient la pisse et disons que je n’ai pas trouvé l’endroit le plus propre pour ce moment de repos.

De là, un ami est venu me voir pour que je parle à une nana flic du festival qu’il draguait et lui avait besoin de s’absenter un moment et donc je devais prendre le relais (je sais ce n’est pas classe mais lui était rassuré vu que moi gay). Et finalement il n’est jamais revenu et puis j’ai kiffé découvrir son point de vue mais mon espagnol étant pourri et vu mon état, j’ai écrit sur un ballon géant des mots et ça l’a fait rire et surtout, je suis resté avec elle au moins 5h… Ouais, mon pote trop saoul avait oublié. Et il est arrivé le moment ou il a fallu que j’aille aux toilettes et en fait mon amie m’a récupéré et on est rentré. Ce qui veut dire que j’ai laissé cette adorable rencontre seule sans dire au revoir. Le lendemain, un peu honteux, j’ai voulu la retrouver pour m’excuser mais évidemment elle n’était plus là et je me suis fait aborder par un homme très classe et qui avait l’air important. MATTHIEU BEAUVAL qui était directeur de la programmation musicale il me semble du MOUV’ qui était rock à cette époque-là. Bref, il m’aborde en me demandant si je me souvenais d’hier et de ce que j’ai fait et là bon, j’ai fait profil bas. Il me dit alors qu’il a vu un mec dégueulasse qui s’était endormi dans la pisse et qui puait l’alcool parler par signe et avec beaucoup d’humour a une femme flic et que cette nana était morte de rire, séduite de fou et que je me suis cassé et qu’elle a attendu 2h après mon départ pour finir par pleurer et s’en aller. Là, évidemment, j’ai eu très très honte et je ne savais pas quoi dire. De là, il m’a tout simplement dit « tu as déjà pensé à faire de la radio ? ». Et je vous évite les détails mais c’est à ce moment que je savais que j’allais travailler en radio. J’ai refusé le MOUV’, je suis allé au Studio Ecole De France, école de radio à Boulogne, ou j’ai fini une année au milieu de collègues à fond sur l’électro, la dance, mais aucun sur le rock. Et me voilà en stage en fin d’année à OUIFM ou BERTRAND RUTILI m’accueil et me dit que je suis obligé de faire de la réalisation et pas de l’animation de là je réponds que j’ai eu 1/20 en réa et 18/20 en animation. Il me dit peu importe, fais-le, c’est pour rentrer dans le milieu professionnel.

Je remercie d’ailleurs ces deux hommes et bien d’autres de leur gentillesse et de leur aide, j’ai dans mon parcours rencontré des gens extraordinaires !

Je finis par travailler avec Marc O. de Guerilla Radio qui a été un exemple, un grand frère et quelqu’un qui m’a fait plus qu’avancer ! La radio ayant été rachetée, malheureusement j’ai vu tous mes amis se faire licencier et c’est là qu’en 2009, j’ai monté avec Aurélie Communier BRING THE NOISE et vous connaissez je suppose le succès qu’a eu cette émission. Nous en avons même fait un festival gratuit de métal annuel.

ANR : Quand as-tu su que tu voulais faire de la radio ?

Pour ne pas mentir, lorsque j’étais au collège, j’écoutais MAX de Fun Radio et Fun Radio fait du bruit et je voulais faire la même chose, faire rire, apporter du bonheur ! Et j’avais fait une demande à ma commune pour éventuellement monter un atelier radio, expression radiophonique qui avait été refusée. Après, vous connaissez le moment où tout s’est passé.

ANR : Parle-moi succinctement de ton expérience Bring The Noise

BRING THE NOISE a été pour moi 5 années de pur bonheur même si avec ma direction n’a jamais compris notre travail et surtout, il y a eu de gros différents. C’était la seule émission alternative rock de la bande FM et sur une radio de l’envergure de OUIFM, c’était unique qu’on ai eu la main sur la programmation à 100%, ce qui a plusieurs moments à été compromis mais je n’ai pas respecté les règles qui m’étaient imposées. J’ai rencontré absolument tous les artistes que je voulais et surtout, j’ai eu des entretiens avec eux qui parfois étaient exceptionnels, genre hors antenne, se confier, se raconter des choses qui ne peuvent être racontées. Il y a un lien très particulier qui s’était tissé en 5 ans. Et puis des groupes incroyables sont passés en session acoustique, j’ai eu le droit de voir avec Zegut, un de mes mentor qui est un homme adorable et avec qui on a échangé beaucoup, une session privée de Chris Cornell chez lui. Je ne vais pas donner plus de moments forts mais en gros ça a été la guerre avec Jared Leto, Oli Sykes m’a traité de gros pervers sexuel,  Jonathan Davis m’a parlé une heure de ce qu’est la complexité mentale en me posant des questions sur mon expérience et ça a été incroyablement constructif, Phil Anselmo ne voulait plus partir de notre interview et a eu les larmes aux yeux en disant qu’on avait vraiment une vraie valeur rock, Chester Bennington m’a parlé 30 minutes en tête à tête de malaises psychologiques et de la complexité de s’aimer et surtout se comprendre. Je vais m’arrêter là sinon j’en ai pour des heures à vous écrire ça, mais en 5 ans, on en vit des choses ! je dirais aussi que j’ai rencontré des attachés de presses incroyables, pro et plein de cœur, Olivier, Charles, Karine pour les noms qui me viennent en deux secondes, mais il y en a qui savent et qui d’ailleurs ne m’en voudront pas de ne pas les citer.

ANR : A la fin de BTN, tu t’es un peu éloigné de la radio, qu’est ce qui t’as donné envie de reprendre ?

En 2014 j’ai quitté BRING THE NOISE car je sentais que ma direction me poussait vers la sortie et pour être franc, il y a une situation hors antenne qui commençait à m’échapper et si j’avais continué, je n’ose imaginer ce qui aurait pu se passer… Je n’en pouvais plus et j’ai fait un méga burn out. Pour dire, après mon aventure OUIFM, j’ai été chez mes parents, pour retrouver mes bases, ma chambre d’enfance et je parlais à la lavande et au thym… Ouais, je sais que ça fait rire, mais un burn out, en gros, on craque complètement. Mais ça m’a fait du bien et j’ai décidé au bout d’un an, un peu plus, de revenir en radio pour ne pas perdre mes contacts et mes possibilités de trouver du taf. Et bon, ben là, il y a eu le Bataclan et ça m’a replongé dans un autre traumatisme que j’ai soigné en allant travailler dans une entreprise qui n’a rien à voir avec les médias pour être confronter au fait d’aller bosser pour payer mon loyer, bouffer et voir ce qu’est la vie, pas celle de la radio.  Et ça m’a fait énormément de bien, ça m’a aidé et je remercie d’ailleurs mes anciens collègues et mon boss qui ont été adorables et attentionnés. Bref, de là, on a développé RSTLSS Radio pour que je puisse être indépendant, sans supérieurs qui donnent des ordres non réfléchis et pour ne pas avoir quelqu’un au-dessous de moi qui n’écoute pas et qui croit tout savoir. Bref, en 2017, j’ai recommencé à créer un lien avec la musique que j’avais rejeté et tout s’est bien passé et de voir que l’amour de la découverte et les vibrations émotionnelles pouvaient être encore là m’a fait créer mon émission quotidienne en septembre 2018.

ANR : Qu’est ce qui t’as donné l’envie de monter ta propre web radio ?

Comme expliqué avant, l’indépendance, la possibilité de parler de musique sans juste être bloqué dans ce qui marche et ce qui est grand public. Être libre, totalement libre, ne pas être animateur radio FM, mais passionné de musique et partager avec les gens. Alors c’est vrai que je n’ai pas l’exposition que m’a offert OUIFM, mais je n’ai pas quelqu’un qui me dit quoi faire pour que ça marche et que ça lui rapporte des thunes.

ANR : Parle-moi de RSTLSS ? Comment as-tu trouvé ce nom ?

RSTLSS c’est un projet qui me tient plus qu’à cœur, je vais expliquer pourquoi mais d’abord, le nom, c’est bien sûr RESTLESS avec les voyelles, ça veut dire agité, sans s’arrêter, sans repos. Et lorsqu’on bosse pour ce qui nous passionne, on est prêt à bosser sans s’arrêter, presque jusqu’à la rupture. RSTLSS c’est notre envie, car oui, c’est un projet que j’ai monté avec un ami plus qu’incroyable Ben qui a la même vision que moi et qui a envie de pouvoir faire ce qu’il a envie de faire sans limite et sans obstacle.

Donc nous avons vraiment galéré pour trouver ce nom qui effectivement n’est pas simple, comment le dire, pourquoi pas les voyelles, pourquoi pas quelque chose de plus simple et clair ? Je l’ai dit plus haut, je suis complexe et dans ma tête, les cheminements sont tordus mais sincères et on a trouvé que ce nom était le plus symbolique, le plus sincère, le plus entier !

Pour ce qui est du but de RSTLSS en dehors du fait qu’on soit libre, c’est de réussir un jour à gagner de l’argent pour ne pas se le foutre dans la poche, bon faut bien se payer hein, mais surtout pour le redistribuer, sous forme d’évènements gratuits comme des concerts ou autre, aux auditrices et aux auditeurs ! Sans les personnes qui nous écoutent et sans ceux qui nous lisent on est rien, c’est eux la force de cette musique et la force qui permet de créer quelque chose de partager ! Rock, amour, passion, rires, partage, écoute, c’est les mots qui me viennent lorsque je pense à ce qu’est RSTLSS. Et pour ça, il faut qu’on explique aussi comment il faut faire pour qu’ils puissent avoir tous ces avantages, qu’il faut que la communauté grandisse, que nos audiences grandissent et après, lorsque c’est monnayé, on peut redistribuer ! RSTLSS n’est pas notre radio, c’est la radio de ceux qui veulent faire des choses en France, faire bouger ce genre musical, aider les artistes, avoir des concerts gratuits et que ce soit la fête bordel !

ANR : C’est la rentrée, quelles sont tes résolutions d’ici la fin de l’année ?

Faire au minimum 4 sessions live, on en a déjà fait une qui est sur notre chaine Youtube et qui a été l’expérimentation. Mais j’en suis très fier ! Garder les extraordinaires personnes qui font des émissions et des chroniques gratuitement, des ami(e)s et des nouveaux ! Créer des liens avec ceux qui ont la même vision que nous comme par exemple Visual-music.org qui va prochainement diffuser de la même façon que sur notre site notre flux radio. On invite bien sûr les webzines et les passionné(e)s à nous contacter s’ils veulent participer au contenu.

Notre grille contient déjà pas mal de choses comme :

  • ROCK MY DWIGHT notre émission musique alternative et extrêmes
  • RECORD EATER notre émission sur les classiques de l’époque de la guerre du Vietnam
  • DIG THAT GROOVE BABY notre émission garage rock et soul music scénarisée
  • LUIK STORIES notre émission belge qui explique la musique
  • LA PARENTHESE notre émission libre de contenu
  • LES AUDITEURS ONT LA PAROLE notre émission qui laisse les manettes à une auditrice ou un auditeur sur 20 morceaux, expliqués, décrit par eux.
  • LES NOUVEAUTES ROCK que je présente du mardi au vendredi de 17h à 20h avec des chroniqueurs comme Marjorie Hache pour la nouveauté britannique, Didier Richard pour la revue de presse rock et le mola mola (chroniques folle), La Jones qui nous donne de Berlin la nouveauté rock allemand, Julien qui nous parle de l’actualité rock depuis NEW YORK, Christophe qui nous parle de la nouveauté rock espagnol depuis Madrid et Ilan qui nous fait un point sur le rock français. Ils sont toutes et tous extraordinaires ! Des bosseurs et des gens pleins de passion et d’amour !

J’aimerais qu’il y ait une émission sur le Black Métal et la Cold Wave, Dark Wave, Gothique. On a 3 projets qui sont en cours de personnes extérieures qui vont probablement rejoindre la grille et c’est ouvert à toute proposition bien sûr ! Tout est en podcast d’ailleurs sur notre site, sauf pour le moment mon émission, mais ça va venir. Et on fait notre maximum pour que ce soit distribué par Spotify, Deezer et Apple Music.

On va ouvrir une boutique de soutien qui va vendre des goodies aux couleurs de la radio.

ANR : Quels sont tes projets à moyen / long termes ?

A moyen termes, faire en sorte que les gens connaissent RSTLSS Radio et tout ce qui tourne autour ! J’aimerais créer des liens avec d’autres webzines pour qu’ensemble on soit plus fort et qu’on puisse décider ensemble de ce qu’on fait de l’argent qui peut être récolté. D’ailleurs, RSTLSS est une association, donc sachez que je ne peux pas être payé, c’est interdit, donc les choses sont claires ! D’ici la fin 2021, on aimerait développer le direct en vidéo et créer des émissions vidéo, pour que ce soit un échange sans triche, le direct est sans triche ! Les gens nous parlent, on fait, on rit ensemble, là, ça sera vraiment, à 100%, la radio de tout le monde !

A long termes, être encore en vie, hahahaha ça ne dépend que des gens, des passionnés, c’est eux qui vont décider si on a un intérêt ou aucun ! Et après fin 2021, on aura plus les moyens, là on paye tout de notre poche et ça nous coute plusieurs milliers d’euros par an… Et donc, si ça tient, faire des concerts gratuits des groupes que les gens veulent voir, organiser des soirées, des moments de rire ensemble, faire venir les gens à la radio comme avant…. Partager à 100% !!!

ANR : Pour finir, conte-moi le RSTLSS idéal selon toi ?

Ce serait un projet que les gens ont compris et en qui ils ont confiance ! Un projet auprès duquel ils rameutent un maximum de personne pour que notre force soit incroyable et qu’elle puisse donc être redistribuée à ces gens. Que tout le monde comprenne que nous ne sommes pas là pour gagner une fortune, ça ne va pas nous rendre plus heureux, par contre, du live, de la déconne, de l’aide, ça c’est un truc qui fait plaisir à tout le monde nous compris. On aurait notre propre salle de concert, accessible à toutes et à tous ! Ce serait comme un label rock qui communique à travers l’hexagone ce genre musical et a travers le monde les artistes français rock. Il y en a qui essaye de faire ça mais on sait bien que ça va finir en trop de business et pas en plaisir partagé ! Et puis merde, je veux voir Ask venir parler musique, il est extraordinaire, il est ultra cultivé, a de l’humour et puis ne mâche pas ses mots ! Ça serait rock ça !

Ah oui, pourquoi pas faire une chaine musicale française rock ! Les gens auraient, des concerts, de la radio, de la tv, de l’amusement ! Alors faisons ça ensemble ! Et merci à vous pour ce que vous faites et pour cette interview, ça me touche énormément !

http://rstlss.com

 

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