Art’N Roll : On te découvrait il y a un an pour le lancement de « United Guitars » Volume 1. Comment vas-tu depuis ?
Ludovic Egraz : Ça va bien malgré toutes les difficultés que l’on rencontre avec le Covid.
ANR : Peux-tu m’expliquer comment ce projet a évolué entre le Volume 1 et le Volume 2 ?
LE : Le volume 1 avait été fait super vite. On avait décidé de le faire en début Juin. On a trouvé les sous, on a contacté les musiciens, on a composé les morceaux et on était en studio fin aout. Du coup, on avait peut-être un peu négligé la variété des styles donc c’est un disque très monolithique dans le sens ou on a des morceaux avec de la musique à saturation, très orienté Metal, Hard Rock.
Il y avait un peu de prog aussi mais bon ça restait quand même assez monochrome. Pour le deuxième on a pris un peu plus de temps grâce au confinement et on a fait en sorte d’avoir une palette musicale plus large. Il y a toujours des morceaux Hard Rock et Metal mais il y a des trucs Fusion, des morceaux qui tapent aussi dans la world music avec quand même une identité Rock dedans mais ça voyage un peu plus au travers de saveurs différentes.
Il y aussi eu un changement car on s’était aperçu que quatre jours pour enregistrer c’était un peu court donc on a réservé le studio pour une semaine et c’était vachement plus confort surtout que les conditions n’étaient pas les mêmes que l’an dernier vu que là, il fallait qu’on porte le masque tout le temps. Mine de rien même si ça ne parait pas grand-chose on se fatigue plus vite et on perd du temps. Et puis, on devait nettoyer les guitares à chaque fois que quelqu’un touchait une guitare car le virus survit 3h sur les surfaces en métal mais personne n’est tombé malade et c’est le principal.
ANR : Sur ce Volume 2, il y a une trentaine d’artistes avec 14 nouveaux talents, comment les as-tu choisis ?
LE : Ce sont des gens que j’ai rencontré. Il faut savoir qu’à coté je suis journaliste, rédacteur en chef d’un magazine qui s’appelle Guitare Xtreme. La presse j’ai commencé à travailler dedans en 1991 donc j’ai travaillé dans pleins de médias orientés guitare, ce qui fait je connais un peu toute la clique.
De travailler dans la presse me fait rencontrer toujours pleins de nouveaux guitaristes donc soit des gens que je vais interviewer ou soit des gens que je croise dans le cadre de salon ou de festival. Je vais également beaucoup sur YouTube et les réseaux sociaux pour repérer des gens.
Donc une fois qu’on entame une correspondance ou qu’on se rencontre pour de vrai j’essaie de cerner plusieurs choses. Il y a les qualités musicales qui sont très importantes donc il faut bien sûr que la personne joue bien mais ça ne veut pas dire grand-chose. Il faut qu’il y ait quelque chose de plus, avec une démarche artistique pas juste quelqu’un qui bouge bien les doigts. J’ai besoin de quelqu’un qui sache composer de la musique et ensuite il faut que cette personne puisse rentrer dans le projet parce que ce n’est pas quelque chose ou les gens viennent se mettre en valeur eux-mêmes.
Il faut être conscient que pendant un mois et demi, deux mois il faut donner de ton temps, partager avec d’autres musiciens. Il faut s’oublier un peu soi-même et jouer pour le collectif et tous les gens ne sont pas capables de faire ça.
Dans la finalité, bien sûr que ça profite à tout le monde car c’est un projet qui est médiatisé donc chacun en retire quelque chose mais à la base c’est vraiment une envie de partager et de mettre des choses en commun et pour correspondre à l’ADN du projet il faut vraiment être dans cette démarche.
ANR : Sur ce Volume 2 j’ai l’impression qu’il y a moins de Feat.
LE : Tout à fait, parce que sur le premier on avait parfois quatre guitaristes sur un même morceau et ça a posé un problème quand on fait notre festival. Il y avait un truc que l’on n’avait pas calculé quand on a fait l’album parce qu’en studio tu peux vraiment faire ce que tu veux mais quand tu as quatre guitaristes sur scène en même temps c’est très compliqué de jouer la rythmique en même temps. On s’est retrouvés avec vachement de guitaristes sur scène et c’était un peu compliqué à gérer.
Donc là, on s’est dit qu’on allait faire un peu moins. Au maximum, je crois que c’est trois guitaristes sur un morceau.
Nous avons eu aussi des critiques sur le premier pour nous dire que l’album n’était pas forcement digeste quand on l’écoutait d’un bout à l’autre car tout le monde n’a pas l’habitude d’écouter des albums instrumentaux à base de guitare. C’est pour cela que l’on a essayé de faire un album plus variés avec des morceaux un peu plus courts et un peu moins de solos.
ANR : Lors du premier album, vous n’aviez qu’un seul bassiste et je vois que là vous en avez inclus un second ?
LE : Pas vraiment. Je vais t’expliquer ce qu’il s’est passé.
Avec le covid, nous avons un des guitaristes Youri De Groote qui est Belge et s’il venait à Paris au retour il aurait dû se mettre quinze jours en quarantaine. Ça a été un peu compliqué pour Youri de venir dans ces conditions car il avait des engagements à Bruxelles et il a dû annuler sa venue.
Du coup, il a préféré travailler avec un musicien belge ; Nico D’avell qui est batteur et bassiste. Ils ont fait le morceau ensemble dans un studio en Belgique.
Sinon, il y a une erreur dans le livret. C’est effectivement le bassiste qui travaillait déjà avec nous François C. Delacoudre qui a joué certaines parties du morceau et d’autres lignes de basse ont été jouées par Nico D’avell donc il y a un mélange des deux bassistes.
Il y a des solos qui ont été enregistrés à Paris aussi. Je joue un solo sur ce morceau et il y a Doug Aldrich qui joue sur ce morceau là mais lui l’a fait des Etats Unis.
ANR : C’est les seuls qui ont eu cet empêchement ou il y en a d’autres ?
LE : Il y en a trois qui n’ont pas pu se déplacer : Doug Aldrich, Youri De Groote et Pascal Vigné.
ANR : En Février vous organisiez le United Guitars Fest, peux-tu me faire le bilan de cette première édition ?
LE : Le bilan était positif même si nous sommes plus habitués à produire des disques. Ce festival était une première pour nous donc ça a été beaucoup de boulot, beaucoup d’organisation car il y avait des concerts, des conférences avec des masterclass, une exposition de matériel avec une vingtaine de marques qui étaient exposées.
En termes de logistique il y avait aussi pas mal de gens à loger, à faire venir, faire attention d’avoir suffisamment d’infrastructures pour qu’ils puissent exposer leur matériel et organiser leur masterclass.
Avec Olivia la productrice et moi plus une dizaine de bénévoles pour faire tout ça, ça n’a pas été facile mais ça s’est bien passé. Il y a eu des petites pressions sur les concerts, les Sound check par exemple. L’organisation n’était pas toujours très fluide, il y a eu un peu de stress par moment. J’ai constaté que lorsque tu organises un évènement tel que celui là tu ne profite pas du tout car tu es happé par des problèmes à droite a gauche mais les concerts étaient supers, tout le monde était content et c’est ce qui compte.
ANR : Même si la situation actuelle est compliquée, quels sont les projets que tu as en tête ?
LE : On n’a pas totalement baissé les bras sur le festival parce qu’on a peut-être une ouverture pour avoir l’Européen au mois de mai.
J’imagine que tu sais ce que cela implique quand tu réserves une salle, tu contactes des prestataires etc. … Si jamais le truc ne se fait pas cela peut avoir des conséquences assez chiantes donc on ne fera rien tant que nous ne sommes pas surs. On n’est pas Live Nation donc on va limiter les risques.
Dans tous les cas on va faire notre petit tremplin comme on a fait l’année dernière le United Guitars Contest.
C’est un genre de concours qui se déroule en deux manches. La première sur internet, on met à disposition des gens un morceau instrumental et on leur demande de jouer dessus un solo. Il y a un jury qui est constitué de gens de marques, de matériel un peu connu, de musiciens, de Youtubeur. Il y a la première sélection qui se fait sur internet et ensuite c’est la finale.
Malheureusement, on ne pourra pas la faire sur scène à l’Européen mais on le fera dans un local de répétition quelque part à Paris et le gagnant remporte une guitare et un ampli mais aussi une place sur le prochain album. Dans celui là il y a une guitariste qui s’appelle Francois Tuphé qui est le gagnant du tremplin de l’an dernier. On a même pris Thomas Fratti qui avait fini deuxième, c’est un moyen de découvrir de nouveaux talents.
https://united-guitars.fr/index.php/fr
Guitaristes :
Doug Aldrich, Matt Hawk Asselberghs, Nina Attal, Michaal Benjelloun, Simon Borro, Fred Chapellier, Nico Chona, Youri De Groote, Fabrice Dutour, Ludovic Egraz, Thomas Fratti, Jean Fontanille, Florent Garcia, Nym Rhosilir, Yvan Guillevic, Judge Fredd, Yoann Kempst, Xavier Lacombrade, Jean-Philippe Lioret, Manu Livertout, Anthony Magro, NeoGeoFanatic, Pat O’May, Yarol Poupaud, Manou Rao, Saturax, Régis Savigny, François Tuphé, Swan Vaude et Pascal Vigné.
Bassiste : François C. Delacoudre, Nico d’Avell
Batteurs : Yann Coste, Nicolas Viccaro, Nico d’Avell
Claviériste : Victor Mechanick
Programmation et arrangement cordes (sur “Dead Inside”) : Nicolas Deroo
Programmation cuivres (sur “Tricky Treat”), orgue et guitare acoustique (sur “The Ride of Wisdom”) : Régis Savigny
Réalisateur : Ludovic Egraz
TRACKLIST
CD 1
1 – Masked and Furious 04:07
(Yarol Poupaud / Yarock Editions / Universal Music Publishing)
2 – First Will Be Last 05:48
(Nym Rhosilir)
3 – Tainted Faith 05:02
(Matt Hawk Asselberghs)
4 – Sweet Thing 09:28
(Youri De Groote)
5 – Reborn A Man 04:19
(Saturax)
6 – Funky Enough 04:13
(Florent Garcia)
7 – Gossip Girl 03:36
(Nina Attal & Yoann Kempst)
8 – I Live in A Flat by the River 05:24
(Régis Savigny)
CD2
1 – Thick As Thieves 05:50
(Fabrice Dutour & Fred Chapellier)
2 – Shining Superstar 04:45
(Yvan Guillevic, Michaal Benjelloun & Swan Vaude)
3 – So You’re Gone 06:49
(François Tuphé)
4 – Tea Time in Waggadüggü 04:08
(Judge Fredd)
5 – Ennio 04:00
(Manu Livertout)
6 – The Ride of Wisdom 05:40