En ces périodes troubles, c’est avec un réel plaisir d’avoir Monsieur Buriez pour un un entretien au sujet de l’avenir de Loudblast et ses projets en tant que musicien.
Art’n Roll : On ne va pas trop parler de l’album Manifesto… un petit peu ? Parce qu’il y a peut-être des trucs qui m’ont échappé sur les diverses interviews qu’on a eues. Tu en as fait énormément j’ai vu. Alors, ma première question, vu qu’on attaque l’année 2021, comment ça avance en début d’année Stéphane ?
Stéphane Buriez : Eh bien ça va très bien. Je sors de quelques mois de promo. L’album a été décalé, il devait sortir en septembre, mais on l’a décalé au mois de novembre. C’est vrai que de novembre à décembre j’ai fait énormément d’interviews et ça m’a occupé énormément. Je compose beaucoup aussi, je profite de tout ce temps pour faire de la musique, faire des choses que je n’ai pas le temps de faire habituellement. Bon, je compose tout le temps, mais là, j’ai beaucoup plus de temps pour moi. J’écoute beaucoup de musique, je joue beaucoup de musique… et j’avance sur plein de projets qui étaient un peu en suspens depuis quelques années. Voilà, j’avance dossier par dossier, je n’aime pas faire trop de choses en même temps. Je suis sur plusieurs dossiers, mais j’essaye de ne pas tout mélanger. On attaque l’album de Sinaenum qui est déjà bien avancé, le nouvel album en fait, et je pars chez Fred [Leclercq, bassiste du groupe – NDLR] dans deux semaines… voilà, en début d’année, il faut prévoir de faire des choses et de faire un planning qui risque encore de changer, mais en tout cas, se fixer des objectifs. Mais on sait bien a priori qu’on ne va pas faire des concerts tout de suite.
Art’n Roll : Que des bonnes critiques pour Manifesto. Les retours sont bons.
Stéphane Buriez : Oui, c’est vrai.
Art’n Roll : Ça doit te faire plaisir.
Stéphane Buriez : Oui, on peut en parler, maintenant que j’ai passé tous les interviews, que toutes les chroniques sont sorties, c’est vrai qu’il n’y a pas eu une seule mauvaise critique. Et pas qu’en France, attention… on a eu des chroniques dithyrambiques partout dans le monde. Enfin, il n’y a pas eu de mauvaises chroniques, il n’y a pas eu une chronique où on a dit que c’était un album de merde, voilà. C’est vraiment génial quoi.
Art’n Roll : Oui, il fait partie des 10 premiers.
Stéphane Buriez : C’est vraiment génial. Je suis très fier de cet album. Je savais qu’on avait fait un super album, mais voilà, une fois que tu as lâché le bébé, il ne t’appartient plus, t’as intérêt à suivre… tu ne sais jamais ce qui va se passer. Là, on a eu des retours vraiment incroyables.
Art’n Roll : tu dois sentir une certaine frustration de n’avoir pu interagir avec les médias que par visio ? Tu n’as pas vu grand monde.
Stéphane Buriez : Avec les médias ça s’est bien passé, bon, il n’y a pas de rapports humains, mais au moins on se voit… c’est vrai que la grosse frustration… sortir un album qui est plébiscité partout, on avait prévu une grosse tournée, mais on a encore plus de demandes à l’étranger… ce qui est hyper frustrant c’est de ne pas pouvoir le défendre sur scène… la seule perspective qu’on ait pour le défendre sur scène c’est de faire un live stream, et c’est ce qu’on va préparer. On ne sait pas quand on va redémarrer les tournées, donc si au moins on peut partager quelque chose avec nos fans ça sera via un live streaming. On en parle depuis quelques mois, ça avance petit à petit, c’est le prochain gros dossier sur lequel on va travailler. C’est hyper compliqué, on a réussi à se rejoindre pour tourner les deux vidéos qu’on a sorti, Todestrieb et The Promethean Fire… mais il y a plein de fois où on était censé se voir pour discuter, répéter, échanger plutôt que de le faire par Skype… et on a dû annuler parce qu’il y avait le couvre-feu, parce qu’il y avait certaines personnes dans le groupe qui ont des parents âgés et qui ne voulaient pas les mettre en danger… bref, tout ça finit par prendre beaucoup de temps. Mais on va continuer à avancer.
Art’n Roll : En parlant de ce live streaming que tu vas faire, Fred n’est pas trop pour ce style d’exercice parce qu’il aura l’impression de tourner un gros clip…
Stéphane Buriez : Ouais, je ne suis pas archi fan non plus. Ce n’est pas génial… enfin, on va le faire, parce que c’est bien de le faire. Encore une fois, s’il faut qu’on attende encore un an pour jouer… pour l’instant, toutes les dates qui étaient prévues sont reportées d’un an. La release party qu’on devait faire à Paris au mois de novembre a été repoussé en janvier, et maintenant, c’est repoussé dans un an, en octobre 2021. Donc là, concrètement, on ne va pas pouvoir attendre de jouer ensemble. De toute façon, on a envie de jouer ensemble. On va faire ça, et on va peut-être sortir quelque chose entre-temps si l’on voit qu’il n’y a vraiment pas de perspective pour jouer… j’ai déjà avancé sur d’autres contenus, la suite de Manifesto est déjà prête.
Art’n Roll : En parlant de Manifesto, j’ai été surpris par le titre que tu as choisi de Motorhead, Shine, qui est quand même un album à part dans la discographie de Motorhead. Il a été repris plusieurs fois, comment ça t’est venu d’avoir repris ce titre ?
Stéphane Buriez : En fait, quand on a enregistré l’album, c’était une semaine avant le confinement, on était en pleine prise de tête… il fallait absolument qu’on parte du studio pour ne pas être bloqué dans le fin fond de la Vendée. De ce fait, on a utilisé tout le process d’enregistrement, et on a tellement utilisé tout le process d’enregistrement qu’il nous restait quelques heures à la fin du dernier jour… il nous restait quatre heures… on s’est dit qu’on n’allait pas boire des bières, mais enregistrer un autre titre… et on s’est dit qu’on allait faire une reprise. Donc, on a cherché des noms, plus dans les classiques, Slayer, Metallica, plus un groupe de heavy metal ou de hard rock classique… on a évoqué Judas Priest, Saxon. En fait, c’est Kevin Foley qui a enregistré des parties de batterie sur l’album…
Art’n Roll : le batteur de Benighted ?
Stéphane Buriez : Oui, l’ex-batteur de Benighted. Et donc, Kevin a fait « Ouais, putain, j’adore ce morceau Shine ». Eh bien Bingo ! Moi, c’est un morceau que j’adore… parce que c’est un album que j’avais eu en cachette pour Noël quand j’étais gamin. J’adore cet album. J’étais archi fan de cet album. Et puis, Shine, on le connaissait tous. On a relevé un peu la structure et on l’a enregistré en live, en trois ou quatre prises. Pareil pour le chant, je voulais être fidèle à la version originale parce que je suis un gros fan de Motorhead … encore une fois, chanter du Motorhead avec une grosse voix de death metal, pour moi ça ne sert à rien. Ça n’aurait pas été un hommage… Et je pense que c’est un morceau pas mal, surtout à jouer sur scène… quand on jouera sur scène… (rires).
Art’n Roll : Une version japonaise de Manifesto est sortie ?
Stéphane Buriez : Oui.
Art’n Roll : Il n’y a que les Japonais qui y ont droit. Le label demande toujours plus par rapport…
Stéphane Buriez : Oui, c’est ça parce que c’est une constante, enfin, c’est une tradition chez les Japonais. Il faut qu’on ait des inédits différents.
Art’n Roll : Est-ce que les fans français pourront les écouter ?
Stéphane Buriez : Bah, je pense, on peut les trouver. Déjà, il y a un des inédits qu’on peut retrouver sur le vinyle. Par contre il y a un inédit qui a été réservé pour le Japon. C’est un des derniers titres que j’ai composés d’ailleurs qui s’appelle Dogma. C’est un très bon morceau. Les bonus qui sont mis sur cet album, et il y en a pas mal, ce ne sont pas du tout des morceaux poubelles. On voulait enregistrer tous les morceaux qu’on a composé pratiquement… 15 ou 16 titres, je ne sais plus. Et au moment de trier on s’est dit « Putain, merde… que choisir ?». Donc on les a mis en bonus. On voulait 10 morceaux pour l’album, donc, on a fait 10 morceaux pour l’album. Et comme on avait plein de morceaux en plus on les a mis sur le vinyle, on a mis des bonus différents, sur le CD aussi on a mis des bonus différents… et sur la version japonaise on a aura un DVD différent.
On a été inspiré pour cet album. Il y a des moments comme ça de réveil, de création. Malgré les circonstances dans lesquelles ça a été enregistré, tout a été quand même assez fluide.
Art’n Roll : J’ai l’album dans les mains. Je le trouve magnifique bien sûr, la pochette, par contre, au niveau de l’écriture… (rires)
Stéphane Buriez : Ouais… (rires)
Art’n Roll : J’ai eu du mal à lire… Et je voulais savoir d’où ça venait. Comment est venue cette écriture ?
Stéphane Buriez : En fait, c’est Matt qui fait tous les designs de chez Listenable records qui m’a proposé ce lettrage. C’est vrai que ce lettrage n’est pas super lisible… mais ça va nous donner l’opportunité, le prétexte pour… on est en train de faire un nouveau site, là, et on va mettre toutes les paroles sur le site. C’est vrai que vu comme ça, ce n’est pas hyper lisible. Encore une fois, ce sera un prétexte pour aller sur notre site…
Art’n Roll : … pour avoir un peu de lecture.
Stéphane Buriez : Voilà… (rires)
Art’n Roll : Alors, la pochette, Eliran Kantor ? J’ai vu qu’il fait beaucoup de pochettes de metal qui sont incroyables. Comment vous avez été approchés ? Il avait fait d’autres pochettes de Loudblast ?
Stéphane Buriez : Oui, il a fait le live Decades Live Ceremony qui est sorti juste avant. C’est lui qui a fait cette pochette-là. La collaboration s’est super bien passée et en plus, Eliran est fan du groupe. Encore une fois, et je le dis souvent en interview, l’album, c’était un peu la Dream Team. Tout s’est bien passé au studio, les gens ont collaboré à l’album, tout a roulé nickel… j’ai donné le titre de l’album à Eliran et je lui ai dit « Hervé et moi… il y avait trois personnages sur le live, on aimait bien ces trois personnages, donc, on aimerait bien les retrouver… pas les mêmes personnages… mais trois personnages sur la prochaine pochette ». C’est une espèce de liant… il est arrivé tout de suite avec l’idée d’être l’anti Bible, en tout cas qui découvrait la noirceur de l’homme, tout le mal que l’homme a fait dans son histoire, tout le mal que l’homme fait toujours actuellement à son prochain… c’est marrant parce que, cet album, les thèmes qui ont été abordés en synthétisant un peu, sont aussi tout ce que l’homme a de sombre en lui. L’homme au quotidien fait le mal… je ne me réfère pas à la religion chrétienne, mais ce n’est pas bon pour lui, ce n’est pas bon pour l’autre. Ce sont des thèmes qu’on a abordés dans cet album. On parlait aussi du mal que l’homme se fait, mais aussi du mal qu’il fait à son environnement, à la planète, en tout cas à l’autre… il y a cette putain de pandémie qui est arrivée en plein pendant l’album. On était visionnaire en fait, on a abordé le thème… enfin, ce n’est pas le thème principal de l’album… mais c’est un des thèmes dont on parle. On est en plein dedans, on est en plein dans les thèmes un peu plus larges qu’on a abordés dans l’album.
Art’n Roll : On a l’impression que la pandémie a donné beaucoup d’idées à beaucoup de groupes.
Stéphane Buriez : Oui, mais nous l’idée, on l’avait eu avant.
Art’n Roll : Et vous, vous l’avez eu avant. C’est vrai. Vous étiez visionnaires…
Stéphane Buriez : On aurait préféré ne pas l’être… (rires)
Art’n Roll : Oui, ça aurait été différent, l’album aurait été différent s’il n’y avait rien eu.
Stéphane Buriez : Mais en gros, là où ça se rejoint, l’homme fait n’importe quoi, on est gouverné par des idiots qui nous disent qu’on est plus idiot qu’eux… et tout le monde le pense. Au bout du compte, on se rend bien compte qu’on est vraiment gouverné par des incompétents… ça s’appelle le phénomène Dunning-Kruger. C’est un peu ce qu’on aborde aussi dans l’album, tu vois ? On a toujours été très empreint dans le thème, dans le texte, de parler de choses concrètes. On parle du mal, mais on parle du mal concrètement… dans ce qu’on nous dispense où qu’on reçoit.
Art’n Roll : On le ressent tout au long de l’album. On est en plein dedans. Est-ce que tu comptes un jour ré-enregistrer certains de tes albums ? Je pense à Planet Pandemonium dont tu n’es pas fier… c’est un album que tu n’aimes pas en fait, ce n’est pas ton préféré.
Stéphane Buriez : Je trouve qu’il est un peu en demi-teinte. … enfin, je n’ai pas un bon souvenir de la tournée qui a suivi en fait. Bon, l’album en lui-même, il y a de très bons morceaux, il y a des morceaux pas vraiment finalisés je trouve… mais de là à le ré-enregistrer, non.
Art’n Roll : Non, tu ne veux pas le refaire ?
Stéphane Buriez : Je pense qu’on rejouera des morceaux sur scène, il y a de très bons titres…. Donc, pour le prochain concert on fera un mixte de toute notre carrière. On a prévu de jouer deux heures. Il y aura des morceaux de cet album. Cette année, il y a pas mal d’albums qui vont être réédités et remasterisé dont Planet. Tout est déjà remasterisé… on va les sortir et mettre quelques bonus en plus. Il y a des albums qui méritent d’avoir une seconde vie aussi. Bon, il y a des albums comme Fragments, j’ai un peu de mal aussi avec ça, mais c’est un autre Loudblast…
Art’n Roll : C’est parce que c’est un peu la fin d’une époque pour Loudblast ?
Stéphane Buriez : Fragments c’était la fin de la première ère Loudblast. Et je savais qu’en enregistrant j’allais arrêter après… et, Planet Pandemonium, pareil, on cherchait quelque chose. Il n’y avait pas d’assiduité dans notre travail. Mais c’est ce qu’on a retrouvé depuis l’arrivée de Drakhian et d’Alex Lenormand dans un premier temps quand on a fait Frozen Moments et ensuite Burial Ground. Et qu’on a retrouvé aussi un nouveau line- up. Voilà. Je pense qu’on sait où on va. Ça, c’est cool.
Art’n Roll : Il y a un DVD qu’on aimerait bien revoir. Quand vous avait fait Fragments, vous aviez tourné en même temps en studio. Je voulais savoir si vous comptiez le remettre en Blu-ray, le ressortir. On a quelques extraits, mais on aimerait bien l’avoir entièrement.
Stéphane Buriez : Je vous invite déjà à aller voir sur la chaîne Youtube du groupe où il y a pas mal de choses, pas mal de vidéos et pas mal de concerts… c’est moi le gros bibliothécaire de tout ça. Autant te dire que pendant le confinement, j’ai eu le temps de faire le tri et je suis toujours en train de le faire parce qu’il y a plein de choses. Je récupère des trucs au fur et à mesure et j’ai encore pas mal de choses à faire découvrir. J’ai retrouvé quelques vidéos de l’époque Sublime Dementia et aussi des live… je ne savais même pas que je les avais… donc voilà, j’archive encore tout ça. Plutôt que de ressortir un DVD, on mettra ça gratos sur notre chaîne YouTube.
Art’n Roll : En ce moment, quel est ton sentiment sur la scène metal, sur les médias ? Est-ce que tu n’as pas l’impression qu’il y a beaucoup, beaucoup trop de médias par rapport à notre époque là où avant on avait un ou deux magazines ? Et avec tout ce qui se passe avec le COVID j’ai entendu dire qu’il y a eu pas mal de licenciement chez Colombia, chez Sony, qu’ils étaient en train de virer les gens et que les réseaux sociaux sont en train d’exploser ?
Stéphane Buriez : Oui, sur cette situation, on n’a pas historiquement de recul là-dessus. C’est complètement nouveau. Oui, avec l’explosion du streaming… c’est normal, les gens consomment de la musique différemment. Ces plates-formes-là qui étaient déjà énormes et qui maintenant ont pris un essor incroyable…
Art’n Roll : le bassiste de Nightwish a quitté le monde en raison de ça, en raison des live streaming et des Deezer ou autres sites
Stéphane Buriez : C’est vrai, qu’en termes de rémunération, Deezer ne se rend pas bien compte… moi, faire de la musique c’est mon métier, c’est pas un passe-temps. On vit de ça. Comme tout le monde, j’ai des factures à payer, il faut que je mange… c’est vrai, et là, on ne tourne pas, donc, on n’a pas de droits d’auteur. C’est vrai qu’en termes de répartition, c’est effarant. Je pense qu’il y a des choses qui vont changer.
Art’n Roll : … parce que les fans sont là, ils sont demandeurs.
Stéphane Buriez : Oui, et ça ne peut plus rester comme ça. Là, on parle de millions d’écoutes, de milliards à l’échelle de la planète… donc oui, on a des soucis. Par contre, ce qui est cool, en metal les gens sont des passionnés, ils aiment toujours les objets… nous, on a un label qui nous compose ça. Dès qu’on sort un album, c’est évident qu’on va sortir des vinyles, on va sortir des beaux objets. C’est clair que ce n’est pas avec le streaming qu’on va bouffer. Nous, la carte qu’on a à jouer c’est de faire des objets un peu collectors, des beaux objets que les gens ont envie d’acheter. Et voilà. Je le répète, mais le seul moyen de soutenir les groupes actuellement, c’est con, c’est d’acheter du merch. Moi je le fais aussi parce qu’au moins ça tombe dans la caisse des groupes. La vente de badges par exemple pendant les concerts c’est un gros plus… Il faut trouver un moyen de faire tourner la baraque. Ce n’est pas une entreprise philanthropique, c’est une entreprise. Il y a des charges à payer, concrètement, si l’on veut que ça continue il faut qu’on puisse alimenter la chaudière. Et pour alimenter la chaudière, il faut qu’on vende des disques, il faut qu’on vende des T-shirts… donc, si les gens ont envie de soutenir les groupes qu’ils aiment, allez-y, n’hésitez pas à lâcher un petit billet pour que ça ne s’arrête pas. Seulement, des gens découragés, il y en a plein. Voilà, on a vraiment de la chance d’avoir des fans depuis des années qui comptent sur nous et on compte sur eux. C’est ça être fan comme disait Pascal Obispo. On en a de plus en plus, c’est ça qui est cool. Je pense que ce nouvel album a aussi re-fédérer des gens qui ne nous avaient plus écoutés depuis longtemps… il y a plein de nouvelles personnes qui ont dit « Ouais, putain, je ne connaissais pas votre musique… » j’ai eu pas mal de messages de mecs qui me disent « Ouais, en fait on a découvert Loudblast dans une playlist sous Spotify ou Deezer, et on a trouvé ça génial, on a écouté l’album… »
Art’n Roll : Quelque part ça aide en fait ?
Stéphane Buriez : Il faut vivre avec son temps, ne pas tout changer, mais s’adapter. Et pour s’adapter, il faut regarder ce qu’il se passe et toujours continuer à avancer. Parce que, ce n’est pas avec un album comme Manifesto qu’on va s’arrêter, c’est évident.
Art’n Roll : Donc, tu disais que tu as déjà des idées pour le prochain album apparemment ?
Stéphane Buriez : Oui, j’ai déjà composé neuf morceaux.
Art’n Roll : Donc on ne va pas attendre cinq ans finalement ?
Stéphane Buriez : On est en train de travailler dessus toujours avec le même parolier, Nathanaël [Underwood – NDLR], qui a déjà travaillé avec nous. Et là, je l’ai recontacté pour Manifesto, je lui ai donné les thèmes et ce que je voulais. Ça a été une super collaboration de bosser sur le texte avec lui. On va continuer à travailler ensemble parce que ça marche bien. C’est vrai qu’avec Manifesto il y a une vraie émulation, on s’est ressoudé. Tous les gens qui ont participé à cet album a fait que cet album est ce qu’il est, aussi bien pour la prod’ que pour la direction artistique, Nathanaël pour les paroles, le line-up… je suis vraiment très fier. Ça fait très longtemps que je n’ai pas été aussi convaincu par mon travail, par notre travail. J’avais des doutes bien sûr, mais cet album a marqué notre carrière… on a eu des couvertures de magazines, on n’a jamais eu autant de couvertures de magazines que pour cet album. Donc comme quoi, tout peut arriver en 35 ans de carrière. C’est ça la musique, c’est génial la musique.
Art’n Roll : J’ai vu dans ton top 20 de 2020 que tu avais flashé sur l’album du groupe Déluge. J’avais été assez surpris. Du Black metal expérimental. Tu es fan de ce style aussi un peu ?
Stéphane Buriez : Alors je ne suis pas spécialement fan de ce style, mais il y a des groupes que j’aime comme ça. Dans un autre style, un groupe comme Ghost Brigade qui était sorti chez Season of Mist, j’adore cet album, mais je ne vais pas écouter d’autres groupes dans ce style parce que ça va vite me gaver. Je flash sur des albums dans ce genre de trucs un peu moins brutaux mais qui ont des choses à proposer. Déluge c’est très original, c’est très bien composé, c’est très bien fait. J’adorais déjà leur premier album. C’est un groupe qui a des choses à dire. Pareil, leur dernier album était vraiment excellent. Je faisais une petite interview pour un magazine espagnol il y a deux mois, on parlait de la scène française, bah oui, ça fait très longtemps que la scène française n’a rien à envier à ses voisins. C’est là qu’on s’est rendu compte qu’il y a une scène en France.
Art’n Roll : De nos jours, la scène est en train d’exploser en France.
Stéphane Buriez : Oui, on est décomplexé maintenant.
Art’n Roll : On va parler des Tambours du Bronx. Vous allez enregistrer un album là ? C’est cette année ?
Stéphane Buriez : En fait, on a prévu d’enregistrer un album. On va se remettre à composer des morceaux et on va les sortir au fur et à mesure. Là, c’est pareil, on n’a pas de perspectives de dates. Là, j’ai vu une date pour les Tambours du Bronx en 2022… donc, on n’a pas de perspective de tournées pour l’instant. Clairement, c’est compliqué de se rejoindre parce qu’on est tous un peu explosés à droite, à gauche, en Auvergne… moi, je vais bosser chez moi, on va tous bosser chez soi, on prendra les idées, on va enregistrer et puis on va essayer d’avancer comme ça. Comme la tournée Weapons Of Mass Percussion a super bien marché, on s’est dit qu’on allait refaire un album. C’est dans les tuyaux. Sur mon ordi, il y a un dossier Tambours du Bronx avec toutes les nouvelles maquettes qu’ils m’ont envoyées et que je dois attaquer.
Art’n Roll : Sur les parties de guitare ?
Stéphane Buriez : Non, les voix.
Art’n Roll : Que du bon pour cette année.
Stéphane Buriez : Ouais, ça peut être pas mal.
Art’n Roll : On n’a pas de perspective pour les concerts, on va attendre la fin de l’année ?
Stéphane Buriez : C’est clair. Plus ça avance et plus on se dit que les festivals, ça va être compromis. On fera autre chose, on continuera à faire de la musique. Moi, je vais continuer à faire des interviews et continuer à être présent quand on me demande d’être là. Il ne faut pas laisser les gens dans l’expectative. Je pense que le meilleur moyen d’être présent dans ces temps compliqués, c’est de créer, c’est de faire de la musique. Je ne suis pas fait pour autre chose en fait… je donne aussi des cours au conservatoire de Gennevilliers, hier, on a pu encore être présent pour des élèves. On essaie de faire nos activités habituelles artistiques, mais on s’adapte.
Art’n Roll : Tu as aussi des partenariats avec des marques de fringues ?
Stéphane Buriez : Ouais !
Art’n Roll : Alors, j’avais vu que le sigle At War With Satan de Venom était un partenariat avec des fringues, « ils vont nous sortir un tribute à Venom… ».
Stéphane Buriez : Oui, c’était son d’accroche « At War With Loudblast ». Ce serait totalement envisageable. Hervé, notre batteur, était au fan club de Venom…
Art’n Roll : Oui « Venom Legions »
Stéphane Buriez : Dans les tiroirs, on a toujours ce projet de faire un album de reprise, ça faisait partie des choses qu’on voulait faire aussi, on a déjà fait la liste de ce qu’on voulait jouer, de ce qu’on voulait reprendre… plutôt des classiques d’ailleurs de heavy metal etc. Voilà, ça fait peut-être partie des choses qu’on va pouvoir faire cette année, on ne sait pas trop. Il ne faut pas trop en faire non plus, mais on a envie de faire de la musique et enregistrer des trucs, c’est évident.
Art’n Roll : Est-ce que tu as connu Alexis de Children Of Bodom qui nous a quitté ? Est-ce que tu as un mot à dire ?
Stéphane Buriez : Non, je ne l’ai pas connu, je l’ai rencontré lors d’une interview pour Une Dose de Metal sur la deuxième saison. Mais je ne l’ai pas connu personnellement. C’est quelqu’un que je respectais, un très grand guitariste. C’est vrai que l’année a mal commencé je trouve… Oui, j’ai eu l’occasion de le rencontrer, il était extrêmement sympathique. À la fois, c’est vrai qu’on vieillit et que forcément nos idoles… lui, il est parti prématurément, il avait de gros problèmes de santé. C’est vrai que toutes nos idoles commencent à être vieilles.
Art’n Roll : Allez, je te laisse un dernier mot.
Stéphane Buriez : Eh bien, merci Art’n Roll parce que ça fait longtemps que vous nous soutenez et que c’est bon d’être présent. Nous on va essayer de faire le maximum pour être là aussi, pas physiquement, mais virtuellement… on a toujours la flamme. Cette année nous a permis aussi de nous recentrer sur des choses importantes. Ce qui est important pour nous c’est d’être présent et de faire des choses bien. On n’a pas pu trop se disperser et ce n’est pas plus mal quelque part. On démarre quand même avec des idées plus claires sur nos objectifs à faire cette année. Cette année on a appris beaucoup de choses nouvelles, on va les mettre à profit et on va positiver. Ce qui n’était pas bien est derrière nous. On va dire ça, on va avancer.
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