HOT on the rocks!

First Flight Of The White Raven – Wardruna, concert live stream, 26 mars 2021 à Riksscenen.

mercredi/21/04/2021
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Voici donc le concert de présentation du nouvel album de Wardruna, Kvitravn, en livre stream puisque les concerts sont empêchés, encore et toujours à cause de la pandémie de COVID.

Avant chaque chanson, son titre apparaîtra successivement sur fond de pierre noire, puis se consumera pour laisser place à un court texte en anglais. Pour Kvitravn (White raven), morceau du même nom que le nouvel album, ce sera le texte suivant :

« Let me ask !
Lend my a feather
I will turn it
Into white wings

Let us fly
Wide on winds
With hunting minds
And sorcerous songs »

Croassement de corbeau et traveling arrière d’Einar vers tout le groupe qui reste flou : petite scène, les six musiciens de Wardruna et Katrine Stenbekk au chant, tous en noir dans la pénombre :

Einar SelvikChant, Taglharpa, Kravik-lyre, Bukkehorn
Lindy-Fay HellaChant
Arne Sandvoll – Percussion, Chœurs
Eilif Gundersen – Bukkehorn, Lur, Flûte, Chœurs
HC Dalgaard – Drums, Percussion, Chœurs
John Stenersen – Mora-harp
Katrine Stenbekk – Chant

En fond de scène, un écran montre les images d’un corbeau blanc. Lyndi affiche une chevelure rousse et porte des plumes de corbeau noir sur les épaules.

Les instruments anciens ont des formes étonnantes : très longue flûte, simples morceaux de bois frappé par des tiges plus fines, mais aussi guimbarde, flûte plus traditionnelle, grands tambours. Le bois est très présent par ces instruments et aussi par le décor fait d’arbustes secs.

Plusieurs instruments sont disposés devant Einar ainsi que le bâton totem en bois qu’il utilise sur les visuels de l’album, des plumes et ossements noués dessus.

Kvitran en ouverture donc, la voix d’Einar est vibrante d’émotions.

2) Skugge (Shadow)

« Alone, I sat outside
At the foot of the mountain
As the daylight was fading a visitor came
Shadow was the name

I stared straight towards
Shadow straight in return
In ma innermost inside
At my outermost outside
We both held the gaze »

Le chant est presque a cappella, en chœur. Sur ce titre, la voix de Lindy me fait penser aux chants bulgares.

Pour ce morceau, Einar est encerclé par des spots aveuglants de blancheur qui renforcent l’effet sépulcral du chant lancinant dans les tonalités graves. Ils semblent invoquer une puissance chthonienne dans des moments désespérés. On est vraiment proches de la tradition chamanique.

J’ai la chair de poule, je ne peux que me rappeler comme les voir en live est une expérience puissante. A distance, le charme opère aussi à travers l’écran. Parce que la musique de Wardruna est une expérience à elle seule. Et puis il y a la caméra qui flotte autour des musiciens, toute proche, et permet un autre type de communion. On ne pourrait jamais être si proche au point de voir les yeux d’Einar se révulser à moitié.

3) Solringen (The ring of the sun)

« The sun made circle summer sent roosters crow waking calls for elves in the meadow.
In early tradition the women of the household on a farm had the task of going out into the fields aroud midsummer and wake up the elves dwelling there with rhymes and songs to encourage them to ensur growth and good crops.

These songs and traditions have now mostly passed into oblivion. New songs might wake them once again. »

Ce titre avec sa flûte claire et ses percussions de simples morceaux de bois à peine écorcés me rappelle les danses ancestrales, les rondes entraînant des dizaines de personnes qui frappent le sol et font émerger les vibrations de la Terre. Nouveau chant, nouvelle tradition pour remplacer les chants perdus.

4) Bjarkan (Birch)

« You who carried me for winters nine
swaddled in a veil
spun of life and death
Out of mother’s deep womb
into the green colored world
Die and be reborn »

Thème du cycle toujours recommencé de la mort et de la renaissance cher aux traditions pré-chrétiennes. La voix se fait plus gutturale, doublée par la guimbarde, et la lumière tourne au vert.

5) Raido (Riding)

« The storm is stilled, the min dit flies
The drum of hoofs lay the beat
The heart, it follows, two are one
Sets me loose with speedy feet
Riding
Raido »

Plus dynamique, avec toujours cette espèce de force sombre en arrière-plan. Sur l’écran, un ciel noir et brumeux. Là, Einar joue d’une sorte de petite harpe en bois noir.
Ces nouveaux titres s’écartent un peu du chemin précédent, tout en puissance, pour un travail plus subtil, très évocateur et riche en émotions tirant plutôt vers la mélancolie. Il semble que ce soit plus des suppliques que des chants de conquête.

6) Voluspa (Skald, 2018) Prophecy of the seeress

Einar seul sur scène, avec sa harpe. Ce morceau a dû être filmé séparément, il n’y a plus rien sur la scène qu’Einar et son bâton-totem. Plus de fumée, plus de spots, juste une lumière zénithale pour dissiper la noirceur. Comme au temps où l’on chantait auprès du feu, sans artifice, mais avec les esprits tous proches.

7) Isa (Ice)

« Arbitrary is the way
To a man who
shines of death
And Hél-shod makes his steps
Across the widest bridge
All of life – resting
All of life – glimmering »

La voix cristalline de Lyndi pour ouvrir ce morceau tandis qu’un effet de glace se dissipe sur l’écran. Encore une fois, le groupe semble s’inspirer de techniques ancestrales comme ce chant utilisé par les bergères pour appeler leur troupeau.

Les percussions sont très claires. Les lumières encore très restreintes sont maintenant teintées de bleu.

8) UruR (aurochs)

« In memory I travelled
Back to the ice that bore me
Feel the warmth from the breath that thawed me – UruR

UruR, Uruz or Aurochs, (Bos primigenius) is an extinct species of large wild cattle that inhabited Asia, Europe, and North Africa. It is the ancestor of domestic cattle. It is the animal that gave name to the second Rune in the futhark.

The Scandinavian Bronze-Lur are always found in pairs and many believe they are made to mimic the horns of the Aurochs. »

La lumière se fait plus chaude, orangée, comme au crépuscule d’une journée particulièrement chaude, après la chasse à l’auroch ? Ce titre s’ouvre au son d’une sorte de long cor, puis monte une psalmodie par tous les musiciens, soutenus par des tambours mid-tempo. C’est comme une prière à l’esprit de l’auroch.

On voit brièvement Einar faire tournoyer un élément au bout d’une corde, le genre qui provoque un vrombissement.

9) Gra (Grey)

« I remember when you roamed freely
I remember when we roamed freely
I remember us before our paths got separated
I remember the ring before it broke

Always wary about me and I about you
Always wary about you and you about me »

Là c’est l’esprit du loup qui est invoqué, on entend sa voix répondre à la musique. Lui qui cheminait avec l’homme avant la séparation de ce dernier avec ce qu’il a ensuite désigné comme la « Nature ».
Le rythme se fait un peu plus saccadé, marqué avec des ossements et le grand tambour d’Einar. La voix de Lyndi est plus « sauvage ».

10) Vindavlarljod (Song of the wind-bred)

« To you who seek
To you who need
The river flows north and below
The river flees north and below
Carrying what you swear
Sending what you let go

Wind I was and wind I am
I am wound, woven, bound and twined »

Titre plus classique, façon épopée, BO de Vikings, même si la musique est bien plus ample et ne se réduit pas à une ambiance de série télé.

11) Rotlaust tre fell (Rootless tree falls)

« Three Norns I plead
for life to be spun
Three Norns I plead
for life to be twined
Three Norns I plead
for life to be bound
Bound to the root »

C’est avec cette chanson que j’ai découvert Wardruna ! A l’époque je découvrais la Wicca et les traditions pré-chrétiennes de façon et cette musique m’avait saisie. Le titre est tellement révélateur de ce manque que nous sommes nombreux à ressentir. J’ai beau connaître l’Histoire qu’on enseigne à l’école ou dans les livres, je sais que de nombreux pans de l’histoire des ancêtres non chrétiens a disparu, enterrée plus ou moins à dessein. Or, un arbre sans racine est voué à tomber.

On ne peut que remercier Wardruna et tous ceux qui réinventent des chants et des histoires et nous rendent des racines nourricières. La chanson de ce soir semble encore plus ancrée par leur travail.

12) Fehu (Wealth, livestock)

« Wealth is joy to man
strife among kin
path of the viper

The snake lies in coils
Hidden, it waits below
like a frost-ridden field
Strife that kinsmen suffer »

Ce morceau, comme le précédent, est un classique pour les fans de Wardruna. La lumière se fait transverse pour baigner à mi-cuisse les musiciens dans un lac blanc violine. L’effet est futuriste et surprenant.

13) Helvegen (The way to Hel)

« Who will sing me
in the death-sleep sling me
when I walk the road to Hel
and the tracks I tread
are cold, so cold »

Retour à la brume et aux flambeaux tout autour de la scène. Et ce sera le morceau de clôture, joué avec une rare profondeur, de ce somptueux live stream. Je parie que je ne suis pas la seule qui aurait payé cher pour être présente lors de ce show.

Tous les détails étaient extrêmement soignés, mais sans surcharger la scène. Tout, la lumière, le jeu de caméra, les éléments de décor, ont soutenu, révélé la musique.

Les nouveaux morceaux se sont appuyés sur les anciens pour continuer le travail de Wardruna, en l’affinant, en lui apportant encore plus de subtilité et d’émotions.

On croise les doigts pour que le DVD de ce concert soit publié.

Bon évidemment, j’ai raté les commentaires du tchat, mais il semble que tout le monde ait eu un grand moment d’émotion. On évoque comme moi le chemin du paganisme ou encore des frissons, beaucoup de frissons, que procure ce groupe. Certains rendent un hommage spécial à l’homme à la flûte. Les gens « viennent » d’aussi loin que la Virginie US ou la Norvège ou de Suisse, Belgique, Moscou.

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