Quand un producteur et un ingé son comme David Husser et Stéphane Azam décident de monter un projet aussi ambitieux et innovant cela donne CROWN. Un mélange de musique indus, électro, metal. Dont le quatrième album risque de vous surprendre par la qualité de ces titres. À écouter d’urgence et qui sort ce mois ci chez Pelagic records. ( interview réalisé le 7 avril ).
Art’N Roll : D’où vient ce nom Crown et ce projet ?
Stéphane : Ok. En fait le nom est venu comme ça, je cherchais un nom avec une sonorité un peu particulière et un nom assez court. C’est plus dans la sonorité, j’ai trouvé que Crown ça allait bien avec la musique et puis tu as l’espèce de symbole de couronne aussi. En gros, il n’y a pas vraiment de grosse surprise par rapport à ça, mais c’est plus dans la prononciation du mot.
Art’N Roll : ça se dit Crown et pas The Crown ?
Stéphane : Non, The Crown c’est un groupe suédois.
Art’N Roll : Voilà, on se trompe souvent de groupe en pensant à The Crown ce groupe suédois.
Stéphane et David : Oui, c’est vrai.
David : Ou alors, peut-être qu’on est fascinés par la reine d’Angleterre, ce qui est possible aussi, tu vois ?
Stéphane : Aussi !
Art’N Roll : Ah, oui ? C’est possible oui. (Rires)
David : Tu dois choisir. C’est toi qui te fais ta réponse.
Art’N Roll : (Rires). À partir de quel moment avez-vous décidé d’enregistrer ce quatrième album ?
Stéphane : Écoute, j’ai commencé à faire des démos fin 2017 et on a commencé à enregistrer, le temps que ça se mette en place en 2018…
David : Moi j’aurais dit 2018.
Stéphane : 2018 ? Je crois pas…
David : Alors très franchement, je ne sais plus exactement. Ce que je peux te dire c’est qu’à un moment j’avais des versions ça s’appelait Crown 2018, donc je suis sûr qu’en 2018 on était en train de faire ça !
Stéphane : (Rires) écoute oui, on va partir là-dessus parce que moi je dois avoir un début d’Alzheimer.
David : Non, mais on a décidé d’enregistrer cet album, finalement, juste après celui d’avant. Je veux dire que c’est là que ça a été décidé.
Art’N Roll : Vous avez quatre albums à votre effectif ?
Stéphane : Le premier c’est un EP, mais il est quasiment aussi long qu’un album alors on peut le compter comme un album.
Art’N Roll : Et quel est votre processus de travail ? Comment vous l’avez enregistré cet album ? Vous l’avez fait séparément à cause du COVID ?
Stéphane : De toute façon, j’ai commencé à créer les morceaux fin 2017, donc j’ai écrit des démos et après on a bossé David et moi ensemble sur les démos pour développer le tout et puis faire l’élagage, donner le relief à tout ça. Mais, on a pas vraiment été impactés dans le processus de l’album par le COVID. On avait terminé fin 2019 avant que ça parte en couilles.
David : Si tu veux, moi j’ai rejoint Stéph sur l’album précédent, parce qu’avant, son duo des trois albums d’avant, c’était un peu un duo avec lui-même, parce qu’il faisait beaucoup, beaucoup, de choses – à part sur scène évidemment, Il faisait un peu de tout, tout seul. Moi, je l’ai rejoint en tant que producteur et mixeur sur l’album d’avant et puis on a bien aimé bosser ensemble. Celui-là on s’est carrément lancés en tant que tandem, mais en gardant l’idée qu’il avait composé ce disque lui-même tout seul, comme toujours, c’est la touche de ce groupe-là quoi. Alors, je ne voulais pas intervenir dans ce process parce que ça aurait très certainement dénaturé encore plus la chose.
Art’N Roll : Cet album est totalement déroutant et un peu différent de ce que vous faisiez avant ?
Stéphane et David : Oui.
Art’N Roll : Et pour quelles raisons un tel changement ?
Stéphane : Ce n’était pas vraiment planifié. Quand j’ai commencé à créer les morceaux c’est venu comme ça, assez naturellement, sans me poser de questions j’ai continué. Les morceaux venaient comme ça, instinctivement on va dire. Je voyais très bien que c’était différent mais ça ne m’a pas freiné dans le processus.
David : Déjà le changement c’est la vie ou la vie c’est le changement. Tu vois déjà, donc ça c’est un truc qu’il faut prendre en considération et on avait quand même déjà… Moi j’avais remarqué sur l’album d’avant qu’il y avait déjà des prémices, par petites touches, comme ça, de ce que c’est devenu depuis. Moi, je l’ai vraiment encouragé dans cette voie-là parce que personnellement je trouvais que ça faisait partie des points lumineux et intéressants de ce qu’il y avait avant. Je poussais en disant, je pense qu’il y a quelque chose à creuser dans ce sens-là. Stéph il ne faisait pas toutes les voix, il avait beaucoup d’invités sur les albums précédents et moi j’aimais particulièrement les moments où il chantait. Je me disais : est-ce que c’est par timidité ? Je ne connaissais pas la raison pour laquelle il ne prenait pas toutes les voix à son compte, mais j’étais sûr que ça valait au moins le coup d’essayer, de pousser ce côté vocal, ce truc presque un peu crooner, un peu lancinant et un peu hypnotique, d’essayer de pousser ça un peu plus loin.
Art’N Roll : Stéphane est passé pratiquement d’une voix growl à claire, c’est ça si je ne me trompe ?
Stéphane : Oui, tout à fait. C’est carrément ça.
Art’N Roll : Quand on écoute cet album qui est d’une richesse incroyable, je l’ai écouté plusieurs fois je l’avoue.
David : Chouette !
Art’N Roll : Vraiment, on a l’impression de trouver vraiment une nouvelle forme de musique. Ce mélange de metal, d’indus, d’électronique, vous avez franchi un nouveau pas en fait dans ce style. Vous voulez continuer dans cette démarche ?
Stéphane : Oui, sincèrement, je ne pense pas refaire forcément exactement la même chose de toute façon, parce que ça n’arrive pas, mais faire évoluer dans un environnement à peu près similaire quoi. En tout cas pousser les expérimentations – au niveau de la voix claire c’est quasiment sûr de toute manière – pousser le processus dans quelque chose en constante évolution on va dire.
David : Non mais complètement. Je trouve que, finalement, comme dit Steph, comme moi je suis intervenu sur l’album d’avant, mais plus, comment je peux dire ? Comme un docteur. Comme avec un patient, un petit peu comme ça. Sur celui-là, moi j’avais vraiment envie de l’aider à faire aboutir ce truc-là et je crois que notre alchimie elle fonctionne vraiment bien, tu vois. Moi j’ai une notion – il l’avait évidemment lui aussi – mais, j’avais cette notion du boulot et de pousser le truc à son paroxysme… et c’est finalement, en tout cas, c’est pas de notre point de vue à nous, parce que nous on est mal placés pour avoir un avis là-dessus, mais de ce qu’on retient de ce que les gens retiennent eux, ou ressentent en écoutant ce disque, ça paraît assez flagrant que c’est relativement… ça fait mouche. Pour l’instant, c’est simple, on a eu aucune critique négative. On s’attendait à des frustrés qui nous disent : « les gars c’est plus la même chose » et pour l’instant je dois dire ce n’est pas le cas, jamais, zéro. Quoi, tu vois, zéro !
Art’N Roll : Vous avez l’impression d’avoir avancé, d’avoir inventé un petit-peu un nouveau style quand même ?
David : Moi, je ne dirais pas ça. Attention je trouve que c’est super que tu dises ça et c’est un des plus beaux compliments qu’on puisse nous faire. Nous, on irait pas jusque-là, mais on a commencé à sentir ce truc en se regardant, tu sais, de manière ébahie, quand le label a commencé à nous faire ses premiers retours, quand ils ont eu le disque à peu près mixé et qu’ils ont commencé à faire des parallèles avec Radiohead ou des groupes comme ça,ou avec des choses comme-ça, ce genre de disques, que moi personnellement j’adore ! Quand j’ai lu ça, je tombais de ma chaise, pour être honnête avec toi. Je me suis dit : « mais vraiment, sérieux les gars ? à ce point ? » Moi je m’étais dit : « on s’en est bien tirés » tu vois, mais vraiment, sincèrement, je veux dire. Ça va, on a évité les écueils de ci, ce truc-là n’était pas facile mais ça tient la route, c’est bien. Et puis, dans le regard des autres, on se rend compte, enfin, en tout cas on ressent que, voilà, il y a un avis, il y a plutôt des retours assez dithyrambiques en général.
Stéphane : Tu ne t’y attends pas forcément quand tu es en pleine phase de composition, de mixage, tu es tellement dedans, que tu as du mal à prendre du recul. Se dire après, est-ce qu’on a inventé quelque chose ? C’est…
David : Oui, tu as fait un truc réussi, quoi !
Stéphane : Oui, c’est ça, ça fait plaisir quoi.
Art’N Roll : Vous êtes tous les deux producteurs si je ne me trompe ?
Stéphane : David est producteur, moi je suis plus ingé-son live.
Stéphane : C’est quand même deux mondes assez différents.
Art’N Roll : Stéphane, j’ai vu que tu avais travaillé avec ABBATH.
Stéphane : Oui, je travaille toujours avec lui, là.
Art’N Roll : Proche de son style ?
Stéphane : Oui, je suis assez fan de black metal depuis longtemps. Enfin, c’est venu un peu par hasard ce taf mais je ne pensais jamais pouvoir bosser avec un…
Art’N Roll : …un monstre comme lui ? (Rires)
David : Un psychopathe ! (Rires).
Art’N Roll : (Rires) J’ai vu que vous avez fait une tournée au Chili ?
Stéphane : Oui. On a fait l’Amérique du Nord pendant un mois et après Amérique du Sud pendant un mois, et là c’était assez extrême.
David : Ta question c’est : est-ce qu’il était là pendant le grand désastre ?
Art’N Roll : Il y a eu un soir où il y a eu une grosse beuverie ?( Abbath est monté sur scène totalement ivre)
Stéphane : Oui, j’étais là, oui.
Art’N Roll : (Rires) c’est la petite parenthèse.
David : Moi j’ai vraiment rigolé ! Quand j’ai vu le truc je me suis marré. J’avais les boules pour Stéph mais je me suis dit : « ça c’est du rock ! »
Art’N Roll : (Rires) ça c’est du rock !
David : Comme dirait Marty McFly « ça c’est du rock ! »
Art’N Roll : On a tous vu les vidéos de toute façon ! (Rires)
Stéphane : Bah oui, c’est vrai.
Art’N Roll : On retrouve dans l’album un morceau qui, particulièrement, sort du lot c’est Shades où on croirait entendre du Ministry.
Stéphane : Oui, ça c’est indirectement une influence…
Art’N Roll : C’est une certaine influence quand même ?
Stéphane : Oui, on est très fans tous les deux de Ministry et puis oui, ça peut être une espèce d’hommage à ce genre de groupes aussi…
David : Nous, on n’y a pas pensé quand on l’a fait mais…
Stéphane : Non, on n’y a pas pensé, mais c’est vrai, c’est vraiment rentre-dedans, très indus, avec la voix distordue, oui…
David : C’est marrant que tu dises ça, parce que moi j’étais par contre, en tant que public, au concert à Paris. J’habitais Paris à l’époque, où Al Jourgensen a fini sur une civière ! Tu sais je crois que c’était à l’Élysée Montmartre, si je ne m’abuse, ou le Bataclan — le Bataclan je crois — et c’est pareil, le public était outré : « ils ont joué que 10 minutes ! ». Déjà, ils avaient joué 45 minutes, pas 10 minutes et on voyait que c’était du play-back mais tout le monde disait : « mais c’est irrespectueux ! » et je disais : « mais c’est ça le rock, vous vous attendez à quoi ? Le mec était une putain d’épave quoi !
David : c’est un grand artiste, mais c’est une épave et quand on paye notre billet on sait qu’on va voir une épave. Alors qu’il parte en civière ne me paraissait, à moi, pas du tout incohérent. À la limite j’étais assez content d’être là.
Art’N Roll : Vous avez fait une vidéo Illumination en référence à un film de Bergman ?
Stéphane : Oui tout à fait.
Art’N Roll : Le septième sceau ?
Stéphane : Oui, la pochette de l’album aussi est en rapport avec Le septième sceau, c’est Max Loriot, le designer, qui s’occupait de l’artwork qui a monté ce concept-là. On avait le titre de l’album et à chaque fois, pour chaque album, je lui ai dit : « je te laisse carte blanche pour trouver quelque chose de visuellement assez fort » et à chaque fois il arrive à faire quelque chose d’assez incroyable.
David : Oui et puis vraiment dans le contexte de la musique, on lui envoie la musique et voilà !
Stéphane : Le clip c’est son premier clip, donc il a fait une espèce de prouesse visuelle parce que c’est quelque chose d’assez complexe de faire un clip d’animation comme ça ! On a un autre clip qui est sorti, mais c’est un clip plus standard où on nous voit jouer sur le premier morceau de l’album Violence.
Art’N Roll : votre titre d’album est d’actualité un petit peu ?
Stéphane : Oui (rires).
David : Hélas oui.
Stéphane : Hélas, c’était pas voulu quoi.
David : Tu sais ce qu’on dit ? « Fais gaffe à ce que tu souhaites, ça pourrait bien t’arriver, hein ! » donc comme ça avait été écrit avant, je l’avais dit à Steph, plusieurs fois : « C’est totalement toi le responsable ! »
David : Vous cherchez un responsable les gars ? C’est lui ! Moi je le dénonce, rien à foutre !
Art’N Roll : Vous avez une invitée sur l’album, c’est Karin Park de Årabrot qui prête sa belle voix ?
Stéphane : Oui, c’est ça.
Art’N Roll : Comment vous l’avez choisie cette chanteuse ?
Stéphane : Écoute, c’est arrivé un peu par hasard, parce que moi je faisais le son de The Ocean et puis Årabrot jouait sur la même tournée. Je connaissais déjà Årabrot avec Kjetil, le chanteur, que j’avais vu quelques années auparavant, mais je ne savais qu’elle chantait avec eux. Donc, je suis un peu tombé des nues quand j’ai fait les balances : « c’est qui cette nana qui a une voix incroyable ! ». Et puis, de fil en aiguille, à chaque concert je me disais : « elle a quand même une sacrée voix ! ». J’en ai parlé aussi à Robin de The Ocean, qui est aussi sur Pelagic, « est-ce que tu crois que je peux lui demander de participer à un morceau ? ». Il m’a dit : « oui ! vas-y, ça serait génial ! ». On avait un morceau qui était bien mais je n’avais pas trouvé de ligne de chant dessus et je me suis dit pourquoi pas lui proposer cette bribe de morceau pour voir ce qu’elle en fait. Elle nous a envoyé un truc complètement top et super bien ficelé, avec déjà des chœurs un truc ultra pro, et quand a eu le morceau, on s’est dit « oh là ! là, ça va être difficile de faire quelque chose à la hauteur… »
David : …de ce qu’elle avait fait. Ouais ! Donc on a été dans une direction au moins, je dirais, toute la bonne première partie du morceau. C’est assez différent du reste de l’album, c’est plus lumineux. Et finalement ça se goupille bien, parce que ça finit quand même cet album sur une touche un petit peu féminine…. Mais aussi un tout petit plus optimiste, si tu fais abstraction des textes parce que le texte… Moi je lui ai quand même demandé si elle n’avait pas écrit ça par rapport à… on était en pleine période gilets jaunes, tu sais les gens perdaient quand même un œil, une main, quand tu lis le texte il y a quand même ce côté : casse-toi avant que ça tourne mal ! Mais moi je me disais : « Tiens, est-ce qu’elle l’a écrit par rapport à — on ne sait pas, on n’a pas la réponse mais — j’y trouvais aussi une résonnance avec tout ce qui se passait chez nous en France, à ce moment-là. Carrément, bien sûr !
Stéphane : Oui à cette période-là.
David : Des fois c’est mieux de ne pas savoir et de laisser un peu de mystère.
Art’N Roll : ce qui est étrange, c’est que leur album sort pratiquement en même temps que le vôtre (arabrot) ?
Stéphane : Oui, il sort cette semaine ou demain, ou vendredi.
Art ‘ N Roll : Chez Pelagic Records, qui est quand même un beau label, avec de beaux artistes, vous êtes fiers d’être chez eux ?
David : On est très, très, fiers oui. On est très, très, bien soutenus. On est vraiment, comme je te le disais avant, on est à chaque fois bluffés. C’est simple, ils ont vendu tous les vinyls le premier jour de Crown, le premier jour à la fin de la journée je crois qu’il en restait un à la vente. Donc, je veux dire, pour un disque qui n’avait pas encore de morceaux qui avaient été sortis. Il y avait très peu d’exposition de la musique, presque rien, quelques petits teasers, quelques trucs, voilà. J’ai fait quelques albums en tant qu’artiste et en tant que producteurs beaucoup plus, mais, jamais, j’avais vu un tel soutien de la part d’un label. Ils sont irréprochables ! en tout cas pour nous.
Stéphane : Oui, et les vynils se sont toujours de supers beaux objets !
David : Une maison de disques tenue par des artistes, tu vois. Des gens qui font leur, j’allais dire, l’adage « fais aux autres ce que tu as envie qu’on te fasse » quelque part, tu vois ? On se sent vraiment traités avec beaucoup de respect et avec la plus grande bienveillance.
Stéphane : Et c’est bien d’avoir un label qui est tenu par des artistes, parce qu’ils ont dit à Ocean qui sont quand même un assez gros groupe, et, je pense que de leur expérience ils arrivent à tirer le meilleur pour ce qui est promo, visuel ou packaging pour les CDs ou les vynils, ils ont vraiment cette passion de proposer quelque chose d’un peu atypique.
Art’N Roll : Vous deviez faire la première partie d’Enslaved, qui est tout à fait différent, mais malheureusement…
Stéphane : Ce sera l’année prochaine…
Art’N Roll : Donc ce sera reporté ? C’était une belle affiche !
Stéphane : Oui ça va être annoncé lundi normalement, j’ai un mail du booker. On le savait déjà. Ce sera normalement en février de l’année prochaine.
Art’N Roll : Février de l’année prochaine pour une tournée en fait ?
David : En fait, on l’espère parce que tu vois bien. Évidemment on est optimistes, déjà parce qu’on a pas tellement d’autres choix que d’être optimistes, je veux dire, sinon on est vraiment foutus. Mais c’est sûr et certain, aussi en même temps, c’est juste la troisième fois qu’ils repoussent cette tournée.
David : Tu vois d’un point de vue réaliste, si chaque fois que tu rentres à la maison ta femme est avec le voisin, va falloir te mettre à l’idée qu’elle est vraiment… d’une nature infidèle, quoi ! Voilà, je te dis je suis un garçon extrêmement optimiste, mais à un moment, je parierais pas mon testicule gauche sur février, parce que c’est mon préféré !
Stéphane : (Rires)
David : C’est celui que j’aime vraiment beaucoup !
Art’N Roll : Sinon au niveau musical, on a parlé de musique électronique, vous avez des coups de cœur cette année ? Des choses à recommander ?
David : Oui, pendant que Stéph réfléchit à ce qu’il va te dire, j’ai envie de te dire que ce disque on l’a fait un peu en autarcie, on l’a vraiment fait sans… On n’avait pas de disque de référence, ni récent, ni même ancien. On a vraiment fait ce truc, à partir du moment où on a à peu près cerné où on allait, on a mis la tête dans le guidon et on a tracé tout droit. On ne s’est pas – je sais que c’est le cas parfois de certaines personnes – qui se disent : « tient cette année la mode c’est plutôt ce son caster ou ce son de guitare, ou cette manière de faire… » et c’est vrai, que nous on a pas du tout réfléchi comme ça. On a pas écouté de musique avant de commencer les sessions. On a pas écouté de musique après en finissant des sessions. On a vraiment fait ce truc en essayant de s’affranchir au maximum de toutes influences. Évidemment, on est faits aussi de tout ce qu’on a écouté et de tout ce qu’on aime… J’ai pas répondu à ta question, mais Stéph il va y répondre maintenant.
Stéphane : Jusqu’à présent cette année j’ai pas vraiment écouté quelque chose en musique électronique qui, pour l’instant, m’a transcendé. Mais je ne sais plus quand c’était, le truc qui m’a vraiment plu, mais c’était 65daysofstatic mais ça doit dater de 2018 ou 2019. L’année dernière j’ai écouté tellement de trucs que là c’est un peu dur de trouver quelque chose qui… il me faudrait plus de temps.
David : Oui, et puis je ne suis pas sûr qu’on fasse tellement la distinction, je veux dire. Tu vois, moi je ne dirais pas que cet album est électro, c’est pas à nous de définir ce que c’est ou ce que c’est pas. Nous, on fait nos trucs. Mais, tu n’es pas le seul, le mot électro revient quand même assez souvent et encore une fois, pour moi, c’est à chaque fois une surprise. Pour moi l’électro c’est Kraftwerk dans les années 70 ou plus récemment Skrillex, . Toutes ces musiques basées intégralement sur l’électronique et même si c’est vrai qu’il y en a chez nous, il y a aussi quand même beaucoup de guitares, même si ce n’est pas toujours reconnaissable au premier abord, de la vraie batterie, des voix, tu vois. Moi, je définirais ça plutôt, de manière globale, c’est du rock indé, tu vois. Mais le mot électro revient souvent.
Art’N Roll : Vous avez participé au Roadburn Festival en 2013.
Stéphane : Oui, c’était en 2013.
Art’N Roll : Et là, j’ai vu que vous alliez faire un Roadburn Festival mais alors ça sera autrement, en fait, c’est une playlist, c’est ça ?
Stéphane : En fait ils font un festival numérique, virtuel, avec des lives, des live streams et des avant-premières de clips. Il y a pas mal de groupes de Pelagic qui y participent justement. Ils ont fait un partenariat entre le Roadburn et Pelagic. Après, il y a d’autres artistes, il y en a vraiment beaucoup, je crois qu’il y a 60 ou 70 artistes. Nous, on a fait un live stream qu’on a enregistré début mars, ça va être diffusé la semaine prochaine entre le 16 et le 18 (avril) il y a quatre morceaux qu’on a fait…
David : Mais du vrai live quoi ! en vrai groupe ! C’était notre première expérience avec le batteur, le guitariste, et puis même avec moi, puisque c’est le premier album dans lequel je joue personnellement avec Steph, donc c’était vraiment chouette ! Malgré les conditions, tu vois, sans public, on a fait un truc un peu plus visuel, un peu plus original dans la forme, pour contrebalancer l’absence d’énergie que te renvoie le public. C’est quand même autre chose quand il y a des gens !
Art’N Roll : Tu as plus l’impression de faire un clip en fait.
David : Un peu, oui !
David : ça manque de contact, putain ! ça manque de filles, je veux dire, franchement !
David : …et l’odeur, tu vois, tout enfin j’veux dire…
David : Parce que si on m’avait dit « tu vas faire de la musique, mais qu’avec des mecs, j’aurais dit non ! »
David : J’aurais travaillé à l’école, j’sais pas, j’aurais fait autre chose quoi !
Art’N Roll :Un mot pour nos lecteurs qui souhaitent écouter l’album ?
Stéphane : Écoute, on espère que ça va plaire, parce qu’on a vraiment bossé dur là-dessus, et, que ça va toucher les gens qui vont réussir à rentrer dans l’univers de Crown. C’est quelque chose d’assez important pour nous de savoir ce que les gens ressentent et puis de savoir comment ils interprètent les morceaux de l’univers qu’il y a derrière ça. On est assez impatients que ça sorte pour voir ce que ça donne.
David : Oui, je conclurais en disant que j’aime bien, tu sais, quand les gens commentent alors, on ne répond pas à tous les commentaires parce que sinon tu aurais une tendance à ne dire que « merci » ou « super » ou à essayer de justifier des choses des fois. Mais, je suis particulièrement fan de l’expression des… et, puis aussi, effectivement, comme le dit Stéph, de la vision qu’ont les gens quand ils écoutent. Alors des fois c’est les textes, des fois c’est le son, des fois la ligne de chant, la voix, peu importe, mais c’est toujours enrichissant de voir la vision qu’ils ont, et c’est, je vais te dire, presque plus intéressant que la nôtre, parce que les gens projettent dans ce qu’eux ils entendent. En tout cas moi j’espère que ça les touchera et je les encourage à fond à s’exprimer sur les réseaux, sur YouTube peu importe sur quelle plate-forme.
Art’N Roll : il sort le 16 avril 2021 ?
Stéphane : Oui
Art’N Roll : Sur toutes les plates-formes ?
Stéphane : Oui, sur toutes les plates-formes et puis si tu veux voir un peu à quoi ça ressemble en live, ce sera le festival Roadburn, c’est gratuit et du coup ce sera diffusé entre le 16 et le 18. On ne connaît pas encore ni la date précise, ni l’heure, mais à partir du moment où c’est diffusé, après tu peux le regarder pendant 2 ou 3 jours. Tu peux le regarder à n’importe quelle heure, tu n’es pas obligé d’être devant ton écran à l’heure ou il y aura la première. Mais, c’est bien parce que c’est gratuit et puis il y a des supers artistes, franchement, c’est super pointu. Il y a vraiment de tout : des trucs de black métal, de folk, je pense que ça va être vraiment bien.
Art’N Roll : Un artiste que vous recommandez ?
Stéphane : Oui, il y a le chanteur de Neurosis, Steve von Till qui fait un concert. Il a un projet solo qui n’a rien avoir avec la musique qu’ils font avec Neurosis, même si c’est quand même connecté, mais c’est super beau. J’ai vu qu’il a fait ce live stream avec un cinéaste donc, à mon avis, ça va être vraiment classe à voir. Et en groupe en plus, parce qu’en général, la plupart du temps il est tout seul quand il joue en live, mais il va avoir un groupe avec lui, donc ça va être assez transcendant son set.
David : Il a été payé pour faire la promo de ça, il a oublié qu’on faisait notre promo à nous, je vais être obligé de le tabasser quand on aura fini !
Art ‘n’Roll : Les gars j’espère vous retrouver en concert l’année prochaine.
Stéphane et David : Nous aussi, carrément.
Art ‘n’Roll : Merci a vous .