Groupe : Demande à la poussière
Album : Quiétude hostile
Date de sortie : 26 mars 2021
Label : My Kingdom Music
L’histoire de Demande à la poussière commence en 2017 au moment de l’association d’anciens membres de The Great Old Ones, Spectrale, Omrade et Würm, pas exactement des perdreaux de l’année sur la scène française. Ils sortent un premier opus éponyme en 2018 qui révèle leurs influences black, doom et sludge. Et John Fante, pour le nom du groupe. Ne me demande pas pourquoi, je ne lis pas ce courant littéraire. Mais sache que Bukowski vénérait Fante.
En 2021, voici venir leur deuxième album, « Quiétude Hostile ». Rien que l’usage de ce genre de figure de style marque la dissonance, la tension entre la rage et l’immobilisme. Une manière de décrire la sensation d’enlisement vécue par ces désormais quadragénaires dans leur vie quotidienne.
Sur les 8 titres que compte l’album, on note 3 mots inusités : « Morphème », « Erétisme » et « Expiravit ». Le reste ne respire pas la joie, comme « Bois de justice », autre dénomination de la guillotine, ou « L’oubli du contrasté ».
Les paroles sont en français, et on y retrouve des circonvolutions un peu précieuses, un peu fin de siècle, un peu tarabiscotées si tu veux mon avis. Les thèmes sont simples, raccord avec le titre : la sensation d’enlisement, la rage, le désespoir…
Si on fait l’impasse sur cette poésie alambiquée pour se concentrer sur la musique, on va élever un peu le débat : comme dirait l’autre un peu facilement en parlant de Sludge, c’est du lourd. La batterie implacable est dense et profonde, avec un tempo qui revient régulièrement, réglé sur une sorte de compte à rebours vers le néant, le chaos, les guitares formant des boucles rythmiques hypnotiques, fascinantes.
J’aime beaucoup le titre « Perdu », instrumental pendant les 5 premières minutes de ce titre de plus de 7 minutes qui nous balade dans un territoire oppressant mais pourtant presque lumineux dans les notes égrenées par la guitare. Le chant est furieux, âpre. Sur le titre suivant, « Bois de justice », il est typiquement Black en ouverture, puis alterne avec un chant Hardcore. Ce sera le cas sur tout l’album d’ailleurs, cette polysémie vocale, allant même par moments vers le chant déclamé.
Puis c’est « L’oubli du contrasté » qui selon moi, ne se laissera pas oublier facilement tellement la vague sonore qui déferle est fulgurante, puissante.
Au final, le mélange des différents styles convoqués, du Black au post rock, avec l’ajout d’instruments plus classiques (saxophone sur « Expiravit », contrebasse sur « Perdu ») fonctionne intensément, entrainant l’auditeur dans l’enfouissement et la sensation de dépérissement des membres de DalP.
Un mot sur l’artwork léché d’Aurélie Raidron https://aurelie.format.com/, qui rappelle un peu le travail du photographe Antoine d’Agata, noir et blanc intense illustrant avec justesse la musique de DalP.
Conclusion : à écouter quand tu trouves que tu supportes un peu trop bien ce monde en fin de course.
Liste des titres :
01. Léger Goût De Soufre
02. Morphème
03. Éréthisme
04. Quiétude Hostile
05. Perdu
06. Bois De Justice
07. L’Oubli Du Contrasté
08. Expiravit