Auteur : Burning Witches
Titre : « The Witch Of The North »
Label : Nuclear Blast
Sortie le : 28 mai 2021
Note : 16,5/20
Venant d’une contrée balayée par le föhn, le groupe Burning Witches avait laissé quelques observateurs un tantinet sceptiques. Une apparence avenante et apprêtée (fabriquée ?), une formation aux contours mouvants, aucun morceau notable à l’actif (hormis une reprise du « Holy Diver » de Dio, circulant en différentes captations publiques sur YouTube) ainsi que la lourde main de Schmier au-dessus de l’entreprise y étaient probablement pour quelque chose… « The Witch Of The North », leur quatrième et double album va certainement faire bouger les lignes et salutairement évoluer les avis. Certes, le propos demeure aussi original qu’un tandoori métro La Chapelle. Du power metal dont les plans ont déjà été entendus, rabâchés presque éculés. Mais le résultat obtenu s’avère paradoxalement de bonne tenue, et jouissif, tant l’imbrication desdits plans semble judicieuse. Et puis, originalité et power metal font lits séparés, c’est même inhérent au genre : le fan veut entendre du power metal non le prochain concept-album post-pré-futuriste de Devin Townsend ou d’avant-gardistes chutes de studio de Mr. Bungle. Nos jeunes sorcières sont manifestement passées maîtresses en la matière, et le démontrent en treize confections (plus « Hall of the Mountain King » de Savatage en bonus, en lieu et place d’une reprise de Saxon initialement prévue) lesquelles trahissent un diffus regret pour leurs autrices de ne pas être nées une ou un deux décennies plus tôt.
Le médiéval « Winter Wrath’s » ouvre la procession septentrionale, une courte comptine aux guitares Ritchie Blackmoresques sur fond de chants grégoriens (façon « Supertzar »), laquelle s’enchaîne sur les épiques (NDA : le mot « épique » ne sera plus utilisé en cette chronique afin d’éviter les répétitions) « The Witch of the North » et « Tainted Ritual ». Les temps forts de ce trépidant banquet sont le magnifique « We Stand at One », le meilleur hymne de Judas Priest depuis « The Hell Patrol » ; « Flight of the Walkyrie », la meilleure cavalcade rythmique de Maiden entendue depuis longtemps ; et « The Circle of Five », la meilleure braillerie de Rob Halford depuis au moins « Painkiller »… Dont le troisième couplet s’achève d’ailleurs sur les mots « All Guns Blazing », soit le titre du troisième morceau de « Painkiller » (CQFD). La power-ballad « Lady of the Woods » lorgne quant à elle sur le Skid Row millésime 1991, et « For Eternity » possède un je-ne-sais-quoi de « 2 Minutes to Midnight »… Bref, des duels de guitares techniques aux refrains à scander le poing levé, des chorus fluides aux intitulés des chansons en passant par la rutilante production (signée Schmier, l’éternel Charlie de ces dames), tout ici n’est que (brillant) étalage de filiation… Joués live en rase campagne, ces complexes agencements feront headbanger (entre autres) les communautés metal d’Europe centrale et germanique, les traditionnelles terres d’élection de Romana Kalkuhl et de ses quatre coéquipières.