Interview realisè au hard rock cafè le 03 septembre 2021
Quel bonheur de s’ entretenir avec Pat O’May d une gentillesse
qui force le respect ! place au maître.
Art’N Roll : Merci Pat, je suis heureux de te rencontrer.
Pat : Vraiment, c’est vrai ? Mais pourquoi ?
Art’N Roll : Devine…(rires) Je suis Breton aussi donc, voilà.
Pat : Ah!!! Tu n’as pas de chance ( rires).
Art’N Roll : Pour ceux qui ne te connaîtraient pas, on va commencer par tes débuts. Tu as commencé avec ton premier groupe Marienthal. Je voulais savoir si, par rapport à cette première expérience, tu avais eu des déceptions, ?
Pat : Il y a eu plein de choses vraiment superbes, parce que c’était la première fois. C’est comme ça que je suis entré dans le milieu professionnel donc c’était super, on a vécu des choses. Sorties d’albums, tu entres dans des studios, comme ce que tu lisais dans les magazines, donc, nous on habitait dans un poster à l’époque ! Et puis après, les managers véreux, des engueulades entre groupes, voilà. La vie un peu classique d’un groupe de jeunes de 18 balais, qui ont la chance d’avoir une petite audience à ce moment-là.
Art’N Roll : Après tu as créé ou tu es passé à Road 66 ?
Pat : Après, je suis monté sur Road 66, qui était un groupe plutôt de bar, simplement, avec lequel on a écumé quand même toute la France, enfin, tous les bars de France et dans lequel je me suis un moment un petit peu perdu. Tu vois, comment dire… dans les excès et tout un tas de choses. Je me suis retrouvé sur une date à Belfort, à jouer dans un troquet qui s’appelait Le Piano, juste à côté de Belfort. Et le mec, en fait, a senti que ça valait le coup de tendre une main à ce mec qui était en train de se perdre et j’ai été suffisamment lucide pour prendre cette main-là. Du coup je suis resté à Belfort et j’ai commencé à reconstruire quelque chose de sain, parce qu’il fallait faire un choix à ce moment-là.
Art’N Roll : Ensuite va s’en suivre une carrière jonchée de rencontres ?
Pat : Voilà, voilà, voilà ! Après c’est la chance.
Art’N Roll : De laquelle es-tu le plus fier ?
Pat : Toutes, parce qu’elles sont toutes différentes. Après tu as toujours les premières rencontres. Même déjà avec Marienthal on avait ouvert pour Girlschool, on avait tourné avec Alvin Lee, on avait fait des trucs avec Doctor Feelgood, tu vois. On avait déjà eu Chariot, tu te rappelles ces groupes-là ? On avait déjà eu la chance de faire pas mal de trucs comme ça. Après, ouais, se retrouver à jouer avec Spartan, Mover, Dennis Chambers, enfin, tout un tas de trucs et puis Ron Thal( guns n’ roses), qui a été la première fois où pour un de mes disques j’avais envie d’avoir un directeur artistique extérieur. Parce que sinon, j’ai fait les prods de tous mes albums, mais là, c’était le troisième album et je me suis dit : « Je crois que tu es en train de tourner en rond, il faut que tu prennes quelqu’un qui va t’aider à aller plus loin ». J’avais d’abord contacté un autre producteur qui s’appelle Yann cirkan, qui est un excellent guitariste. Mais ça n’a pas pu se faire pour une histoire de date. Et grâce à un ami commun de Ron et moi, il me dit « Mais pourquoi tu n’appelles pas Ron Thal ? ». Moi, je connaissais son travail en tant que guitariste je ne savais pas qu’il était producteur. Donc, il m’a filé l’adresse, j’ai envoyé le skeud et à l’époque il m’a passé un coup de fil, parce qu’il n’y avait pas internet ! (rires). Il m’a dit ok, banco, on y va. J’ai découvert un autre monde qui me sert toujours aujourd’hui dans mes productions, dans ma façon d’aborder même l’instrument, même les arrangements, même la compo. J’ai appris, appris, énormément et je me suis retrouvé. Si tu préfères, pour les gens qui travaillent avec moi et qui me connaissent, ils n’imaginent même pas à quel point j’ai lâché l’affaire. C’est-à-dire (rires) que, vraiment, je lui ai filé les clefs de la baraque. Chose que je ne sais pas faire, autre, mais là, je me suis vraiment mis dans cette position pour vraiment profiter de toute son expérience. Et on est restés amis depuis, on s’appelle régulièrement.
Art’N Roll : Et c’est le fait de t’être installé en Bretagne avec ta femme en 2010, que tu es tombé amoureux de la musique celtique, de la musique bretonne ?
Pat : Ah ! Non, non. La musique celtique…
Art’N Roll : Tu avais déjà ça dans le sang ? Parce que tu es d’origine irlandaise ?
Pat : Oui, j’ai déjà ça dans le sang, avec les origines et puis j’avais aussi pas mal écouté un certain Dan Ar Braz à l’époque, qui avait sorti son premier album solo, Douar Nevez, où il y a ce fameux morceau ban dan di dan, ce truc-là( retour de guerre). Que j’ai eu énormément de mal à apprendre et qu’on a d’ailleurs, pour la petite histoire, rejoué ensemble à Luxeuil il y a quelques semaines, tu vois (rires). On a rejoué ça ensemble dans une version acoustique, c’était super sympa !
Art’N Roll : Et pourtant tu as partagé de nombreux festivals avec des groupes de metal. Est-ce que c’est là que ça t’a donné envie de sortir Celtic Metal, Celtic Wings en 2010 ?
Pat : Non, je crois que ce qui m’a donné cette envie du mélange entre la musique celtique et la famille du metal c’est plutôt l’album Wild Frontier de Gary Moore. Ouais avec Over the Hills.
Art’N Roll : Que tu as repris plusieurs fois.
Pat : Que j’ai repris sur Celtic Wings, qu’on reprend de temps en temps sur scène. C’est vraiment ce titre-là qui m’a… il y a vraiment quelque chose à creuser à cet endroit-là, donc, j’y vais quoi !
Art’N Roll : Egalement Whiskey in the Jar de Thin Lizzy ?
Pat : Et Whiskey in a Jar qui est en fait un traditionnel, c’est d’abord un traditionnel avant d’être un morceau de Thin Lizzy. Mais effectivement, c’est plutôt la version de Thin Lizzy qui m’a inspiré sur la reprise, la cover que j’ai faite.
Art’N Roll : Ensuite ton dernier album live, ton 3ème album live pour tes 23 années de carrière. C’était le bon moment pour sortir cet album ?
Pat : Oui, je pense.
Art’N Roll : C’est un peu pour clore un chapitre de ta carrière ? Pour passer à autre chose ?
Pat : Oui, je crois qu’il y a un peu de ça. Ce n’est pas dire que le passé n’existe plus, c’est pas ça du tout, mais voilà le bilan. J’ai fait ça, c’est le bon moment pour faire un résumé et puis maintenant on va vers quelque chose d’autre.
Art’N Roll : On va y venir d’ailleurs. Cet album arrive au mois de septembre. Déjà c’est ton premier album concept ?
Pat : Ouais !
Art’N Roll : Qui tourne autour d’un personnage qui s’appelle No face. Alors, apparemment il ne respire pas, alors je voudrais savoir comment il arrive à survivre ?
Pat : Comment arrive-t-il à survivre ? Beh, il respire, mais il ne sent pas.
Art’N Roll : (Rires) Il n’a pas d’odorat !
Pat : L’idée du concept c’est ce personnage, qui à un moment… il est dans son appart et il se dit mais rien n’a de saveur, il n’y a rien nulle part. Alors qu’est-ce qui se passe ? Ce n’est pas possible. Je vais à la fenêtre, mais je vois rien. Enfin tu vois ! Son idée c’est «est-ce que je suis né comme ça ? Ou est-ce que je me suis enfermé comme ça. ? Et, si je me suis enfermé comme ça, pourquoi ? Quels ont été les outils que j’ai utilisés pour supprimer tout cet espace sensoriel ? » . Bien sûr il n’est pas né comme ça. Il se rend compte que c’est la peur, ses propres peurs. De céder à ses peurs l’ont amené à une cécité, etc. Et tout le boulot qu’il va faire, pendant tout l’album, c’est de recouvrer ses sens et pour recouvrer ses sens, c’est retirer une peau de peur, une deuxième, une troisième, s’ouvrir au monde et puis se retrouver, se rouvrir à la vie.
Art’N Roll : Pourquoi ce type d’album, ces textes ? C’est par rapport à tes propres expériences ou par rapport à ce que tu as vécu ?
Pat : Non, c’est par rapport à ce que j’observe dans la vie, c’est pas une thérapie, une thérapie à 2 euros 30, c’est plus cher que ça ! Non, c’est vraiment ce que j’observe dans la vie. Je vois le monde, ça fait maintenant presque 60 berges que je suis sur cette terre. Je regarde comment moi j’ai réagi à des moments, je regarde historiquement comment les gens ont réagi à des peurs, comment ils se sont laissé embringuer. Aujourd’hui on en a un exemple parfait.
Art’N Roll : Cet album-là tu l’as écrit avant la pandémie ?
Pat : Je l’ai écrit avant.
Art’N Roll : Ça n’a rien à voir avec la pandémie ?
Pat : Ça n’a rien à voir avec la pandémie. Il se trouve qu’il y a une résonnance dans la thématique avec ce qu’on vit aujourd’hui. Avec un peu de chance ça va booster les ventes mais a priori c’était pas le but !
Art’N Roll : Sur chaque titre il y a des narrations différentes, dans plusieurs langues, la première on entend Churchill parler. Quelles sont les raisons de tous ces speeches ?
Pat : Tous ces speeches, donc le premier effectivement, le tout premier c’est moi en fait qui le fait. Où « How dare you » tout ce truc « You have stolen my life » vous avez volé ma vie, mon âme, etc. « Comment avez-vous osé ? » pour introduire. Après, effectivement, tu as Churchill. C’est un texte de résistance qu’il a sorti pendant la guerre « On ne se rendra jamais ! » et donc tu vois ça allait vraiment dans l’idée du texte, tout est dans l’idée du texte.
Art’N Roll : Il y a une version anglaise et après on entend du japonais!!
Pat : Après il y a du japonais, il y a du serbe, de l’allemand et puis christian Decamps en fin, qui clôture l’album en français. En fait, c’était juste pour dire que « pour donner cette dimension-là, ça peut être absolument n’importe qui. Et même si on ne comprend pas ce qu’il raconte, on voit très bien qu’il y a un lien et que ça continue à raconter l’histoire.
Art’N Roll : Est-il vrai que vous l’avez enregistré en 3 semaines cet album ? Vous vous êtes enfermés ?
Pat : En trois semaines, ouais ! Tout a été enregistré, enfin le gros, l’ossature live.
Art’N Roll : Pour capter un son un peu live ?
Pat : Live, live ! car tu vois, j’adore le son du groupe. J’adore travailler avec ces musiciens, c’est exceptionnel ! musicalement et c’est exceptionnel humainement !
Art’N Roll : Avec la chance d’ avoir Christophe Babin ;un prodigieux bassiste !!
Pat : Une grosse carrière, John pareil, enfin tu vois, j’ai vraiment une équipe. J’aime le son de ce groupe et l’âme qu’il arrive à transporter. Et je me suis dit je veux vraiment retrouver cette énergie dans cet album-là. Donc on a répété et après on est rentrés en studio. Chose que je n’avais pas faite depuis mon premier album. Tous les autres albums ont été enregistrés complètement différemment. Mais dans celui-là je voulais vraiment qu’on se retrouve à un moment et paf ! Et on y va ! Tu vois, l’ensemble de l’album a été enregistré sur 3 semaines. Après j’ai fait quelques re-re de guitares, tous les chants ont été faits après, parce que tu ne peux pas enregistrer clairement tout un band comme ça avec tous les chœurs qu’il y a, c’est impossible.
Art’N Roll : Tu as des invités sur l’album ?
Pat : Oui il y a quelques guests. Il y a James Wood avec qui on a fait beaucoup, beaucoup de choses –là, maintenant, qui est parti dans une carrière solo pour faire ses projets – et qui est venu pour faire des chœurs. Il y a Loïc Bléjean aux uilleann pipes; donc ça c’était cool. J’avais vraiment envie d’avoir cette couleur de pipes avec le bourdon, je trouvais que ça collait vraiment bien, et puis… beh, écoute ma foi c’est à peu près tout. Après, c’est différents intervenants dans des langues, etc.
Art’N Roll : À l’écoute de cet album, on a l’impression que c’est un peu un puzzle. Parce qu’il y a 12 titres et en fait le dernier titre, qui est le clip et le single qu’on va entendre avant. Et on voulait savoir si c’était fait exprès de l’avoir en dernière position.
Pat : Bien sûr !
Art’N Roll : L’album est un peu déroutant. Quand on l’écoute on a envie de replonger dedans!!!
Pat : C’est super ! (Rires)
Art’N Roll : Et de finir par votre single!!, je voulais savoir si c’était voulu en fait…
Pat : C’est absolument voulu, parce que… ( prends son temps pour reflechir)
Art’N Roll : …de l’avoir mis en douzième position qui est le meilleur titre de l’album !
Pat : Ouah ! (Rires). Écoute, l’idée du choix de ce titre-là, je trouve que c’est un morceau qui est plein de punch. Ça résume bien déjà musicalement ce qui va se passer dans l’album et puis c’est profondément optimiste. Ce titre est profondément optimiste en fait!!
Art’N Roll : On finit pas une note optimiste ?
Pat : Oui absolument. Tout l’album est vraiment optimiste. Tu vois vraiment le mec il ne va pas… il commence, il est assensoriel et il finit, il a tout recouvré. C’est absolument définitivement optimiste.
Art’N Roll : Vous l’avez décalé finalement l’album, il devait sortir l’année dernière ?
Pat : Il devait sortir l’année dernière, oui.
Art’N Roll : Là, il va sortir fin septembre, c’est en raison de ce qui s’est passé ?
Pat : Ouais, ouais, bon, c’est comme ça, c’est pas grave. Ça nous a embêtés, ça nous a fait chier, mais que veux-tu ? c’est comme ça. Nous on y peut rien. On est très contents que cet album sorte. On est très contents de retrouver le public, de retrouver les gens…
Art’N Roll : Vous avez prévu une tournée ?
Pat : Oui, bien sûr ! On a déjà une bonne vingtaine de dates. Il y en a plein à venir.
Art’N Roll : Vous allez jouer à Paris bientôt ?
Pat : Oui, on vient le 22 septembre au Café de la Danse.
Art’N Roll : Au Café de la Danse, pour les Parisiens…
Pat : Pour les Parisiens, c’est ça on va rôder le spectacle à Paris ! (rires).
Art’N Roll : Tu vas passer bientôt au plus bel âge de ta vie, tu comptes faire quelque chose ?
Pat : Le plus bel âge de ma vie ? Pour mes 60 ans ? Non, je pense qu’on sera en tournée. Je ne suis pas forcément très attaché, surtout aux comptes ronds, tu vois la preuve : l’album anniversaire je l’ai fait aux 23 ans. J’aurais pu faire les 20 ou les 25, ça ne m’intéressait pas. Je ne sais pas, on verra où on sera à ce moment-là !
Art’N Roll : Pour toi cet album il est important dans ta carrière ?
Pat : Ouais. Tous les albums sont importants. Au moment où tu les fais, c’est le truc le plus important de ta vie ! Sinon il ne faut pas le faire. Donc effectivement, là ce qui est bien c’est que j’ai vraiment la sensation de quelque chose où il y a toute une équipe, une nouvelle équipe, qui est entrée en niveau technique, au niveau management, au niveau maison de disque, etc. C’est un nouveau départ et je sens une énergie que je n’ai pas forcément eu la chance d’avoir avant, alors c’est vraiment cool. Alors, je n’ai juste pas envie de les décevoir.
Art’N Roll : Tu as des projets pour refaire des musiques d’émissions de télé ? Comme tu avais fait pour Thalassa ?
Pat : Oui, c’est quelque chose que j’adore faire.
Art’N Roll : Tu es Breton dans l’âme donc…
Pat : Oui (rires) ! C’est quelque chose que j’adore faire, après effectivement ces dernières années –cette dernière année – je n’ai pas eu l’occasion de faire de musique à l’image parce que les réalisateurs avec lesquels je travaille sont des gens qui font des sujets sur les trucs à l’étranger, etc. donc comme ils ne pouvaient pas voyager, pas de voyages, pas de sujets, pas de musique.
Art’N Roll : Je te laisse un dernier mot pour Art’N Roll, si tu as un message à passer pour nos fans ?
Pat : J’avais trouvé un truc tout à l’heure qui était vachement bien, mais je ne m’en rappelle pas. Qu’est-ce que je pourrais dire ?
Art’N Roll : Te voir déjà au Café de la Danse.
Pat : Oui, c’est important ! il faut qu’on se retrouve. Surtout, chassez vos peurs, retrouvons-nous comme s’il n’y avait rien et puis… je patauge dans la semoule…
Autre intervenant(Christian Arnaud) : Toute à l’heure tu avais dit « achetez-le, volez-le mais écoutez-le ! »
Pat : Ouais (Rires) alors tu peux dire : achetez-le, mais vraiment achetez-le ! ne le volez pas, (rires) mais écoutez-le (rires).
Art’N Roll : Le message est passé. Merci beaucoup !
Pat : C’est moi. Je te remercie !