Art’N Roll : On se quittait il y a un an avec le volume II, tu n’as pas trop chômé. Comment ça va depuis ?
Ludovic Egrazde : Comme tu peux voir on est en pleine promo de l’album au Hard Rock Café avec plein de médias sympas qui viennent nous rencontrer. Il y a une bonne partie des guitaristes de l’équipe qui sont là pour la release party qui a lieu ce soir. Que du bonheur !
ANR : Pour ce volume III tu as recruté plein de nouveaux talents, toujours une trentaine de guitaristes, comment le choix s’est fait ?
LE : Il y a 34 guitaristes dont 13 nouveaux. Pour le recrutement ça se passe toujours de la même façon, c’est à dire il y a d’un côté le bouche à oreille entre les gens de l’équipe, on se refile des tuyaux selon ce que l’on a écouté. Ensuite, il y a des gens qu’on suit depuis longtemps, qu’on a envie d’avoir, qui ne sont pas toujours dispo et qui le sont plus tard. Enfin, on organise un contest tous les ans. Cette année, il y a 200 personnes qui ont postés des vidéos. Ça nous a permis de recruter le gagnant Florian Merindole qui est venu jouer un morceau et il y a Marwan Boulaïd qui est un des guitaristes qui a participé à ce contest et qu’on trouve super.
ANR : Tu as également pris des influenceurs Youtube qui ne sont pas forcément dans un groupe, pourquoi ce choix ?
LE : On le fait depuis le premier album surtout avec NeoGeoFanatic qui est un Youtubeur, qui est suivi par plus de 200 000 personnes même si lui fais aussi de la scène à côté. Saturax c’est aussi à la base un guitariste qui travaille sur YouTube qui n’est pas forcément issu de la scène et du terrain. On a continué avec Florent Garcia sur le 2e album, qui est aussi Youtubeur. Là, on a Rockloé, qui est une artiste et qui travaille sur sa chaîne Youtube. Donc c’est le renouveau du milieu guitaristique.
Ça passe aussi beaucoup par les réseaux sociaux en ce moment, puisque c’est là que tu peux capter un public plus jeune, c’est important. On essaie de faire en sorte qu’ils s’expriment en écrivant de la musique ou en contribuant à des morceaux de manière créative. Parce que ce n’est pas ce n’est pas forcément là qu’on les attend.
ANR : Tu m’en avais parlé pour le volume II et là je trouve que c’est vraiment plus mis en avant. Il s’agit de la diversité des styles qui est encore plus détectable dans ce volume III ?
LE : Le premier album était très rock, metal, assez binaire. Il y avait quand même un morceau « Boulevard des Honanistes » qui se démarquait un petit peu avec des influences Afro et World.
Sur le 2e, on a continué avec des morceaux plus fins. Et là on a encore plus élargi avec de la New Soul, du New Funk, des influences vraiment, qui sont ancrées dans l’ère du temps.
C’est le morceau d’un guitariste qui s’appelle Jean-Marie Ecay qui a été guitariste de Nougaro, qui est très connu sur la scène jazz, il joue avec Billy Cobham qui est un des dix batteurs de jazz les plus connus du monde. Il avait plusieurs morceaux en chantier qui pouvait potentiellement aller sur l’album, mais il m’a dit il y a un titre qui se démarque un petit peu ou il y a des influences reggae. Je lui dis que c’était super comme ça. Ca fait une couleur, qu’on n’a pas encore. Il y a aussi le morceau d’Olivier c’est un guitariste de la scène Jazz manouche, il joue de la guitare acoustique à la base, là il a repris la guitare électrique pour le projet. Il a fait un morceau très influencé par la musique des Balkans, donc c’est encore une autre couleur. Comme je te disais, il y a des morceaux un peu New Funk, Neo Soul donc là, ça montre que la guitare même joué à un très haut niveau, elle peut avoir sa place dans des styles très contemporains finalement. Et on va continuer d’ouvrir le plus possible.
ANR : Ce que tu veux mettre en avant c’est vraiment la guitare de manière générale, ce n’est pas forcément la guitare rock metal ?
LE : Oui et aussi du fait qu’elle peut s’adapter car c’est un instrument super versatile.
ANR : Pour le volume II on avait parlé des difficultés rencontrées liées au COVID. Est-ce que tu as encore eu des points de blocages pour ce volume III ?
LE : Les guitaristes Américains n’ont pas pu se déplacer parce qu’il y avait encore des restrictions sanitaires avec les États-Unis. On était prêt à en faire venir certains mais ce n’était vraiment pas dans l’air du temps.
ANR : Tout à l’heure, tu me parlais du tremplin, comment ça s’est passé cette année ?
LE : Très bien ! Le premier on avait choisi le morceau de Saturax qu’il avait composé sur le premier album et qui était quelque part une espèce d’hymne. Pour le 2e on a pris le morceau du gagnant du contexte précédent. On refera pareil, je pense pour le prochain. On prendra le morceau de Florian, on isolera une partie de ce morceau pour proposer aux gens qui veulent participer au contest.
Il y a 200 personnes qui ont participés. 200 ça ne paraît pas beaucoup à une époque où les gens veulent tous faire 1 millions de vues mais des gens qui prennent leur caméra, qui se filme, qui bosse un morceau et qui s’expose, c’est pas mal. Pour nous, encore une fois, c’est une façon de découvrir des talents que l’on ne connait pas. Il y a pleins de gens aujourd’hui qui joue très bien de la guitare, souvent même un âge très jeune puisque toutes les informations sont disponibles sur Internet via YouTube, chose que nous n’avions pas avant donc on va dire aujourd’hui, ce n’est pas étonnant de voir des jeunes de 14 ans jouer super bien. On avait invité sur le disque précédent un jeune qui avait 14 ans justement, un franco-indien qui s’appelle Manou Rao, il avait une maturité dingue pour son âge.
ANR : Parlons maintenant du Kiss Kiss Bank Bank qui a bien marché ?
LE : On a agrégé une communauté avec ces opérations-là, c’est la 3e que l’on fait. Cette année on a 50 marques de matériel dont certaines sont là ce soir qui nous font donation d’instruments et de lots. Ça incite forcément les gens à participer parce qu’outre le côté sympa et rigolo de gagner du Matos, c’est une manière utile de soutenir le projet pour les gens qui s’y retrouve avec la contrepartie qu’on leur propose. Cette année, on a 100 contributeurs de plus que l’année dernière, donc tu vois, c’est une communauté qui continue de s’élargir. Sans parler du travail que l’on fait sur les réseaux sociaux pour promouvoir la campagne. C’est un agréable constat de voir que les gens ont répondus encore présent. Après on n’était pas spécialement inquiets cette année. Chaque année, ça prend de l’ampleur.
ANR : Un album tous les ans, as-tu des projets avant la prochaine sortie ?
LE : Ce n’est pas exclu qu’on fasse du Live en 2022. On ne va peut-être pas faire un festival comme on a fait pour le premier il y a 2 ans, les risques sont trop lourds en cas d’annulation. En revanche, on pourrait très bien faire des concerts ou des soirées avec les membres du Line up dispo. On prévoit éventuellement de faire un festival en 2023 et ça sera peut-être l’occasion de mettre en lumière le volume II et le volume III parce que du coup le volume II n’a pas eu la chance de pouvoir se présenter sur scène.
On a aussi un projet de sortir 20 vidéos, donc un clip par morceau. Aujourd’hui sortir des clips est important car les gens font plus qu’écouter de la musique, il la regarde également Donc il faut leur apporter une dimension visuelle. Sur la première on a dépassé les 11 000 vues sur Facebook. Ce n’est certes pas une nouvelle vidéo de Rihanna mais pour un truc de niche comme la guitare instrumentale je trouve que c’est bien.
Lien de la chaine YouTube : https://www.youtube.com/c/UnitedGuitarsTV/featured
ANR : Un album chaque année, quel est ton secret pour avoir un tel rendement ?
LE : Olivia, ma compagne, qui est aussi la productrice est quelqu’un de très fort en organisation avec un esprit synthétique. Elle est très efficace sur les sujets logistiques, du style billets de trains, hôtels etc. Si tu en as un qui annule, ça impacte un morceau entier auquel participe d’autres gens, qui viennent exprès. Donc là-dessus, elle résout pas mal de problèmes.
Ensuite, je crois que chaque personne qu’on choisit pour travailler sur ce projet a une réelle volonté que ça réussisse.
ANR : Il est temps de se dire aurevoir, as-tu un mot de la fin ?
LE : Mon mot de la fin c’est que j’espère que les gens vont avoir la curiosité de s’intéresser à ce projet et d’écouter les albums. Mais aussi, de les acheter pour nous soutenir puisque même s’ils sont en écoute sur toutes les plateformes de streaming, nous les streams, vu qu’on n’est pas sur des playlists de fous, ce n’est pas ça qui va nous permettre de faire vivre le projet. Donc achetez les disques ou du merchandising sur notre site https://united-guitars.fr/.
Faites aussi écouter le disque à vos enfants pour qu’ils aient envie d’apprendre à jouer de la guitare et que ça se perpétue. C’est aussi le message de ce projet, transmettre la passion et le goût pour cet instrument.