Rencontre avec benjamin jaksh , batteur de DEFICIENCY dont le quatrième album WARENTA nous plonge dans l’ histoire du bassin minier lorrain .Musicalement le groupe évolue toujours dans un thrash metal mélodique et technique! inspiré à l image de l album
Realisè au Black dog le 15/03/2022
Merci à Roger wessier de Replica promotion.
Art’N Roll : Enchanté de te rencontrer. Nouveau batteur de Deficiency ?
Ben : C’est ça. Enfin, nouveau ? Plus tellement. Ça fait quatre ans quand même ! Mais, c’est vrai que sur cet album-là je suis le nouveau.
Art’N Roll : On a remarqué qu’il y avait beaucoup de changements de batteur chez Deficiency ? Je crois que tu es le quatrième ?
Ben : … Je suis… le troisième. Le premier pour des raisons personnelles, en gros il a décidé de faire le tour du monde, de partir en Nouvelle-Zélande et de vivre d’autres trucs tout simplement. Après, Tom a suivi. Alors… pour des raisons logistiques, parce qu’il habitait loin de là où on est ; nous on est dans le secteur de Metz et lui habite la région de Belfort, dans ce secteur-là. Donc, géographiquement parlant, sur la durée ça peut être compliqué. Et, suivi de… moi-même maintenant.
Art’N Roll : C’est le quatrième album qui sort depuis quatre ans. C’est un peu une date emblématique. Quatre ans, quatrième album ?
Ben : Oui. Quatre ans, ça fait un petit peu long… Ce n’est pas forcément habituel. Après, avec les conditions Covid etc. ça a rallongé les choses. On a créé notre label, donc ça aussi, ça a ajouté des petites pierres qui font que les dates se prolongent. C’est vrai que sur des sorties d’album on tient à faire toujours des release live chez nous, pour notre public qui est vraiment tout près. Et, à chaque fois, on se retenait par rapport à ça, parce qu’on ne pouvait pas, dans de bonnes conditions faire un concert. Pour nous, les concerts assis avec des masques et ces choses-là, ce n’est pas possible. Donc, on a tiré, on n’a tout de même pas pu le faire.
Mais à un moment donné, on s’est dit début 2022 : « il faut le sortir ! ». Donc, on l’a tout de même sorti. On aurait souhaité une vraie release, qui aurait normalement dû avoir lieu samedi dernier, mais du coup, on l’a faite par les réseaux. On a fait une petite « fête » (entre guillemets) donc, ça permet de faire un peu plus que de poser le truc et de laisser courir. Mais, cette fameuse release live va être reportée en septembre, je pense. On n’a pas de date encore précise, mais en septembre on va la faire.
Art’N Roll : Pour l’album c’est nouvel ingé-son, nouvelle production?
Ben : Oui, complètement. Après il y a déjà eu deux albums The Prodigal Child et The Dawn of Counsciousness qui eux ont été produits par David Potvin au Dome Studio. Là, il y a eu la décision de changer un peu, au niveau du son aussi, parce que forcément, quand on change de producteur, on ne travaille plus de la même façon, le son est différent. On a travaillé avec Flavien Morel de boundless production qui nous a fait vraiment une belle pépite. C’est quelqu’un qui n’a pas un très grand pedigree, il n’est pas forcément très connu, mais c’est quelqu’un qui a vraiment beaucoup de talent, qui sait bien faire les choses. C’est lui qui a produit les album de Fractal Universe, pour ne citer qu’eux. Donc, c’est quand même quelqu’un qui ne fait pas beaucoup dans la quantité mais, au niveau qualité, il choisit bien les choses. Et, on est super contents parce qu’on a obtenu la production qu’on souhaitait avoir et je dirais même mieux que ça : pour nous c’est vraiment réussi !
Art’N Roll : Nouvel art-cover, nouveau design ,? C’est de la famille, madame Gisonna ?
Ben : Laurie, c’est la femme de Laurent. C’est elle qui l’a faite, tout simplement parce qu’elle baigne dans l’univers de Deficiency depuis des années, forcément. Elle a aussi déjà participé à l’écriture de textes par le passé, elle baigne aussi là-dedans. En parallèle, c’est quelqu’un qui fait aussi beaucoup de photographie et qui fait ça depuis un petit moment. Et puis, là, l’idée c’était de lancer dans l’artwork et c’est clairement réussi, parce qu’elle a fait un boulot de dingue ! Et voilà, on en parlait encore tout à l’heure, quand on discute avec les gens de cette pochette, de son contenu…
Art’N Roll : Quand on voit la pochette pour la première fois on a l’impression qu’on va parler plutôt d’un fantôme, d’une dame blanche et on est surpris après par la thématique de l’album finalement. Parce qu’après, je me suis intéressé à ce qui s’est passé et du coup ; Warenta vient d’un terrain minier du Grand-Est. Alors, est-ce que c’est plus un hommage aux mineurs de l’époque ?
ben :chez nous, il y en a partout, ils font partie du paysage, on les connaît. C’est vrai que les histoires qu’on y raconte, ces histoires un peu surnaturelles, un peu mystiques, ce sont des histoires. Alors, ça ne parle pas forcément directement de la mine, mais, c’est ce qu’on racontait à l’époque, c’est ce que les gens racontaient… ça s’est communiqué par le bouche-à-oreille. Parce que moi-même personnellement, bon, j’ai des grands-parents mineurs, gamin j’entendais parler, pas forcément en détail, mais de ces histoires de plumes qui s’aggloméraient dans les oreillers, les gens qui tombaient malades, ces choses-là. Ce sont des choses que j’ai entendues. Ce ne sont pas forcément des réalités, ce sont des légendes dont on parlait réellement dans le passé.
Art’N Roll :ce n’est pas vraiment une légende, parce que ça c’est vraiment produit en 1949. C’est une sorcière polonaise, qui apparemment, aurait jeté un sort sur la population ?
Ben : C’est ça ! C’est l’histoire de Ludma.
Art’N Roll : Ludma, qui habitait rue Oradour-sur-Glane. Alors, j’ai été surpris par le nom de la rue ! Il n’y avait pas un lien avec ce qui s’est passé à Oradour, à cette époque… c’était étrange en fait.
Ben : Oui, c’est vrai. Je dois t’avouer que je n’y avais pas pensé, mais c’est vrai, ce sont vraiment des faits qui ont existé.
Art’N Roll : Laurent est prof d histoires?
Ben : Oui, forcément il y a le côté prof d’histoire qui ressort un petit peu ! Il a fait des recherches assez poussées et il s’est mis en contact avec des historiens de notre région, pour justement avoir des détails sur les informations, des choses comme ça. C’est un sujet qui a été bien creusé.
Art’N Roll : On va parler plus musicalement. On écoute l’album, après, peut-être qu’un jour on aura l’occasion de lire l’histoire ?
Ben : Peut-être un jour, oui.
Art’N Roll : Musicalement, on l’impression que vous avez drôlement progressé ! Vous êtes passés à un metal moderne avec des couches de black avec beaucoup de nouvelles sonoritèes ?
Ben : Oui. Après je ne pense pas que ça a été décidé comme ça, mais c’est venu naturellement. On avait déjà un peu des orchestrations sur les autres albums, mais là, on a poussé un peu plus la chose, le côté mélodique au niveau du chant. On a des chants cleans alors que sur les autres albums on a quasiment que du growlé donc, il y a eu une évolution… c’est l’expérience, je pense. Enfin, aujourd’hui, personnellement je vais avoir 40 ans ! Il y a eu de l’expérience, des choix qui ont été faits dans le passé, alors on passe forcément à autre chose. Maintenant, on n’a pas forcément décidé de pousser vraiment les choses dans ce sens-là. Ça c’est fait normalement et voilà !
Art’N Roll :Certains titres comme Lumpendoktor, sortent du lot, qui sont beaucoup plus expressifs?
Ben : Oui, plus thrash, c’est un des morceaux les plus thrash, mais avec la partie mélodique sur la fin il y a vraiment une bascule, on passe vraiment d’un monde à un autre, complètement différent.
Art’N Roll : sur Ludma, il chante en anglais bien sûr, mais, on entend une petite… j’ai essayé de comprendre, ça parle de sorcière, mais il faut le mettre plusieurs fois. Il est à 3 minutes 45 à peu près !
Ben : Ah ! Oui, d’accord ! t’as vraiment regardé ! (Rires) Tu connais les titres mieux que moi ! En fait si tu regardes les paroles sont dans le livret, à la fin de Ludma il y a un petit encart.
Art’N Roll : Je n’avais pas l’impression que ça correspondait?
Ben : Il y a un petit encart blanc, et c’est un texte qui est tiré d’une coupure de presse de l’époque justement, qui explique cette histoire de sorcière, malgré elle, on va dire ça !
Art’N Roll : Vous avez deux invités Bjorn Strid de Soilwork et Davish Alvarez d’Angelus Apatrida qui est un groupe de thrash metal Espagnol ?
Ben : Oui, Angelus oui. Personnellement, j’ai fait une ou deux dates avec eux, mais à l’époque, en 2015 si ma mémoire est bonne, Deficiency avait déjà fait une tournée franco-espagnole avec Angelus Apatrida. Donc, il y a un côté amical qui s’est créé, et du coup, on lui a fait la demande, parce que Davish c’est un guitariste monumental, c’est un soliste, il nous a fait le solo de Lumpendoktor… Bon, il ne faut pas le dire aux collègues… …C’est quand même un de mes préférés sur l’album (Rires). et pour Bjorn on lui a fait la demande. Alors, à savoir qu’effectivement, dans le groupe, on adore tous Soilwork, et en particulier Laurent, qui est fan de Soilwork et de Bjorn en particulier. C’est un peu un modèle. Voilà, on l’a contacté, on a exposé le projet, il a vu un peu ce qu’on faisait et il a dit : « oui, ok c’est cool ! » Donc, on a lancé le truc et après la collaboration s’est faite surtout avec Laurent pour la mise en place. Et ensuite il nous a enregistré ça dans son studio et il nous a envoyé ces belles prises.
Art’N Roll : Vous avez sorti trois clips pour l album?
Ben : Alors il y a eu A Fire Asleep, c’était le premier officiel sur le site minier. I am the Misfortune Herald c’était la collab avec Bjorn, et, en fait on a sorti le troisième seulement partiellement, je dirais, quand on a fait le live sur les réseaux la semaine dernière, le jour de la sortie. On l’a diffusé. Et ce clip-là, n’est pas encore sorti officiellement. Comme on aime bien faire plein de choses nous-mêmes, c’est un clip qu’on a également fait nous-mêmes.
Art’N Roll : Toujours autour de ce bassin minier, en fait ?
Ben : On est toujours dans cet univers. Là, on expose un peu moins le domaine minier, mais il y a toujours cette partie mystique, une espèce, c’est un peu imagé, mais il y a une espèce de voyage dans le temps qui se déroule dans ce clip. Mais, par contre, il n’est pas encore tout à fait fini pour qu’on puisse le sortir vraiment officiellement, donc on va le peaufiner dans les prochaines semaines et il va bientôt apparaître officiellement.
Art’N Roll : Comme c’est un concept-album j’aimerais bien savoir quels sont tes albums préférés ? Je sais que tu es fan de Queen ?
Ben : Oui, exact. Honnêtement, je vais t’avouer que je ne suis pas très album. J’aime bien écouter en playlist, je suis un bon client pour concerts en fait. Pour beaucoup de groupes, j’écoute ou je regarde des versions live. Les versions studios je suis moins…
Art’N Roll : Tu as plus une approche au niveau du live. Tu aimes bien les choses « naturelles » on va dire, entre guillemets.
Ben : Oui ! J’aime les choses naturelles et s’il y a des défauts, eh ! bien, voilà, les défauts vont avec la musique. C’est ce qui fait le charme de tout ça. Mais dans les concept-albums honnêtement j’adore Queen, toute la discographie. Maintenant on peut aller dans Pink Floyd si tu veux. Mais, c’est vrai que j’ai des goûts musicaux, bon, j’écoute un peu de metal bien heureusement, mais, oui, je suis très rock, j’aime les trucs basiques.
Art’N Roll : Ca fait un équilibre dans l’ensemble du groupe.?
Ben : C’est ça. Ça équilibre un peu le truc. Ça apporte, je pense, d’autres choses et c’est ce qui permet de diversifier le truc.
Art’N Roll : L’album va sortir chez Metal East Productions qui est votre nouveau label en fait plus exactement de Laurent, mais, il va être distribué par Season of Mist ? alors que vous avez votre propre label ?
Ben : On a notre propre label. On a créé, pour faire court, cette structure parce que ça nous permet de faire ce que l’on veut. On n’a pas d’imposition, on n’a pas un label qui nous dit : « Ok. Voilà les conditions. Je vous finance ça et ça mais, par contre, vous sortez à telle date et vous faîtes ça. » Là, on a plus de liberté. Financièrement parlant, on ne gagne rien. Les groupes qu’on intègre c’est pareil, ils sont libres. Quelque part on utilise cette entité, ce label, pour avoir un catalogue de groupes qui va nous permettre effectivement d’être crédibles et de peser vis-à-vis de distributeurs comme Season of Mist.
Art’N Roll : Un peu comme un tremplin ?
Ben : C’est ça ! L’ensemble des groupes qui font partie de Metal East, permette de générer une entité un petit peu plus forte, ce qui nous permet d’avoir, effectivement, la distribution via Season of Mist qui est notre distributeur. Après, c’est lui qui va dispatcher vers les réseaux de vente officiels : Leclerc, Fnac, tous ces réseaux-là.
Art’N Roll : Est-ce que vous comptez mettre l’ensemble de l’album sur scène ?
Ben : On aimerait bien ! Effectivement. Mais, c’est vrai que moi personnellement l’idée me plaît énormément, parce qu’on a tout dedans pour que ça se fasse. Aujourd’hui, non, parce que techniquement, ou même, lorsqu’on fait des dates de concert très souvent, on se multiplie il y a toujours plusieurs groupes. Les temps de passages sont relativement carreès ; Il faudrait notre propre tournée. L’album tout seul il fait un peu plus de cinquante minutes. Juste en jouant les titres d’une traite, plus, forcément, on jouerait quelques standards des albums précédents, ce serait un set d’une heure et demie à monter. se serait clairement sur une tournée où on ferait de l’headline. Voilà, là on est quand même dans un cran bien au-dessus. Pour le moment ce n’est pas forcément ce qu’on souhaite de manière générale. Moi, personnellement je kifferais ! (Rires) Oui. Un show de deux heures. À condition de tenir physiquement. C’est ça le problème. Préparer tout ça. C’est vrai. On a tous nos vies de famille, nos boulots. En matière de timing et tout ça !
Art’N Roll : À l’heure actuelle c’est difficile pour beaucoup de groupes ?
Ben : Oui. On a tous quelque chose à côté. On a des profs d’histoire-géo, des techniciens, des courtiers en assurances.
Art’N Roll : Quels sont les projets, les prochaines étapes, là ? Maintenant que l’album est sorti ?
Ben : L’album est sorti, la release en septembre. On va peut-être avoir… On évoque, mais vraiment à demi-mot, une prochaine tournée Hexagonale Thrash Alliance. On en parle, ça serait vraiment très plaisant de le faire. Ça a été fait par le passé avec les copains du sud de Heart Attack notamment, donc un petit échange de dates histoire de faire le tour du pays, ce serait toujours avec plaisir.
Art’N Roll : Deficiency a fait beaucoup de premières parties ?
Ben : J’ai eu l’occasion de faire Amon Amarth. J’étais déjà là à l’époque où on a fait Amon Amarth. Après, effectivement le groupe a fait Machine Head, death angel … deux cents dates quand même ce n’est pas rien !!! Depuis 2009, qu’existe le groupe quand même. Il y a eu du chemin de fait.
Art’N Roll : C’est vrai que vous n’avez fait que quatre albums ! Surtout celui-là qui est bien solide. Et quand on voit les retours de presse ?
Ben : Oui. Ça commence à venir.
Art’N Roll : On vous compare carrément à des groupes américains. Ils sont souvent étonnés que vous soyez Français ?
Ben : Oui. Ça fait plaisir en tout cas. Enfin, là, je vois aussi les retours par rapport à ce qu’on fait aujourd’hui. À chaque fois on nous dit : « Ah ! c’est vraiment très, très, bon ! ». Que ce soit la pochette, le son, la prod et tout. Tous les retours sont extrêmement positifs. Donc ça fait vraiment, vraiment plaisir !
Art’N Roll : Tant mieux ! Alors que du bon pour l’avenir !
Ben : Que du bon !
Art’N Roll : Je te remercie Ben.
Ben : Merci à toi !