HELLFEST 2022
La temple le 19/06/2022
11H05
Nouvelle signature pour le label les acteurs de l’ ombre.
Deliverance nouvelle sensation du metal Français .
Un son glacial mais à la fois puissant ,sombre et malsain.
Rencontre avec Étienne et Fred après un excellent set
sous la temple.
Art ‘N Roll : merci de me recevoir.
Étienne : C’est avec plaisir.
Art ‘N Roll : Tu es le guitariste et en même temps de AqME et ce nouveau projet Deliverance !
Étienne : Ben ! Qui date depuis un petit moment quand même. J’ai démarré ce projet-là en 2013, quand j’ai rencontré Pierre, le chanteur. J’avais des titres dans une veine, que tu connais maintenant, entre black metal, sludge, ce genre de chose, post-rock. Et, je me disais : “ Bon ! Maintenant il faut que je trouve des musiciens. ”
Il se trouve que j’ai rencontré Pierre en étant le réalisateur d’un des albums de Memories Of A Dead Man, qui était le groupe dans lequel Pierre chantait à l’époque. Moi, je les enregistrais et je m‘occupais de ce groupe pour leur rendre service. J’ai adoré sa voix et je me suis dit : “ C’est le mec qu’il me faut. ” Je lui ai proposé les quelques titres, qui sont sur notre premier EP, ça lui a plu et Deliverance a démarré comme ça.
Art ‘N Roll : Le nom Deliverance, ça m’a fait penser à l’album d’Opeth?
Étienne : Oui. Très bon disque en plus. Non, mais pour moi, la référence c’est le film.
Art ‘N Roll : De John Boorman ? ( sortie en 1972)
Étienne : Absolument.
Art ‘N Roll : Et quel rapport alors ?
Étienne : Aucun ! J’adore le film, il me fait peur. Je voulais un truc qui me fasse peur.
Art ‘N Roll : Tu est si jeune !!
Étienne : Ben ! J’ai quarante-trois ans. Ce n’est pas un film de ma jeunesse, mais j’ai dû le voir, la première fois dans les années 90. Et puis, je l’ai revu plusieurs fois, donc, j’aime beaucoup ce film-là. J’aime beaucoup l’ambiance effrayante et ce côté un peu malaisant que je voulais retrouver dans notre musique.
Art ‘N Roll : Le côté malsain du film.
Étienne : Ça m’a paru être une évidence à l’époque.
Art ‘N Roll : C est votre deuxième album Holocaust ?
Étienne : Oui. C’est ça.
Art ‘N Roll : Le nom est un peu effrayant. Ça vient de la Bible ?
Fred : Alors, oui. C’est une référence à la Bible, mais surtout, le morceau Holocaust For The Oblate. C’est un morceau, qui, bizarrement, je trouve, a le plus d’espoir dans les paroles. En fait c’est un hommage à un membre de sa famille qui est mort dans les camps. C’est l’hommage à cette personne-là, donc, si tu veux…
Étienne : …De la famille de Pierre.
Fred : Oui. De la famille de Pierre, le chanteur. Et, finalement, le texte est hyper beau. Il n’est pas du tout malsain comme le reste. Il y a un contraste avec le titre, car du coup, ça rappelle d’autres choses, des catastrophes, etc. Mais, le morceau est plein d’espoir, bizarrement.
Étienne : En revanche, le titre est plutôt négatif à l’égard de la religion. C’est clairement, cette partie de la Bible, Holocaust 26 : 1-46. Je résume, et, si je me souviens bien, parce que l’album est quand même sorti il y a deux ans – entre-temps on est déjà sur le prochain – il me semble : si tu ne respectes pas ta foi religieuse et si tu ne crois pas en Dieu, tu seras quand même détruit parce que tu es un impie. Tu seras détruit par le glaive de la force de la religion.
Art ‘N Roll : L’album a deux ans ?
Étienne : Oui. L’album a deux ans, exactement. Il est sorti début 2020, juste au moment de la pandémie. On n’a pas pu le défendre.
Fred : Il est sorti en février, fin février et en mars on était confinés.
Étienne : On était programmés au Hellfest pour 2020, et donc, notre participation a été repoussée jusqu’à maintenant. Sinon, on aurait participé il y a deux ans.
Art ‘N Roll : Et nous, on le découvre pratiquement maintenant ?
Étienne : Eh, bien. Tant mieux ! Nous, on a un troisième album qui est déjà prêt et qui sortira, là, à la fin de l’année chez les Acteurs de l’Ombre.
Art ‘N Roll : J’allais y venir. Vous êtes une nouvelle signature sur les Acteurs de l’Ombre du coup.
Étienne : C’est ça.
Art ‘N Roll : C’est un label qui est assez prestigieux, qui est spécialiste de black metal, le côté sombre du metal. À vous écouter, on a l’impression que vous essayez de fouiller les entrailles du metal.
Fred : Je pense qu’on n’aime pas trop les artifices, on n’est pas là pour faire semblant d’être autre chose que ce qu’on est, ou ce genre de truc-là. Tous les trucs un peu trop artificiels, ça ne nous intéresse pas trop, en fait. Peut-être que c’est ce dont tu parles.
Étienne : On a une grosse, grosse, culture metal, mais pas seulement ! On écoute vraiment énormément de choses et de manière passionnée, donc, même si notre musique est assez monolithique, il y a aussi plein de variations et de petites subtilités qui viennent de plein de choses très différentes. Comme de l’indie rock, du psyché des années 70, au black metal et au metal doom
On est un pot-pourri de tout ça, parce qu’on est vraiment passionnés de musique. Mais on fouille, effectivement, les parties les plus extrêmes et sombres, les plus heavy et les plus lourdes dans ce qu’on aime et dans toutes ces musiques-là, pour les retranscrire dans Deliverance.
Art ‘N Roll : Et la chance que vous avez, c’est que vous êtes jeunes et vous avez été inspirés par tout ce qui s’est passé dans le monde du metal. À l’époque, on était catalogué, alors que maintenant, vous prenez un peu de tout. Dans les groupes metal d’aujourd’hui on prend un peu de sludge, un peu de crust, un peu de black...
Étienne : Tout en, j’espère, restant cohérents ! Mais c’est vrai qu’en jouant aujourd’hui, il y avait plein de moments où je me disais : “ Tiens, on aurait pu jouer sur la scène Valley ! ” Mais on aurait très bien pu. On est un peu à la croisée des chemins de ce type de scène-là.
Art ‘N Roll : Sur la Temple, sur la Vallée.
Étienne : Exactement.
Art ‘N Roll : Peut-être pas la Warzone, ça n’a rien avoir.
Étienne : On est un peu plus black, peut-être un peu trop, pour être sur la Valley et peut-être un peu trop sludge…
Fred : Regarde Les hommes tombès ils ont fait les deux !
Étienne : Oui. C’est ça.
Fred : Ils ont fait le Hellfest trois ou quatre fois, ils ont fait la Valley et ils ont fait la Temple.
Art ‘N Roll : Tu penses qu’il faudrait créer une nouvelle scène ?
Étienne : Non pas du tout. C’est parfait, justement, tout ça n’a aucune importance finalement. L’essentiel c’est que les gens ne tournent pas en rond et franchement vu ce qu’on a eu ce matin comme public et la réaction on ne pouvait pas rêver mieux !
Et, le fait aussi d’être à la croisée des chemins ne nous a pas empêchés de signer avec un label comme les Acteurs de l’Ombre qui est vraiment prestigieux, qui peut paraître comme un spécialiste du black metal, et qui pour autant, est hyper ouvert sur plein de trucs. C’est très gratifiant pour nous.
Art ‘N Roll : J’imagine que le fait de signer chez eux, votre prochain album, le troisième, vous allez avoir droit au coffret?
Étienne : Non. Mais, on a déjà droit à un double vinyle et ça c’est beau. Et en plus, avec une série limitée en format en couleurs, un picture-disc magnifique. Donc, on est très, très, contents. L’album étant long, on ne peut pas le sortir en simple vinyle.
Art ‘N Roll : Il dure combien de temps ?
Étienne : Il dure plus d’une heure donc, ça ne peut pas… à un moment on s’est arrêté, on s’est dit : “ On ne peut pas sortir un double-album, c’est trop ambitieux. Il faut respecter le format, même si c’est long, il faut respecter le simple-album. » Le double-album je suis très méfiant.
Art ‘N Roll : À écouter votre set ce matin, vous m’avez fait lever de bonne heure, mais ça m’a fait grand plaisir de vous voir. J’ai pensé à Gabriel Fischer ? ( hellhammer)
Étienne : Oui. C’est une référence qu’on m’a déjà sortie.
Fred : C’est vrai qu’il fait très bien sonner les trucs hyper blacks, et en même temps, il sait faire du gros doom super grave, super profond. Il y a beaucoup d’émotions dans Triptykon! nous c’est un groupe qu’on aime beaucoup.
Art ‘N Roll : Très émotif.
Étienne : Tant mieux, je trouve ça génial d’avoir un groupe. Ça a quasiment toujours été le cas avec les groupes avec lesquels je joue, c’est que tout le monde aime plein de trucs différents. C’est super ! Si tout le monde est d’accord pour dire : “ ça ressemble à ça ! ”, ça veut dire au moins, qu’on fait déjà quelque chose qui ressemble à quelque chose d’autre, et, qui existe déjà.
Honnêtement, quand j’en ai discuté avec Gérald, il m’a sorti des références auxquelles je n’avais absolument pas pensé pour Deliverance. Je trouve ça génial que lui ai projeté plein d’autres groupes que ceux auxquels j’avais peut-être pensé sur Deliverance. C’est hyper bien. Gérald étant le patron des Acteurs de l’Ombre.
Étienne : Si chacun peut voir un truc différent dans notre musique, tant mieux.
Fred : C’est qu’on a fait le boulot.
Étienne : Il y avait aussi le rédacteur en chef de Rock Hard, , qui me dit : “ Putain, tu vas dire que je dis une connerie, mais j’ai entendu Tame Impala dans tel morceau.” Je lui ai répondu : “ Mais oui. Tu as raison ! ”
Art ‘N Roll : J’ai vu le public réagir à votre premier morceau de l’album Holocaust. On a senti que les fans étaient là sur ce morceau ?
Étienne : Sancte Iohannes ?
Art ‘N Roll : Le premier.
Étienne : Le premier qu’on a joué ?
Art ‘N Roll : Le premier de l’album.
Étienne : Ah ! Saturnine. Oui.
Étienne : Oui. Pour nous c’est une surprise parce que c’est notre première date sur cet album qui a deux ans, donc on découvre les réactions du public. Effectivement, il y a quelques moments clefs dans le set, dont Saturnine. Pourtant, c’est un titre qui faisait débat dans le set quand on répétait. Franchement, on a eu raison de le garder et de le jouer au bon moment dans le set parce que les gens réagissent.
Ce qui est assez plaisant c’est qu’ils réagissent même aux moments calmes et ça c’est cool ! Parce que notre musique n’est pas que violente, il y a plein de moments calmes qui peuvent être apaisants ou angoissants selon le point de vue. C’est vrai que de voir que ça réagit même dans ces moments-là c’est vraiment chouette, c’est bien.
Art ‘N Roll : On n’a pas parlé de votre façon de travailler et de comment vous avez fait cet album ?
Étienne : En général, je propose les morceaux aux autres.
Art ‘N Roll : Vous faites chacun de votre côté ou vous vous retrouvez dans un studio ?
Fred : Non. Mais, le problème c’est qu’il a une idée de chanson par jour !
Art ‘N Roll : Ah. Oui ! Alors il est difficile à suivre ?
Fred : Heureusement il a deux gamins, alors il a des trucs à faire ! Sinon …
Fred : Mais, après, il faut les bosser les trucs ! (Rires)
Étienne : Et j’en jette ! Et j’en jette.
Fred : On en jette. Il en jette avant de nous les proposer, et ensuite, on en jette après.
Étienne : On en jette après.
Fred : Donc, il a plein d’idées tout le temps. Je pense que, rapidement, il va nous proposer des nouveaux trucs pour le quatrième ! (Rires)
Étienne : Oui. Je leur ai déjà fait écouter des trucs pour l’album, qui n’est pas…
Fred : C’est vrai ! (Rires)
Étienne : Il y a le troisième qui va sortir et j’ai pour le quatrième des morceaux (Rires) Mais pour l’instant qu’on ne répète pas.
Art ‘N Roll : Oui. J’espère qu’on aura l’occasion de se revoir pour le nouvel album.
Étienne : Avec grand plaisir.
Art ‘N Roll : Vous avez été un des derniers groupes à jouer à la salle Michelet à Nantes?
Étienne : Oui. C’est vrai.
Fred : C’est hyper triste que cette salle ferme.
Art ‘N Roll : C’était une salle mythique. Vous en pensez quoi ?
Étienne : J’adore cet endroit.
Fred : J’y ai joué plusieurs fois. C’était une salle importante parce qu’en fait il n’y avait rien en dessous. Le Ferrailleur, c’est quand même gros. Tu vois, c’est un peu compliqué. Mais pour les trucs un peu indé, un peu pointu, des trucs émergents, il n’y avait pas grand-chose d’autre finalement. J’y ai joué plusieurs fois avec plein de groupes…
Étienne : Moi, j’adore cette salle. D’abord, j’adore jouer à Nantes. C’est quand même un des meilleurs endroits où jouer au monde avec Lille, Strasbourg et Paris ! Très décriée, mais Paris c’est super.
Nantes est un des meilleurs endroits en France pour jouer et la salle Michelet est un super endroit. C’était un peu frustrant d’ailleurs, parce que c’est une date qui s’est programmée à la dernière minute et on n’a pas pu faire autant de promo qu’on aurait voulu. Mais, c’était une date très importante pour nous, parce que c’est la première date de retour après le confinement et toute cette période de merde. Donc, on a enfin joué, et en plus, à Michelet, qui est un endroit très agréable. Ça nous a fait un bien vraiment, un bien fou !
Fred : On a joué avec des super groupes, ils avaient tous enregistré grosso modo.
Étienne : On a joué avec PERL qui sont des amis. (Il épelle P.E.R.L.) ce sont des super copains et c’est super !
Art ‘N Roll : J’imagine. Quand on va sur l’application du Hellfest, on a vu ça avec les copains, vous êtes à côté de Deftones, Deep Purple et on voit Deliverance.
Étienne : Il y a pire !
Art ‘N Roll : Ça doit vous faire quelque chose quand même ?
Étienne : Ah. Oui. Bien sûr. C’est cool ! C’est vraiment magnifique. On peut difficilement être plus heureux de la manière dont ça s’est passé aujourd’hui !
Fred : Nous, en tout cas, on est de gros, gros, fans de Deep Purple et Deftones, sans problème.
Étienne : J’ai au moins vu quelques minutes Ian Paice jouer hier soir. Ça m’a fait plaisir.
Art ‘N Roll : Une future tournée?
Étienne : Oui. Alors, clairement on a profité du Hellfest pour trouver des dates. Là, on avait besoin de préparer les quelques dates qu’on avait maintenant, dont le Hellfest, qui est fondamental pour nous. Dès maintenant on va se mettre à bosser les dates de l’année prochaine, vu que l’album sort en fin d’année. Alors c’est pour la tournée de l’année prochaine.
Fred : On va faire des images aussi pour exister en ligne. On en parlera quand on sera prêt.
Étienne : Oui. On a des gros projets de vidéo.
Fred : Oui. Des gros, gros, projets.
Art ‘N Roll : Sur une chaîne YouTube ?
Étienne : On va se lancer dans une captation live. C’est très long et très ambitieux et ce seront nos premières images pour le groupe, parce qu’on n’a aucune image, aucun clip. Donc, plutôt que de faire un clip classique, on va faire une captation live. C’est dans ces conditions qu’on va enregistrer le prochain album. On se met en danger pour avancer et d’essayer de placer la barre le plus haut possible.
Art ‘N Roll : Je vous souhaite le meilleur pour l’avenir. J’ai vraiment hâte d’écouter ce troisième album et d’en parler.
Étienne : Merci beaucoup. J’espère qu’il te passionnera autant que le précédent.
Art ‘N Roll : J’attends avec grand plaisir. Si vous avez un dernier mot à faire passer ? Allez-y c’est pour vous.
Étienne : Merci à toi. Et merci de tout l’intérêt et l’enthousiasme que tu portes. Ça fait plaisir, on a besoin de gens comme vous pour continuer à faire vivre les groupes underground qui et c’est aussi grâce à vous qu’on existe.Merci !