HOT on the rocks!

interview de Stengah hellfest 2022

jeudi/08/09/2022
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Sous une chaleur étouffante et un dans un box qui ressemble à un sauna

voir un coin câlin pour amateur que j ai le plaisir et l honneur de recevoir

STENGAH !! jeune groupe fort prometteur de notre scène national.

Jeter une oreille à ‘Soma Sema’ sorti cette année chez mascot records.

Art ‘N Roll : Stengah. Heureux de vous rencontrer. Eliott c’est ça ? 

Eliott : Non. C’est l’inverse. ……( Désolé la chaleur est insupportable ;vite un perrier!!!!)

Nico : Et Nico. 

Eliott : Batterie. 

Nico : Au chant. 

Art ‘N Roll : C’est toi qui as formé Stengah ? 

Eliott : Oui. À la base je recherchais des musiciens pour monter mon groupe. J’avais un projet, j’avais envie  de raconter des histoires et j’ai pas mal de choses à dire, je crois, dans la musique. Donc, je me suis dit : “ Allez je me lance quand même. Je vais chercher des musiciens, je vais leur parler du projet,  que j’avais en tête, sans précisément parler d’un style. Et puis, voilà, on verra ce qui se passe. ” On a pas mal d’influences, du metal, du rock prog, du jazz, on mélange tout ça et on verra ce qui se passe, à travers des trucs assez sincères. 

On veut mettre en avant l’émotion, quelque chose presque de sensoriel, en fait. Quelque chose de très sombre et de très sincère. C’est une volonté de faire du metal, parce que c’est devenu vraiment du metal, ça il n’y a pas de problème, mais tout en restant quelque chose de très organique, qui donne justement ce côté humain et très sincère.

Art ‘N Roll : Stengah  est un titre de Meshuggah ? 

Eliott : Oui. Oui.

Art ‘N Roll : C’est voulu ? 

Eliott : On s’est dit surtout que le mot sonnait bien. Voilà. On aime bien Meshuggah. Tous à différent degrés, mais c’est vrai que c’est un groupe qui influence tout le monde, nous y compris. C’est ce mot Stengah, c’est un son simple, qui me frappe, qui a un impact vraiment fort. Ça s’est un peu imposé comme un son, comme un mot qu’on ne comprend pas forcément. En plus on ne parle pas trop la langue. On va y trouver des tonnes de significations, mais dans le fond ce n’est pas forcément relié. On s’est dit allez : “ On part sur un son qui n’est pas français, ni anglais, qui est un langage un peu universel.” Qui veut tout dire et même temps rien. On ne se sait pas trop. 

Art ‘N Roll : Donc tu as formé le groupe et neuf ans après vous attaquez votre premier album ? 

Eliott : Bon. Il s’est passé un tas de choses quand même entre-temps. La formation du groupe, forcément ça a pris du temps. Il a fallu trouver les bons musiciens. Nico en 2015, qui a vraiment donné une identité humaine, parce que c’est le chanteur, c’est la voix du groupe. Il a un peu donné l’identité finale du groupe, mais on était déjà mi-2015. Ça a pris vraiment du temps de trouver les bonnes personnes, de créer un style musical,  qu’on avait en tête, et que j’avais en tête surtout à la base. 

J’adore le jazz, le progressif, je suis un fan de metal aussi, forcément. En 2016 on a sorti un EP – plus une démo qu’un EP d’ailleurs – autoproduit, qui a fixé l’époque de 2016, où Nico est arrivé et le groupe s’est trouvé. On s’est dit : “ Allez, on va partir faire des concerts. ” On a commencé l’album, peut-être deux ans après. 

Finalement, on dit neuf ans avant le premier album, mais, c’est neuf ans pendant lesquels il s’est passé beaucoup de choses. Dont, la pandémie qui a duré deux ans et demi, et, dont aussi, un an et demi de travail de management avec Richard Gamba, qu’on a rencontré à un point vraiment crucial, justement au moment du mixage de l’album. Il est venu nous apporter son expérience et des conseils. On a appris à se rencontrer et à bien se connaître. On a créé une nouvelle connexion très humaine et de belle qualité avec lui, et il nous a coachés. 

Il nous a appris des tas de trucs. Ce qui a fait encore évoluer l’album et il nous a appris le métier. Tout le monde a fait le choix de dire : “ Voilà, l’album est prêt, mais on ne va pas le sortir tout de suite. On va le laisser macérer un peu et trouver aussi la bonne plateforme pour le sortir, trouver un label, se jeter à l’eau. ” Accepter des choix pour faire un truc, top.

Art ‘N Roll :  A l écoute de l album ,on pense à un puzzle ou l impression que le début est la fin et la fin le début ?

Eliott : Ah ! Oui ? C’est marrant. 

Nico : Non c’est la première fois qu’on nous le dit. Non. Mais c’est marrant que tu dises ça, parce que c’est une boucle temporelle cet album. Il n’a pas de fin et pas de début. On peut l’écouter en boucle. Et si on le prend au milieu, le milieu devient le début et ainsi de suite ; donc c’est marrant . On peut commencer par le deuxième morceau, l’écouter jusqu’au bout et finir par le premier, ça peut marcher. 

Art ‘N Roll :  Quand tu dis intemporel ? 

Eliott : Oui. Intemporel dans le sens où il n’y a pas vraiment de chronologie. 

Art ‘N Roll : Il n’y a pas de chronologie. Et il faut un certain temps avant de le maîtriser, il est plein de subtilités de cet album. Il part un peu dans tous les sens. C’est un peu la marque de fabrique des jeunes groupes aujourd’hui qui n’ont pas de limite ?

Eliott : Comme tu le disais tout à l’heure, Meshuggah je pense, a influencé tous les groupes de metal aujourd’hui, comme Gojira aussi, bien sûr, et des tas de groupes comme ça, qui sont devenus des références eux-mêmes et qui forcément influenceront encore. Après, c’est vrai qu’il ne faut pas tomber dans le piège de devenir une copie. C’est un piège qui peut emmener qui peut  demander un travail énorme, à commencer par le fait qu‘il faut prendre du recul sur ce qu’on fait. Et, c’est là que Richard aussi a apporté énormément, parce qu’il a eu une oreille nouvelle sur ce qu’on lui proposait. Et, il est venu un peu valider des idées .il y a des groupes par exemple, qui sont vraiment des copies complètes de groupes déjà existants.  Ce sont vraiment des copies un peu de Meshuggah, des trucs comme ça. Je pense que c’est complètement. C’est vrai que d’avoir des gens comme ça derrière, à l’extérieur, qui ont un regard au-dessus et qui l’écoutent vraiment en tant que tel, mieux que nous presque, ça aide à vraiment se remettre en question et à faire évoluer dans le bon sens. 

Art ‘N Roll :  Après l’avoir écouté plusieurs fois on y trouve  d’influences de jazz aussi ? 

Eliott : L’intro.

Art ‘N Roll : At the Behest of Origins, The Overman, on retrouve le style de jazz qui ressort finalement vraiment bien avec votre style. Le jazz, ce n’est pas le point fort des metalleux ?

Eliott : À la base je viens du jazz. Depuis l’enfance j’ai écouté beaucoup de jazz et j’ai été bercé dans le rock progressif. Je suis un grand fan de Magma, de Genesis de Pink Floyd. 

Art ‘N Roll : Des grosses influences ! 

Eliott : Plus encore que d’autres groupes de metal moderne à l’heure actuelle. C’est juste pour moi un énorme plaisir et dans le groupe chacun a des influences très diverses. Le metal c’est un genre tellement large qu’on peut écouter un genre de metal entier sans écouter tout le reste.ça fait des choses assez incroyables. 

Art ‘N Roll : J’ai entendu dire que tu comptais refaire l’album, mais d’une autre façon ? 

Eliott : Refaire l’album d’une autre façon ? 

Art ‘N Roll : Dans une interview tu  disait que peut-être un jour tu  ferais l’album différemment ?

Nico : C’est peut-être dans le sens où, c’est vrai, notre musique n’est pas figée.  Elle est tout le temps en évolution. D’ailleurs, sur certains concerts il se passe des choses qui ne sont pas prévues et on trouve ça bien. Du coup, la musique évolue, on le reprend à un autre concert. À chaque concert la musique évolue, et ce qui est sûr, c’est que je pense que si on réenregistrait l’album aujourd’hui, il serait forcément différent puisque Soma Sema a évolué. 

Art ‘N Roll : Par rapport à après l’album, c’est ça que tu voulais dire ? 

Nico : On grandit aussi avec l’album. 

Art ‘N Roll :  Beaucoup de groupes maintenant refont leurs albums avec un son différent?

Eliott  C’est quand même une période où le Stengah du moment a enregistré ce truc-là. Il n’y a pas à y toucher. Ça n’empêche pas qu’en live…

Nico : C’est en live…

Eliott : En live, ça changera à chaque concert. Là, aujourd’hui, le morceau de fermeture c’est la première fois qu’on le jouait comme ça, et ça n’était pas prévu. C’est juste qu’on s’écoute on est porté par l’ambiance, on est porté par le public en face, et il se passe quelque chose et  on sait qu’on ne le referra pas, mais ce n’est pas grave c’est là, dans le moment, c’est génial. Et comme le dit Nico, effectivement c’est une musique qui est en perpétuelle evolution et sa façon de chanter qui évolue en permanence, même en répèt. Quand on est en live il a un répertoire de chant qui est très vaste ce qui fait qu’il y a des moments, selon l’humeur, ou l’énergie qu’on peut avoir, le chant va être différent. 

Art ‘N Roll : Vous avez sorti des clips?

Eliott : Trois clips. 

Art ‘N Roll : Trois, mais il y en a deux qui m’ont impressionné. Avec Pascal Duquenne qui est un acteur emblématique, qu’on a totalement oublié en France. 

Eliott : Non. 

Art ‘N Roll : Pas tant que ça ? Comment vous avez fait appel à lui?

Eliott : On y est allé au culot.  En fait il y a deux titres. Le premier est un peu plus ancien et ces deux-là sont sur  le personnage de Pascal Duquenne, il y avait la volonté d’avoir un personnage qui renvoie quelque chose de vraiment atypique. Qui est  porteur de la trisomie 21, on a cette image de lui qu’il pouvait renvoyer;  mais lui nous apprend que cette apparence, c’est juste une façade et que son personnage n’est pas défini par le handicap.et son personnage fait office de guide, et de plein de chose et l’apparence est un peu trompeuse. On ne s’attendait pas vraiment à ça au départ. Au départ, on ne voulait pas nécessairement quelqu’un porteur de handicap, mais trouver quelqu’un qui va marquer les esprits, et, j’ai eu l’occasion d’être en contact avec lui. 

Art ‘N Roll : On le voit d’une autre façon?

Eliott : Oui. C’est exactement ça qu’il nous faut. Et lui, était carrément partant pour faire le clip. C’était génial d’échanger avec lui. C’était vraiment une rencontre qui, je pense, a fait que ce clip a autant de poésie. C’est le tournage, la rencontre avec cet acteur et puis l’actrice, qui est devenue une amie proche, avec qui on a continué les projets après. Ça a créé une osmose on n’a pas encore, aujourd’hui.On a retrouvé le réalisateur hier de ce clip qui est sur le festival. On en reparlait et encore aujourd’hui on s’étonne de se dire : “ Mais il s’est passé un truc dingue lors de ce tournage. ” C’est vrai que ça a donné une dimension incroyable.  On avait tout un pan de tournage du groupe qui devait apparaître à l’origine dans le clip et qu’on a complètement mis à la poubelle, parce que ça n’a rien à y faire. Parce que toute l’imagerie qu’il y avait sur cette plage à ce moment-là racontait toute l’histoire. Que ce soit le texte, la musique, c’était parfait. 

Art ‘N Roll :  C’est rare dans le metal autant de poésie et de beauté dans une vidéo?

Nico : C’était un pari risqué ,surtout qu’on est encore très peu connus. 

Eliott : Ça reste des clips intéressants aussi, dans la mesure où il faut pouvoir identifier, mettre un visage sur les musiciens. Là, le fait de ne pas apparaître dedans c’était un pari un peu risqué pour un premier clip. Mais, on s’est dit : “ Après tout c’est la direction à prendre qui prime, Tant pis on ne nous verra pas, mais le clip aura plus de valeur, plus de richesse, en fait. 

Art ‘N Roll : Vous avez joué dans un grand festival à la suite d’un concours ?  au Wacken ? 

Eliott : Oui. C’était en 2017. 

Nico : Justement avec la démo Mechanic of the Spheres. On a fait le tremplin Wacken Metal Battle, ce qui nous a amenés à jouer en Allemagne au Wacken. Ça a été la première opportunité pour nous de nous mettre en contact avec l’Aéronef de Lille, avec qui on a enregistré deux clips live, et ensuite, qui nous a mis aussi en contact  et a qui a mixé l’album Soma Sema. Ensuite cela nous a permis de faire des rencontres, notamment avec Richard Gamba, et de fil en aiguille d’autres se sont faites. Mais, c’est vrai, que c’est cette démo Mechanic of the Spheres, qui nous a emmenés au Wacken, c’est grâce à elle qu’on est là aujourd’hui. En fait, en partant d’une démo on est arrivé à quelque chose d’incroyable. 

Art ‘N Roll : Le Wacken par rapport au Hellfest c’est comment ? 

Nico : C’est marrant parce qu’on se faisait la réflexion hier. C’est la première fois qu’on joue en plein air. Au Wacken on avait joué sous un chapiteau, c’est toujours en endroit clos, comme dans une salle. Le fait que tout soit ouvert, c’est mon premier Hellfest en plus, le fait d’avoir toute la vue sur le festival ! En même temps on contemple le festival et on profite du moment, de la musique. Il y a quelque chose de très contemplatif, de très méditatif, pendant qu’on est en train de jouer. Cette date-là, j’ai vraiment du mal à la décrire, parce que je revois encore les images dans la tête. On a du mal à redescendre en fait ! 

Eliott : Déjà à l’époque du Wacken. Moi j’ai retrouvé cette ambiance de l’époque. 

Art ‘N Roll : Il y a eu un stress avant de monter sur scène ? 

Eliott : Non. Je ne dirais pas que c’est du stress. 

Art ‘N Roll : Une grosse adrénaline ? 

Eliott : C’est une grosse adrénaline. On la sent, c’est presque palpable. Elle est dans l’air qu’on respire. On fait une étreinte tous ensemble. J’ai senti l’énergie du public!

Nico : On s’est tous serrés dans les bras, il y a eu beaucoup de partage. 

Eliott : Une osmose qui est là. Maintenant on ne peut pas comparer le Wacken et le Hellfest… Maintenant on a envie de courir dans tous les sens.

Art ‘N Roll : Vous aviez préparé votre scène longtemps à l’avance ? 

Nico : Le plus dur pour le Hellfest, ça a été de choisir les morceaux. Comme on a que trente minutes, il fallait vraiment caler tous les morceaux et on a concocté un set exclusivement pour le Hellfest. Ça a été le gros du travail des dernières semaines, de trouver les morceaux et d’arriver dans le timing parfait pour terminer. Et, d’ailleurs, Eliott ! Dernier coup, 0,00 sortie de scène ! (Rires) 

Eliott : On savait qu’à 10h30 les gens arrivent donc, il fallait aussi concocter un set qui soit accrocheur qui donne envie aux gens de venir voir ce qui se passe. 

Art ‘N Roll : On les sent plus attentifs à cette heure-ci les gens, que l’après-midi?

Eliott :On ne vient pas les chercher, alors il fallait être habile en se disant : “ Voilà, on va faire une intro, avec l’intro de l’album justement, pas trop de bordel, il va se passer quelque chose pour que les gens se disent : “ Allez on va voir ce qui se passe là-ba ça a l air costaud  ! ” Et ensuite, faire évoluer le set jusqu’à la fin. Du coup on a réussi à jouer au Hellfest à 10 heures du matin, enfin 10h30, c’est une prouesse. 

Art ‘N Roll : Vous allez faire la première partie de Deep Purple ? C’est la prochaine étape ? 

Eliott : Oui. C’est la suite. 

Art ‘N Roll : J’imagine l’émotion?

Nico : Oui c’est pareil. 

Art ‘N Roll : C’est bon vous êtes prêts ? 

Nico : Ouais. On espère. En fait, c’est la même chose, on concocte aussi un set spécial Deep Purple. Parce que forcément, ce qui se dit souvent de notre musique… En concert, on vient voir Eliott et on lui demande : “ Par hasard, il n’y a pas d’influences de Magma, King Crimson dans ta musique ? ” En fait, même quelqu’un qui ne serait pas intéressé par la musique et  ressent d’autres influences et tout le monde s’y retrouve. C’est pour ça, quand on avait fait un festival un peu électro ou les gens dansaient ! Ils dansaient et ils vivaient notre musique autrement ! J’ai hâte de voir comment le public de Deep Purple va vivre notre musique. 

Art ‘N Roll : Un futur album ? 

Nico : Oui.

Eliott : Quand ? On verra. 

Eliott : Pour l’instant ça démarre seulement ! L’album est sorti en mars. C’est encore frais. Au moins jusqu’à fin 2023 ça va être de la scène sur cet album-là.

Merci à vous.

 

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