HOT on the rocks!

Interview avec Sébastien Meyzie et Alexandre Bourret de Red Mourning

mardi/11/10/2022
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Le groupe Red Mourning publie « Flowers & Feathers » ce 22 octobre 2022. Un album solide, abouti, sincère… Une des meilleures créations de la scène française cette année. Ce combo francilien pratiquerait du « Southern ». Ce dernier terme n’est certainement pas un élément de langage promo, mais plutôt une réalité musicale, tangible, laquelle méritait à ce titre d’être cernée avec eux. Rencontre mélomane avec le bassiste et le guitariste réalisée le 11 octobre au Hard Rock Café de Paris.

 

Art’N’Roll : Messieurs bonjour ! 

Sébastien Meyzie (basse, chant) : Sébastien !

Alexandre Bourret (guitare, Lapsteel, chant) : Alexandre !

ANR : Quelle est la question que l’on vous a le plus posée ce jour ?

SM : L’étiquette !

AB : Oui, le genre musical que nous pratiquons…

ANR : Inévitable, on va y venir… Je vous ai vus à Mennecy le mois dernier, j’ai bien aimé, d’ailleurs sans savoir que j’allais vous rencontrer aujourd’hui : quels souvenirs gardez-vous de ce festival ?

SM : C’était la deuxième fois qu’on y jouait, c’était encore plus kiffant que la première, tout en sachant qu’il y avait deux scènes alternées cette fois, des conditions géniales, et pour nous un record de vente de merch ! C’était notre quatrième date de l’année 2022, dont le Hellfest, et un bel aboutissement de celle-ci !

ANR : Je pense que votre disque est diversifié, chiadé et plaisant. Que pensez-vous de ces trois adjectifs ?

SM : « Plaisant » est une notion extrêmement subjective, je ne me prononcerai donc pas dessus, c’est l’album le plus libre et affranchi que nous ayons fait à ce jour…

AB : Affranchi de tous les déterminants du metal…

SM : Nous faisons de l’acoustique, de l’ambient, de l’extrême…

ANR : D’où venez-vous ?

SM : D’Île-de-France, même si nous avons grandi d’un peu partout…

AB : J’insiste : je viens de Picardie !

SM : JC, le chanteur, a grandi un peu partout dans le Monde et a des origines landaises, je viens du fin-fond du Limousin, nous nous sommes trouvés sur Paris.

ANR : Vous êtes localisés sur Paris, et dites pratiquer du « Southern », de la musique du Sud. Pouvez-vous m’expliquer cela ?

SM : Cette étiquette ne vient pas forcément de nous. On dit cela de nous. Cela tient au fait que nous faisons du blues et du metal. Nous sommes évidemment influencés par DOWN. Nous aimons par exemple incorporer du banjo et de l’harmonica à notre musique. Je ne sais pas si ce terme « Southern metal » nous définit le mieux, on fait du blues, du rock, du metal, voilà…

ANR : Vous vous êtes mis à l’harmonica exprès pour le groupe, ou vous en pratiquiez auparavant ?

SM : JC a trouvé cool de glisser des parties d’harmonica dès le premier album. C’est lui qui écoute le plus de blues dans notre groupe.

AB : Il écoute beaucoup Howling Wolf et Muddy Waters.

ANR : Quels sont vos instrumentistes préférés ?

AB : Les riffs crades de Hell of Fire, et bien sûr de Pantera. Un peu de Mastodon aussi.

SM : Si je dois citer un musicien qui m’a réellement influencé en tant que bassiste, ce n’est pas forcément évident à l’écoute de Red Mourning, c’est le bassiste de Carcass, Jeff Walker, et plus particulièrement l’album « Swansong ». Tu as plein de petites feintes derrière les guitares, avec un son assez claquant, et c’est comme cela que j’envisage la basse ! Ce n’est pas un bassiste « héros », mais c’est vraiment ma façon préférée de jouer de la basse !

ANR : Et ton modèle de basse préféré ?

SM : C’est la mienne, c’est la Warwick Corvette !

ANR : Et toi en termes de guitare ?

AB : Jackson ! Je suis fou de Jackson !

ANR : Plus moderne, voire futuriste…

AB : Oui. Cela ne colle pas forcément avec l’identité du groupe, mais c’est mon modèle de prédilection !

ANR : Tu évoques l’identité du groupe, cela nous amène à l’esthétique : j’ai l’impression que vous cultivez une esthétique Nature morte, dans ce que j’ai pu voir, rien que le titre de votre disque « Flowers & Feathers »…

AB : C’est effectivement un des thèmes qui étaient envisagés pour la pochette de notre disque… L’idée de Nature morte était effectivement envisagée au départ…

ANR : Que désigne ce titre « Flowers & Feathers » ?

SM : C’est un des morceaux qui composent ce disque, écrit par JC le chanteur, il évoque la déliquescence, puis la disparition de la culture, de l’alphabet dont il ne resterait que des vestiges, il a tiré cela de ses voyages et de ses lectures, c’est assez métaphorique.  

ANR : Quel est le plus beau compliment que l’on vous a fait ?

SM : Déjà ce que tu as dit tout à l’heure : « chiadé »… C’est très bien. Et quand on parle de cet album, et de notre style, c’est le terme  « personnel » qui nous touche le plus… Lorsque certains affirment également qu’on a réussi à développer une identité propre…

ANR : Le mot « identité » me semble être récurrent lorsqu’on évoque Red Mourning… Autre question : quelle est votre scène préférée au Hellfest ?

SM : Cela dépend…

AB : Dur à dire ! Dur à dire, parce que des Hellfest en tant que festivalier j’en ai fait douze !

ANR : Ouais !

AB : Donc au bout d’un moment, j’ai fait toutes les scènes, cela dépend des années, j’aime les mainstages, mais j’aime bien la Valley… Allez, je vais te dire la Valley !

SM : Ouais, la Valley aussi, parce qu’il y a des groupes comme Baroness ou Zeal & Ardor. Le kiff absolu !

ANR : Votre album préféré ?

AB : « Never Mind the Bollocks », Sex Pistols. Rien à jeter !

SM : « Communiqué » de Dire Straits ! C’est en tous cas mon album historique !

ANR : Ah oui ! Vous êtes vraiment diversifiés ! Par ailleurs, le 22 octobre il y aura un DJ Set au Feelgood (NDA : bar parisien), qui sera composé selon les termes de votre publicité afin de mettre en valeur vos influences : c’est vous qui avez décidé des morceaux et des groupes qui seront diffusés ?

AB : Disons qu’il y aura une ligne directrice et l’interdiction de diffuser du Sabaton.

SM : C’est assez ouvert, mais faudra pas déconner !

ANR : Vous êtes assez ouverts, vous êtes des mélomanes, c’est ce qui ressort de l’écoute de votre disque. Citez-moi chacun un groupe que vous détestez…

AB : Qu’on déteste ?!?

ANR : Evitez les groupes français, pour être peinards…

AB : Ce n’est pas vraiment des groupes que je hais… Ce sont des morceaux…

ANR : Tu ne réponds pas à la question…

AB : Ahhhhhhhhhhhhhh…

ANR : C’est effectivement compliqué quand on est vraiment mélomane…

AB : Parce qu’en plus il y a des groupes que je n’aimais pas avant, et ça m’est arrivé de revenir sur mon jugement après…

SM : Bring Me The Horizon !

AB : Ouais déjà… Je vais dire la même chose…

ANR : La seconde partie de cet entretien va tenter d’approfondir le concept de  « Southern », mais c’est  « Southern » au sens ultra large du terme, je dis cela non pas à votre attention mais à l’attention des obsédés du genre…. Je dis un nom de groupe ou d’artiste et vous me donnez votre ressenti ou idée en un mot, d’accord ?

AB : Vas-y !

ANR : Lynyrd Skynyrd ?

AB : J’adore ! Mais tu prononces mal !

ANR : Référence au titre du premier album, c’est ça ?

AB : ‘lĕh-‘nérd ‘skin-‘nérd (Rires)

SM : Une des influences majeures de Metallica.

ANR : Oui, de James Hetfield en tous cas… Eyehategod ?

AB : Notre chanteur est fan.

SM : On a fait leur première partie à Lyon. Perso, j’aime pas.

ANR : Peeper Keenan ?

AB : Corrosion ! Simple et efficace, le morceau en duo avec James Hetfield !

ANR : Nino Ferrer ?

SM : Magnifique, et j’imagine pourquoi tu nous en parles…

ANR : Une forme de mélancolie aussi…

SM : Oui, c’est cela, et la Louisiane, ses aventures dans les îles diverses et variées…

ANR : King’s X ?

AB : Ecouté récemment ! « Dogman » !

SM : Du coup, pour ce qui est de la liberté de composition alors vraiment ! Cela n’a jamais vraiment porté… Enfin, je pense qu’ils n’ont pas eu le succès mérité…

ANR : Crowbar ?

AB : C’est une private joke à l’attention de mon pote : bois le champagne ! Et j’adore Crowbar !

ANR : Midnight Oil ?

SM : J’adore ! Le côté écolo en plus ! Je suis fan !

ANR : Pride and Glory ?

AB : C’est le groupe de Zakk Wylde ! Le premier album ! J’adore « Machine Gun Man »…

ANR : Linda Ronstadt ?

AB : Pardon ?

ANR : Une chanteuse de l’Arizona, aux trois-quarts européenne un quart mexicaine, qui a fait de nombreuses reprises dans la première moitié des années 1970, « You’re No Good » de Van Halen sur le deuxième album, est une reprise d’un classique de Linda Ronstadt…

AB : Attends, tu dis ?!? Je note le nom… Quel morceau ?

ANR : Linda Ronstadt, « You’re No Good »…

AB : Je vais jeter une oreille !!!

ANR : Cabrel ?

SM : J’aime beaucoup Cabrel, des influences blues évidentes, ainsi que le côté écolo. Simple, organique, voilà. Il a un putain de bassiste qui n’en fait pas des caisses et qui sert la musique.

ANR : Laura Cox ?

SM : Je connais… de nom.

AB : Pareil.

ANR : Les Allman Brothers ?

AB : Le live at Fillmore !

ANR : Les Black Crowes ?

SM : C’est très vieux, et c’est à mon avis un des premiers groupes qui a amené un peu de stoner, de rock bousillé, à la scène metal…

AB : J’aime beaucoup la vidéo du concert à Moscou en 1991 ! Très sympa !

ANR : La pochette de votre album pourrait fort bien être une pochette des Black Crowes, avec les corbeaux… Et puis, les Black Crowes, comme les Allman Brothers, sont des frères, et je crois savoir que mon propre frère a rendez-vous avec vous plus tard dans cette journée promo… Vous devinerez qui c’est, j’espère…

AB : D’accord !

SM : Ca marche !

ANR : Un petit mot, pour finir, à destination du lectorat d’Art’n’Roll ?

SM :  S’ils ne sont pas passifs, s’ils s’intéressent à la musique, s’ils aiment creuser les choses, cela peut correspondre à l’état d’esprit, à la démarche de Red Mourning… Aimer la musique et en faire.

ANR : Merci !

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