Rencontre avec le groupe de pop rock Orpheum black qui sort son nouvel album le 5 mai
Interview réalisée à la binouze de paris le le 29 mars.
Merci à Elodie de Aria promotion
on va faire moins, on va faire mieux et on va le faire avec passion ! C’est là qu’on peut toucher le cœur du public, c’est quand on fait avec amour !
Art’N’Roll : Orpheum Black : est-ce que ça vient de la préface de Jean-Paul Sartre ou de la mythologie grecque ?
Mélodie : Ah ! C’est plus proche de la mythologie grecque pour le coup. Orpheum, ça vient des théâtres américains et ça vient du latin ou du grec d’ailleurs, bonne question…
Greg : Ça vient d’Orphée.
Mélodie : Ça vient d’Orphée, mais les orpheums aux États-Unis ce sont des théâtres. On en trouve encore plein. Ce qu’on aimait bien c’est que c’est un endroit où on vient mélanger tous les arts : aussi bien la danse, que la musique, que le chant, que le théâtre, la comédie et ça nous définissait bien parce qu’au départ du projet ça faisait partie du cahier des charges, si on peut dire ça comme ça. Et puis, le black c’est pour le côté un peu rock !
Art’N’Roll : Votre groupe date de 2019 ? Quelles sont vos principales influences ?
Mélodie : Ce projet, c’est un peu, je pense, le dernier projet. On a eu pas mal de projets musicaux avant Orpheum Black et c’est vrai, comme Greg le dit souvent, on venait de terminer nos précédents projets et on pensait tous autant qu’on est, enfin en tout cas Romain, Greg et moi, ne pas recommencer, ne pas se relancer dans l’aventure d’un groupe. Et, finalement, nous voilà aujourd’hui avec un deuxième album. Après, les influences, je ne sais pas, toi Greg ?
Greg : Comme je le dis souvent aussi, on n’écoute pas du tout la même chose au sein du groupe, c’est aussi ce qui fait notre force, je pense.
Art’N’Roll : C’est une force, ça permet de tout réunir.
Greg : Moi, ça évolue. J’ai des cycles, tous les deux ou trois ans je change de chanteur préféré, en ce moment c’est Deftones, des choses un peu comme ça. Mais aussi très progressives, et quand bien même, je pense que je change de cycle. Là, par exemple, je viens d’écouter le nouvel album de Ville Valo, l’ancien chanteur de Him que j’ai adoré ! Et ça n’a rien avoir avec mes influences habituelles. Mais après toi, Mélo, c’est très varié aussi ?
Mélodie : Moi, ça va de Architects, donc, plutôt metalcore jusqu’à des influences un peu plus pop, indé, comme Aurora. Après, j’avoue j’écoute de tout, je ne suis pas la seule dans le groupe, mais pour ce qui est dans le milieu du rock, c’est vrai que je vais être plutôt metalcore et pour le coup, pas du tout ce qu’on fait.
Greg : On s’en sert en fait pour justement avoir, non pas une hétérogénéité, parce qu’il faut qu’on s’y retrouve. Je pense, justement, qu’avec ce deuxième album, on va plus dans notre univers en le cernant un peu plus. Mais, on va essayer de choper des refrains catchy qui viennent de la pop, des guitares énervées qui sont plutôt issues du metal, quelquefois on va se calmer et on va être plutôt sur ce qui est pop, rock progressif. On n’a pas encore de gros passages pagan metal… (rires)
Mélodie : Non. (rires)
Greg : Mais on ne sait jamais ?
Art’N’Roll : On ne sait jamais ce qui pourrait arriver.
Mélodie : Ça pourrait !
Greg : On aime pas mal de choses aussi qui sont issues de la musique pop. En ce moment, on a un groupe avec un synthé donc on essaye de s’en servir pour mettre en valeur l’harmonie, la mélodie du morceau.
Art’N’Roll : Le Deuxième album sort le 5 mai, ce sera votre deuxième album. Est-ce que vous pouvez raconter un peu la genèse ? C’est la continuité du premier ?
Mélodie : C’est la continuité du premier. Oui. Mais le process n’a pas du tout été le même. Parce que le premier, pour le coup, on l’avait écrit…
Greg : On s’est bouffé un confinement sur le premier, donc déjà, forcément, ça ne pouvait pas être pareil.
Art’N’Roll : Ça a joué sur de nombreux groupes, le confinement. Vous l’avez ressenti aussi ?
Greg : Oui, à plein de niveaux. Déjà dans la composition, on a pas mal composé chez nous pour le premier album et au niveau des textes, on avait tellement besoin de sortir…
Mélodie : Il est ultra introspectif, il parle beaucoup d’enfermement.
Greg : Ce deuxième album il est moins autocentré. Ça nous fait du bien d’aller voir ailleurs, d’ouvrir un peu les chakras, quand bien même on reste sur des questions encore un peu introspectives, mais qui ne sont plus axées sur le moi, mais sur l’autre, sur l’identité, sur notre place au sein d’un tout, d’un univers. Même en termes de composition, c’était bien évidemment différent parce qu’on a pu se voir pour composer. Mais, il y a eu un autre facteur, c’était que 2022 était chargée en concerts. On a fait pas loin de trente-cinq concerts et il fallait composer entre les concerts, il fallait qu’on répète entre les concerts et il fallait qu’on enregistre entre les concerts, ça a été difficile.
Mélodie : En même temps, je trouve que le nouvel album est justement teinté de notre rapport au public. Les thématiques sont sensiblement les mêmes parce que c’est dans la continuité, mais c’est vrai que le premier album a été écrit dans une bulle alors que le deuxième album a été écrit en pleine tournée. En fait, parce que c’était notre première tournée et qu’en 2019 et qu’on s’est mangé le COVID, les concerts ça n’a pas été tout de suite. On s’est rendu compte qu’on aimait aussi avoir de l’interaction avec le public, donc on a eu la volonté de proposer aussi des morceaux qui soient plus chantants — si je puis dire parce qu’on ne fait pas de la chanson — mais d’avoir des gimmicks qui restent un peu plus en tête, des choses qu’on peut reprendre avec le public sur scène.
Greg : Il y a des choses qu’on a testées en concert.
Mélodie : Il y a eu des choses qu’on a testées effectivement.
Greg : On s’est aperçus que ça marchait, donc on est allés dans cette direction-là. Ça nous a permis d’éprouver l’album avant qu’il sorte donc c’était une bonne expérience.
Art’N’Roll : Vous remerciez votre public dans une chanson. My Tribe, alors c’est un remerciement, ou c’est un cadeau… ou c’est hommage ?
Mélodie : C’est un hommage. En fait ce morceau est un peu particulier. C’est le morceau qui ouvre l’album, il parle de la famille. De celle qu’on cherche, de celle qu’on se crée, il parle du fait de trouver sa place au sein d’une communauté et c’est un des premiers morceaux du nouvel album qu’on a testé sur la tournée.
Le refrain de cette chanson est fait de oh, on s’est dit que ce serait super cool de pouvoir vraiment intégrer le public là-dessus avec nous sur la tournée. Donc, à chaque date, on les faisait chanter avec nous, on a décidé d’ailleurs d’intégrer des chœurs quand on a fait l’album parce qu’on trouvait ça génial.
Greg : On a même envisagé l’idée de mettre le public, mais c’était logistiquement difficile.
Mélodie : Oui. Mais on a filmé pendant toute la tournée sur cette chanson-là et le clip qui est sorti sur ce single est particulier parce qu’il change complètement de notre univers de clip habituel. On l’a vraiment dédié au public, parce que notre famille, si on parle du point de vue de l’entité Orpheum Black, notre famille, notre tribu, c’est un peu le public.
Mélodie : Donc, ce morceau a une saveur particulière quand on le joue. Ce n’est pas le seul, mais les autres on n’a pas encore pu trop les tester, mais c’est vrai que celui-ci résonne particulièrement bien avec le public.
Art’N’Roll : C’est le premier clip qu’on voit avant la sortie de l’album.
Mélodie : C’est ça.
Greg : Il y en aura un deuxième.
Art’N’Roll : On va en parler d’ailleurs après.
Mélodie : Il permet de voir un petit peu ce qu’il se passe dans les backstages, dans les coulisses de la vie de la tournée. C’est ce qui nous a permis d’apprendre à connaître notre public et le clip permet d’apprendre aussi à nous connaître donc on aimait bien la symbolique.
Art’N’Roll : J’ai eu la chance d’écouter l’album. Il commence par Inner World, qui se trouve être un mix
entre myrath et lacuna coil ,un mélange de gothique et oriental?
Greg : Ah ? C’est marrant, je n’y avais pas pensé… mais oui, Myrath.
Mélodie : Ce n’est pas la première fois…
Art’N’Roll : C’est la façon dont vous chantez : il y a une osmose entre vous deux qui prend aux tripes ?
Mélodie : C’est vrai qu’Inner World est peut-être un outsider sur l’album parce qu’il est un peu différent des autres titres.
Mélodie : C’est ça qui est cool, ça permet de rentrer…
Greg : Il est pêchu, c’est notre banger ! D’ailleurs le titre avant qu’il ne s’appelle Inner World c’était Banger parce qu’on ne savait pas comment l’appeler. On s’est dit qu’il fallait qu’on rentre dans la matière tout de suite avec un truc qui scinde avec ce qu’on a l’habitude de faire. Mais effectivement, les influences Myrath pour le côté un peu oriental, power metal, pourquoi pas ? On voulait quelque chose d’assez moderne, avec beaucoup de drum-machines, qui tabasse pour montrer que le nouvel Orpheum Black existe. Parce que c’est une renaissance : on a un nouveau line-up, on a un nouvel album, on voulait marquer le coup avec un morceau qui n’a rien avoir. Après on s’y retrouve un peu, bien sûr.
Mélodie : C’est intéressant, parce qu’on nous demande quelles sont nos références, ou de souvent coller des étiquettes avec d’autres groupes pour que les gens puissent un peu s’y retrouver….
Greg : Évanescence, on nous a déjà dit aussi.
Mélodie : Mais c’est plus intéressant d’écouter les médias ou les gens qu’on croise qui nous disent à quoi ça leur fait penser. Nous, parfois, on a vachement de mal à trouver.
Greg : Ça nous aiguille en fait. Les retours sont… Là, on est en première journée de promo, ce sont les premiers retours qu’on a, ça va nous nourrir.
Mélodie : Oui. Il n’y a pas beaucoup de gens qui ont eu la primeur d’écouter l’album.
Art’N’Roll : Il y a un deuxième single qui va sortir Heartbeat, battement de cœur ?
Mélodie : Heartbeat est sorti en lyrics vidéo.
Art’N’Roll : Pourquoi avoir choisi ce titre, j’aurai pensé à Deep Blue ? Qui est beaucoup plus intense.
Mélodie : Deep Blue arrive juste derrière. Mais avec Deep Blue on va revenir sur ce qu’on aime beaucoup c’est-à-dire… On a eu pour projet, c’est le gros projet de l’année, — c’est la raison pour laquelle qu’on fait un peu moins de dates aussi — de faire un court-métrage divisé en deux parties.
Art’N’Roll : En deux épisodes ?
Mélodie : Exactement. Le premier épisode concerne Deep Blue et le deuxième épisode concernera Inner World, mais en attendant ces clips, qui sortiront le 28 avril et le 7 juillet, effectivement, on a dévoilé Heartbeat.
Greg : On a choisi ce morceau parce que les premiers retours qu’on avait eus, mais vraiment de la famille, management et attaché de presse, c’était : « Ah ! Ce morceau-là me plaît beaucoup ! » donc, on s’est dit : « on va le sortir ». Ça fait aussi partie du nouveau cycle de vie de sortie d’un album. Les artistes post-COVID sortent beaucoup de singles puis un album. Pour nous, tout a été encore très vite cette année. On voulait sortir un album avant l’été, la saison des festivals et il y avait très peu de place pour caler des singles donc on s’est dit : « attend, tu sais quoi, on va sortir Heartbeat, parce qu’il a l’air de plaire, on va le sortir en simple pour prendre la température et ensuite en dévoilera les clips qui sont la plus-value Orpheum Black avec Deep Blue et Inner World. » Les premiers morceaux dont tu as parlé.
Mélodie : Et d’ailleurs, ces clips seront la suite des clips qu’on a faits avant.
Greg : La suite et fin.
Mélodie : Oui, effectivement, en référence aux clips un peu cinématographiques qu’on a faits sur le premier album. On va y retrouver les mêmes personnages avec de nouveaux personnages. À chaque fois, il y a l’écriture de l’album qui raconte sa propre histoire, et, ce qu’on raconte dans les clips qui est finalement, un autre niveau de lecture. Un peu deux histoires parallèles, mais qui sont liées par le texte, on adore faire ça. Alors, c’est vrai qu’Heartbeat n’a pas eu droit à son clip, on aurait bien aimé, mais ça faisait déjà beaucoup de travail pour les deux prochains.
Greg : Oui, c’est le gros projet de l’année. C’est neuf à douze jours de tournage c’est un truc assez….
Mélodie : On n’a jamais fait un projet aussi…
Greg : Pas plus tard qu’hier je respirais des quantités d’essence brûlée, j’en ai encore un peu des hauts le cœur.
Greg : Oui, oui, il y a de l’action.
Mélodie : Oui, et il y a quelques jours j’ai tourné toute la nuit dans une piscine ! (Rires)
Art’N’Roll : On sent les jeunes groupes qui, comme vous, aiment sortir les clips avant l’album et qui aiment en parler, mais vraiment en profondeur avant la sortie. Ça ne laisse pas tellement de place à la surprise ou le fait de sortir…
Greg : C’est un peu à double tranchant. C’est quelque chose que je regrette un peu personnellement. C’est ce nouveau cycle de vie, il faut attirer les gens, il faut les rendre curieux, pour ça il faut teaser, teaser, teaser ! Même les gros artistes sortent beaucoup de singles et des clips avant. D’ailleurs, c’est très difficile de promouvoir un morceau sans support vidéo tellement la proposition est super large, tandis qu’effectivement à l’époque, il n’y avait pas tout ce qui était relatif à Internet et quand l’album sortait, bien souvent, même s’il y avait déjà Internet, j’achetais un album et je ponçais le CD au point que ma chaîne hi-fi l’usait et je m’appropriais les morceaux. Là, c’était la surprise, et bien souvent, les clips sortaient après d’ailleurs.
Mélodie : Internet a tout fait basculer, les plateformes de streaming digital ont aussi tout fait basculer et les réseaux sociaux également.
Greg : Mais ça casse un peu la surprise et les fans de la première heure d’un groupe regrettent un peu que, quand l’album sort, il n’y a que quatre morceaux nouveaux, parce que tous les autres ils les ont déjà écoutés. Mais ça fait partie de ce nouveau modèle.
Mélodie : C’est une prise de risque, il y en a beaucoup qui le font encore, et moi, je suis assez partisane de ça. J’aime bien me dire qu’on pourrait un peu disparaître et paf ! revenir d’un coup. Mais c’est toujours une prise de risque, surtout quand on est un groupe qui émerge, il faut quand même garder les gens au courant, en haleine et il faut jouer le jeu des nouveaux médias, des nouvelles façons de faire.
Greg : On ne va pas se mentir aussi pour pouvoir jouer, il faut sortir des choses régulièrement. Maintenant, les nouvelles statistiques ce sont les vues sur YouTube, ce sont les auditeurs sur Spotify et bien souvent, si ces chiffres sont bons tu es programmé et si tu ne l’es pas… C’est pour ça qu’en fait il faut sortir des choses.
Mélodie : C’est pour ça qu’on en a fait aussi notre force. On ne fait pas les clips pour ça…
Mélodie : On le fait parce que ça faisait partie de la direction artistique de départ. Le nom même du groupe insinuait qu’on allait travailler avec plein de médiums artistiques. Mais c’est vrai, on s’en rendu compte en 2020 quand on a commencé à faire des clips, parce qu’on ne pouvait pas jouer à cause du COVID. Et finalement, aujourd’hui, c’est quelque chose qui contraint les groupes à sortir des singles et des clips. On tente d’en faire notre force parce que c’est là-dessus qu’on veut d’avoir une valeur ajoutée avec l’univers qu’on essaye de mettre en place…
Greg : C’est aussi parce que ça nous plaît…
Mélodie : On adore ça !
Greg : On pousse la démarche artistique plus loin que la musique et ça permet d’aller plus en profondeur que juste : « Ah ! ton son de cymbale il va bien avec ton son de synthé. » Non, là, on met l’image aussi à l’honneur et ça nous plaît énormément.
Art’N’Roll : On va parler un peu de la pochette de l’album Overspace il y a toujours ce reflet bleu dans tous vos clips et vos photos ?
Mélodie : Oui, il y a une palette colorimétrique.
Art’N’Roll : On le ressent beaucoup.
Mélodie : Oui, on essaye de garder cette continuité même si on est sur une proposition complètement nouvelle, mais ça se ressentira encore dans les prochains clips. Globalement, on aime la dualité, ce qu’elle représente, entre les éléments, entre les couleurs et oui, le bleu et l’orange, ce sont des couleurs qui définissent un peu notre patte, notre identité globale visuelle.
Art’N’Roll : Huit titres sur ce nouvel album pour une dureè de 34 mn ,un format assez court ?
Greg : À chaque fois qu’on sort un album on a au moins composé le double, si ce n’est plus. Mais, là, effectivement, on voulait axer cet album — encore une fois, non pas parce que le marché le demande ou quoi que ce soit — personnellement, c’était une volonté. Je parle pour moi, mais je pense que Mélo est un peu comme ça aussi, de faire des morceaux plus courts, plus catchy, plus chantants et peut-être un morceau ou deux sur l’album un peu plus longs, qui vont poser une ambiance. C’est une volonté qui va s’affirmer encore plus avec le temps.
Ce n’est pas forcément pour faire du radio-edit. C’est du rock donc de toute façon pour passer à la radio c’est compliqué. Mais, je pense que même pour nous en tant que chanteurs c’est plus facile de s’approprier un refrain qui nous plaît, un refrain qui pète, qu’on matraque. Bon, on ne va pas le matraquer pendant dix minutes sinon c’est long quoi !
Mélodie : En plus, on a une position un peu particulière dont on se rend compte de plus en plus : c’est que d’un côté on a un public assez metal, en tout cas qui vient du metal, et de l’autre on a aussi un grand public et il faut arriver à satisfaire un peu tout le monde. C’est-à-dire que si on faisait des choses trop prog ou trop élitiste on aurait l’impression d’envoyer un peu paître toute une partie du public. On essaye de trouver cet entre-deux. On a fait le choix, il y a certains morceaux que l’on a raccourcis, mais pas parce qu’il fallait que ça rentre, mais juste parce que ça nous semblait plus pertinent. Il y a des morceaux que l’on n’a pas mis parce que, pareil, ça nous semblait moins pertinent.
Greg : Il y a une autre contrainte, c’est le vinyle.
Mélodie : Oui, on ne voulait pas faire un double vinyle. On voulait revenir sur un vinyle simple.
Greg : Et on voulait quand même faire un vinyle parce que c’est un bel objet et on en a toujours fait.
Art’N’Roll : Il y aura un vinyle bientôt alors ?
Greg : Sur un vinyle on ne peut pas mettre cinquante minutes de musique. Enfin ça dépend de la puissance de la musique, quand je parle de puissance je parle vraiment de volume.
Mélodie : Oui. Parce que le premier album c’était un double vinyle.
Greg : Le premier album était un double vinyle, mais après, on ne va pas se mentir, il y a des contraintes économiques, ça coûte deux fois plus cher. Aujourd’hui, le vinyle c’est très difficile et très cher à fabriquer et on ne peut pas arriver en concert et vendre un vinyle 45 ou 50 euros ce n’est pas envisageable.
Mélodie : Et on préfère sortir des choses plus régulièrement, quitte à sortir des morceaux qui ne sont pas sur des albums, plutôt que de sortir un album qui parfois pourrait être indigeste avec douze titres. Il y a très peu de gens aujourd’hui qui écoutent les albums en entier. Avec les plateformes les gens viennent toper tel ou tel titre.
Greg : Pareil… À regret.
Mélodie : On le fait tous !
Greg : À regret, mais on le fait tous. Moi-même je me fais mes playlists, mais à regret parce que les artistes font des tracks-lists, et surtout nous parce qu’on raconte une histoire du début à la fin parfois.
Mélodie : On préfère que ça soit plus digeste, plus court, plus pertinent, quitte à revenir plus rapidement.
Art’N’Roll : On voit le succès qui est flagrant, vous êtes passés au Hellfest sur la Hell stage. C’est un moment qui a dû être important pour vous, j’imagine ?
Mélodie : C’était cool.
Art’N’Roll : Et le Motocultor au mois d’août ?
Mélodie : C’est ça.
Art’N’Roll : Et une grosse tournée qui s’annonce ?
Greg : On va jouer moins, mais mieux. L’année dernière on a vraiment écumé la France et écumé la fatigue, mais cette année on a décidé de jouer moins, mais mieux. Pour plein de raisons, parce qu’on va essayer de trouver un rythme et qu’on a plein de projets. On a des projets de musique et de clips, mais on a aussi d’autres projets qu’on voudrait aussi mettre en œuvre. Et on s’est aperçus l’année dernière en faisant un album et la tournée en même temps que c’était compliqué.
Mélodie : On a trop tiré sur la corde.
Greg : On veut faire les choses bien et pour ça je pense qu’il faut prendre le temps. Maintenant, c’est pareil, on essaye de sélectionner un peu plus les endroits où on joue parce qu’on se dit que l’audience s’y prêtera. Et, il y a un autre fait très personnel, je viens d’être papa…
Art’N Roll : tous mes vœux de bonheur !!!!
Greg : Merci ! Et mon petit bout j’ai envie de le voir grandir. C’est vrai que l’année dernière on était très peu chez nous. Donc, si on veut continuer à pouvoir faire des projets et en même temps jouer, on s’est dit que cette année — les autres années ça sera peut-être différent, probablement d’ailleurs — mais cette année on jouera moins, mais mieux, sur des plus grosses scènes, en plus c’est ce qui nous plaît aussi.
Mélodie : Après si on se met à la place des programmateurs. Ils ne peuvent pas nous programmer tous les six mois. Donc, vu le nombre de dates qu’on a faites l’année dernière, on savait très bien que dans tous les cas on ne pourrait pas refaire la même tournée cette année. Déjà, ça aurait été compliqué d’enchaîner, on a à peine eu le temps de se remettre de la première. Et il faut le temps de préparer de nouvelles choses, une tournée, ça se prépare. Il y a eu la sortie de l’album, les projets de clips qui sont assez conséquents, on a accueilli un nouveau batteur dans le groupe aussi. Du coup, c’est pareil, c’est tout un travail à faire avec lui.
Surtout, pour la sortie de l’album on voulait proposer une date unique qui a lieu chez nous avec des choristes, une violoncelliste et ça demande beaucoup de boulot. On préférait mettre de l’énergie à faire moins, mais à faire quelque chose de beau et revenir l’année prochaine en étant plus…
Greg : …en mode groupe de rock sur les routes de France ! Mais cette année on voulait montrer que des groupes émergents, des jeunes groupes — même si ça fait très longtemps qu’on fait de la musique — sont capables de produire des choses. Je ne dis pas que c’est une première, parce qu’il y a beaucoup de groupes qui y ont sûrement pensé, même de très grands groupes, mais pour le coup je pense que des groupes de notre acabit, qui vont faire une release-party un peu en mode symphonique avec choristes et violoncelle sur scène, euh ! Voilà !
Comme notre proposition artistique à deux voies, c’est quelque chose qui nous rend un peu atypiques et on veut mettre l’accent dessus. Il y a aura évidemment des vidéos et des photos pour promouvoir ces choses-là, mais le message principal c’est : on fait les choses avec passion et non pas parce qu’on nous demande de le faire. Je parlais au début de sortir régulièrement des choses pour ne pas se faire oublier, on ne veut pas jouer ce jeu-là. C’est épuisant, c’est éreintant, c’est peu respectueux pour le public et pour nous en tant qu’artistes et individus qui avons envie de créer quelque chose avec le cœur, au bout d’un moment tu es épuisé. Donc on va faire moins, on va faire mieux et on va le faire avec passion ! C’est là qu’on peut toucher le cœur du public, c’est quand on fait avec amour !
Art’N’Roll :Vous faites vraiment partie de cette nouvelle scène rock en France qui fait plaisir à voir.
Mélodie : Merci ! on espère.
Greg : Merci.
Art’N’Roll : Si vous avez un mot à ajouter, si vous avez un message à faire passer ?
Greg : Moi, en ce moment, j’ai souvent l’habitude de dire aux gens d’être curieux. D’être de plus en plus curieux, parce que s’ils ne le sont pas, à un moment donné la proposition ne se renouvellera peut-être pas. Donc, j’incite les gens à être curieux, à écouter des groupes, à aller les voir, qu’ils soient dans un café, un club, une super salle de concert ou un festival. Allez voir des concerts, n’attendez pas juste les festivals d’été pour aller découvrir de super artistes qui se défoncent pour proposer des projets artistiques. Je pense qu’il en va un peu de la santé culturelle de notre pays, la France.
Art’N’Roll : De la France, on ne va pas dire de l’Europe.
Greg : Ben non ! ça se porte peut-être mieux ailleurs, je n’en sais rien, mais c’est vrai qu’il faut être curieux.
Mélodie : On pense souvent que l’herbe est plus verte ailleurs, mais…
Art’N’Roll : Vous comptez rester en autoproduction ou vous cherchez un label ?
Mélodie : On cherche à être accompagnés davantage, mais je ne dirai pas qu’on se sent obligé d’avoir un label. Disons qu’on cherche plutôt à être entourés concernant la partie production de dates et de tournées.
Greg : En fait, de par tous les projets que l’on fait, vu qu’on fait tout nous-mêmes des clips, à la tournée, en passant par la musique, de l’accompagnement, si tu dis : « pas de label » peut-être qu’un label nous filerait un coup de main quand même ! (Rires) Après, c’est mon avis personnel.
Greg : Mais pour la production de dates, pour se faire aider, parce que les journées ne font que 24 heures et parfois, pfff ! C’est difficile de faire juste de la musique !
Mélodie : Disons qu’on aimerait être accompagnés davantage, même si on l’est déjà par plein de super personnes sur différents pôles. Quand je dis ça par rapport aux labels, c’est surtout parce que je crois qu’on aime, malgré tout, notre — je vais la jouer Florent Pagny — liberté de penser et de créer. C’est un avis très perso, mais je ne suis pas la seule à le penser. Avec certains labels ou maisons de disques, on peut très vite avoir l’impression de se sentir obligés de sortir, de produire et parfois même perdre la passion artistique qu’il y a à la base et le propos qu’avait un projet au départ. Mais, c’est sûr qu’on aimerait être accompagnés davantage notamment au niveau du booking parce qu’on a une super manageuse qui fait de l’accompagnement au niveau du booking, mais les journées ne sont pas assez longues.
Art’N’Roll : C’est avec ton prénom que tu as voulu faire de la musique ?
Mélodie : Oh ! Non. Je crois que j’ai toujours baigné dedans. Mes parents sont des passionnés de musique, ils m’ont appelé Mélodie parce qu’ils aiment la musique et ils m’ont toujours sensibilisée à ça, c’est assez naturel, je ne me suis pas forcée.
Art’N’Roll : Quand on vous entend chanter tous les deux vous avez une sacrée osmose en tout cas.
Mélodie : Merci beaucoup.
Art’N’Roll : C’est plaisant à écouter.
Greg : Ça ne fait pas si longtemps qu’on fait de la musique, on se connaît depuis très longtemps artistiquement, mais c’est depuis Orpheum Black qu’on fait de la musique et qu’on chante tous les deux. C’était d’ailleurs l’impulsion de départ, vouloir l’un chanter avec l’autre. On a travaillé ce son à deux et on revient sur cette histoire de passion. Nous sommes très proches, ça se sent dans la façon dont on travaille. Quelques fois on se chamaille évidemment parce qu’on s’aime bien et on essaye de retranscrire ça sur cet album. Encore une fois, la passion ! C’est avant tout une belle histoire d’amitié et on essaye de le retranscrire dans le disque.
Greg et Mélodie : Merci beaucoup, merci.
Art’N’Roll : Merci à vous.