HOT on the rocks!

Interview avec Lala Frischknecht de Burning Witches

jeudi/04/05/2023
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Job Tronel (Tagada Jones), Mikko Sirén (Apocalyptica), Olav Dowkes (Bokassa), Isaac Holman (Slaves) ou encore Tino Arteaga (Of Mice & Men)… En définitive il n’y a pas foule de batteurs au rang des interviewés d’ANR. Pourtant leur parole ne peut manquer d’intéresser le lectorat. C’est notamment afin de rétablir un relatif équilibre entre instrumentistes que nous avons choisi de questionner Lala, la batteuse et tapeuse de table (voir leur interview précédent réalisé ou plutôt déroulé au réfectoire de l’Empreinte à Savigny-le-Temple le 8 mars 2022) des suissesses heavy metal de Burning Witches ; les (pour l’essentiel d’entre elles) originaires de Brugg publient chez Napalm Records ce vendredi 5 mai 2023 leur cinquième et appliqué album studio ; intitulé « The Dark Tower » et faisant suite à l’épique « The Witch of the North » paru en 2021, il respire une certaine continuité artistique : nos cinq walkyries alémaniques refusent visiblement de rendre les armes et de sortir du château de Dio de 1983, les duels de guitares façon Maiden / Judas n’ont pas cessé. La cogneuse philippino-helvétique frappe donc à la porte de la salle d’attente de notre Zoom aux quinze coups du vendredi 21 avril… Une mélomane joyeuse et pleine de caractère…

Art’n’Roll : Salut !

Lala Frischknecht (Batterie) : Hello ! Hiiiii !

ANR : Bonjour !

LF : Bonjourrrrr ! Je ne pourrai pas te parler en français !

ANR : Je le sais : nous nous sommes rencontrés l’an dernier dans une salle pas loin de Paris lors de votre tournée commune avec Nervosa, tu m’avais offert une bière durant la causette…

LF : (Rires) Oui je m’en souviens, ton visage m’a paru familier quand j’ai ouvert la caméra, je me suis dis que je connais cette personne…

ANR : Donc pas de soucis, je sais que tu ne parles pas le français. Première question : quel bilan peux-tu tirer de « The Witch of the North » ?

LF : Oui. Nous avons réalisé « The Witch of the North » durant la période pandémique, donc nous avions bénéficié du temps nécessaire afin de composer, de nous concentrer, ce qui est moins le cas à présent que les choses sont rentrées dans l’ordre. Nous avons commencé les répètes à notre retour de la tournée sud-américaine avec Destruction la première semaine d’octobre 2022 pour attaquer l’enregistrement à proprement dit celle de novembre. Tu peux imaginer que ce court laps de temps ne nous a pas fait chômer ! Un mois seulement ! Tout en sachant que nous avions déjà quatre morceaux et demi (Sic) de composés à notre retour de tournée, dont le simple « The Dark Tower » ainsi que « Doomed To Die » et « World On Fire ». De plus, les versions initiales diffèrent toujours de ce qui sera enregistré, en tant que batteuse je le perçois dans l’ajout ou le retrait de détails, d’éléments : les morceaux peuvent être plus longs tout comme ils peuvent être raccourcis… Cette fois, Romana (NDA : Kalkuhl, la guitariste) a conduit nos travaux en voulant que cet album soit encore plus « épique » (Sic) et plus ancré dans la tradition heavy metal que le précédent. Pour ma part je n’y ai vu aucun inconvénient. Romana est très talentueuse ainsi qu’une bonne compositrice, je suis admirative de ses capacités, elle est née pour être musicienne ! Elle n’a cessé de m’adresser ses maquettes et plans en me demandant si cela convenait. Nous avons eu moins de temps mais travaillé efficacement : « Unleash The Beast » a été enregistré en une journée le deuxième jour de notre passage en studio. « Evil Witch » est ma préférée, « Renegade » sera probablement un classique de notre répertoire, et la ballade « Tomorrow » est ma préférée parmi toutes celles que nous avons composées. Je pense que ce cinquième album marque un retour à nos sources, plus proche de « Dance with the Devil » l’album d’avant que de « The Witch of the North » notre dernier lesquels étaient deux disques assez différents, je suis assez fière de ce « The Dark Tower », il est plein de créativité. Oui !

ANR : Romana Kalkuhl est la principale compositrice ?

LF : Oui depuis le début de Burning Witches. Et Laura (NDA : Guldemond, la chanteuse) est celle qui écrit les paroles de nos chansons.

ANR : Ce disque est un disque de continuité, de stabilité… Lorsqu’on entend pour la première fois la voix de Laura dessus on a comme l’impression de retrouvailles tant elle chante avec assurance…

LF : Laura possède une bonne oreille, elle adopte automatiquement la bonne tonalité dès la première écoute, elle sait ce qu’elle veut en studio, elle a effectivement pris davantage le pouvoir sur ce disque. Ce n’est plus le nouveau membre d’il y a deux albums. Elle a de même pris beaucoup d’assurance sur scène. Elle s’est imposée avec ses trois tonalités de chant. Vraiment.

ANR : Idem pour ce qui ressort de votre paire de guitaristes, Romana et Larissa Ernst… Vous avez gagné en cohésion, une véritable équipe…

LF : La musique n’est pas tout dans Burning Witches, c’est également une histoire d’amitié, d’amour, de famille : si tu n’as pas l’esprit d’équipe tu ne pourras pas demeurer dans notre groupe. Ton caractère doit correspondre à notre état d’esprit, peu importe qui tu es, tu peux être la meilleure des instrumentistes cela ne marchera pas si ton attitude est mauvaise… Certaines n’ont pas compris cela, tu dois t’adapter à la situation… Nous avons cette opportunité de publier notre cinquième album et d’avoir fait des concerts sur l’entier continent américain pendant que d’autres formations metal luttent durement afin de survivre, chacune doit donc se garder de pensées négatives et doit avoir conscience de notre chance ! Nous avons également cette chance d’avoir à nos côtés Damir (NDA : Eskic, le guitariste de Destruction et compagnon de Romana), Schmier (NDA : Marcel, le légendaire chanteur-bassiste de Destuction et mentor de Burning Witches) et également mon mari…

ANR : Marco !

LF : Oui ! Nous sommes une vraie famille. Par exemple, Laura n’était pas là pour la répétition d’hier vu qu’elle vit chez elle aux Pays-Bas, mais elle passe ce soir pour préparer la tournée à venir, et dormira à mon domicile d’où je te parle… C’est une histoire d’amitié…

ANR : La couverture de votre disque résume cela : vous formez le même esprit… D’ailleurs quel est ton état d’esprit à quelques jours de sa sortie ?

LF : Tout le monde est nerveux ! Tout le monde l’était déjà pendant l’enregistrement car, comme je te l’ai dit, nous n’avons pas eu tant de temps que cela. Nous sommes également curieuses de connaître l’accueil qui lui sera réservé.

ANR : Un adjectif pour qualifier chacune de tes bandmates ?

LF : D’accord !

ANR : Romana ?

LF : Romana ? Gentille !

ANR : Laura ?

LF : Sauvage (Rires)

ANR : Larissa ?

LF : Douce.

ANR : Jeanine (NDA : Grob, la bassiste) ?

LF : Utile.

ANR : Quel serait le sixième membre de Burning Witches ?

LF : Le sixième est Courtney Cox ! C’est la guitariste (NDA : des américaines The Iron Maidens) qui remplace Larissa en ce moment pour nos concerts puisque Larissa est enceinte.

ANR : Cet été justement, Burning Witches seront présentes dans un certain nombre de festivals : le Rockharz Open Air, le Wacken Open Air, le Leyendas del Rock 2023, le Festival Rock Nalon ainsi que le Motocultor… Connais-tu le Motocultor en Bretagne ?

LF : J’en ai entendu parler, ce sera intéressant pour nous d’y jouer pour la première fois, je pense certainement y prendre du plaisir… Y vas-tu ?

ANR : Peut-être.

LF : Haaaaaa….

ANR : Le Motocultor est un authentique festival, tu as du vrai metal, tu as du punk, tu as… Abbath par exemple…  

LF : C’est boooooooon ! Cela me plaît : tu as de la diversité et tous les genres de metal, il doit y avoir de l’esprit et différentes énergies, différents types de musiques, et à la fin de la journée tout le monde est réuni pour s’amuser ! C’est boooooooon ! J’ai hâte d’y être !

ANR : Avant cela vous vous produirez sur la croisière Monsters of Rock Cruise qui aura lieu du 29 avril au 4 mai 2023…

LF : C’est une croisière, un événement important, il y aura également Extreme, Extreme est un groupe célèbre, de la fin des années quatre-vingt et du début des années quatre-vingt-dix…

ANR : J’ai vu Extreme à Paris en novembre 1991, j’avais seize ans…

LF : (NDA : fronce les sourcils) Quel âge as-tu ?

ANR : Quarante… sept ans.

LF : Ooooooooh ! Nous avons le même âge !

ANR : (NDA : fait chut à l’écran)

LF : (NDA : fait chut à l’écran, rires)

ANR : Quand et comment as-tu appris à jouer de la batterie ?

LF : (Sourire) Quand j’avais dix-huit ans. Avant je jouais de la guitare. J’ai commencé la batterie parce que j’aimais jouer la chanson « Sick Boy » du groupe punk GBH. Donc j’ai demandé à mes parents de me payer une batterie, après qu’ils m’aient payé une guitare donc il a fallu que je leur explique que je n’aimais plus ma guitare, que j’ai vendue d’ailleurs afin de contribuer à l’achat de mon kit de batterie (Rires) A ce propos mon kit est toujours aux philippines, il est très très old school, je l’ai depuis… 199… 6 (Rires) Cela ne nous rajeunit pas ! Mais j’ai réellement commencé à en jouer vers 2001 juste avant que je vienne habiter ici en Suisse, puis j’ai pris des leçons, c’est d’ailleurs mon professeur de batterie qui a vu sur Internet qu’un groupe de metal féminin cherchait une batteuse et qui m’a conseillé de postuler… C’était Burning Witches ! Cela a matché et nous avons ensuite réalisé notre première demo de trois chansons, j’ai d’ailleurs rencontré Schmier ce jour-là, j’étais assez soufflée en tant que fan de Destruction depuis toujours, sachant qu’il allait être présent à l’enregistrement j’avais apporté un disque de Destruction pour qu’il le dédicace (Rires)   

ANR : Quels sont tes batteurs favoris ?

LF : Ma plus grande influence est Dave Lombardo. Lorsque j’écoute « South of Heaven » je n’entends que les parties de batterie. C’est si beau et le son est si cru ! Il n’y a pas trop de trucs digitaux dessus… J’aime également Tom Hunting d’Exodus, « Ventor » (NDA : Jürgen « Ventor » Reil) de Kreator, ainsi que… Heu… (NDA : songeuse) le batteur de Carcass, oui…

ANR : Tu m’as parlé à l’instant de GBH, le groupe punk que tu écoutais il y a quelques années : quels seraient tes artistes « non-metal » préférés ?

LF : Non-metal ?!? Whoooooooo j’ai écouté pas mal de jazz… Et de bossa nova… Oui… L’intérêt avec le jazz est que tu peux en écouter à n’importe quel moment de la journée. Si par exemple j’ai envie d’écouter du death metal je ne le ferais pas si j’ai envie de me relaxer… Parfois tu as besoin d’un peu de silence, par contre si tu es excitée tu as besoin d’écouter (NDA : grosse voix) du brrrrrrrutal death !

ANR : Tu es sponsorisée par Istanbul Mehmet Cymbals…

LF : Oui, avant que je rencontre les gars d’Istanbul Mehmet Cymbals et qu’on conclue un partenariat, j’étais de toutes façons une fan assidue de leur travail. A chaque fois que j’achetais du matériel d’Istanbul Mehmet Cymbals j’avais pris pour marotte de conserver leurs emballages plastiques, j’en avais conservé tellement qu’il y en avait (Rires) partout chez moi… Je suis donc très contente de pouvoir être sponsorisée par cette grande entreprise, de former une dream team(NDA : songeuse) C’est si beau… Je suis très reconnaissante envers cela…

ANR : Idem, tu es également sponsorisée par Kirn Custom Drums…

LF : Kirn Drums est une entreprise allemande, il s’agit d’une famille qui est elle aussi (Sic) amie avec Schmier, c’est une entreprise familiale très sympathique que j’ai rencontrée au Baden in Blut (NDA : le festival Baden in Blut Metal Open Air à Platz der drei Länder) au cours duquel avons conclu ce partenariat. Ils étaient intéressés par mon profil car je suis très petite ! Si petite que lorsque j’empruntais le kit de batterie du batteur de Gomorra, l’autre groupe de Damir, l’on ne distinguait que la partie supérieure de mon visage, comme ça regarde (NDA : se masque le visage avec le plat de ses mains ne laissant paraître que ses yeux et ses cheveux noirs) Ils ont été capables de réaliser un kit de batterie adapté à ma taille, donc maintenant tu peux me voir HA HA !

ANR : Es-tu catholique ?

LF : Je suis née dans une famille catholique mais je ne pratique pas, je ne me rends pas vraiment à l’église (Sourire gracieux)

ANR : Je te dis cela car aujourd’hui nous sommes le 21 avril c’est la Saint-Anselme…

LF : (NDA : sur la défensive) Oui, Anselmo de Pantera…

ANR : Un mot à propos de Phil Anselmo ?

LF : Je ne connais pas la journée d’Anselmo mais je connais Pantera, Phil Anselmo est un bon chanteur ! Dans les années quatre-vingt-dix j’avais « Cowboys from Hell » en cassette audio et que j’adorais passer, ma mère qui était institutrice rentrait furibarde de son école parce que tout le quartier profitait de cette musique si forte ! C’était ambiance « ETEINS CA TOUT DE SUITE C’EST TROP BRUYANT ! » (Rires)

ANR : Pour finir un mot à l’attention de vos fans français ?

LF : J’espère que vous autres metal freaks allez écouter et aimer notre nouvel album « The Dark Tower », parce que je pense que c’est un grand disque ! Merci également de votre soutien depuis le début de l’aventure Burning Witches, pour votre amour !

ANR : (NDA : montre une bouteille de Walküre à l’écran)

LF : Quoooooooooooooi !!! Tu as du Walküre !!! C’est notre boisson alcoolisée officielle avec nous sur l’étiquette !!! L’as-tu terminée ?!?

ANR : Oui il y a longtemps…

LF : Je l’apprécie beaucoup… Tu sais, quand j’étais très jeune je buvais du Baileys, et le Walküre est similaire au Baileys, si tu aimes le goût du café c’est impeccable !

ANR : Bon, Mrs Lala c’est déjà l’heure d’y aller…

LF : Hey thank you so much Romain (Rires) J’espère te revoir bientôt !

ANR : Salut Lala !

LF : Okay byyyyyyye !

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