HOT on the rocks!

Interview avec Mike Spreitzer de DevilDriver

mardi/23/05/2023
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Dez Fafara est un gonze affairé. Le chanteur a, d’une part, rejoint son combo culte Coal Chamber pour une presta au Sick New World de Las Vegas le samedi 13 mai 2023, première édition d’un festival dédié au nu metal (System of a Down, KoЯn, Deftones et Incubus en têtes d’affiche) et plus généralement aux sonorités rock-metal de la charnière des années 1990-2000 (Evanescence, Cradle of Filth, Placebo, Monster Magnet…) avec en prime quelques nouveaux venus affiliables (Ho99o9, Spiritbox). Surtout, et pour ce qui nous concerne ici, Dez a d’autre part publié la veille vendredi 12 mai avec son autre groupe DevilDriver l’album studio « Dealing With Demons Vol. II », lequel fait suite au Vol. I d’octobre 2020 également paru chez Napalm Records. C’est avec le dreadlocké guitariste Mike Spreitzer qu’ANR a eu l’opportunité d’en savoir plus par Zoom en début de soirée CET de ce 18 mai… La parole est au six-cordiste groove metal !

 

Art’n’Roll : Bonjour, merci de nous accorder cette interview !

Mike Spreitzer (Guitare) : Hello !

ANR : Première question : j’étais hier à Metallica à Paris…

MS : C’était un bon concert ?

ANR : Oui, une liste impeccable, ils ont commencé avec « For Whom the Bell Tolls »…

MS : Han han…

ANR : Iras-tu les voir aux États-Unis ?

MS : Je n’ai pas encore décidé.

ANR : Le mois dernier vous étiez vous-mêmes en tournée US avec Cradle of Filth, c’était comment ?

MS : Très bon.

ANR : Vous allez remettre cela prochainement non ?

MS : Oui, une seconde branche de cette tournée commune avec Cradle of Filth est prévue pour le mois d’octobre. Les dates ne sont en revanche pas encore arrêtées.

ANR : Vendredi dernier, DevilDriver a publié « Dealing With Demons Vol. II »… Satisfait ?

MS : Très satisfait. Nous avons bénéficié de davantage de temps pour le faire que pour nos précédents albums. Nous avions composé vingt chansons au total, ce qui nous a permis de ne retenir que les meilleures.

ANR : Quelles seraient les différences avec « Dealing With Demons Vol. I » ?

MS : Uniquement une différence de chansons. Elles ont toutes été enregistrées au même moment. Nous ne savions pas alors quelles chansons iraient sur tel volume. Du point de vue du son il n’y a aucune différence. Ce volume n’est que le second d’une session commune.

ANR : Quelles sont la ou les choses que tu as faites que tu aimes le plus dans cet album ?

MS : Nous avons passé beaucoup de temps en préproduction avec Steve notre producteur, une phase toujours négligée par DevilDriver dans le passé. Nous avions pris l’habitude de passer sans transition de mon studio à l’enregistrement une fois les démos et overdubs enregistrés. Je pense que cela a constitué à l’arrivée une différence non négligeable pour ce qui est de la qualité du travail.

ANR : Tu évoques Steve Evetts : quel a été son apport ?

MS : Sa contribution ? Ben c’est le producteur (Rire) Il l’a produit et mixé. Hahem… Plus sérieusement il a apporté son oreille de musicien ainsi que son enthousiasme. Traditionnellement nous trouvions avec Neal (NDA : Tiemann, l’autre guitariste) le son et le rythme en jouant au cours des sessions, le producteur supervisant le tout depuis sa cabine. Steve a voulu cette fois que nous testions les morceaux sur dix amplis différents, de façon plus patiente, afin de trouver une qualité de son unique pour chacun des morceaux. Ce n’est pas une simple amélioration de mes démos comme naguère, mais un travail plus attentif et concerté entre le producteur et les instrumentistes. Le temps alloué nous a de plus permis d’imprimer dans nos esprits des mois durant les projets des morceaux avant de les modifier, de les expérimenter, de les finaliser.

ANR : Quels modèles de guitares as-tu utilisés ?

MS : J’utilise toujours mes ESP. Tu m’as probablement vu jouer de mon ESP Flying V sur scène, mais je ne m’en sers pas en session d’enregistrement car je considère que ce n’est pas le modèle le plus pratique en studio. Sinon j’utilise mon ESP Eclipse qui ressemble à une Gibson Les Paul.

ANR : Tu as parlé des amplis, tu as utilisé quels modèles ?

MS : Peavey 5150 Block Letter, Bogner Ecstasy, Mesa Boogie Mark III, Mesa Boogie Mark IV. Steve Evetts a également apporté un ampli sans nom qu’il utilise depuis des années et qui aurait servi en studio à Nine Inch Nails ainsi qu’à, suppose-t-il, l’enregistrement du premier album d’A Perfect Circle. Il me fait penser au Mesa Boogie Recto 4X12 ; c’est un ampli vraiment mystérieux, dépouillé extérieurement mais bourré de tripes… Nous avons également utilisé d’autres amplis mais, je ne peux pas me souvenir de tous les noms !

ANR : Et les cordes que tu as utilisées ?

MS : S.I.T. Strings, pas mal de gens veulent connaitre mes tirants : 10 / 13 / 17 / 30 / 42 et 62.

ANR : Le choix des cordes a-t-il une influence sur le son d’un album ?

MS : Une petite. Sur la tonalité. J’accorde effectivement un soin particulier au choix des cordes de mes guitares. Oui, cela peut faire une différence au final !

ANR : Tu as évoqué le premier album d’A Perfect Circle, apprécies-tu ce groupe ?

MS : J’apprécie leur dernier album (NDA : « Eat the Elephant », 2018) mais pas autant que les deux premiers. Je n’aimais pas le deuxième au début, il m’a fallu dix ans afin de pouvoir l’apprécier…

ANR : Tu préfères A Perfect Circle ou Tool ?

MS : (Sourire) Cela dépend des fois, j’aime les deux. Maynard (NDA : James Keenan, qui chante dans les deux groupes) est un de mes chanteurs préférés. J’aime tout ce qu’il fait.

ANR : En 2008, DevilDriver a effectué une reprise de « Wasted Years » d’Iron Maiden : qui a eu cette brillante idée ?

MS : C’était une idée du magazine Kerrang!, il s’agissait de réaliser une compilation de reprises d’Iron Maiden par des groupes récents dont nous (NDA : tribute offert à l’achat du numéro 1219 de Kerrang! du 19 juillet 2008. Le lecteur pouvait également découvrir « Remember Tomorrow » par Metallica, « Flash Of The Blade » par Avenged Sevenfold, ou encore « Hallowed Be Thy Name » par Machine Head) Si ma mémoire est bonne nous n’avons pas eu le choix de la chanson à reprendre : ils nous ont approchés et nous ont donné « Wasted Years ». On s’est juste dit « D’accord ! On la fait ! ». Certains membres de DevilDriver ont apprécié le choix du titre imposé, je pense à John Miller et à Jeff Kendrick alors parmi nous et qui étaient de grands fans de Maiden, moi moins tout simplement parce que je ne suis pas un grand amateur de Maiden, j’aime bien c’est tout, tu ne me verras pas écouter du Maiden tout seul chez moi (Sourire)

ANR : Les visages des démons sur la pochette de votre nouveau disque ressemblent à celui d’Eddie the ‘Ead de Maiden…

MS : Oui, tu fais bien de le dire, je n’y avais pas pensé…

ANR : Cette année 2023 marquera les dix ans de votre collaboration avec Napalm Records, ton regard là-dessus ?

MS : Cela nous a été profitable. Ce n’est pas moi qui suis en contact avec Napalm, je l’étais un peu plus avec Roadrunner Records notre précédente maison de disques, et je n’ai pas vraiment la possibilité de voir les gens de Napalm de visu puisqu’ils sont en Europe et moi aux USA. J’apprécie particulièrement le fait qu’ils ne s’immiscent pas dans nos créations et qu’ils laissent DevilDriver être DevilDriver. La décennie passée ensemble nous a été profitable.

ANR : Sur le site Internet de DevilDriver rien n’est indiqué quant à vos prochains concerts en Europe…

MS : Nous avons la deuxième branche de notre tournée commune aux USA avec Cradle of Filth à effectuer en octobre, puis une troisième toujours avec eux en début d’année prochaine, mais je peux raisonnablement te dire que nous effectuerons des festivals en Europe à l’été 2024. Pour l’instant rien n’est gravé dans le marbre.

ANR : Vous avez joué huit fois dans notre capitale, te souviens-tu de la première ?

MS : Heuuuuu… C’était en 200… 5… C’était en 2005 ?!?

ANR : Oui, le 21 décembre 2005 à La Boule Noire à Pigalle…

MS : Je crois me souvenir que c’était le dernier concert de la tournée. Je crois qu’on était également tête d’affiche. Cette salle ressemblait à un long couloir…

ANR : Tout à fait ! Sinon, le 24 février 2013 vous avez joué au Bataclan…

MS : C’était avec Cannibal Corpse je pense…

ANR : Effectivement.

MS : C’est dans ce club qu’il y a eu la fusillade…

ANR : Oui.

MS : Oui, alors je m’en souviens. Cette tragédie s’est déroulée assez peu de temps après notre passage. Quand j’ai lu dans la presse US comment elle s’est précisément produite, je me suis immédiatement remémoré la disposition de la salle, notamment les dressing-rooms. C’était bizarre et dérangeant. Lorsque j’ai lu comment les gens s’étaient enfuis en empruntant les toits, j’ai parfaitement mentalisé la scène parce que j’avais gardé malgré moi un souvenir très précis de notre concert de 2013. Les escaliers, les balcons, la scène, les coulisses, l’allée qui se trouve derrière : je me suis remémoré très clairement ces lieux lorsque j’ai lu les récits de cet attentat. J’ai visualisé.

ANR : Vous avez joué à quatre reprises au Hellfest (2006, 2009, 2012, 2017)…

MS : Ce qui m’a marqué avec le Hellfest c’est qu’à chaque fois que nous y avons joué, c’était plus grand que la fois précédente. C’est un festival qui se porte bien, c’est un festival marrant à faire.

ANR : Est-ce que DevilDriver organise des meet and greet avant ses concerts ? Il y a un débat actuellement à propos de cette pratique rémunérée…

MS : (Rires) C’est un phénomène intéressant ! Les meet and greet ont commencé il y a environ dix ans et… Nous n’avons jamais organisé de meet and greet ! (NDA : se gratte le bonnet, amusé) C’est un bon moyen afin d’entrer en contact avec les fans. C’est avant tout destiné aux fans hardcore !

ANR : Trois mots pour décrire Monsieur Dez Fafara ?

MS : Motivé… Déterminé… Ha… Hum… (NDA : regarde en l’air, souriant) Loyal !

ANR : Tu vis toujours à Santa Barbara ?

MS : Noooooooooon !!! Plus aucun membre du groupe ne vit désormais à Santa Barbara ! Jeff a été le dernier d’entre nous à déménager de Santa Barbara et c’était il y a entre dix et quinze ans de cela… Plus proche de quinze que de dix d’ailleurs… Ouais… Je suis retourné vivre dans ma ville natale non loin de Los Angeles (NDA : Torrance) au cours de l’année 2005 je crois… 2005 ou 2006… Dans la foulée les autres membres du groupe ont eux-aussi déménagé afin de s’installer aux alentours de Los Angeles, Dez a bougé afin de résider non loin de San Diego. Plus personne n’habite à Santa Barbara, j’ai dû d’ailleurs n’y remettre les pieds que deux ou trois fois au cours de la décennie passée, et je n’ai pas spécialement envie de retourner y vivre un jour…

ANR : (Rires) D’accord ! Quel est ton endroit préféré aux USA ?

MS : Hoooooooooo !!! Mon endroit préféré dans mon pays est ma demeure (NDA : très détendu) Tu sais, tourner aux USA n’est pas comme tourner en Europe. Lorsque tu tournes à travers l’Europe tu traverses différentes cultures. Un jour tu te produis dans un pays, le lendemain dans un autre pays, les deux possédant des vibes totalement différentes. Aller d’Allemagne en France, de France en Hollande, et après de se rendre en Italie ou en Espagne, permet de ressentir du jour au lendemain des vibes complétements différentes. Aux USA, tu sais, je ne dirais pas que tout est plat et ennuyeux (Rires) mais à peu près tout ressemble à à peu près tout, l’architecture d’ici craint en comparaison avec celle de l’Europe.

ANR : Merci !

MS : Il y a bien plus d’histoire en Europe, je ne suis pas européen je peux me permettre de le dire, c’est donc plus intéressant d’y tourner que de tourner dans mon propre pays !

ANR : Tes origines familiales sont d’Allemagne ? De Suisse ?

MS : Mon Père est né en ex-Yougoslavie et il est à la base allemand. Il existe une communauté allemande en ex-Yougoslavie. Il est arrivé aux Etats-Unis à l’âge de, je crois, six ans. J’ai de solides racines en Allemagne.

ANR : Où se situait cette communauté allemande en ex-Yougoslavie ? En actuelle Slovénie ?

MS : Je ne me souviens plus du nom de la ville… Je crois savoir que cette ville était hongroise à la naissance de mon Père et qu’elle est devenue yougoslave quelques années après… Ce n’est pas loin de la frontière hongroise, il faut que je vérifie sur une carte…

ANR : Quel est ton pays préféré en Europe ?

MS : J’aime aller en Hollande. Amsterdam et Tilburg… Ce sont mes villes préférées en Europe…

ANR : Tilburg est parfois considérée comme la capitale du metal symphonique : apprécies-tu ce genre musical ?

MS : Non pas vraiment. Dans le genre symphonique, j’aime bien Dimmu Borgir et Cradle of Filth, tu vois ce genre de black metal avec de la symphonie derrière… Sinon il y a actuellement un groupe qui s’appelle Tristania ?

ANR : Oui.

MS : C’est pas mal non plus.

ANR : Quel est ton cartoon préféré ?

MS : (Sourire) Mon cartoon préféré ?!? Voyons voir… Maintenant je te dirais South Park. Quand j’étais môme, allez Tom & Jerry…

ANR : (Rires)

MS : Vous avez entendu parler de Tom & Jerry en France ?

ANR : Oui bien sûr !

MS : Ah c’est vrai !?!

ANR : Oui…

MS : Quand j’étais un petit môme : Tom & Jerry ! J’aime Tom & Jerry !

ANR : Et si Dez Fafara était un cartoon ce serait lequel ?!?

MS : (Rires) Tu veux que je me fasse virer du groupe toi ?!? Allez, laisse-moi réfléchir… Maaaan ! Pfffffff… Je ne trouve pas (Rires)

ANR : Pour finir cette interview, un mot pour les fans français ?

MS : J’ai hâte de vous revoir les gars ! Nous n’avons pas foutu les pieds en Europe depuis… Je crois six, sept ou huit ans peut-être ?!?

ANR : Affirmatif ! Votre dernier passage au Hellfest remonte à 2017…

MS : Nous allons bientôt revenir. Nous avons toujours donné de bons concerts à Paris ainsi que dans les autres coins de France… Donc… On travaille dur afin de monter une tournée et pouvoir vous revoir en 2024 !

ANR : Merci ! Passe une bonne… Journée !

MS : Et toi passe une bonne nuit !

ANR : Ce sera effectif d’ici deux ou trois heures max ! Merci !

MS : Toi aussi !

 

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