Il y a quelques jours, j’ai eu l’honneur de pouvoir discuter avec Victor Pépin, jeune et ambitieux fondateur du Festival 666 qui se déroulera à Cercoux (17) du 11 au 13 août 2023. Un excellent moment au téléphone et un échange riche en informations! Je lui souhaite pour ma part un avenir dans la lignée des grands festivals mais en gardant l’âme qu’il a mise en avant.
ANR : Heureuse de t’entendre ! Pas trop stressé à l’approche de cette nouvelle édition?
Victor : Oui ça approche mais les automatismes sont là parce que c’est notre 4e édition
ANR : Super ! du coup je te laisse te présenter et peux tu m’expliquer dans les grandes lignes comment s’est formé ton projet?
Victor : Alors tout d’abord je suis l’organisateur du festival, j’ai 21 ans, j’ai créé ce festival après plusieurs passages au Hellfest dont celui de 2017 où je me suis demandé comment les organisateurs faisaient pour faire un tel évènement à Clisson. J’ai regardé ce que cela donnerait, à moindre échelle bien évidemment, à Cercoux, je suis allé toquer à la porte de Mme La Maire, je lui ai proposé mon idée et elle a tout de suite adhéré au projet. C’était génial ! Et j’ai donc pu organiser en août 2018, j’avais 17 ans, notre première édition avec Tagada Jones, Laura Cox, Headcharger, etc…et comme elle a correctement fonctionné, on a pu égaliser notre budget, on a survécu donc on a pu faire notre 2e, puis 3e éditions et cette année on organise notre 4e édition.
ANR : Tu as formé le projet, tu étais tout jeune, comment l’idée a germé dans ta tête? De quelle façon as tu démarché les groupes?
Victor : Avec le recul, je n’en étais pas vraiment conscient à l’époque mais il fallait beaucoup de culot, je suis allé voir Tagada Jones après son concert à Angoulême en septembre 2017, j’ai pu rencontrer Nico le chanteur et comme c’est un groupe que j’aime beaucoup, je lui ai demandé si il voudrai être la tête d’affiche de mon propre festival, que j’essayais de monter. Et comme Nico a ce petit côté social, tu vois, il est prêt à aider, on s’est serré la pince et il a accepté de venir jouer chez moi pour la première édition. En fait je pense qu’aujourd’hui si je n’avais pas eu Tagada Jones dès la première édition, le festival serait différent.
ANR: C’est vrai que c’est un groupe super abordable, ils n’ont pas la grosse tête et c’était quasi sûr qu’ils accepteraient de t’aider! As tu pensé à éventuellement démarcher des groupes un peu dans le même état d’esprit, du style Ludwig Von 88 par exemple?
Victor : En fait je n’ai jamais essayé mais pourquoi pas! Ca peut être une bonne idée car c’est un groupe culte des années 80 et ça fait longtemps qu’ils ne s’étaient pas produit donc il y a beaucoup d’attente autour d’eux, mais c’est un groupe qui est très punk alors il faudra que je m’arrange pour avoir une programmation autour qui soit cohérente. Ca ne me dérange pas j’adore le punk !
ANR : Et bien on verra pour ta prochaine édition ! Pour revenir à ton festival, vous êtes combien dans l’équipe? Fais tu appel à des bénévoles extérieurs? Et comment gères tu les infrastructures?
Victor: Alors on est tous bénévoles dans l’association, on est une douzaine – quinzaine à s’en occuper toute l’année, on fait des réunions et le jour J on est une centaine de bénévoles. On travaille exclusivement avec les partenaires locaux pour mettre en place les infrastructures, on a réussit à s’entourer d’associations d’entreprises locale, en fait le festival 666 c’est tout un petit cercle qui travaille main dans la main pour faire cet évènement.
ANR : En gros tu as commencé comme le Hellfest l’a fait et après plusieurs années ils ont réussi à s’agrandir grâce aux locaux, j’espère qu’il en sera de même pour ton festival.
Victor : Merci c’est très flatteur !
ANR : Mais en gardant l’âme de début !
Victor : Oui c’est vrai que j’aimerai que ça grandisse comme le Hellfest bien sûr et j’aimerai dire que c’est vraiment cool pour nous, français d’avoir un tel event, pour les métalleux, qui devient pendant 4 jours un vrai petit enfer, sans avoir besoin d’aller ailleurs, en Allemagne par exemple.
ANR: Oui et cela permet aussi à des plus petits festivals de faire la continuité de la saison et se faire connaitre, il n’y a pas que les gros festivals qui sont importants. Et c’est bien que ce soit un peu partout en France pour permettre à tout le monde de profiter de supers moments!
Victor : C’est clair!
ANR : Et concernant les gens du coin, à Cercoux et autour, ont ils bien adhéré à ton projet? Pas trop de réticences à voir débarquer des métalleux?
Victor : au début c’était pas gagné par que Cercoux est un milieu très rural, le festival 666 double voire triple la population sur le temps d’un week end, c’était donc pas gagné de faire avaler ça aux riverains qui sont habitués à être entre eux, dans un petit village confortable. Surtout quand tu leur dis que des gros métalleux vont arriver, (on connait la réticence habituelle à l’égard du métal), et quand c’est un gamin de 15 / 16 ans qui vient te dire qu’il va créer ça, ça passe difficilement. Mais finalement ils ont bien accepté le projet, ils se sont rendus compte lors de la 1ère édition que le public était très gentil, très respectueux. Du coup, ils sont très contents d’accueillir le festival à Cercoux.
ANR : Il y a eu des répercutions liées au festival au niveau économique?
Victor : Oui c’est sûr, sur le temps d’un week end, ça fait formidablement marcher les commerces environnants.
ANR : Et concernant les logements? Comment gères tu? As tu prévu un camping? Les locaux ouvrent ils leurs maisons?
Victor : Alors je ne sais pas si les riverains accueillent des festivaliers, d’ailleurs je serai curieux de le savoir. Mais nous on ouvre effectivement une zone de repos qui est adjacente au parking et le tout étant à moins de 300m du site du festival.
ANR : Le festival accueille combien de personnes à peu près?
Victor : Alors on a jamais eu la même jauge vu qu’on a toujours grossi, par exemple pour la première édition on avait une jauge de 600 festivaliers on en a fait 400 ce qui était très bien. L’édition suivante, on a fait ça sur 2 jours avec le batteur d’AC/DC et on était sur la même jauge et on a fait sold out sur la 2e journée. On a donc accueilli 200 festivaliers en plus que l’année précédente.
Et 2021, on va fait un gros cap parce qu’on a accueilli 1500 personnes par jour, le festival était complètement en open air cette fois ci et cette année on est à 2000 billets par jour maximum.
ANR : Oui plus va plus tu grossis en fait !
Victor : Et à l’heure où l’on se parle on est à 65 % de billets vendus
ANR : Ça va sûrement bouger, les gens prennent souvent leurs billets en dernière minute. Il reste un bon mois.
Victor : on sait que l’industrie de l’évènementiel a changé, c’est à nous organisateurs de s’adapter en conséquence, on a la chance d’avoir vendu déjà autant de billets, ça veut dire que si les festivaliers prennent effectivement tous leur billet au dernier moment, je pense qu’on sera sold out cette année.
ANR : Je te le souhaite de tout coeur ! De plus tu as une belle affiche cette année, Crisix, Dropdead Dead Chaos, Alestorm entre autres! Comment fais tu pour les démarcher?
Victor : Alors je m’occupe moi même de la programmation, soit je contacte directement les agents soit ce sont eux qui me démarchent ou par exemple pour les plus petits groupes, ce sont eux qui nous contactent par mail et nous proposent leur candidature. Mais en fait pour l’édition 2023, c’est pour nous l’affiche la plus difficile à mettre en place que nous ayons eu, car j’ai voulu faire passer le festival à un autre niveau, à l’étape supérieure, sans être offensant envers mes anciennes têtes d’affiche, mais là je voulais vraiment montrer de quoi on était capable. Et c’est donc pour ça que j’ai essayé d’avoir des groupes comme Alestorm, Lionheart, Dog Eat Dog, etc….
C’était plus dur car il a fallu convaincre l’agent de produire son groupe chez moi et pas dans un autre festival européen alors que d’habitude je n’ai pas cette problématique.
ANR: Est ce que du coup ils adaptent leur cachet? Ils sont plus raisonnables ou ils abusent quand même de la notoriété?
Victor : oui ils essaient toujours, bien sûr, c’est le jeu ! Il y a beaucoup d’articles qui paraissent en ce moment et qui disent que les cachets artistiques explosent, c’est une vérité. Il ne reste pus qu’à espérer qu’ils vont redescendre bientôt.
ANR : Tu as réussi à te maintenir et continuer malgré la pandémie, comment vois tu l’avenir sachant que tu as survécu à cette période difficile pour un festival si récent et un fondateur aussi jeune? Comptes tu t’agrandir encore?
Victor : Alors d’une part j’aimerai me professionnaliser dans l’event, vivre du rock métal en France, on peut prendre le Festival 666 comme un tremplin pour rejoindre une autre structure et du coup trouver un job, ou bien ce que je préfère, ce serait me salarier avec le festival, sachant que le 666 est ma priorité malgré tout. Et bien évidemment je rêve de faire le faire grossir, on le fait déjà tous les ans. Tant qu’on gagne, on joue. Par contre, on a un objectif tous les ans c’est de maintenir une proximité entre les artistes et les festivaliers. On se cantonne à une jauge plus restreinte de ce fait et c’est notre force. Cela permet aux festivaliers de pouvoir rencontrer et discuter avec les groupes au merchandising, par exemple. C’est énormément apprécié par les gens.
ANR : Oui en fait tu joues sur la proximité avec des groupes plus abordables, qui n’ont pas de réticences à se mêler au public.
Victor : Et l’enjeu bien évidemment c’est de garder cet esprit mais en essayant d’avoir une affiche plus ambitieuse sans perdre cet objectif de proximité. C’est un vrai challenge! Donc on essaie d’avoir des têtes d’affiches plus grosses en augmentant la jauge mais sans perdre de vu cet état d’esprit qu’on a instauré.
ANR : En tous cas je te tire mon chapeau car ce concept est super intelligent!
ANR : Petite question subsidiaire : quelle est la proposition de restauration et de boissons sur le site du festival?
Victor : Alors notre espace market comprend des food truck, les stands et le merchandising est distinct de l’espace concert afin de soulager les acouphènes, c’est important que le festivalier puisse se reposer un peu hors du son. Ensuite, l’offre des food truck se compose de 8 variétés qui vont du sucré au salé et du carnivore au végétarien pour plaire à tout le monde. Et concernant les boissons, on propose 3 bières différentes, 2 qui viennent de notre brasseur habituel et la troisième qui vient d’une brasserie locale, elle est excellente et on est heureux de pouvoir la proposer aux festivaliers.
ANR : As tu différents types de possibilité de paiement ou es tu sur un mode de cashless comme sur la plupart des festivals?
Victor : Oui on est sur de cashless, on donne une carte, un peu comme sur l’ancien système du Hellfest, et il est possible de payer sur tous les stands présents sur le site. Mais il est important de prévenir les festivaliers qu’il n’y a pas de distributeurs de billets à Cercoux donc il vaut mieux prévoir à l’avance. Mais la recharge est bien sûr possible par carte bancaire. Ça nous permet aussi une meilleure traçabilité sur les ventes de chaque stand afin de pouvoir s’adapter.
ANR : Il y également un parking sur le site. Quels types de véhicules sont acceptés?
Victor : On a un espace parking et une aire de repos avec des sanitaires. Et pour les caravanes et les camping-cars, on a un espace bétonné prévu à cet effet. Le tout étant situé à moins de 300m du site du festival.
ANR : Je te remercie beaucoup pour ton temps et je te souhaite plein de courage pour les derniers jours et à très bientôt !
Victor : Merci à toi ! A bientôt !