Art n’ Roll : Qu’est-ce que vous avez pensé du concert de ce matin ?
Olivier: C’était un énorme kif
(Entrée de Symhéris, guitariste soliste)
Donc je disais que le concert de ce matin, c’était un super kif. Franchement il y avait beaucoup de monde, on ne s’attendait pas à ce qu’il y ait autant de monde à cette heure-là [le concert a eu lieu à 11h du matin]. Donc déjà énorme surprise là-dessus. Le public a été réceptif, on avait des conditions de jeu exceptionnelles. Moi j’ai adoré ce concert, c’est mon préféré, pourtant on en a fait à l’étranger, au Wacken, au Metal Camp… Au Metal Camp, j’ai adoré, mais là ça surpassait !
Symhéris: On parle bien du concert de ce matin ? Je ne suis pas fou ? Je ne sais pas si tu en as parlé, mais là où je voudrais remercier absolument les gens, c’est d’être venu à 11h alors que tout le monde s’est peut-être mis une race la veille. C’était une surprise de fou parce que nous au départ, on n’était pas très confiants. On s’est dit peut-être qu’ils seront encore en train de dormir. Quand on a vu le monde on s’est dit : « Respect ! ». Là franchement, grosse surprise !!
Art n’ Roll: Et vous êtes arrivés ce matin ?
Olivier : On est arrivés hier parce qu’on voulait faire le tour du festival parce que voilà, c’est cool de faire un petit tour. On voulait aussi rencontrer les équipes techniques pour se briefer pour le lendemain et être plus cools en arrivant ce matin. C’était l’occas’ de voir Europe aussi… On est arrivés hier et on va essayer de repartir demain le plus tard possible.
Art n’ Roll : Vous avez envie de voir qui en particulier ?
Olivier: Moi j’aimerais bien voir Old Dead Tree qui va passer dans pas longtemps, Symphony X, un groupe que j’adore et jamais programmé ici. Après toutes les grosses têtes d’affiches : Kiss, Stone Sour…
Symhéris : Ah oui Kiss ! ZZ Top aussi, ça peut être marrant !
Olivier : En fait tout ce qui est grosse tête d’affiche, même si on n’est pas fans, c’est quand même un spectacle, c’est à voir !
Symhéris : si possible demain Gojira. J’y tiens absolument !
ANR : Vous êtes assez éclectiques.
Olivier : Ben nous deux, ça va. On a des goûts qui se ressemblent un peu. Ça fait longtemps qu’on tourne autour de tout ce qui est Death mélodique (In Flames…), un peu de Thrash avec Machine Head et compagnie. Après c’est vrai qu’on a des goûts assez éclectiques, moi je suis très Heavy Metal moderne (Evergrey, Symphony X, Kamelot… )
Symhéris : Moi j’aime bien le Hard US, le Glam. Bah Kiss j’y vais pas pour rigoler quoi. Alice Cooper tout ça…
Olivier : Après on aime bien tout ce qui est hybride, un peu indus…
ANR : Sur votre site, il y a le clip de « Spasms of Upheaval » [pas évident à prononcer]. Où est-ce qu’il a été tourné ?
O : « Spasms of Upheaval » je sais que c’est difficile à prononcer, on est désolés,
S : On y a réfléchi, on s’est dit…
O : … on s’est dit que ça allait être casse-gueule, mais en même temps, le titre représentait beaucoup de choses..
ANR : Je voulais savoir où il avait été tourné.
O : Alors il a été tourné à Marcoussis en région parisienne.
ANR : C’est vrai ??
O : Oui, on n’est pas partis au Maroc. En fait, c’est une carrière de sable.
S : Pas plus tard que ce matin, on m’a aussi dit « Ah c’est en France ? »
ANR : oui moi je pensais que c’était très loin !
O : Voilà. Le fait est que, pour des questions de budget, on est obligés d’être inventifs et de trouver des plans à droite à gauche. Souvent c’est à partir d’un lieu qu’on trouve qu’on fait tout ce qu’il y a autour. Un lieu qui soit dans notre budget et ensuite on essaye de construire quelque chose. Et que ça corresponde évidemment avec les paroles.
ANR : Et depuis combien de temps vous êtes en tournée ?
O : Pour cet album ? Ben en fait depuis euh… même avant sa sortie parce qu’on testait des instruments avant qu’il sorte.
S : Donc ça a commencé en janvier.
O : Pour Upheaval on a trouvé notre tourneur en décembre 2012 et il nous a rapidement trouvé des dates. C’est une tournée qui a commencé un peu avant parce qu’on a fait des dates de chauffe avant, mais qui a commencé en janvier 2013 et qui continue en 2014. Il y a des dates bookées jusqu’en juin 2014.
ANR : Donc vous tournez quand même beaucoup.
O : Oui pour cet album, on est hyper contents ! C’est ce qu’on voulait. On avait plusieurs objectifs. Le premier c’était de trouver un tourneur et faire pas mal de dates, un autre c’était de jouer au Hellfest, ça c’est fait aussi !
S : C’étaient les objectifs majeurs.
O : Il y en a un 3ème : trouver une première partie d’un groupe international et de partir sur les routes.
S : un autre bon point sur ces dates : certes il y en a beaucoup plus qu’avant, mais il y en a beaucoup plus hors de la région parisienne. On en faisait pas mal, mais voilà, chez nous. C’est bien aussi, mais là on commence à sortir beaucoup, on va dans le Sud de la France, en Bretagne… On essaye de s’attaquer un peu à autre chose, et c’est bien.
ANR : Vous avez eu des dates internationales aussi…
O : Ben le Wacken en 2009, qui est vraiment la Mecque du Metal, là c’était les 20 ans. Le Metal Camp c’était génial. Le lieu est vraiment fou, les conditions étaient géniales. On jouait à 22h sur la Second Stage…
On a été loin, on a joué au Basinfirefest, un gros festival en République Tchèque, on a fait pas mal de festivals en Europe, du coup faire le Hellfest, c’est cool. On a joué aux Metalurgicales, on a fait d’autres festivals en France mais là vraiment…
ANR : d’ailleurs le public français est comment comparé au public à l’étranger ?
O : En fait au Wacken, il y avait beaucoup de Français. Par contre au Metalcamp c’était vraiment cool, c’est pour ça que je disais tout à l’heure que c’était un de mes meilleurs souvenirs. On avait commencé par jouer devant pas grand monde, parce que évidemment : groupe pas connu, à 22h et petit à petit ça s’est rempli. Et on a fini devant un truc blindé, avec des gens hyper réceptifs.
Après les Belges souvent sont vraiment géniaux. On avait fait un festival dans une école, organisé par l’abbé, comme quoi les clichés…
S : Après avec ce qu’on a vu ce matin, on ne peut pas dire qu’en France on soit mous ! Ca dépend des concerts.
O : Ya pleins de facteurs qui jouent…
S : On peut faire la météo : une petite blasitude notée vers la région parisienne mais rien de grave cependant.
ANR : Etre sur la route ça vous donne de l’inspiration ?
O : Ah franchement on est trop crevés pour ça. On a toujours des délires à la con dans les camions qui font qu’on a du mal à être concentrés sur l’écriture.
ANR : C’est plutôt en dehors ?
O : Oui du coup, là on va vraiment s’y remettre. Après le Hellfest on a un autre festival, le Triel Open Air avec Dagoba et The Arrs la semaine prochaine et après on va vraiment s’y remettre. En plus on a un nouveau guitariste, Nils Courbaron. On va redistribuer les cartes et voir ce que ça va donner. On est confiants : on a un très bon guitariste, on a une belle paire de guitaristes maintenant.
[Rires]
ANR : Donc vous enchainez l’écriture, les tournées…
S : c’est dans ces conditions-là qu’a été écrit le deuxième album.
O : Là on a un peu plus de dates, mais on va s’y faire. L’objectif c’est de le sortir le plus tôt possible et qu’il soit bon. Il va falloir être bien concentrés, répéter beaucoup, se voir beaucoup.
On va pas prendre beaucoup de vacances. Il faut enchainer. On a la chance d’avoir un buzz en ce moment. W9 nous suit pour un reportage pendant tout le festival. Il y a vraiment un truc en train de se créer du coup on sent qu’il faut qu’on continue. On ne peut pas être comme Kiss ou ZZ Top qui sortent un album tous les 10 ans. Comme beaucoup de groupes on est obligés d’avoir une actu constante.
S : C’est pas pour nous déplaire, loin de là, mais en tous cas il faut le faire.
O : Ce qui est chiant, c’est les setlists qui vont être un calvaire à faire. Déjà là c’est compliqué. Par exemple on n’a pas pu jouer « Spasms of Upheaval » parce qu’on avait que 30 minutes de set et il fallait qu’on prenne les titres les plus catchy, les plus rentre-dedans. « Spasms of Upheaval » est une chanson un peu plus aérienne, elle prend du temps pour se mettre en place. C’est le seul regret que j’aurais de ce Hellfest, c’est de ne pas avoir pu jouer ce titre qu’on adore.
S : Ah c’est dégueulasse, on n’a pas pu jouer 3 h !
O : On est obligés d’aller au plus concis et au plus catchy.
ANR : Ce sera pour une autre fois !
O : Voilà c’est ça !
ANR : Tu as parlé du nouveau guitariste. Le line up est stable à l’heure actuelle ?
O : On a eu pas mal de changements avant 2008, on tâtonnait, le groupe commençait. Après 2008, quand Clément, le batteur est arrivé, ça s’est stabilisé. On a eu un changement de guitariste en 5 ans, c’est pas non plus énorme. Il est arrivé l’année dernière et c’est un plus indéniable pour le groupe. C’est un excellent guitariste niveau ambiance.
S : De toute façon dès la première date qu’on a faite, on a eu l’impression qu’on était amis depuis longtemps. Le feeling est passé tout de suite. Ça n’a pas eu de conséquences véritablement néfastes.
Il y a des changements de line-up qui sont meurtriers parce qu’on perd quelqu’un d’important. Là c’était très bien avant et c’est très bien maintenant et voilà ça se passe très bien.
ANR : C’est ce que j’ai ressenti pendant le concert, il y a une cohésion, quelque chose de très fort.
O : Ben tu sais, on dort dans les mêmes lits, on partage presque notre brosse à dents.
ANR : Oui je suis d’accord, mais il y a pleins de groupes qui partent en tournée et qui n’ont pas cette cohésion-là.
O : Ecoute tant mieux, on est un peu comme des frangins, on partage tellement de trucs, et puis des trucs fous !
S : Je crois que c’est le jeu Guitar Hero où il est dit que ton groupe, c’est la famille que tu choisis.
ANR : Et depuis 2007, la date de votre apparition sur le sampler de Rock Hard, quel bilan vous tirez des 6 ans à peu près qui se sont écoulés ?
O : Moi je tire le bilan de la fosse qu’on a eu ce matin devant nous.
S : C’est ça. Ça c’est dans nos têtes, dans nos souvenirs. Et les efforts et le travail qu’on a fait pour en arriver là. C’est un mix de tout ça. Tout ce que tu vas sacrifier, donner de toi-même pour quel résultat ? Ce qu’on a vu ce matin, ça en vaut la peine !
O : C’est vrai que c’est des sacrifices énormes sur la vie privée, la vie professionnelle. Tu refuses des boulots qui pourraient être cools mais que tu ne peux pas prendre. L’aspect financier : tout ce que tu gagnes, tu l’investis là-dedans. Et au final des fois, ça arrive que tu fasses des dates qui ne se passent pas bien et là tu déprimes. Tu te dis : « tout ça pour ça ? ».
On a la chance d’avoir beaucoup de dates, donc quand tu as un problème sur une date, tu rebondis assez vite sur une autre comme aujourd’hui. Et tous ces sacrifices, tous ce travail, ça n’a pas été pour rien. Je me souviens d’un week-end où on était en Suisse, il faisait un temps magnifique, on jouait dans une ville où il y avait la montagne. On s’est demandé ce qu’on aurait été en train de faire si on n’avait pas fait de musique. De la console ? C’est vrai que c’est des expériences de fou ! On a croisé Vinnie Paul hier. Entre ça et le Metalcamp où on a rencontré Phil Anselmo et Rex, on a rencontré tout Pantera qui est encore en vie !
S : Et ce matin, on a vu le bassiste de KoRn !
O : Et il était hyper cool ! Tu pourras voir cette photo sur notre Facebook : on lui a demandé si on pouvait faire une photo et il s’est jeté dans nos bras !
Comparé à d’autres groupes, français par exemple, moins connus mais qui vont te snober… Je ne vais pas citer de nom, mais c’est un constat qu’on s’est fait. Des groupes français peuvent avoir un melon un peu plus gros que des groupes ricains qui n’ont plus rien à prouver à personne.
S : Je ne sais pas si c’est le fait d’être français ou pas. C’est une conclusion à laquelle je suis arrivé : souvent les gars qui sont vraiment très haut, tu pourrais penser que ce sont eux les plus salauds, mais souvent, ils sont sympas. Alors que d’autres dès qu’ils ont un peu de public, ils se la pètent un peu. Nous on essaye de pas rentrer dans ce schéma-là. On n’a pas besoin de ça, c’est déjà assez dur comme ça, alors si tout le monde se tire dans les pattes.
O : Par exemple, Dagoba : sur le magazine devant nous [posé sur la table], c’est un groupe avec qui on a joué en 2008. Et derrière, Werther notamment et Franky le batteur, ont parlé de nous dans des interviews. Ils avaient pris le temps de regarder notre set. Ils nous avaient félicités. Et en interview, quand on leur a demandé quel groupe français ils aimaient, ils ont répondu qu’ils avaient joué avec nous et qu’ils avaient aimé ça. Et ça aide ! Lors des Metalurgicales, le programmateur avait lu ce que Werther avait dit.
S : On leur rend la pareille humblement : merci !
O : A notre petit niveau : merci à eux !
ANR : C’est bien qu’il y ait une solidarité !
O : Ça fait du bien qu’il y ait une cohésion entre les groupes français. Et c’est pas si souvent.
ANR : Et avec les fans, ça se passe comment ?
O : On voit sur Facebook que ça grimpe. On n’est pas soulés, c’est hyper cool de faire des interviews. Mais du coup on est descendus de scène, on n’a pas pu les voir. Donc ce soir, j’espère qu’on va pouvoir se rattraper. On a vu tout ce monde avec le t-shirt blanc [au nom du groupe], c’est génial !
ANR : Et justement ce système d’interviews, de communication, c’est quelque chose de très institutionnalisé ou c’est facile à vivre ?
O : Oh pour nous c’est très facile à vivre. Je comprends qu’un mec qui joue dans Kiss sature au bout d’un moment. Mais pour nous c’est génial de rencontrer des gens. Par exemple, on sera amenés à se revoir sur d’autres festivals, en concert… Et c’est marrant à chaque fois de retrouver des gens. Au final, c’est des rencontres et nous, on aime ça.
S : Même sur le Net ! On peut discuter avec les gens. Ça prend un peu de temps, mais on aime bien le faire.
O : On est la génération habituée à ça : on a tous des Iphone…
ANR : ça pourrait être un peu lourd…
O : Ah ben non ! Nous plus on nous sollicite, plus on est contents !
S : Si, ça peut le devenir, mais c’est la faute de personne. Si quand tu arrives, il y a 100 fenêtres qui s’ouvrent, c’est invivable.
O : Tout à l’heure avec Clément, on a fait une interview avec la nana d’un webzine qui était complètement bourrée, elle a commencé à s’allumer une clope. Là du coup, t’as juste envie d’aller prendre une bonne douche. On préfère largement rencontrer des gens souriants ! On a revu un mec qu’on avait vu à Nice quand on y a joué. Les rencontres, ça fait partie du trip. Franchement si c’est juste pour faire un set et rentrer au camion…
Et puis le Metal, c’est une grande famille. C’est à la fois faire un pogo et se rentrer dans le lard et se relever et se faire une bise !