LE DERNIER VOYAGE DU DEMETER
de André Øvredal
Pour cette première chronique ciné chez Art’N’Roll, j’aurais aimé vous parler d’une œuvre incroyable, d’une série B sympathique ; même un gros nanar hilarant parfait pour les soirée pizza/bière ça m’irait très bien. Mais malheureusement l’actualité cinématographique, et plus particulièrement celui de l’horreur, ne nous a pas gâtées ce mois-ci.
Pourtant le concept était plutôt alléchant : adapter sur grand écran le chapitre « Journal de bord du Demeter de Varna à Whitby », du roman Dracula de Bram Stocker. Tout les éléments étaient présent : un bateau servant de huit-clos, un équipage prêt à se faire massacré et une créature tapie dans l’ombre. Le tout porté par André Øvredal, un cinéaste plutôt efficace et habile qui, sans révolutionné le genre, s’est déjà fait remarqué par trois de ses réalisations. Il y a d’abords Troll Hunter, un found footage norvégien plutôt cool, autour de la chasse aux trolls. The Jane Doe Identity, film d’horreur en huit clos autour d’une autopsie très glauque. Et enfin Scary Story, autre film d’horreur que l’on pourrait qualifier « pour enfants », mais sans être niais et étant vraiment flippant pour les gosses. Bref, tous les ingrédients étaient présents pour une bonne recette, mais faut croire que le cuistot avait la gastro au moment de la préparation.
Car Le dernier voyage du Demeter est un ratage total ! Si les 20 premières minutes sont plutôt efficaces pour installer le cadre, et que l’on découvre un jolie casting comme Liam Cunningham (Game of Thrones), David Dastmalchian (Prisoners, The Suicide Squad, Dune) et Javier Botet, spécialisé dans les rôles de monstres (la créature du grenier dans REC et l’homme tordu dans Conjuring 2, c’était lui) ; l’efficacité va laisser la place à l’absurde.
Le premier gros défaut de ce film est tout simplement son écriture : un personnage principal qui sort sa carte « je ne crois pas aux légendes et je vois tout de façon scientifique » le rendant peu intéressant et revu mille fois, qui n’a d’ailleurs pas du tout sa place dans ce genre de récit, le reste de l’équipage inconsistant au possible, des mises en situations qui n’aboutissent à rien, des décisions débiles, des incohérences à la pelle et un non respect de son propre lore. De plus, le découpage ne rend absolument pas honneur à la narration et désamorce chaque moment qui se veut effrayant, où l’on restera de marbre à chaque apparition de Dracula.
D’ailleurs Dracula parlons en. L’idée de lui donner l’esthétique Nosferatu n’était pas mauvaise en soi, si elle évoluait et que cela donnait une certaine logique et respect de l’œuvre originale, mais pas du tout. Ça restera une proposition sans fond, sans évolution. Mais le plus navrant, c’est que Øvredal n’arrive jamais à iconiser sa créature, elle est parfois filmé de façon banale et peu mise en valeur, encore une fois du à un montage un peu surcoupé ; quand on arrive même pas à iconiser Dracula….
On terminera avec une fin aux gros sabots et vite expédiée pour préparer une potentiel suite, mais franchement : on s’en passera.
Bref, Le dernier voyage du Demeter est un immense gâchis, qui passe totalement à coté de son incroyable potentiel, et qui ne rend pas justice au véritable talent de son réalisateur. Il ne restera que ses 20 premières minutes qui promettaient une belle ambiance, ainsi qu’une photographie assez belle il faut l’avouer. Je ne peux que vous recommander ses trois premiers films cité plus haut, et si vous aimez Dracula, vous pouvez toujours revoir la version de Francis Ford Coppola qui restera jamais un grand classique.