Auteur : Danko Jones
Titre : « Electric Sounds »
Label : AFM Records
Sortie le : 15 septembre 2023
Note : 16/20
A l’instar de leurs camarades de promo suédois les Hives, ainsi qu’évidemment d’AC/DC qui apparaît une fois de plus sur cet onzième enregistrement studio comme influence dominante (avec les Stooges), l’art du rusé Danko et de son affable comparse calabro-canadien JC consiste avant tout à innover en faisant à peu de choses près la même chose à chaque disque. Evoluer sans changer. Une question de savoir-faire plus que d’inspiration. La variable d’ajustement entre leurs truculentes concoctions depuis l’initial « I’m Alive and on Fire » de 2001 n’étant finalement que la production. C’est pour cela par exemple que Danko considère les démos de leur « Never Too Loud » de 2008 meilleures que le résultat. Le son. Pour celui d’« Electric Sounds » qui paraît à quelques encablures de la fin de l’été 2023, nos torontois ont reconduit la collabe avec leur compatriote Eric Ratz, recette ayant fait mouche sur leur précédent « Power Trio » d’août 2021. Le rendu s’avère derechef vigoureux, racé, à la fois gras et affuté. Mais aucune véritable différence sonique ou d’ambiance n’est à consigner entre les deux galettes. Une sorte de Janus High Energy. Un « Load » et « Reload » en involontaire. Là s’arrêtera la comparaison avec l’être bicéphale metalliquesque, puisqu’en l’espèce aucune steel guitar, nulle pédale wah wah ou phaser sur la basse de JC, ni piste de dix minutes (la plus étendue des onze dure 00:03:57) et pas non plus de Marianne Faithfull à l’horizon. Non rien de tout cela. Ratz et Danko s’autorisant à la limite menus effets et arrangements, à l’image de ceux du presque post-punk « Good Time », que Danko nous présente en interview comme « la meilleure chanson que nous avons écrite » ; opinion différente de celle du chroniqueur, qui continue de considérer le festif « My Little RnR » de 2017 comme seul apte à cette distinction, accessit au stoogien « Saturday » de 2021 (seule nouveauté de « Power Trio » ayant été incorporée à leur setlist du Hellfest 2022), ex-aequo avec le torride « Tonight is Fine » bourré d’outrecuidants mais jouissifs emprunts au « Hells Bells » de qui-on-sait… Non, hormis quelques quasi-indicibles subtilités nul changement sonore ne sera à signaler.
Si les contrariétés du confinement (« I Want Out »), les conséquences de la mort du malheureux George Floyd (« Raise Some Hell »), de même que les vérités alternatives en vogue des deux côtés de l’océan Atlantique (« Ship of Lies ») avaient pu subrepticement être évoquées par ce grand fou de Danko dans « Power Trio », les paroles d’« Electric Sounds » marquent en revanche un franc retour à la stricte observance de l’immuable trinité rock’n’roll : les femmes (« She’s my Baby ») ; la bamboche (« Get High ? ») ; le rock (« Electric Sounds ») ; les femmes, la bamboche et le rock en même temps (« Let’s Make Out »)… La parenthèse politico-sociétale est ainsi refermée. D’ailleurs « I Came Here to Fuck Shit up and Have a Good Time » (« Good Time ») sera le seul slogan (toutes sociétés humaines confondues) dont on fera l’effort de se souvenir en cette inepte année 2023. Passons à présent aux compos : force est de constater que nos trois spadassins du binaire savent au bout de vingt-sept années de ferraille tailler des rocks efficaces sinon mémorables ; ajoutant à leurs basiques canevas (je n’ose employer le terme « structures ») et entêtantes ritournelles des trucs chipés par ci-par-là : à leurs ainés, AC/DC notamment (le refrain de « Let’s Make Out » fait éhontément penser à celui de… Non je vous laisserai le plaisir de deviner à quel classique…) ; voire au passé récent des trois lurons (« I Like it » ressemble quand-même vachement à « Ship of Lies »…). Leur propos musical faisant à l’occasion chambre commune avec le punk mélodique US (« Get High ? ») et le rock « en The » des années 2000 (« What’s Goes Around », que n’auraient guère renié The Hives). Toutes les chansons étant magnifiées par la voix chaude et puissante du philippin d’origine. Cette bouillonnante marmite consacre en définitive un statu quo tactique. En émerge le tonitruant et inaugural « Guess Who’s Back » (premier simple, également tout désigné pour l’ouverture de leurs concerts canadiens puis européens de cet automne), un mid-tempo archétypal du style Danko, au dessalé narratif de 00:02:41, agrémenté d’un solo cran d’arrêt et résumant sans ambiguïté l’unique message de ce disque chaleureux : le Mango Kid et ses sbires sont de retour !!!