Rencontre avec Mick Velazquez au hard rock café pour la sortie du nouvel album de Stubora.
Merci à Roger de < where the promo is>
Art’N Roll : On se retrouve quatre ans après Horizon Noir. Alors, est-ce qu’on peut dire que c’est votre troisième album ou votre sixième album ?
Mick : On va dire qu’on considère notre album Résurrection comme notre premier album, donc c’est plutôt notre troisième. Il y a plusieurs phases dans l’histoire de Stubora comme on l’avait déjà évoqué.
Cyril avait créé le groupe en 1996 : c’est une première partie hardcore jusqu’au début des années 2000. Ensuite, une deuxième partie où j’intègre le groupe. Musicalement on change d’orientation, on se partage le chant à deux, on intervient tous les deux dans la composition, mais ça ne décolle pas trop. Puis, une troisième phase, à partir de 2014, quand Niala, notre batteur intègre le groupe, là nous avons relancé la machine plus sérieusement. Donc, depuis 2014, on a sorti trois albums et un EP.
Art’N Roll : Vous n’avez jamais pensé à changer de nom ?
Mick : Non.
Art’N Roll : Le fait d’avoir voulu, après Résurrection… ?
Mick : Non, non. On l’avait peut-être vaguement évoqué, mais le groupe était déjà connu dans notre région et ça fidélisait quand même certaines personnes. Il y avait une histoire au niveau de la région dont on est originaires, donc on a préféré garder le nom même si, effectivement, on peut considérer qu’il y a vraiment deux, voire trois histoires complètement différentes.
Art’N Roll : Ce nouvel album a été enregistré encore à distance ? Vous avez chacun votre propre studio ?
Mick : C’est ça, oui.
Art’N Roll : Mais apparemment sur la pochette on voit quand même que vous l’avez enregistré dans un autre studio?
Mick : En fait, on est tous équipés de home-studios, sur la phase de composition — Cyril et moi nous composons principalement — on travaille d’abord chacun de notre côté. On bosse sur des morceaux et une fois qu’ils sont à peu près élaborés, on commence à les partager. Là, on interagit sur les morceaux de l’autre, on va fignoler, proposer des modifications, ou inciter l’autre à revoir certaines parties. Ça, c’est toute la phase de préparation.
Au niveau de la phase d’enregistrement, on enregistre toujours chacun de notre côté, notamment depuis l’EP Vision Obscure qu’on a sorti en 2020 durant la pandémie. À ce moment-là on n’avait pas d’autre choix que vraiment enregistrer chacun de notre côté et du coup, on a gardé cette manière de faire sur le dernier album. Ensuite, c’est Cyril qui centralise tout. La partie production c’est lui qui va vraiment mettre tout dans la machine, et faire principalement le mixage et le mastering.
Art’N Roll : On peut dire que c’est pratiquement votre producteur ?
Mick : Oui, c’est ça. C’est le principal producteur. Alors, nous, on intervient dans le sens où on donne nos avis, on fait des propositions au niveau du mixage, pour des effets qu’on va utiliser, des volumes, etc. et lui, à partir de tout ça, propose des mixages. On en fait plusieurs pour arriver jusqu’au mixage définitif, mais on peut considérer que c’est le technicien du groupe.
Art’N Roll : Par rapport aux mauvaises aventures que vous avez eues avec un producteur, est-ce qu’un jour vous feriez éventuellement appel à une tierce personne ?
Mick : Oui, oui, on pourrait. Maintenant, il ne faut pas le nier, il y a aussi un aspect financier. En autoproduction avec nos home-studios, on peut prendre le temps, ce qu’on ne pourrait pas forcément faire avec un producteur, où on aurait un temps bien délimité en studio. On serait tenus de respecter certains délais et on ne pourrait pas revenir sur des erreurs ou des choses qui ne nous conviendraient pas.
L’avantage d’être équipé du home-studio, c’est que l’on peut prendre notre temps, on peut développer, revenir sur des choses, c’est vraiment l’avantage. C’est sûr qu’avoir le savoir-faire, les connaissances d’un vrai producteur, si on avait les moyens financiers, c’est une option qu’on ne rejette pas !
Art’N Roll : À l’écoute de ce nouvel album, on sent l’énergie, cette volonté, d’être ultra perfectionniste, surtout au niveau des mélodies : on a l’impression que c’est ce que vous avez le plus recherché ?
Mick : Oui, c’est exactement ça. Moi, je suis très attaché aux mélodies, au côté accrocheur. On avait déjà de bonnes bases, mais c’est pour cette raison que l’on n’a vraiment sélectionné que dix titres, parce qu’on a plus de vingt titres de travail pour cet album. Que du neuf, rien qui ne provenait des albums et des sessions d’avant. On a préféré ne garder que dix titres, mais sur lesquels on était satisfaits du début jusqu’à la fin. On a vraiment fait un travail sur les différentes parties. On voulait être satisfaits de toutes les parties, si un break n’était pas satisfaisant, on a retravaillé dessus. Effectivement, le travail des mélodies de chant c’est toujours un des aspects sur lesquels on travaille énormément pour avoir une accroche, faire passer des émotions, des sentiments…
Art’N Roll : Vous écrivez les textes à deux ?
Mick : Oui, mais chacun de son côté, pas à deux mains. Il fait une partie des textes, moi je fais l’autre partie, voilà.
Art’N Roll : On va parler du livret : quand on ouvre le livret ce qui est étrange c’est qu’on voit les titres dans le désordre avec chacun votre photo.
Mick : Oui.
Art’N Roll : Est-ce que ce sont les titres qui vous correspondent à vous ?
Mick : Non, pas forcément. Il y a une histoire de mise en page, mais les titres ne correspondent pas forcément aux photos.
Mick : On est toujours tenus par la mise en page, par l’espace dont on dispose.
Art’N Roll : Pour reparler des textes, ils sont d’actualités ?
Mick : Oui.
Art’N Roll : Vos textes sont toujours sombres ?
Mick : Ce n’est pas très joyeux… oui.
Art’N Roll : Malgré la mélodie, ça parle d’exode , C’est le monde tel que vous le voyez en fait ?
Mick : Il y a un petit peu de tout. Mais, pour revenir à Exode, dont j’ai écrit le texte, ce n’est pas du tout lié à l’actualité. C’est basé sur l’histoire personnelle de ma famille qui a des origines espagnoles. J’ai des grands-parents et des parents qui ont vécu plusieurs exodes dans leurs vies, alors c’est d’abord un hommage que je leur rends par rapport à ce vécu. Mais, justement lorsqu’on écrit, on essaye de rester assez généraliste pour que chacun puisse s’approprier les paroles et effectivement, quand j’ai écrit ce texte, je savais très bien que ça allait correspondre à l’actualité et…
Mick : Oui, ça fait partie de nos influences, alors il y en a diverses, mais c’est vrai qu’on va puiser soit dans l’actualité, soit dans un regard qu’on peut avoir sur le monde, soit dans des expériences personnelles, soit dans des réflexions qu’on peut avoir personnellement sur la vie. C’est vrai que ce n’est jamais très joyeux, non pas qu’on soit des personnes foncièrement pessimistes, mais on va dire que ces sujets lourds de sens nous intéressent plus que des sujets plus légers.
Art’N Roll : Comme ce titre, So sad, on a l’impression qu’il te tient à cœur, c’est personnel aussi ?
Mick : Oui, c’est une réflexion qu’on peut avoir, on a tous la cinquantaine, on a des parents qui vieillissent on se voit vieillir. On commence à avoir d’autres interrogations au fur et à mesure des étapes de la vie et voilà c’est une réflexion sur le temps qui passe, sur comment on va vieillir, ce qu’on va être en capacité de faire ou de ne pas faire ? Oui, c’est lié à, comment dire, une chose qui m’a toujours préoccupée par rapport au fait de vieillir, au temps qui passe, à avoir des petites angoisses par rapport à ça, oui !
Art’N Roll :Le titre nouvelle Génération est taillée pour les ondes FM , j’y ai retrouvé des accents un petit peu, d’un grand groupe australien, si je ne me trompe ?
Mick : AC/DC ?
Art’N Roll : Est-ce que je me trompe ? Ça a été fait comme ça ou pas du tout ?
Mick : Ah non ! Pas du tout !
Art’N Roll : À nouvelle Génération on sent que l’album est en deux parties, on a l’impression que c’est plus hard rock mélodique et que vous déviez un petit peu de votre metal alternatif ?
Mick : Alors, c’est toujours pareil, c’est difficile. On nous demande toujours de définir le style qu’on fait. C’est très compliqué pour quelqu’un qui fait de la musique. On a des influences diverses, nos influences principales sont dans le metal, mais le metal dans toute sa diversité.
Nous sommes deux compositeurs principaux, on se retrouve sur certains goûts communs, mais on a aussi chacun des goûts complètement différents. Cyril va, par exemple, être beaucoup plus extrême dans certains de ses goûts, moi je vais être un petit peu plus mélodique. Je suis très éclectique, j’écoute des trucs qu’on va qualifier de commerciaux, comme des choses extrêmes en même temps.
Mais, metal alternatif… C’est compliqué parce qu’on ne savait pas comment définir notre style alors on a essayé, un peu en rapport aux noms de styles qu’on utilise sur le marché américain, avec des choses comme Tremonti, Alter Bridge, qu’on va qualifier de metal alternatif, on avait l’impression de se retrouver dans des vagues de ce style…
Art’N Roll : Un peu comme la nouvelle vague ?
Mick : Oui, voilà. Après, on ne peut pas se qualifier de metal tout court, c’est trop large, parce qu’on nous demande d’être assez précis. Maintenant, ça ne tiendrait qu’à nous, on dirait qu’on est juste un groupe de metal point à la ligne Oui, de hard rock, voilà. C’est toujours compliqué. Je dirai presque qu’à la limite c’est aux autres de définir notre style, ce n’est pas à nous. On a du mal à prendre du recul par rapport à ce qu’on fait et le mettre dans une catégorie. On ne se pose pas de questions, on ne se pose pas ce genre de questions là ! On compose des riffs et des mélodies qu’on aime par rapport à nos influences. Le but premier c’est de créer des titres qui nous plaisent à nous, qui nous correspondent, après le reste… On ne va pas plus loin que ça.
Art’N Roll : Vous dites que votre carrière s’est faite en trois étapes, alors quelle sera la quatrième ?
Mick : La quatrième ça serait de… On espère avoir franchi un pas. On a été signés sur un label M&O Music distribué par Season of Mist, donc une distribution nationale. Déjà on commence à trouver quelques avantages grâce à ça.
Art’N Roll : De bons retours!
Mick : Il y a plus d’exposition, plus de bons retours. Le but c’est clairement d’être plus exposés de se faire un petit nom en France et de pouvoir décrocher des concerts et des dates plus importantes.
Art’N Roll : Vous avez une tournée et une une release party ?
Mick : Oui, c’est ça. Pour le premier jet, de la tournée on se concentre sur le Grand-Est et on joue six, sept dates. On a débuté la semaine dernière sur cette région. Oui, ce sont beaucoup de cafés ou de petites salles, des associations qui nous font jouer. C’est notre région d’origine où on a pas mal de contacts et de gens qui nous suivent. Pour la deuxième phase de la tournée, qui en train de se mettre en place et pour laquelle on a quelques dates confirmées, mais pas toutes encore, on aimerait pouvoir faire une vraie tournée
Art’N Roll : Faire une vraie tournée, dans de vraies salles?
Mick : …décrocher des premières parties si c’est possible.
Mick : Voire, être à l’affiche de festivals en début d’été prochain. C’est sur ce quoi on travaille actuellement.
Art’N Roll : En parlant de tournée, est-ce que tu aurais une position par rapport à un budget ? En ce moment il y a un buzz sur le net avec le crowdfunding d’un certain You tuber ?
Mick : Ah ? Je n’ai pas suivi. Non !
Art’N Roll : Alors pour un petit groupe comme vous qui demande, vraiment vous créez de la musique. Est-ce que ce n’est pas difficile à l’heure actuelle pour vous d’organiser une tournée ?
Mick : Oui. C’est difficile.
Art’N Roll : Est-ce qu’éventuellement vous pourriez mettre en place comme beaucoup de gens une contrepartie ?
Mick : Honnêtement, on n’a pas trop réfléchi à cet aspect là ! On est des passionnés avant tout, dans notre manière de fonctionner…
Art’N Roll : Vous avez seize ans de carrière !
Mick : Oui, oui, et on perd de l’argent clairement ! Mais, on le fait parce qu’on prend du plaisir avant tout et qu’on est passionnés. C’est vrai que c’est peut-être une piste à exploiter, ce que l’on n’a pas fait pour l’instant, ce n’est pas une chose à laquelle on a pensé. Après, ça dépend toujours des budgets, on va être limités, on sait très bien qu’il y a certaines premières parties sur des tournées qui sont payantes. Ce sont des très gros budgets et on ne peut clairement pas se le permettre, à notre niveau.
Art’N Roll : Le quatrième album sort le 27 octobre ?
Mick : C’est ça oui.
Art’N Roll : Si tu as un mot à ajouter pour défendre ce nouvel album ?
Mick : Ce que j’ai à dire, c’est un petit peu ce que dise tous les groupes quand ils sortent leurs albums, mais, voilà : on a essayé de pousser au maximum dans la qualité de composition, c’est pour ça, encore une fois, qu’on a sélectionné un peu moins de titres que d’habitude. On avait tendance à faire douze, treize titres, là on est à dix. On a préféré plus de qualité, des titres dont on soit entièrement satisfaits et voilà on espère trouver un public plus large. Venez écouter, n’hésitez pas à vous connecter sur les plateformes d’écoute. Notre album va être disponible et distribué dans toutes les bonnes enseignes comme on dit ! Et puis voilà, les retours sont déjà hyper positifs, on pense qu’on a quelque chose de qualité à proposer et on espère que les auditeurs seront là au rendez-vous.
Art’N Roll : Merci à toi !
Mick : Merci beaucoup.