Ouija : les origines fait partie de ces anomalies du cinéma, mais comme on aimerait en voir plus souvent. Pour faire simple : il y a eu le premier Ouija, bon gros nanar d’horreur et sans intérêt qui a pourtant cartonné au box-office. Du coup, ils tentent une préquelle mais en rajoutant une donnée qui va tout changer. Cette donnée s’appelle Mike Flanagan, et c’est la meilleur décision !
Pour ceux qui ne connaîtraient pas cet auteur, Mike Flanagan est considéré comme une des nouvelles valeurs sûres du cinéma fantastique et horrifique, qui s’est distingué avec The Mirror, Ne t’endors pas et Ouija : les origines, dont nous allons parler. Mais c’est surtout en 2018, avec son incroyable série The Haunting of Hill House, que Flanagan donnera un énorme coup de marteau dans le genre de l’épouvante, puisque elle sera considérée comme l’une des meilleurs séries d’horreur de ces dernières années ; et c’est totalement mérité. Mais, pour l’instant, nous sommes en 2016 et notre cher Flanagan doit se retrousser les manches pour rehausser le niveau du précédant Ouija et proposer aux spectateurs un pur moment de frayeur. Il se trouve que l’homme non seulement ne manque pas d’idées mais surtout affirmera sa patte esthétique et thématique qui le suivront tout au long de sa carrière.
Pour commencer, le film se passe en 1967 et on y retrouve quelques touches esthétiques rappelant les films de cette époque, notamment l’apparition des fameuses « brûlures de cigarettes » et l’ancien logo d’Universal ; surtout Flanagan commencera à travailler sa fameuse touche en terme de mise en scène puisque ce dernier joue très peu sur les « jumpscare » et mise tout sur une ambiance dérangeante, tendue. Mais surtout, ce qui fait la grande force de ce réalisateur et de son film, c’est qu’il joue sur le timing de ses cadres et sur tout ce qui se passe en arrière-plan : le danger n’est pas perçu au premier coup d’œil mais vous savez que vous avez vu quelque chose. Cette idée, traitée avec brio, instaurera toujours un sentiment d’insécurité, car la peur peut être n’importe où, elle vous observe, elle n’a pas besoin de vous hurler dessus. Certains plans semblent même s’inspirer du très célèbre court métrage « Lights Out » de David F. Sandberg.
Flanagan utilise très régulièrement la tragédie familiale pour que son histoire possède de meilleurs enjeux, rendant l’histoire plus intéressante et impliquant le spectateur. Cette famille vivra un deuil à travers trois points de vue : la mère tentera d’avancer en étant maline sur ses arnaques, forte et humaine pour ses enfants. L’adolescente veut vivre sa vie de jeune femme et la jeune fille, qui aimerait revoir son père une dernière fois, sera une enfant attachante et sensible pour ensuite basculer en un personnage sadique et malveillant car possédé par une entité démoniaque. Mention spéciale à la jeune actrice Lulu Wilson, bluffante de tendresse et de terreur en une séquence, comme quoi des effets hors de prix ne sont pas nécessaires pour faire peur : il suffit de savoir écrire, de bons interprètes et de bonnes idées, et PAF ! On a un film d’horreur qui fait plaisir.
Ouija : les origines est donc une bonne surprise, qui avait comme point de départ un nanar vide de tout, mais en laissant les rênes à un réalisateur impliqué, talentueux et qui possède un vrai point de vue sur le genre qu’il investit : on peut en sortir un film capable de nous faire frissonner, voire même de nous marquer via quelques plans bien pensés. Mike Flanagan montrait déjà un aperçu de son univers et de son talent et il faudra que Netflix vienne frapper à sa porte pour en voir la totalité… mais ceci est une autre histoire.