Sachez le, je suis un énorme défenseur du cinéma de genre français. Si certains réalisateurs minables comme Mathieu Kassovitz estime, je cite « le cinéma français, c’est de la merde », c’est qu’il est temps d’arrêter de faire la fine bouche et de voir les vrais qualités que l’on peut obtenir d’un film de genre français, pour peu qu’on arrête de le lapider au moindre défaut qu’on serait pourtant capable de pardonner dans un blockbuster US (ça marche aussi pour les fans de Marvel). Et il se trouve que Mathieu Turi est plutôt un habitué du genre, vu qu’il compte à son actif 3 films d’horreur en comptant Gueules Noires. Il commence avec le survival Hostile, puis le huis clos claustrophobe Méandre, et vient enfin ce film avec un excellent contexte : les mines de charbons dans le Nord de la France, dans les années 50. Non seulement, Turi possède un excellent contexte mais en plus il n’hésite pas à citer Lovecraft, et ça dans un film de genre français ; ça fait paisir.
Nous suivrons un jeune mineur marocain, fraîchement débarquer dans les mines de charbons pour gagner sa pomme, sauf que pour sa première mission, il va devoir descendre à plus de 1000 mètres dans les profondeurs avec une équipe, le tout supervisé par un scientifique afin de faire des fouilles archéologiques, qui évidemment vont mal tourner. Un pitch déjà vu, mais avec le contexte des mineurs français qui bénéficie d’une excellente présentation des lieux et des personnages : on sait quel sera l’ambiance du film, et chaque personnages est très vite caractérisé quitte à être légèrement caricaturé. D’ailleurs, l’idée des mines est une excellente idée pour jouer sur l’obscurité et le manque de repères dans des couloirs qui se ressemblent. D’ailleurs, le réalisateur jouera beaucoup sur les lumières que les mineurs possèdent sur leur front, ça permettra même à une séquence d’horreur plutôt excitante, avec un jeu de flash d’un appareil photo.
Mais une fois que tout ceci est installé, Gueules Noires va être confronté à ses premiers problèmes, à commencer par sa créature. Si son apparition se fait, à mon sens, beaucoup trop tôt, c’est son design qui navigue entre le chaud et le froid. Son esthétique peut fait penser à du H.R. Giger, mais elle manque terriblement de consistance et de matière, et surtout on sent la marionnette derrière. Si il est toujours très noble de privilégier le latex que les CGI, il serait bon aussi de ne pas sentir les 2 stagiaires en train de manipuler la créature. Pourtant, ça partait bien car comme je le disais, le réalisateur n’hésite pas à citer Lovecraft avec les Grands Anciens, et clairement c’est une créature qui aurait pu faire partie de cette univers. Mais au moins, elle nous permettra d’avoir de bonnes séquences gores, dont une qui sera même utilisé d’un point de vue narratif, et qui sera excellente. Et surtout, ce qui risque de laisser les gens sur leur faim, c’est la fin qui est horriblement expéditif, comme si Turi n’a pas pu finir son film avec le budget nécessaire et qu’il n’avait d’autres choix que de finir rapidement. Un peu comme quand vous devez rendre un devoir, vous avez taffés pour faire une copie correct mais il vous reste 5 min pour la conclusion ; donc forcement on speed n’importe comment.
Gueules Noires est une œuvre ambitieuse, avec un excellent contexte sociale et historique, avec de multiples références bienvenue. Mais qui va pécher par sa créature qui manque de finition, ce qui peut la rendre un peu cheap ; et surtout le film manque d’une vraie conclusion permettant ainsi d’avoir une histoire prenante de bout en bout. Mais on peut saluer les intentions de Mathieu Turi car, quand bien même le film est imparfait et manque parfois de moyens, il aura tenter d’apporter des choses dans le paysage de genre de français, et on en a grandement besoin.