HOT on the rocks!

Interview avec Nico de Voice of Ruin

samedi/16/12/2023
620 Views

Cold Epiphany, le dernier-né de Voice of Ruin, est sorti le 1e décembre. A l’occasion de leur passage à Paris, j’ai pu discuter avec Nico le guitariste, qui nous parle de l’album, du groupe et bien plus encore. Une discussion qui m’a laissé parfois sans voix tant j’étais absorbée dans l’écoute. Un moment fascinant et intéressant où Nico laisse sa passion s’exprimer.

Merci à ‘Where the promo is’

Bonjour Nico. Ravie de pouvoir te parler. Voice of Ruin est un groupe qui a déjà quinze ans! Comment résumerais-tu toutes ces années en terme d’évolutions, de challenges ? Si tu étais là depuis le début ou s’il y a eu des changements ?

 Salut! Je suis arrivé dans le groupe en 2015. Tout le line-up actuel date de 2015-2016. Cela fait environs huit ans qu’on est tous ensemble comme ça. Il y a eu deux vagues : les membres fondateurs et le renouveau à partir de 2014/2015. C ‘est assez marrant pour nous car les anciens membres sont toujours très présents dans la vie du groupe, ce sont toujours des amis, on les voit pour des sorties ou des mariages. C’est comme une famille autour de nous. Donc en termes de changement, c’est plutôt cool.
Relancer un groupe qui a déjà un passif de plusieurs albums et surtout quand il y a un changement de line-up, c ‘est toujours un gros challenge, d’autant que je suis arrivé à une période durant laquelle trois membres ont changé. Il faut ressortir des albums avec ce nouveau line-up, il faut prendre en compte les changements d’envies et de compos, et les tournées. On est amateur. On a tous des jobs à coté.

Cela explique la différence très marquée de style et de ton depuis 2017 avec Purge and Purify, puis Acheron et ce nouvel album.

Complètement différent effectivement. Avant, c’était plutôt une ambiance entre potes, on faisait du hard et on se prenait pas trop au sérieux. Maintenant, on fait les choses de manières différentes. Avec l’arrivée de Dario et de Daryl, on s’est dit qu’on allait faire les chose un peu différemment. Les parties rock ce n’était pas vraiment notre truc, même si on adorait car on connaissait Voice of Ruin et on appréciait ce côté rock. On a préféré changer, pour nous, et du coup les albums sonnent vraiment différemment depuis.

Quelles sont les choses que tu retiens depuis ton arrivée dans Voice of Ruin?

Ce que je retiens, c’est qu’on a toujours de bons moments, entre potes. On a eu la chance de jouer avec des groupes dont on avait les posters quand on était plus jeune. J’ai le souvenir d’avoir joué deux fois avec Sepultura, c’est un rêve de gosse ! J’avais les posters dans ma chambre. C’est fou ! Contrairement à d’autres groupes connus avec lesquels on a pu jouer, on a pu passer du temps avec eux, ils sont venus nous rejoindre backstage et on a pu boire quelques bières avec eux. Je retiens aussi les voyages et les festivals à travers le monde : je me rappelle qu’on est allé jouer en Inde et au Népal pour une tournée [octobre et novembre 2017]. Tu te dis que c’est un peu bizarre, mais en fait pas du tout: ils adorent le metal ! C’était fou de tourner là bas, je n’aurais pas visité le pays autrement. On a pu aller enregistrer dans des studios tops : au Pays de Galles et en Suède. C’est une super aventure humaine, avec tous les bons moments et aussi les galères qui vont avec. On voyage beaucoup, et d’une manière super cool. On fait de la musique et on s’éclate.

Revenons à l’album. Vous avez déjà frappé un gros coup avec Acheron, qui possède une intensité incroyable, et même les critiques étaient unanimes. Comment avez-vous relevé le challenge pour Cold Epiphany, en terme de compos, chant et cetera ?

Déjà, il a eu le covid. Pour Purge on est allés au Pays de Galles et on a tourné beaucoup, idem pour Acheron: on est allé en Suède et on a fait une tournée. Et là d’un coup, tout s’arrête net. On était un peu « cramés », car on avait investit et sacrifié beaucoup de temps et bien sûr, tout se fait en dehors de nos boulots respectifs, et de nos vies privées aussi. D’habitude, je fais des choses chez moi, des demos et des riffs que j’envoie aux autres et chaque membre du groupes me donne son avis. Cette fois, pour commencer à composer, on a pris une maison et on avait rien. On était juste ensemble, on a défini ce que l’on voulait faire et surtout plus faire du tout. A partir de là, on a fait une première session, j’ai composé des morceaux, on a fait une dizaines de démos. Puis on a fait une deuxième session, on s’est réuni dans un local où notre batteur travaille, on a fait de nouvelles démos. On a fait en tout trois sessions et une quarantaine de démos. On a vraiment composé ce que l’on voulait pour l’album et ensuite on est parti enregistrer dans le studio de Nicolas Haerri. On a pris environ quatre ans mais c’était le temps nécessaire pour faire les choses comme on voulait: composer des chansons avec juste la voix d’abord, et composer la musique après.

Cold Epiphany me semble beaucoup plus mélodique que les albums précédents, surtout le morceau « Cyanide » qui est très mélodique. C’est donc la composition qui a marqué ce tournant?

C’est rigolo, car tu n’es pas la seule à nous faire ce retour alors qu’on voulait faire un truc plus basique et plus brutal. On voulait revenir à ce que l’on faisait sur Purge. Sur Acheron avec Dario, on avait beaucoup plus d’instrus mais on n’avait pas eu le temps d’aller jusqu’au bout quand on était en Suède. Cette fois, cela faisait partie de la composition du début et « Cyanide » fait partie des titres où j’ai mixé des violons, les plus forts de l’album. c’est ce qui donne ce côté mélodique actuel des chansons. Les synthés et les instrus ont été beaucoup plus pensés et peaufinés, et ce, dès le début cette fois. Certaines chansons comportent des riffs dont la seule fonction est d’être le mur sur lequel vient se coller la couche de peinture. C’est vraiment ça, la grande différence, on a pensé énormément de choses en amont et différemment au lieu de juste intégrer des riffs de guitares.

Complètement un autre process, c’est très intéressant.

Complètement. Le fait de pouvoir être chez nous, d’avoir le temps de composer, ça change tout. D’habitude, on va en studio, on a trois semaines et juste trois ou quatre jours pour enregistrer la voix. Le chanteur subit toute la pression. Là, c’est l’inverse. On a fait dix-neufs sessions ! On a pris notre temps, on faisait une session voix et, si ça n’allait pas, on faisait autre chose et recommençait deux jours plus tard. C’était la première fois qu’on n’avait pas de contrainte de temps ni de contrainte de producteur qui nous disait que non ça, ça n’ira pas et qu’on devrait plutôt faire comme ça.

Vous allez continuer sur cette lancée et faire de même pour les prochains albums ?

Ouais, on va faire comme ça. Maintenant que le process a évolué, on va peut-être sortir plus régulièrement, pas recomposer un album mais plutôt sortir des singles. C’est un renouveau. On a besoin de continuer à développer tout ça. On a envie de voir où cela va nous mener. Sans la contrainte d’avoir à faire un album. Cela dit, je reste attaché au concept de faire un album même si je sais que, pour le groupe, cela n’a plus aucun sens. Très peu de gens, aujourd’hui, écoutent les albums entièrement. Il vaudrait mieux faire des release TikTok mais ce n’est pas pour ça qu’on fait de la musique (rire) !

Vous avez eu des influences particulières pour cet album?

Oui. On a toujours cette discussion récurrente dans le groupe : on aime tous les mêmes choses mais on a des influences si différentes que, quand on veut apporter nos influences, c’est toujours la guerre. L’influence majeure était plutôt au niveau de l’ambiance, on voulait des morceaux plus lents. C’est le cadre qu’on s’est donné pour faire l’album. Pour les riffs de guitares, c’est très mélo death, on ressent l’inspiration de In Flames, de the Halo Effect mais aussi de Sylosis ou de Trivium. C’est autour de cela qu’on gravite. Dario le batteur il aime les trucs plus progressifs du type Leprous. On se rejoint tous sur des groupes comme Gojira ou Slipknot. C’est assez varié. Au final on voulait une ambiance plus lente et plus lourde, même s’il y a encore des titres un peu plus rapides on reste des fans de musique death et thrash. Voilà les influences.

Maintenant que l’album est là, j’imagine que vous avez déjà des dates et peut-être une tournée de prévue?

Oui, On se focalise d’abord sur le vernissage [à l’Usine à Gaz le 15 décembre] dans notre « home town » comme on dit en Suisse à Nyon, entre Lausanne et Genève. Le groupe est originaire de cette région, on fait notre vernissage là-bas, par tradition, même si aucun de nous n’y habite. Après, on a plusieurs dates prévues en France et on est à Paris aujourd’hui pour boucler ça justement. La plupart de nos concerts sont prévus pour 2024. Malheureusement, je ne peux rien dire de plus.

Je demandais afin de savoir s’il fallait être aux aguets pour ne pas vous rater.

On revient en France en 2024. C’est un de nos objectifs principaux car c’est un des pays où on tourne le plus et on est toujours hyper content d’y jouer. On veut clairement y revenir pour le début d’année prochaine.

En parlant de jouer en France, y-a-t-il un endroit où vous n’avez pas encore joué et où vous aimeriez vraiment vous produire ?

Je réfléchis Une salle où j’aimerais vraiment jouer, c’est à Lyon, au Transbordeur. J’ai toujours trouvé que c’était une salle superbe, la configuration est hyper bien. Sur Paris, on a déjà beaucoup joué, mais la Maroquinerie c’est une très belle salle, j’aime bien l’ambiance. Et le Bataclan aussi, on est passés devant pour venir au Feelgood, ça reste une salle mythique.

Si tout était possible, vous rêveriez de jouer ou de tourner avec qui ?

Selon chaque membre du groupe cela pourrait changer mais là ce sera mon choix. (rires) Pour moi, ce serait Slipknot, sans hésitation. C’est le plus grand groupe de metal du monde avec Metallica. Comme on est plus en 2008, je n’aurais pas vingt-sept milles trolls qui vont me pourrir dans les commentaires (rires). Je pense qu’il y a peu de groupes qui peuvent avoir leur propre infrastructure pour leur tournée, leur propre festival, et mobiliser autant de gens. Pour moi, c’est le groupe qui m’a fait aimé le metal extrême, comme beaucoup de ma génération.

Avant de conclure, aurais-tu un artiste, un groupe ou même un film que tu aimerais recommander à nos lecteurs? Quelque chose qui t’as marqué recemment?

Un film… Je dirais the Oufit: c’est l’histoire d’un tailleur et tout tourne autour de la mafia. C’est un huis clos franchement hyper cool. Comme artiste, j’ai découvert récemment Kordhell, du fonk mais en version un peu électro. C’est un membre d’Anaal Nathrakh, le guitariste,  qui est derrière ce projet. C’est vraiment hyper cool. En l’écoutant, je me suis dit  » c’est marrant, c’est construit comme un morceau de metal et il y a quelques samples qui sont clairement du Rammstein. Le gars, il est clairement metalleux, c’est paspossible autrement ». C’est comme ça que ça a éveillé ma curiosité et que je suis allé rechercher qui était derrière tout ça.

Pour terminer, as-tu un mot à faire passer pour vos fans ?

Je vais faire un petit peu de promo. On a un nouvel album qui sort bientôt. N’hésitez pas à le streamer, écoutez-le, achetez-le, piratez-le. Si vous venez nous voir en concert, faites-nous un retour sur la musique. On adore savoir ce que les gens pensent, en bien ou en mal, on est très ouvert là dessus. On veut juste continuer à faire de la zik et que les gens aient envie de venir nous voir.

 

Jehleen pour Art’N’Roll
Interview réalisé le 21 Novembre.

Leave A Comment