Rencontre avec Raphael Fournier de Slaves of imperium.
Merci à Roger de ‘ where the promo is’.
Realisè au hard rock café .
ANR : Merci Raphael de me recevoir … Alors déjà le titre du groupe, Slaves of Imperium », vous n’avez pas trouvé que c’était un peu long comme nom de groupe ?
Raphael : Ah tu trouves que c’est long ? Moi je ne trouve pas, je trouve que ça fait comme une phrase, un slogan … Je trouve que « Slaves of Imperium » le temps de le lire, je trouve que ça claque d’un point de vue sonore, après on n’a jamais trop de soucis par rapport à ça, c’est au niveau de la longueur de la typo ou de la prononciation … ?
ANR : Eventuellement, plutôt dans la longueur
Raphael : Je ne sais pas, c’est la première fois qu’on me dit ça, c’est intéressant
ANR : c’est un nouveau départ pour « Slaves of Imperium » ?
Raphael : Non je pense plutôt que c’est continuation du chemin qu’avait pris le premier album et le troisième album, ça sera un peu comme une clôture d’une saga de trois albums sur les mêmes thèmes du cynisme, de la folie et du placement personnel dans la société et donc, ce n’est pas un renouveau du tout, c’est la continuation logique du concept qui a été commencé.
ANR : On a l’impression que chacun a pris ses marques … Chacun a ses influences … est-ce que c’est fois-ci vous avez tout regroupé pour faire cet album ?
Raphael : Bah cet album a eu plus de maturité que le premier dans le sens où on a composé les morceaux du premier et deuxième quasiment en même temps et donc il a eu un an et demi de plus pour maturer en répétition et que les influences de chacun et les petites touches personnelles que chacun pouvait mettre dedans … Donc oui, il est plus représentatif que ce que « Slaves » peut faire à l’avenir.
ANR : Et vous avez mis plus de temps à le sortir ? En raison certainement de la pandémie, de 2019 jusqu’à aujourd’hui ?
Raphael : Au niveau du temps de production, on était à peu près sur les mêmes durées mais il faut bien en sortir un et puis un autre et on a laissé le temps de faire les choses qui étaient suffisamment bien faites pour qu’on n’ait pas de regret par rapport à la production, donc ça s’est mis en place dans un planning, on a suivi ce planning-là et voilà c’est sorti ! Mais on n’a pas cherché à pousser trop non plus et ne pas finir comme des groupes comme « Tool » qui prennent quinze ans à sortie un album et au final le résultat est aussi bien que s’ils l’avaient fait en deux ans.
ANR : Le titre de ce nouvel album c’est le reflet de notre société d’aujourd’hui ? Waves of Cynicism … Le cynisme d’aujourd’hui et tout ce qui nous entoure en fait ?
Raphael : Surtout que le constat que les gens sont hypocrites à toutes les souffrances et toutes les choses qu’on voit au quotidien dans notre cercle très proche…chez le voisin… les horreurs qu’on voit, on glisse ça sous le tapis et on va s’offusquer des guerres à l’autre bout du monde alors qu’il y a des choses grave qui se passe et on n’y fait rien, on les occulte et je trouve que ce cynisme-là fait mal. Nous on veut justement remettre la tête en face sur ces problèmes-là en parlant de choses très concrètes, de faits divers ou d’histoires personnelles par le biais du cynisme justement.
ANR : Vous faites parti de cette nouvelle scène française, est-ce que tu le ressens avec tous ces nouveaux groupes qui sortent comme Death decline , cette nouvelle génération.
Raphaël : Nous ne sommes pas politiquement engagés avec le groupe même si chacun à ses opinions politiques d’ailleurs assez variés, c’est intéressant, on parle beaucoup de tout ça ensemble mais notre musique est plus accès sur les émotions que l’on peut ressentir en tant que personne, on ne va pas faire de politique ou dénoncer des phénomènes ou quoi, c’est vraiment de la sociologie, de la psychologie notre approche musical et retransmettre des émotions très fortes intimement. C’est pas tant politique que ça.
ANR : En parlant de ce nouvel album, quel est votre façon de composer ? Vous vous rassemblez ? Chacun amène ses propres idées ? Quel est votre façon de travailler ?
Raphael : Déjà on a un studio pour faire les répétitions où on se retrouve une fois par semaine et quand on est en phase de composition, parfois ça peut être n’importe qui qui ramène une maquette ou un idée qui est suffisamment aboutie, ça peut être juste un riff en fait, mais la plupart du temps c’est déjà des maquettes parce qu’on a des home studios donc on peut déjà faire des petites bouts de maquette chez nous, on les amène et puis si ça prend, on les joue instinctivement comme ça par-dessus la démo et on finit par faire des finitions avec les touches de chacun… Parfois ça peut être des reprises au niveau de la structure, un rajout d’une mélodie comme un tierce ; des choses vraiment mineures; mais ça garde quand même le concept de base de la personne qui a apporté le morceau et on essaye de garder l’essence de la composition de base. Mais globalement, on est trois, Cédric qui ramène beaucoup le côté texte et des chansons un peu plus « death/mélo ». Il y a Matthew qui a son approche un peu plus Machine Head qui vient avec des gros riffs et des solos et moi, j’ai l’approche un peu plus « black/progressif » qu’on peut aussi entendre dans l’album. Donc on est trois mais ça n’exclut pas que d’autres le fassent, chacun ramène une idée et après, on la retravaille tous ensemble mais et plus on a de temps pour la retravailler en studio de répèt’ plus la chanson devient intéressante.
ANR : Un album composé en deux parties, on va commencer par le premier morceau « Parasites » qui plonge directement dans un metal des années 90, on pense à Loudblast, on pense à Celtic Frost avec les albums « Planet Pandémonium » et « Into the Pandemonium », je ne sais pas si c’est ton ressenti ou si c’était voulu ?
Raphael : Alors Celtic Frost, j’ai jamais entendu cette référence avec « Parasites » mais oui il y a une base de toute façon old school et les références old school qu’on a des années 90 des groupes comme Machine head… Sepultura aussi qui ont un groove et une lourdeur qu’on a du mal à retrouver aujourd’hui sans que ce soit « too much » et donc, il y avait une sorte de simplicité dans les rythmes qu’on a gardé parce que c’est nos influences principales.
ANR : On rentre directement dans l’album avec ce premier morceau ?
Raphael : Ouais ça commence à 100% avec ce morceau (rires)
ANR : Et sur le deuxième titre « Sarmat », un missile destructeur et c’est le seul titre que vous chantez en français et qui est très martial avec plein de référence à des philosophes ?
Raphael : C’est le texte de Cédric qui montre qu’on se renseigne aussi avant de dire des choses (rires) mais qu’n a des références pas que musicales aussi, on va chercher dans la philosophie, dans la
sociologie et je trouve que c’est vachement intéressant de le mettre dans les paroles parce que si on veut croiser, on peut aller plus loin dans le concept pas uniquement musical mais aussi dans tout le concept artistique qu’il y a autour. Le fait que ce soit en français c’est tout simplement que c’était trop difficile à traduire pour garder le même impact et puis surtout ça marche super bien musicalement, il y a un timbre, une texture du français qui marche très très bien sur ce son-là et finalement on se retrouve à avoir là dans les prochaines compos à avoir des textes intégralement en français, qu’on va assumer en français. Mais après, la question se pose toujours « est-ce qu’on la traduit ou pas ? », en tout cas aujourd’hui on écrit les textes, enfin Cédric principalement mais ça peut être n’importe qui, d’abord en français parce qu’on se rend compte qu’on a plus d’aisance de vocabulaire, on peut aller plus loin dans la finesse et après si oui ou non, on le traduit ou pas. Matthew est irlandais donc on peut traduire plutôt très bien mais il vaut mieux écrire d’abord en français quelque chose de plus poussé et après le traduire ou non.
ANR :Awakening of the cynic fera un malheur sur scène ?
Raphael : Oui oui il marche très très bien, il est bien sombre celui-là …
ANR : ça serait presque votre single de l’album !
Rafael : Et ben, ce qui est marrant, c’est qu’on a plusieurs … C’est jamais le même morceau qui revient ! Il y a des gens qui nous disent que « God is a son of a Bitch » a tout à fait sa place, d’autre qui nous disent que « Open the gates of Madness » parce qu’elle rentre plus dans l’affect personnel, « Parasites » parce que ça tabasse … En fait, ça dépend de comment les gens le reçoivent mais c’est vrai que « Awakening of the cynic », déjà il porte un peu le nom de l’album, il porte un peu le message de l’album elle est faite musicalement pour faire mal celle-là et du coup il y a toute une partie qui marche bien en Live avec le côté presque rock’n roll du riff au milieu, il y a Cédric qui a un chant déraillé avec une voix claire très poussée et très émotive et une partie très black à la fin… Il y a vraiment plein de choses qui se passent et donc en Live, ça marche très bien ouais.
ANR : on part sur la deuxième partie de l’album où on a l’impression qu’il est beaucoup plus prog, par moment plus Black metal avec des effets de clavier, c’était voulu ou c’est une nouvelle voie pour vous ?
Raphael : En fait, on ne se met pas de barrières de style et on ne veut pas dire que c’est pas parce qu’on fait du Death/trash ou n’importe quel style qu’on ne va pas se permettre de mettre d’autres ingrédients d’autres horizons. Donc oui, on a du saxophone dans le dernier morceau, on a des orgues et des cœurs dans « Beating session », c’est des choses qui nous ont semblé adapté, on les a mises et du coup, le morceau fait un peu une rupture avec les autres dans l’album parce que c’est des sonorités qui sont un peu différentes mais justement ça permet aussi de faire une pause entre deux morceaux plus trash et de faire une diversité de sonorité comme ça qui permet de garder un peu l’intérêt musical de l’album.
ANR : Le côté engagè de Cédric est quand même très ressenti, on voit moins le chanteur de death metal comme on l’aperçoit sur certains groupes alors que lui est beaucoup plus théâtral ?
Raphael : Oui là, on essaye vraiment d’avoir un jeu de scène où on comprend tout le concept … On aurait Cédric devant et nous, un petit peu comme des esclaves d’un maître de l’empire, enfin ça marche avec le concept du groupe mais une tête pensante qui fait sa prédication et nous, plus comme des serviteurs avec un côté militaire, sérieux qui impose …. On travaille dessus et ça va s’affiner et ça va vraiment rendre quelque chose d’un peu macabre sur scène.
ANR :Vous avez joué dans beaucoup de club, vous n’avez pas l’impression que c’est petit pour vous finalement ? Vous vous attendiez à avoir de plus grandes salles ?
Raphael : On aimerait bien ouais … Déjà on est cinq ! *** C’est serré pour cinq mais oui on a une musique qu’il faut pousser plus loin dans la profondeur de la salle et c’est vrai que c’est peu frustrant de jouer dans des petits endroits confinés mais après, c’est normal on début, on ne peut pas avoir accès à de grandes salles tout de suite. Mais petit à petit, ça va aller dans ce sens-là, on a plus notre place sur des scènes même peut-être en extérieures, ça marche bien même avec de grands espaces.
ANR : Vous avez fait une grosse tournée en 2024, à travers l’Europe. J’imagine comment ça s’est passé… Est-ce que tu peux m’en parler ? Avez-vous ressenti des impacts sur certaines villes ou des différences ?
Raphael : Déjà c’était notre première tournée tout court et en fait, c’était beaucoup plus facile de trouver des dates à l’étranger plutôt qu’en France donc on s’est dit que de toute façon on finirait bien par faire des concerts à l’étranger donc on a mis le paquet sur celle-là pour faire une boucle avec un bookeur qui nous a mis des dates sur la période qu’on avait demandé. Après on s’est arrangé avec tous les plannings de tout le monde, ça a été prévu très en avance, les congés étaient posés et on lui a demandé de mettre le maximum de dates et c’est ce qu’il a réussi à faire, il a quasiment booké tous les jours sur 12 jours. Et donc, ça nous a énormément professionnaliser au niveau du matériel, au niveau de la mise en place, en dix minutes maintenant on est prêt, balances comprises, montage, démontage … Et ça nous a aussi demandé une vraie rigueur au quotidien : pas se coucher tard, bien manger, etc… C’est des choses bêtes mais on a réussi à le faire grâce à cette rigueur sinon je pense qu’on aurait vraiment eu mal. Déjà que c’était très physique, très demandant et intellectuellement fallait rester concentré tout le temps et ne pas se laisser aller. Après, on a eu un ou deux jours de pause où on a pu souffler mais c’est que c’était très demandant sur tout les points surtout physiquement, parce que le matos pour le moment on a pas de roadies donc c’est nous qui descendons les trucs dans les caves, le rack fait 70 kilos (rires) On se rend pas compte de ce côté-là de la scène mais ouais, on fait encore tout nous-même et du coup ben … (rires)
ANR : Si vous aviez un producteur, lequel choisiriez vous ?
Raphael : Je pense qu’à terme, on commence à avoir… parce qu’on fait tout en auto production… On commence à avoir un son comme des groupes comme Machine Head d’ailleurs qui font leur production eux-mêmes, au fils des années ils ont fini par avoir le son qu’ils cherchaient donc voilà, je pense qu’on prend cette voie-là, après si on peut avoir un gros producteur, pourquoi pas ! Mais je ne veux pas dire de bêtises, je ne veux pas dire de noms mais je pense que c’est plus Matthew et Cédric qui auraient des avis sur ça mais moi je pense qu’il faut qu’on continue dans la direction qu’on a aujourd’hui d’avoir notre son qu’on contrôle de A à Z. Après peut-être qu’on pourra avoir un mastering professionnel qui sera intéressant à faire mais dans la partie enregistrement et mixage, je pense que ce qu’on arrive à faire et les choix qu’on fait risque d’être un petit peu altérer si on a un producteur donc pour l’instant, on reste comme ça.
ANR : Un troisième album en préparation ?
Raphael : Ouais donc justement on s’est interdit de composer pendant plusieurs mois sinon on aurait eu trop de compos et elles auraient eu un peu trop d’âge et du coup en fonction de ce qu’on va sortir après, ça aurait été peut être en décalage donc on s’est volontairement bridé sur la composition depuis octobre et donc là, maintenant qu’on a fini la tournée, qu’on fait la promotion de l’album et que tout est sur des roulettes on va dire, là on reprend les compos pour le troisième. On a déjà tout le concept parce que c’est un triptyque avec les deux premiers et donc le concept il est là, il y a quelques textes qui sont déjà en cours et il y a pas mal d’idées de compos mais juste en forme de textes pour l’instant, il n’y a rien de musical.
ANR : Un petit mot à rajouter pour défendre cet album ?
Raphael : il faut venir le voir sur scène parce que l’énergie sur scène est bien meilleure … C’est vraiment fait pour ça, vraiment fait pour que ça tabasse en Live et donc il faut venir le voir en Live !
ANR : Voilà, le message est lancé ! Merci à toi