La vie de la sculpturale Lena Scissorhands pourrait, à ce stade déjà, faire l’objet d’un intéressant biopic hollywoodien. Venue au monde Elena Cataraga dans la diacritée Chișinău au mitan des années quatre-vingt, aînée de trois sœurs de père arménien, elle a découvert plus tard le metal avec Slayer et Pantera. La jeune coiffeuse et maquilleuse a fondé en 2008 son propre groupe, Infected Rain, épaulée par le guitariste Vadim « Vidick » Ozhog, toujours fidèle au poste (le batteur Eugen Voluta, et la nouvelle bassiste Alice Lane complétant l’effectif actuel). Quelque part à la jonction entre Jinjer et Butcher Babies, Infected Rain jouit après des années d’intense labeur d’une réputation internationale, et la tatouée Lena d’un pied-à-terre à Las Vegas. ANR a envoyé à celle-ci un gentil fichier word le samedi 1er juin 2024 : les réponses de la néo-étasunienne ne se sont guère fait attendre, et furent réceptionnées via SLH Agency dès le jeudi 6…
Art’n’Roll : Merci beaucoup de répondre à nos questions ! Cette année a commencé pour Infected Rain à la fin du mois de janvier avec votre participation à la croisière 70000 Tons of Metal 2024 : ça s’est passé comme tu le souhaitais ?
Lena Scissorhands (Chant) : Bonjour, merci beaucoup ! Il y a eu des hauts et des bas. Malheureusement, notre groupe a comme beaucoup d’autres éprouvé des problèmes techniques en termes de logistique et d’équipement sur place. Cependant, nous avons réellement apprécié de pouvoir jouer des extraits de notre nouvel album, et de voir les premières réactions des fans.
ANR : C’était effectivement la première fois qu’Infected Rain jouait « VIVARIUM » et « BECAUSE I LET YOU » en public : quel fût ton sentiment à l’idée de les étrenner en live ?
LS : J’étais très nerveuse, mais super excitée. Notre nouvel album représente un nouveau départ pour Infected Rain, donc il nous tardait de jouer ces nouvelles chansons.
ANR : Le 9 février le groupe a donc sorti TIME, son sixième album, et le troisième avec Napalm Records : de quoi parle la chanson « VIVARIUM » ?
LS : « VIVARIUM » c’est littéralement la boîte dans laquelle nous vivons.
ANR : Es-tu passionnée par les reptiles ?
LS : C’est une question très inattendue. Oui, j’aime beaucoup les reptiles.
ANR : Pourquoi tous les titres des chansons de ce disque sont cette fois écrits en majuscules ?
LS : C’est strictement un aspect visuel, une sorte de décision.
ANR : Le 21 février, Infected Rain a commencé sa tournée européenne à Hambourg et a joué le 20 mars au Bataclan : qu’as-tu pensé de ce concert ?
LS : Le spectacle était absolument incroyable. En dépit de l’histoire de cette salle de concert. Notre public était très positif et dans de bonnes dispositions. Nos amis français ont toujours été très accueillants vis-à-vis d’Infected Rain.
ANR : Cet été, Infected Rain se produira également au Motocultor le vendredi 16 août (j’y serai) : connais-tu un peu ce festival français ?
LS : C’est génial, on se voit là-bas ! En fait, je ne sais pas grand-chose de cet événement…
ANR : Est-ce qu’Infected Rain se produira au Hellfest un jour ?
LS : Je l’espère vraiment.
ANR : Quel fût le concert le plus difficile, pénible, que tu aies fait ?
LS : Je n’en ai pas spécialement un en tête, mais je dirais que les concerts les plus difficiles pour moi sont ceux où je suis mentalement confrontée à beaucoup de problèmes graves et où je ne peux contrôler mes émotions. Cela peut m’empêcher de me concentrer sur mon travail de chanteuse.
ANR : Tu as affirmé avoir travaillé très dur pour chanter comme ça : es-tu désormais satisfaite de ta voix ?
LS : Grâce à mon professeur de chant, j’ai appris à accepter ma voix et mes capacités telles quelles. J’ai pourtant tendance à être très dure avec moi-même. Je n’ai jamais aspiré à être la meilleure chanteuse technique. Mon but est purement et simplement de transmettre de l’émotion à travers les chansons d’Infected et à travers ma voix.
ANR : Comme dit précédemment, TIME est le troisième album d’Infected Rain sorti chez Napalm Records : êtes-vous amis avec certains camarades de label ?
LS : Avec certains groupes, en effet, ceux que nous croisons souvent.
ANR : L’année dernière, Suzna Radnóti des Hellfreaks m’a dit ceci à propos d’Infected Rain : « J’aime… Réellement… Le fait qu’ils soient parvenus à tirer leur épingle du jeu alors qu’ils viennent d’un pays comme la Moldavie. Je veux dire, nous sommes originaires de Hongrie en Europe de l’Est, c’est réellement difficile de percer à l’international quand on vient d’ici, davantage que lorsque l’on vient d’Europe de l’Ouest. Donc, je peux aisément imaginer les difficultés et la somme de dur travail nécessaire afin de percer quand ton groupe est originaire de Moldavie, donc… : Thumbs up »…
LS : Wow, je suis très flattée. Il est bon de savoir que des artistes ont conscience du chemin que nous avons parcouru. Cela fût effectivement très difficile. Je lui envoie un gros câlin.
ANR : Seriez-vous devenus des ambassadeurs culturels de la Moldavie ?
LS : Je ne saurais te dire. Ce n’est certainement pas notre objectif.
ANR : « Mold » sorti en 2017 est ma chanson préférée d’Infected Rain : parle-t-elle de la Moldavie ou des Moldaves ?
LS : Pas du tout. Cela évoque la moisissure, la haine de certaines personnes, qui retarde la discipline et l’épanouissement des autres. Les gens qui aiment détester tout ce qu’ils voient, et se cachent dans leurs petites grottes.
ANR : Aimes-tu Maria Bieșu, la chanteuse d’opéra moldave ?
LS : Absolument, je pense qu’elle est phénoménale. Je me suis même rendue à un de ses spectacles, c’était il y a beaucoup d’années.
ANR : Tu vis désormais à Las Vegas, dans le Nevada : à part ta famille et tes proches, qu’est-ce qui te manque de la Moldavie ?
LS : Merci de cette question. Les fruits et légumes qui poussent en Moldavie me manquent le plus. Je pense que nous avons un sol qui est magique, tout a tellement meilleur goût.
ANR : Tu as grandi à Telecentru : peux-tu me décrire cet endroit ?
LS : En fait, je ne suis pas honnêtement capable de te le décrire avec précision : c’est juste un quartier de la capitale de la Moldavie. Il est surtout connu parce qu’il y a beaucoup d’hôpitaux et des étudiants en médecine, dont ma mère.
ANR : J’ai vu que Chișinău est jumelée avec Grenoble depuis 1977, connais-tu cette ville ?
LS : Non, je n’y suis jamais allée.
ANR : Infected Rain a donné son premier concert français à Homécourt, le 5 octobre 2014 : te souviens-tu de ce moment ?
LS : Oui, je me souviens très bien de ce concert. Nous avons joué à l’endroit où nous avons dormi, et je crois bien que c’était l’anniversaire de notre guitariste.
ANR : Si Infected Rain était un endroit, ce serait lequel ?
LS : Seul Hawaii me vient à l’esprit lorsque je pense à Infected Rain.
ANR : Et pour finir cette interview : quel est ton mot préféré en moldave / roumain ?
LS : « Dracarii » (NDA : « les diables »)
ANR : Merci encore une fois Mrs Scissorhands ! Amitiés de Paris !
LS : Merci beaucoup de m’avoir accordé ce papier ! On se voit à un de nos concerts !