Trois-quarts d’heure durant, de seize à seize heures quarante-cinq, l’inspirée prestation des Poitevins de Klone aura marqué un temps fort du deuxième jour de cette dix-septième édition du Hellfest. Du metal mélancolique et cérébral, une parfaite synergie avec le public, de l’émotion. Le lendemain, ANR a questionné nos compatriotes (les guitaristes Guillaume Bernard et Aldrick Guadagnino, et le bassiste Enzo Alfano) à quatorze heures trente sous un parasol devant l’espace presse…
Art’n’Roll : C’était un véritable triomphe hier, vous avez été portés par le public et ce dès le début de votre concert ! Depuis le premier jour de ce Hellfest, le public semble migrer d’une scène à l’autre après quinze minutes de spectacle, pour vous, les festivaliers sont au contraire restés sous l’Altar de A à Z…
Guillaume Bernard (Guitare) : Parce qu’on avait mis de la colle au sol…
ANR : En tous cas, ça a bien collé… Je pense que les deux intervenants ayant le plus marqué sont le chanteur, parfaite interaction avec le public…
GB : Grosse tatche, gros discours…
Aldrick Guadagnino (Guitare) : Ouais, c’était beau, c’était bien…
ANR : Et le batteur, qui fonctionne à l’économie mais porte le collectif…
GB : Et nous ?!?
AG : On est des guignols ?!?
ANR : Non. Vous, vous créez l’atmosphère.
GB : D’accord. C’est de la musique plus chargée en émotions qu’en notes.
ANR : C’est exactement le mot. De la détente intelligente. Quel bilan tirez-vous de votre album Meanwhile, publié l’an dernier ?
GB : Excellent. On a bien tourné. On a tourné avec Devin Townshend à travers l’Europe, on a joué au Trabendo, puis aux Mexique et aux États-Unis, on a joué sur un bateau de croisière…
AG : On a joué avec Les tambours du Bronx…
GB : Et on est contents de revenir avec un nouveau disque, on revient avec un nouvel album qui sortira le 8 novembre chez Pelagic Records, un super label !
AG : (Rires)
ANR : Votre prochain album s’intitulera…
GB : The Unseen. Voilà. On a d’ailleurs joué un nouveau morceau hier… Nous sommes impatients de partager tout cela !
ANR : Klone semble apprécier les intitulés courts, y-compris votre nom de groupe…
GB : Ah ouais, c’est vrai, c’est possible ça…
AG : Le grand voyage, c’était un intitulé déjà plus long…
ANR : Sur votre dernier album, c’était des titres courts… Peut-être vous raccourcissez inconsciemment vos intitulés l’âge aidant…
AG : Ah ouais !
ANR : Vous avez évoqué Devin Townsend… J’ai remarqué que vous avez assuré des premières parties pour des artistes prestigieux, quel serait votre meilleur souvenir de première partie ?
GB : Meilleur souvenir ?
AG : Devin, c’était quand-même très-très bien…
ANR : Vous avez peut-être appris à son contact, car il y a quand-même une communauté d’idées avec lui… Il est très fort sur le son et les atmosphères…
GB : Ouais, ouais ! On suit ce qu’il fait depuis très longtemps notamment au niveau de la prod’… Ocean Machine m’a beaucoup influencé…
AG : Les trucs de Strapping également…
GB : Musicalement et humainement, tourner avec Pain of Salvation a également été un très grand moment pour nous… On était à l’aise avec eux dans le tour bus…
AG : Des tournées très easy… Avec des gens gentils…
GB : Et l’équipe de Devin Townsend était au top aussi.
ANR : Il a l’air d’être gentil Devin…
GB : Il l’est vraiment. Un vrai mec sympa.
ANR : Une anecdote sur lui ?
GB : Une anecdote… Une heure avant chaque concert il se met un truc dans la bouche, on dirait une brosse à dents, cela chauffe et il fait des vocalises avec, il s’échauffe de ouf à chaque fois… Ultra pro. Après, avec tout ce qu’il balance comme notes, ce n’est pas simple de garder autant de voix… Sinon mon chien lui a léché la gueule à Clermont-Ferrand, mon chien a particulièrement apprécié Devin et lui a fait une grosse léchouille…
AG : On se met des petites claques avant chaque concert, ce qui a amusé Devin. Du coup, Yann (NDA : Ligner, le chanteur) lui a mis sa petite claque !
ANR : Quelle est selon vous la meilleure heure pour composer ?
GB : Vingt-et-une heure trente-sept.
ANR : Vous considérez-vous comme des pictons ?
GB : Ahhhhh !
AG : Pictons, pictaviens… Ben moi, oui, puisque je suis le seul qui habite à Poitiers intramuros, les autres ont déserté la ville ! On est dans le Poitou.
ANR : Il y a une certaine influence suédoise dans votre musique, je pense à Soen…
GB : Bien sûr, Opeth…
AG : Katatonia…
GB : Pain of Salvation…
ANR : Je pense à Wheel également, qui est à sa manière assez influencé par Tool…
GB : Ah oui, j’ai écouté il n’y a pas longtemps…
ANR : Il y a une parenté entre ce que vous faites et Wheel : la mélancolie, l’ambiance, la douceur, le chant… Et puis, comme dit à l’instant, Wheel lorgne un tantinet chez Tool, un peu comme vous…
GB : Cela nous va, il y a pire comme comparaison…
Enzo Alfano : Tu aurais dit Patrick Sébastien, on aurait étés un tout petit peu vexés quand-même…
ANR : Alors justement, dernière question : la semaine dernière, Iggy Pop a passé des disques dans une radio anglaise, dont « C’est toi que je t’aime » des inconnus…
EA : Ha ouais !
ANR : Et vous ? Si vous aviez l’occasion de diffuser une chanson comique à la radio, vous choisiriez laquelle ?
EA : Le « Rap-Tout » des inconnus.
ANR : Sur la TVA.
AG : C’était un peu lugubre…
ANR : Merci Klone !