Interviewer les danoises doom death de Konvent au Hellfest était, cette fois, une requête de notre part. Requête à laquelle ont superbement accédé SLH Agency et Napalm Records. Merci ! Les jeunes femmes viennent de se produire matinalement à l’assombrie Valley lorsque l’agréable Romain Richez m’annonce à l’accueil de la tente presse que cinquante minutes d’interview sont en définitive allouées à ANR. Nous n’en utiliserons que trente, ce qui est déjà exceptionnel dans le contexte trépidant et chargé du Hellfest. Il est quinze heures dix ce samedi pluvieux du 29 juin, et nous avons rendez-vous au Box 10 (si ma mémoire est bonne) avec Rikke Emilie List (Chant) et Julie Simonsen (Batterie)… Trois dizaines de classieuses et danoises minutes !
Art’n’Roll : Bon-jour !
Rikke Emilie List (Chant) : Hello !
ANR : Merci pour cette interview !
REL : Tu es le bienvenu !
ANR : Comment avez-vous vécu ce passage au Hellfest ?
REL : Très bon. On ne savait pas trop à quoi s’attendre parce que c’était la première fois que nous jouions ici. On ne savait même pas si les gens avaient entendu parler de nous (Rires) Donc, nous avons été agréablement surprises.
ANR : Certaines personnes dans la foule ce matin me semblaient coutumières des concerts de metal extreme, mais il est vrai que la majorité ne semblait pas vous connaitre…
REL : Ouais !
ANR : Rassurez-vous, c’est la même chose pour la plupart des groupes au Hellfest cette année…
REL : Ouais ! (Rires)
ANR : Quoi qu’il en soit, la foule a été attentive et réceptive à votre prestation… Vous l’avez achevée avec « Puritan Masochism ». S’agit-il de votre classique, de votre tube, de votre meilleure chanson à ce jour ?
REL : Ho oui (Rires)
Julie Simonsen (Batterie) : Ho oui (Rires)
ANR : Parlons un peu de death metal danois… Je me rendu dans une petite échope à Copenhague, Extremely Rotten…
REL : Oui !
ANR : Le vendeur m’a expliqué que le Danemark est un pays de death et non de black, contrairement à la Norvège…
REL : Oui !
ANR : Avez-vous une explication à ce phénomène ?
REL : C’est difficile à dire… Les gens aiment vraiment le death metal au Danemark, peut-être en fonction de l’offre, il y a beaucoup de groupes de death locaux. Le black metal était très populaire il n’y a pas si longtemps que cela, il y avait alors une palanquée de groupes de black…
JS : Oui !
REL : Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, les groupes de black metal ont disparu !
JS : Oui !
ANR : Quels sont les groupes danois dont vous vous sentez proches ?
REL : Puisque tu me parles d’Extremely Rotten, David qui est le patron du magasin…
ANR : Le type blond, un peu dégarni devant ?
REL : Oui. Il a un groupe qui s’appelle Undergang, Julie et moi sommes des fans absolues de ce groupe…
JS : Oui !
REL : Et nous avons eu la chance de jouer avec eux, il y a un an environ je crois…
JS : Oui !
REL : J’ajouterais le groupe de hardcore Eyes, dont un de ses membres est mon petit ami… (Rires)
JS : (Rires) Le Danemark est un tout petit pays, si tu joues du metal, tu connais…
ANR : Tout le monde…
JS : Tout le monde, donc nous sommes tous amis…
REL : C’est un petit village (Rires)
JS : Oui !
ANR : Rikke, tu as été voir Judas Priest récemment ?
REL : Oui, avec Sophie (NDA : Lake, la guitariste de Konvent) et d’autres amis, ainsi qu’avec notre Søren notre manager (NDA : Søren Weiss de Nightcrawler Management)
ANR : Es-tu plus Judas Priest que Maiden ?
REL : Judas pour moi est avant tout une affaire de nostalgie, parce que c’est un des premiers groupes que j’ai découverts, avant d’embrayer sur du death metal technique. Judas Priest occupe une place spéciale dans mon cœur.
JS : Oui !
REL : Ils jouent vraiment-vraiment bien, et Rob Halford demeure un grand chanteur. C’est toujours impressionnant de le voir en concert.
ANR : Quelles sont tes influences en tant que chanteuse ?
REL : Huuuuuuum, John Gallagher de Dying Fetus, qui est une énorme inspiration pour moi, ainsi que Travis Ryan de Cattle Decapitation, il possède un tel niveau… Je ne dirais pas qu’il est talentueux, car je sais qu’il travaille énormément…
ANR : Martin van Drunen d’Asphyx ?
REL : Moins.
ANR : Asphyx, davantage sur le plan instrumental…
JS : Tout à fait !
ANR : Selon vous, qu’est-ce que le doom death ?
JS : C’est du doom metal, joué de façon plus sale avec des vibes death metal…
REL : On est capable de jouer plus vite !
JS : (Rires)
REL : Mais nous avons opté pour des rythmes lents…
JS : Notre musique est cafardeuse…
ANR : Ce matin, le ciel était gris, et je me suis dit que cela collait parfaitement à votre musique…
REL : Oui !
JS : Oui !
ANR : Votre groupe a été créé en 2015. Pourquoi de jeunes femmes ont-elles eu envie de fonder un groupe de doom death ?
REL : Notre bassiste, Heidi, et moi, avions depuis longtemps envie de créer un groupe. Nous n’avions aucune expérience à cette époque. Ma sœur a voulu nous aider et commencé à prendre des cours de batterie. Son prof de batterie était d’ailleurs le colocataire d’Heidi. J’ai de mon côté pris des cours de chant, puis nous avons commencé à répéter sur « Seven Nation Army » des White Stripes, car c’est un morceau facile à jouer (Rires) Nous voulions ensuite et quoi qu’il en soit, jouer du metal, nous ne savions pas exactement quel sous-genre de metal, mais nous voulions jouer du metal…
ANR : A cette époque, ta sœur faisait partie de Konvent : comment vos parents ont-ils accueilli ce projet ?
REL : (Rires) Très bien. Mon père était très fier, car il est très fan de Black Sabbath et de Deep Purple.
JS : Ma mère a trouvé ça cool. Elle m’a dit qu’elle n’aime pas notre musique mais que c’est cool (Rires)
ANR : Quel fût votre premier disque ? Peut-être un disque de vos parents ?
JS : Le premier Black Sabbath, ou du KISS quand j’étais gamine…
REL : Deep Purple, le live au Japon, avec « Smoke on the Water » qui était ma chanson préférée quand j’avais sept ans (Rires)
ANR : Retour au présent : en mars dernier vous avez joué pour la première fois en Islande ?
REL : Oui.
ANR : C’était comment ?
REL : Très bien. La nature est magnifique là-bas.
JS : Oui.
ANR : Si vous avez le temps, quels artistes comptez-vous voir aujourd’hui ?
REL : Chelsea Wolfe, Julie Christmas, Metallica (NDA : mieux que cela, car Rikke montera ce soir sur scène pour chanter en duo avec Chelsea Wolfe)
ANR : En novembre, vous allez vous produire à Roskilde, dans la salle de Gimle pour le festival Generation Metal, un mot là-dessus ?
JS : C’est un concert destiné aux enfants…
ANR : Très intéressant !
JS : Les parents s’y rendent avec leurs enfants, et la programmation est pédagogique. Notre concert pourra montrer à de petites filles qu’il est possible de faire ce que l’on fait.
REL : Ouais !
JS : Cela va être cool.
ANR : Le logo de cette salle est un corbeau. Et vous ? Quel est votre oiseau favori ?
REL : (Rires)
JS : Un corbeau très certainement. J’en ai deux de tatoués sur mon ventre.
REL : Les corbeaux sont cools, et très intelligents. Ils sont beaux et mignons (Rires)
ANR : Roskilde est une belle bourgade. Quel est votre endroit préféré à Roskilde ? La cathédrale ? Le port viking ? La rue principale ? Ou tout autre endroit ?
JS : Probablement la cathédrale qui est magnifique…
REL : Oui ! Le musée viking… Et les bords de la mer du Nord…
ANR : C’était très intéressant pour un français comme moi d’aller voir la mer du Nord à Roskilde, car celle-ci commence dans le Nord de la France…
JS : Ha !
REL : Ho d’accord !
ANR : Mais revenons à votre musique. Quel est ton équipement Julie ?
JS : Je joue sur une Tama. Avec de cymbales de marque Paiste.
ANR : Quel est votre groupe français préféré, et pourquoi Gojira ?
JS : Pourquoi Gojira (Rires)
REL : (Rires)
JS : Parce que c’est un batteur fabuleux, intelligent, il est talentueux à la folie ! Mario je crois…
ANR : Oui. Et selon vous, quel serait le meilleur groupe danois à part Konvent ?
REL : Je dirais Eyes, j’étais fana d’eux avant que mon petit copain ne rejoigne le groupe (Rires)
ANR : Question tourisme à présent : avez-vous des adresses « metal » au Danemark à recommander à nos lecteurs ? Par exemple, le hard rock café de Copenhague, où est dailleurs exposée la Tama de Lars Ulrich…
JS : Oui !
REL : Définitivement le magasin Extremely Rotten.
JS : Le Warpigs à Copenhague, il y a un large choix de bières et de viandes au barbecue.
ANR : Si Konvent était un lieu au Danemark, ce serait lequel ?
REL : Le château en ruines d’Hammershus, sur l’île de Bornholm…
JS : Oh ouais ! Très gothique (Rires)
ANR : Quel est le meilleur moment pour composer ?
JS : Dans un festival. Regarder les autres groupes est source d’inspiration.
ANR : Que pensez-vous de la Monarchie danoise ?
REL : De la Monarchie danoise ? Je n’en suis pas fana, je ne comprends pas tout.
ANR : Ce n’est pourtant pas la pire en Europe, mettez-vous à la place des anglais ou des espagnols…
REL : Oui !
JS : Il y a diverses opinions sur ce sujet au sein du groupe… Du coup, ce n’est que notre opinion et pas celle de l’intégralité des filles du groupe, ne la prends pas pour argent comptant !
ANR : Entendu ! La semaine dernière c’était Midsommar, qu’avez-vous fait pour Midsommar ?
JS : C’était le lundi qui suivait Copenhell, le grand festival danois, j’avais une énorme gueule de bois donc je n’ai rien fait de spécial (Rires)
REL : Je suis allée voir ma mère et ma sœur pour une fête d’anniversaire (Rires)
ANR : Quel est votre film favori ?
JS : Probablement Massacre à la tronçonneuse…
REL : Le seigneur des anneaux…
JS : Ce n’est pas mal non plus (Rires)
ANR : Est-ce que Mads Mikkelsen est votre acteur préféré ?
JS : (Rires)
REL : Non !
ANR : Son film Drunk, avec les profs alcooliques, est assez impressionnant…
JS : C’est très mauvais !
ANR : On arrive vers la fin de cette interview… Danemark contre Allemagne ce soir… Vous allez regarder le match ?
REL : On s’en moque du football…
JS : Sara (NDA : Helena Nørregaard, la guitariste) et Heidi (NDA : Withington Brink, la bassiste) ne s’en moquent pas elles du football !
REL : (Rires)
ANR : Votre compatriote, le chanteur-guitariste de Dizzy Mizz Lizzy m’avait dit il y a quelques années qu’on ne peut pas être en même temps rock-metal et football au Danemark…
REL : Pas si sûr, au Copenhell tu avais un écran qui diffusait les matchs de l’Euro…
ANR : Au Metal Corner du Hellfest également, j’ai cru voir… Quel est le futur de Konvent ?
JS : Écrire de nouvelles chansons, et sortir un nouvel album. Tourner et découvrir de nouveaux pays…
ANR : Ce matin, ce fut votre premier concert en France…
REL : Notre premier concert en France, tout à fait !
ANR : Merci pour cette interview de rock stars !
