Interview avec Cédric et Gabriel de My Diligence – Motocultor – Dimanche 18 août 2024

samedi/31/08/2024
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Des liens amicaux se créent inévitablement et spontanément entre chroniqueurs et artistes. Ce n’est guère un mystère, le media Art’n’Roll est compagnon de route revendiqué d’entre autres Loudblast, Black Bomb A, Sticky Boys, Asphyx, Hangman’s Chair, ou plus récemment de My Diligence. Depuis notre première rencontre au Hellfest 2023, nos amis bruxellois nous ont conviés à assister, une après-midi de novembre, à l’enregistrement de leur quatrième album au Studio Sainte Marthe à Belleville (le compte-rendu figure en ces colonnes). Puis ont publié le 31 mai dernier ledit album, à l’artwork équin et toujours chez Listenable Records, sous l’énigmatique intitulé « DEATH.HORSES.BLACK. ». Il est 17 heures 40  à l’espace Glenmor du Motocultor, nos camarades se sont produits à 14 heures 45 sous la Bruce Dickinscène, et le moment est venu de relever les compteurs avec le moustachu Cédric Fontaine (Guitare / Chant) et le charpenté Gabriel Marlier (Batterie) ! L’affable Denis, le manager du trio, s’attable à nos côtés…

 

Gabriel Marlier (Batterie) : T’as pensé quoi de notre concert ?

Art’n’Roll : J’ai adoré comme d’hab’ « On The Wire », qu’il me semble vous avez joué en troisième position. Sinon, j’ai questionné un groupe de spectateurs qui se régalaient à l’extérieur de la tente, un dénommé Marc de Charleroi m’a affirmé texto : « C’est prog, c’est planant, mais comme d’habitude le mix est éclaté, sous cette tente »…

GM : (Rires)

ANR : Sinon votre deuxième guitariste (NDA : François Peeters, il y a deux guitaristes et pas de bassiste) donne réellement l’impression d’être possédé…

GM : (Rires)

ANR : Je commence un peu à le connaître tu vois, je vois qu’il est taiseux, il ne dit rien, et en fait il s’exprime…

Cédric Fontaine (Guitare / Chant) : Sur scène ! Il s’exprime à travers le live !

 

 

ANR : Exactement. Donc voilà, c’était la réponse à ta question. Je vais quand-même essayer de vous poser des questions… Quand on s’est vus la première fois, c’était au Hellfest, et vous m’aviez dit que jouer en extérieur représentait un défi à vos yeux… C’était il y a un an… Est-ce toujours un défi pour vous à présent ?

CF : Nous avons joué aujourd’hui dans une tente, ce n’est pas tout à fait « l’extérieur ». Gabriel m’a dit tout à l’heure : « C’est là qu’elle est ma place » ! On adore ce genre de trucs, c’est semi-extérieur, un peu enfermés, c’est le mix entre une salle de concert et un festival en plein-air.

ANR : Je comprends.

CF : Tu peux aller voir un groupe à 16 heures dans la tente, avec cette espèce d’obscurité, un petit peu magique, cela donne une magie ! En mainstage, tu peux mettre des fumigènes, tu peux mettre plein de choses, mais cela reste en plein-air ! Je trouve que ce style de tente nous correspond bien, c’est également très intéressant pour les gens, tu peux profiter d’un liveshow à 16 heures, ce qui n’arrive pas sur une mainstage !

ANR : J’ai une association d’idées. Hier à la même heure, au même endroit, il y avait vos compatriotes de Pothamus qui ont joué, leur musique qui est assez proche de la vôtre, correspond également à cette « ambiance tente »…

GM : Pothamus est un groupe qui vient de Malines, et personnellement j’aime énormément, je trouve qu’ils ont tout à fait leur place ici ; et puis c’est toute la bande de copains avec Psychonaut, avec Hippotraktor, avec Cobra the Impaler, on est un peu tous du même moule… Ils jouaient dans l’autre tente, pas dans la nôtre…

CF : C’est kif-kif bourricot !

ANR : Oui, là tu chipotes beaucoup !

GM : Oui, c’étaient les mêmes conditions… Après, je n’y étais pas, mais au vu des stories sur Instagram, je pense qu’ils ont fait un super boulot… Qu’en as-tu pensé ?

ANR : Ils sont très chamaniques. Ils vont encore plus loin dans le cérébral que vous… Vous, vous êtes déjà cérébraux, mais eux, ils sont partis, ils se sont envolés ! Ils sont trois également, et le bassiste est en totale synergie avec le chanteur-guitariste, ils sont encore plus possédés que ne l’est votre guitariste ! Après, eux font du post-metal et vont encore plus loin…

CF : Oui, eux sont plus à l’extrême encore…

ANR : Avec, je pense, une grosse influence Amenra…

CF : C’est un peu un groupe-référence en Belgique… C’est un groupe qui vraiment inventé un style, pas belge mais…

ANR : Assez ouais…

CF : À nonante pour cent du temps on te dira qu’en festival, Amenra c’est le groupe-référence en Belgique…

ANR : Deus…

GM : Oui, oui…

CF : Deus ne jouerait pas au Motocultor !

ANR : Hier on a bien eu Bernard Minet…

GM : Ouais, mais comparer Deus à Bernard Minet…

CF : C’est un grand écart !

GM : C’est ton quatrième jour, ça se sent…

ANR : Je te l’ai dis ce matin que je commençais à être crevé, il n’y pas de mystère… Bon, je reprends la main : qui a réalisé la pochette de DEATH.HORSES.BLACK. ?

GM : Toujours Elzo (NDA : Durt, un graphiste et illustrateur bruxellois)

ANR : Un mot sur lui ?

GM : Il est génial. Il est un peu fou. C’est un artiste…

CF : Improbable ! Génial !

GM : Il est trop cool, c’est notre copain, il n’est pas gérable… C’est pour ça qu’on l’aime !

CF : Un vrai artiste ! Il a ce côté un peu fou, un peu wild, un peu ingérable, mais ce qui donne des choses un peu flight !

GM : On est tous un peu flight quoi…

 

 

ANR : Pourquoi cette écriture ? Pourquoi des points entre chaque mot ?

CF : C’est trois mots = trois idées !

GM : Et puis, c’eut été beaucoup trop simple de l’appeler « The death of the black horse » ou un truc du genre… On a effectivement voulu développer…

CF : Trois idées = trois mots !

GM : Trois idées = trois mots…

ANR : « DEATH » et « BLACK », je vois à peu près, c’est d’ailleurs des mots très courants dans la musique metal… Mais « HORSES » ? Cela se réfère à quoi ?

CF : « HORSES », c’est le côté sauvage, plus organique…

GM : C’est un animal majestueux. C’est très simple : je me suis mis en couple avec une Américaine qui monte des chevaux, et avec les chevaux j’ai découvert le calme, la passion, la compassion aussi, et quand ces bestioles respirent près de ton oreille, ça sent bon, c’est chaud, c’est juste génial en fait !

CF :  Ils sont très sauvages aussi, ils ont un côté très bipolaire, c’est un animal docile qui peut être en même-temps très sauvage ! Je trouve que ce mot rendait bien pour notre album…

ANR : Je suis d’accord. Cela doit peut-être être la première fois dans l’histoire de la musique que trois mots sont enchaînés de cette manière-là afin de créer un intitulé de disque… À vérifier ! On a employé le terme « cérébraux », on peut également employer le terme « conceptuel » : vous êtes un groupe conceptuel… J’ai eu la chance, encore merci au passage, d’assister à la genèse d’un des morceaux de votre nouvel album et qui est un monticule instrumental, il est intitulé quant à lui « Allodiplogaster Sudhausi »… Que veut dire ce mot ?

CF :  C’est un ver…

ANR : Oui.

CF : Qui, quand il est stressé développe une autre tête et détruit tout son environnement, y compris ses proches. On aime bien cette idée, de savoir comment les personnes réagissent au stress : il y en a qui, quand ils sont stressés, vont tout casser autour d’elles, d’autres vont se révéler plus introverties… C’est également effectuer une comparaison entre un ver, l’animal le plus wild, sauvage, qui soit, et l’être humain : certains vont révéler leur côté très primaire en cas de stress, devenir très violents…

ANR : Autodestructeurs…

CF :  Même autodestructeurs, justement… Je suis tombé sur ce nom, et j’ai trouvé cela tellement incongru, je me suis dit « Qu’est-ce-que c’est que cette chose ?!? » ; puis j’ai réalisé que cela collait parfaitement à l’esprit de ce qu’on voulait développer musicalement, de véhiculer comme idées, il y a une très belle cohérence avec l’esprit de ce morceau…

ANR : Je vous demanderai de commenter une citation de Benjamin Franklin, qui dit, je cite : « La diligence est la mère de la chance »…

Denis Daniel (Manageur) : Non, c’est de moi ça !

GM : (Rires)

CF : Je pense que la chance est du hasard mais pas seulement… La bienveillance, les bonnes actions amènent souvent de bonnes choses. Et ça, tu peux le remarquer dans le fait que les années nonante, quand tu pouvais arriver en festival et que tu cassais tout, sont finies. La bienveillance est le fait que tout le monde s’entraide au niveau musical, au sein d’un groupe humain, et que toute bonne action amène des bons retours, de rencontrer de bonnes personnes qui te veulent du bien et qui t’amènent à grandir !

ANR : Je trouve que ta phrase résume parfaitement l’esprit du Motocultor… Je suis peut-être crevé, mais cela fait quatre jours que tout le monde est BIENVEILLANT avec moi, et que je suis BIENVEILLANT avec les autres : pas un mot de traviole, tout le monde respecte tout le monde…

CF : La bienveillance est le maître-mot de la musique, de notre système musical, en tous cas celui « alternatif ». Tu vas dans n’importe quel festival à travers le monde, et tout le monde est bienveillant envers toi… Ce que je trouve génial, c’est que cela efface le côté un peu « obscur » du metal aux yeux des gens qui n’écoutent pas cette musique. Auparavant il y avait un petit côté « mystique », du genre « les gens qui écoutent du metal c’est des gens méchants », et les mentalités sont en train de changer. Désormais, les gens qui croisent une personne avec de longs cheveux noirs maquillée en blanc ne se diront plus forcément que c’est une « mauvaise personne », non ! Il y a une sorte d’ouverture des mentalités, et ce préjugé-là est complément finish je crois…

ANR : Pour finir, nous sommes aujourd’hui la Sainte Hélène : connaissez-vous une Hélène, avez-vous quelque chose à dire à une Hélène, avez-vous une anecdote sur une personne qui s’appelle Hélène ?

CF : Non désolé !

GM : Non !

ANR : Et bien ça roule !

GM et CF : (Rires)

 

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