Interview avec Future Palace – Motocultor – Dimanche 18 août 2024

dimanche/01/09/2024
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Le dimanche d’un fest intense et réussi recèle en lui quelque chose de doux-amer. Un sentiment proche de celui que nos cousins d’Outre-Rhin nomment « Sehnsucht », qui est intraduisible dans la langue de Boris Cyrulnik (sauf peut-être par « vague à l’âme »). La fatigue se fait sentir. Il te faut quitter, dans l’ordre : le catering ; puis l’espace-presse ; puis le VIP ; les mainstages ; le site… Et te diriger, souvent en trainant la patte, vers le camping, que tu quitteras demain lundi, chargé comme un bourricot. Saluer tout le long de ce cheminement, les proches et les moins proches, un peu comme un dernier jour de juin à l’école primaire : quitter des locaux désormais familiers et dire à bientôt aux gens… Ce sentiment de devoir accompli, également, lorsque les engagements auprès des divers professionnels ont été respectés à la lettre… Le dernier interview, surtout lorsqu’on en fait plusieurs à la suite, a souvent un gout spécial, pour ma part ce fut avec les trois berlinois metalcore de Future Palace. Oui, un peu de metalcore ça fait du bien. Ils se sont produits plus tôt dans l’après-midi sur la Dave Mustage. Le futur, ces jeunes artistes l’ont devant eux, Maria Lessing est apparemment une chanteuse prometteuse… Il est 18 heures 09 ce 18 août 2024, et j’ai le plaisir de m’attabler en leur compagnie…

 

Art’n’Roll : Bonjour ! Ma première question sera très simple : quel est votre état d’esprit après votre concert ?

Johannes Frenzel (Batterie) : Je suis triste, parce que c’était notre dernier festival de cet été… Mélancolique, parce que le show était super, le festival était super, et tout était super…

Maria Lessing (Chant) : (Rires) Pour ma part, je suis contente, parce que nous venons de donner ici le plus gros concert que nous n’ayons jamais fait, dans le plus gros festival que nous ayons fait, et que cet été fut brillant, il annonce pour nous de belles choses à venir ! je suis très contente d’avoir travaillé pour obtenir tout cela !

Manuel Kohlert (Guitare) : Moi, je suis particulièrement relax…

ML : (Rires) Tout le monde dit des trucs différents !

MK : Je profite du moment, c’est très culturel ici… Mais le moment est venu pour nous de partir…

ANR : Et concernant votre concert en lui-même ?

MK : C’était super, un concert vraiment cool ! j’ai le sentiment qu’en comparaison avec d’autres concerts, la foule était par exemple aussi folle qu’au Portugal !

JF : Pleine d’énergie !

ML : Oui !

JF : Lors de notre séance de dédicaces qui a suivi, plusieurs personnes nous ont dit qu’elles ne nous connaissaient pas auparavant et qu’elles nous apprécient à compter d’aujourd’hui : nous adorons entendre cela !

ML : C’est agréable de pouvoir convaincre les gens par notre concert !

ANR : C’était votre premier concert en France ?

ML : Le second. On a joué à Paris l’année dernière…

JF : C’était à l’Olympia…

ANR : Vous ouvriez pour qui ?

JF : Electric Callboy.

ANR : Intéressant. C’était donc votre premier concert en Bretagne : êtes-vous déjà venus en Bretagne ?

ML : Non…

MK : Je suis venu un paquet de fois ici en famille…

ML : Réellement ?

MK : Oui, je suis allé à Rennes, à Saint-Malo, en voiture, j’ai mangé ma première…. « crevette » là-bas . C’était vraiment très agréable !

JF : Les interviews nous permettent d’en apprendre davantage sur les membres du groupe !

ML : (Rires)

ANR : Donner des interviews est une manière efficace pour apprendre des choses…

JF : Oui, oui ! Les interviews nous permettent de parler, entre les moments sur la route où l’on est débordés et ceux où l’on s’ennuie car on n’a rien à faire et qu’il pleut dehors…

ML : Nous nous connaissons pourtant depuis longtemps, et on ne s’était jamais posé cette question… C’est une chose très intéressante pour le groupe de mieux se connaître…

ANR : Tout à l’heure, j’ai expliqué à Katon d’Hirax ce qu’était la Toussaint, il ne connaissait pas, probablement parce qu’il doit être de culture protestante…

JF : Nous sommes d’Allemagne de l’Est, donc nous n’avons absolument aucune culture religieuse…

ANR : Vous êtes de Berlin ost ?

ML : Oui.

ANR : Vous êtes ensemble depuis 2018. Comment avez-vous choisi ce nom ?

MK : Nous avons dressé une liste des noms…

ANR : Oui…

MK : Nous appartenions alors à un groupe WhatsApp que nous avions appelé « Future Palace », parce que j’aime les palaces (Rires) et que je voudrais bien posséder un palace dans le futur, je ne sais pas pourquoi je me suis mis cette idée en tête…

ML : (Rires) Une sorte de Dieu t’es apparu et t’a mis cette idée en tête !

MK : Bref, on ne pouvait pas trouver de meilleur nom pour notre groupe !

ANR : Pensez-vous que c’est un nom typiquement metalcore ?

MK : Le penses-tu ?

ANR : Moi ?

MK : Oui !

ANR : Oui.

ML : T’es sûr ?

ANR : Oui.

ML : Oh mon Dieu ! « Future Palace »…

ANR : Je ne suis pas un fan de metalcore, donc j’ai probablement un regard de l’extérieur…

MK : Oui.

JF : D’accord, d’accord, d’accord ! Nous ne nous sommes jamais posé cette question !

ML : Nous voulions quelque chose qui tranche avec les noms des autres groupes metal, hors de question de nous appeler « Burn in Hell » ou « Hate your…. »…

JF : « Hate your Dad » !

ML : « Hate your God » (Rires)

JF : « Fire Palace »… J’ai joué auparavant dans une dizaine de groupes, et leurs noms sonnaient souvent bizarres… C’est toujours un instant spécial quand tu choisis le nom de ton groupe, tout comme l’est celui où l’on te demande comment ton groupe s’appelle, que ce soit « Orangina » (NDA : montre la bouteille devant lui) ou bien « Future Palace »…

ANR : On dit qu’« Orangina » viendrait plus ou moins d’Oran, donc il y a un véritable sens…

JF : Oui, ou « Coca Cola »… Ou « Cristaline »…

ML : Notre nom n’a pris du sens que plus tard : en effet, la plupart des chansons qu’on a composées parlent d’espoir, de solutions psychologiques, de foi en l’existence… Je pense également que nous représentons le futur du metalcore, en tous cas je veux l’être !

ANR : Et bien parlons à présent de votre futur ! La semaine prochaine vous allez vous produire aux Metal Hammer Music Awards dans votre ville, Berlin…

ML : La semaine prochaine ?

JF : Dans dix jours oui…

ANR : Le samedi 31 août, oui…

JF : En tant que Berlinois, nous sommes heureux de jouer à l’occasion de cet événement, car c’est un grand moment du metal allemand chaque année. Metal Hammer est le magazine metal le plus lu en Allemagne. Le lecteur moyen de Metal Hammer n’est pas forcément attiré par notre musique, donc jouer lors de cet événement représente pour nous la possibilité de toucher un nouveau public, en compagnie d’autres groupes, comme Battle Beast par exemple, qui sont plus classiques que nous le sommes. Quand Metal Hammer nous a demandé de venir jouer, nous nous sommes sentis flattés ! Nous sommes les jeunes gens qui vont montrer ce que sera le futur du metal !

ML : (Rires)

JF : (Se tourne vers Maria) Je crois d’ailleurs que tu seras la seule femme présente sur scène…

ML : Oui (NDA : et Battle Beast alors ?)

MK : Il y a une femme dans Lordi…

JF : Ah oui, d’accord…

ML : D’accord…

ANR : Pourriez-vous me dire quel objet singulier vous emportez avec vous en tournée ?

JF : Un oreiller de voyage. Les oreillers des hôtels sont souvent peu confortables…

ML : Oui…

JF : Il est assez cher en plus…

ML : Tu parles d’oreiller, moi je dirais mon spray de lavande… Je suis assez casanière, et déteste les chambres d’hôtels, à chaque fois leur odeur me dégoute et je suis bien contente de les parfumer à la lavande, cela sent comme à la maison, et je dors mieux !

MK : Je compléterais cette liste avec mon doudou en peluche. C’est agréable. Un animal flashy et tout doux…

ML : Oui moi-aussi ! Mon petit copain m’en a offert un…

ANR : Si Future Palace était une autre ville que Berlin, ce serait laquelle ?

JF : Non. Impossible.

ML : Nous sommes complétement Berlin.

JF : J’ai déménagé il y a deux ans pour habiter non loin de Berlin, mais Berlin est notre ville. En tous cas, nous ne pourrons être une autre ville allemande…

ML : Non ! Mais ailleurs dans le Monde, j’aurais probablement choisi Tokyo..

ANR : Tokyo ?

ML : Ouais, ou Seattle – Washington…

ANR : Et si votre groupe était un livre ?

JF : La Bible !

ML : (Rires)

JF : Je lis beaucoup de biographies de musiciens…

ANR : Et un film ?

JF : Interstellar… Le meilleur film de tous les temps : une bonne musique, de bons looks…

MK : Cela parle d’amour…

JF : Cela parle d’amour… Il y a une forte dimension psychologique, cela ne peut être qu’Interstellar ! Et c’est célèbre !

ANR : Si Future Palace était un sentiment ?

ML : L’ambivalence…

JF : Oh oui, c’est parfait !

ANR : Si votre groupe était un autre groupe ?

MK : Un autre groupe ?

ML : Cela n’existe pas !

JF : Non.

ANR : Dernière question : je vous demande de commenter une citation…

JF : D’accord !

ANR : Elle est de William Blake, qui a dit : « La route de l’excès mène au palais de la sagesse »….

MK : Nous devons apprendre du passé. Je pense par exemple à la Pandémie d’il y a trois ans : elle fut difficile à vivre, mais nous avons appris des choses à cause d’elle. Nous avons notamment appris à mieux connaître les autres, à mieux communiquer entre nous, spécialement au sein de ce groupe, à mieux travailler, c’est cela la sagesse…

ML : Je pense que s’il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est qu’on ne cesse jamais d’apprendre, jamais… Et je pense que c’est la meilleure sagesse qui soit… Tu dois toujours rester ouvert, et tu ne dois jamais cesser de comprendre… Tu ne sais jamais quel sera la prochaine chose qui arrivera dans ta vie, et tu dois t’y préparer. Auparavant, je me laissais surprendre par les événements, j’ai depuis appris à être davantage ouverte…

MK : Nous pouvons finir en citant Socrate…

ANR : Ah !

MK : Qui a dit : « Je sais que je ne sais rien »…

ML : Absolument !

MK : Il faut que tu conserves une certaine forme de naïveté afin d’être en mesure d’apprendre de nouvelles choses, afin de te forger ta propre opinion, c’est cela la route de la sagesse…

ANR : Excellent ! Merci ! Danke !

 

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