Art n’ Roll : Plagues of Babylon est votre onzième album, pouvez-vous le décrire ? Quelle en est l’idée principale, le thème?
Jon : Heavy Metal. Question suivante!
Stu : Heavy Metal et zombies! Et d’autres trucs… Fraternité, amitié…
AnR : Et à propos de Babylone peut-être?
Jon : Oui, bien sûr! Enfin, c’est à propos de la nouvelle Babylone, l’empire anglo-américain qui fait beaucoup de très mauvaises choses. C’est une sorte d’histoire d’horreur et de science-fiction qui n’a pas forcément de base historique. Il y en a une sans en avoir. C’est ce qui est cool avec les mythes universels : on peut prendre une idée ou un lieu de l’Histoire humaine et la tordre pour la mettre au présent. Mais ça s’est répété dans l’histoire de nombreuses fois.
AnR : Qui est le créateur de l’artwork, en particulier pour le clip de « Plagues of Babylon » ?
Jon : C’est Eliran Kantor. Il m’a contacté via notre management, au moment où tu es arrivé…
Stu : Ouais…
Jon : donc c’était en février dernier. Ca l’intéressait de faire l’artwork. Il l’a fait pour Testament et d’autres groupes. Là c’est un tout autre niveau pour lui, ça l’emmène vers d’autres directions. Ca a été une très bonne collaboration, c’est un très bon artiste. Il aime beaucoup Iced Earth et il comprend notre musique. Je pense que c’est une de nos meilleures pochettes. C’est sombre.
AnR : Est-ce qu’il a créé ce visuel avant l’écriture des paroles?
Jon : En fait, on savait déjà où le thème des 6 premières chansons allait nous mener. Le concept était le mien : Seth sur le trone, des zombies enchainés… On a échangé pas mal mais Eliran a très bien compris de quoi il était question. Les paroles ont été écrites pendant la création de la pochette. Et quand les paroles ont été finies, je les lui ai envoyées pour qu’il crée l’intérieur de la pochette, le livret et tout le reste.
AnR : Iced Earth a connu de nombreux changements de line-up, comment faites-vous pour conserver l’identité du groupe?
Jon : Ce sont les chansons qui créent le lien. Ma seule motivation pour ce groupe est l’écriture : j’ai quelque chose à dire. Je m’en fous un peu de tout le cirque autour de la rock star et tout ce qui va avec. Ma motivation, c’est que j’ai l’impression que c’est ce que j’ai à faire. On est montés à un niveau supérieur avec l’arrivée de Stu. Il est devenu mon partenaire dans l’écriture des chansons, ça a ajouté une nouvelle saveur, mais c’est toujours Iced Earth. Aussi longtemps que je pourrais gouverner le navire, avoir l’inspiration, c’est ce qui garde les choses cohérentes, je suppose.
AnR : Et quels sont les changements dans votre travail? Est-ce qu’il y a des évolutions?
Stu : Il y en a toujours!
Jon : Il y a toujours des évolutions. Que les gens le voient ou pas. Iced Earth est Iced Earth, Motorhead est Motorhead, AC/DC est AC/DC, Iron Maiden est Iron Maiden… On a chacun notre propre truc, c’est comme ça qu’on sonnera toujours. Mais je pense qu’on continue à grandir. Si on arrête de grandir en tant qu’être humain, on arrête de grandir en tant que compositeur et ça s’arrête. Mais je ne vois pas ça m’arriver dans un futur proche.
AnR : Comment se passe la tournée avec Volbeat? Comment le fait de tourner ensemble s’est décidé?
Jon : On est devenus amis il y a 3 ans. Michael et moi on a vraiment accroché instantanément, c’était bizarre, comme des frères perdus de vue depuis longtemps. Tous les deux on a une situation similaire au sein de nos groupes : il y a beaucoup de pression. D’abord, on a énormément de respect l’un pour l’autre mais on a aussi une connexion à un niveau bien plus profond. J’ai l’impression de le connaitre depuis des siècles et il ressent la même chose. On est liés et on se ressemble tellement que c’en est effrayant parfois.
Donc on s’est rencontrés, on est devenus amis, on a participé à leur tournée cet été aux Etats-Unis et c’était terrible! Pas juste Michael et moi, mais les 2 groupes se sont entendus. Ce sont des types tellement cools : je crois qu’on s’est trouvés des amis pour la vie. Il y a quelques temps, on était à Copenhague et lors d’un diner avec Michael et sa femme, il nous a annoncé qu’il voulait nous emmener en tournée avec lui, pour le prochain album. J’ai répondu que j’en étais honoré, parce que Volbeat est un groupe important et que c’était une grosse tournée. Et ses agents n’étaient pas d’accord. Ils ne voulaient pas d’Iced Earth. Et Michael a dit : “Si, c’est avec eux qu’on fera la tournée”. Il adore notre groupe, il a acheté nos premiers albums dès qu’ils sortaient quand il était gamin à l’école. C’est vraiment un cadeau de sa part de nous emmener en tournée parce qu’on a besoin d’être connus au-delà de nos fans. On a été en première partie de 4 groupes seulement depuis qu’Iced Earth existe, depuis 20 ans. Ce n’est pas qu’on ne le veuille pas, mais ce sont des choses qui se font en dehors de la scène, des connexions, de la politique…. Il nous a emmenés, et c’est un honneur!
AnR : Vos styles sont assez différents. Comment le public reçoit-il votre show?
Stu : Assez bien! Evidemment il y a des fans d’Iced Earth, mais on peut dire qu’on se fait de nouveaux fans. Au début du concert, on voit des gens avec les bras croisés, fermés d’abord, et puis ils les décroisent, ensuite ils commencent à battre la mesure et au final ils font les cornes du diable! Donc… ça fonctionne!
Jon : Et Michael avait prévu que ça fonctionnerait! Il me l’avait dit avant que la tournée commence. On a fait les Etats-Unis et ça a marché. Et là c’est du lourd : on a commencé par les petites dates, mais à partir des dates allemandes, ça devient gros, avec des salles de 10, 15, 18 000 personnes, des dates déjà complètes, des grands shows, avec une énorme production pour les fans de Volbeat. Et je suis un fan de Volbeat! J’ai hâte de voir ça!
Stu : Ça va être du grand spectacle!
AnR : Donc vous allez les voir après votre concert?
Jon et Stu : Oh oui!!
Jon : Presque tous les soirs! Si je ne le fais pas, c’est que j’ai des affaires à régler, mais sinon, c’est un rituel! Michael est toujours de mon côté de la scène pour me regarder et moi du sien, enfin il change tout le temps mais bref… J’adore les regarder jouer, c’est une source d’inspiration, il est marrant, c’est un super frontman, un super chanteur, parolier, guitariste… Un super être humain!
AnR : Vous avez joué dans plusieurs festivals cet été, en 2014 vous serez à nouveau en tournée pour l’album “Plagues of Babylone”. Je suppose que vous aimez être en tournée, non? Être sur scène, en tournée…
Stu : Oui, et on a l’obligation de partir en tournée, de s’exposer pour être connus autant que possible. Pour que les gens continuent à apprécier notre musique.
Jon : Et on essaye d’arriver à un niveau supérieur. Je crois qu’on peut y arriver : on a la bonne équipe, le soutien de Michael, son aide. Je crois qu’on a vraiment l’occasion d’y arriver.
ANR : Comment vous trouvez l’énergie de jouer autant?
Stu : Beaucoup de whisky!
Jon : Et de l’eau!! Nan, sérieusement, je ne sais pas. Si tu écoutes le titre “Highwayman”, sur le nouvel album, avec Russell de Symphony X, Michael de Volbeat, Stu et moi… écoute cette chanson, ça te dira tout sur nous.
AnR : Pouvez-vous décrire le concert à Kourion qui a donné un DVD live? Qu’est-ce que ça fait de jouer dans un lieu aussi historique?
Jon : C’était grandiose! Quand le promoteur m’a envoyé des photos de l’endroit, j’ai dit “Oui, évidemment! Bien sûr qu’on va le faire, tu plaisantes!”. Le groupe et l’équipe ont fait face à beaucoup de défis ce jour-là parce que c’est un théâtre vieux de 6 000 ans. La version actuelle a 2 000 ans, c’est pas rien! Il y a eu des spectacles de gladiateurs, du théâtre depuis 6 000 ans sur ce site, pendant les empires grec, romain et byzantin. La Maison D’Achille est juste à côté!
Ça a été un moment magique, aucun autre groupe de Heavy Metal ou de Rock n’y avait joué, et ça n’arrivera plus jamais. Un journal a publié un article quelques semaines après le concert : le gouvernement a sanctionné le promoteur pour que ça n’arrive plus jamais. Nos fans n’ont rien abimé. Mais d’une façon ou d’une autre le promoteur a dû se passer des autorisations et les autorités ont dû se rendre compte après coup de ce qui s’était passé. Ils ne voulaient pas que ça devienne une habitude : avec le son, les vibrations pourraient détruire le site.
Bref, on dominait l’océan [euh… la Mer Méditerranée en fait, mais je ne me permettrais pas de contrarier Jon Shaffer, hein.. NDLR], on a créé un moment historique pour nous. Un gros truc pour moi!
Stu : Ouais, pour moi aussi! C’était chouette, il faisait très chaud!
Jon : Oh oui!! 40 degrés!
Stu : Mais ça valait le coup!
AnR : Dans le même ordre d’idées, vous allez jouer à Tel Aviv et à Istanbul l’année prochaine. Ces pays ne sont pas très connus pour leur scène Metal, plus pour l’histoire et les guerres. Comment ça se passe quand vous jouez là-bas?
Stu : Et ben on a déjà joué là-bas et c’était génial!
Jon : Super public, super fans! Israël, ça va être génial, on va aussi jouer en Tunisie, à St Petersbourg et Moscou. On va dans pleins de nouveaux endroits… peut-être Porto Rico, des endroits en Amérique Centrale, en Amérique du Sud. On va jouer en Colombie, en Nouvelle -Zélande pour la première fois. On a pleins de choses programmées : on est pris jusqu’à fin aout 2014.
AnR : Oui, j’ai vu la liste des dates!
Jon : Et ce n’est qu’une partie des dates! Il y en a encore pleins d’autres qui vont arriver.
AnR : Jon, pouvez-vous nous parler de votre travail pour le film Silver Circle (film d’animation : http://www.silvercirclemovie.com/)?
Jon : Le directeur et scénariste du film avait entendu une de mes chansons avec Sons of Liberty [autre groupe de Jon Schaffer], “Jekyll Island”, sur Liquid Metal, une radio aux Etats-Unis. Comme il est très au courant de ce qui touche au système de la Réserve Fédérale, il a halluciné qu’un groupe de Heavy Metal ait une chanson à propos de Jekyll Island!! [Morceau d’histoire américaine : la Réserve Fédérale fut créée secrètement sur Jekyll Island au début du 20ème siècle. NDLR]. Alors il m’a contacté et m’a demandé s’il pouvait utiliser ma musique pour la bande son. J’ai donné mon accord, j’étais ok pour m’engager là-dedans. Après, il a voulu que je fasse un caméo. J’y suis allé en pensant que j’allais juste faire une apparition, être un figurant parmi les rebelles qui se battaient contre la police (ce qui n’aurait pas été loin de la vérité). Il a fini par me donner un rôle parlant : c’était bizarre de devenir un personnage animé et de se voir sous cette forme, en cartoon. Mais je pense que c’est un film important, le script est très bien fait. Ils n’avaient pas un budget pour faire une animation délirante, mais ça reste cool et le plus important, c’est qu’il y a un message, qui malheureusement risque de se réaliser. On verra… on verra si les gens sont capables de prendre un autre chemin.
AnR : Dernière question, avez-vous d’autres hobbies artistiques?
Stu : Des hobbies artistiques? Et bien, on essaie de se mettre à la bijouterie…
(Jon rigole)
Stu : Quoi? Je ne sais pas pourquoi il se marre… On a une ligne spéciale de bijoux qui ne devrait pas tarder à décoller. Et vous nous verrez bientôt chez Oprah Winfrey!
A part ça, avant je dessinais… Je ne sais pas. Déjà on crée cette musique, du coup quand je rentre je n’ai pas tellement le courage de dessiner ou de peindre un chef d’œuvre!
Non… peut-être le tricot?
Jon : Il m’a tricoté une superbe écharpe!
Stu : Il est possible que dans peu de temps je sois dans Tricot Magazine International!
Jon : En couverture!
Stu : Des ponchos roses!
Jon : Avec des crânes!
Stu : Rose!
Jon : Pour rester Metal!
Stu : Yeah!! Des couvertures pour pénis!
Jon : Il est du Canada! Il lui faut des vêtements chauds!