Sidilarsen
Chatterbox
Date de sortie : 27 janvier 2014
Voici le 5ème album studio des gars qui m’avait fait un effet dingue lors de leur concert au Divan du Monde il y a un peu plus d’un an.
Chatterbox va me faire le même genre d’effet, c’est-à-dire un shoot d’énergie brute digne de mes 15 ans, quand la fusion entre les styles musicaux étaient une nouveauté et le contexte moins plombé et plus propice à l’utopie. Dès les premières chansons je me sens particulièrement touchée : pour te raconter un peu ma vie, j’écoute les albums que le chef me donne à chroniquer dans mon Ipod sur le chemin du taf. « Comme on vibre », premier titre et single de l’album, m’a cueillie au sortir de chez moi un matin frisquet et m’a donné l’impression que la journée qui commençait n’allait pas être fastidieuse, mais au contraire pleine de punch (comme un coup de poing, pas comme la boisson, espèce d’alcoolique!). Le 2ème morceau m’a filé le frisson : je l’ai entendu sur le quai du RER, en regardant les masses laborieuses se rendre dans leur immense tour de bureau comme des zombies pâles et la chanson « Matière Première » racontait leur vie professionnelle, pauvre matière sans conscience et vouée à être sacrifiée à plus ou moins court terme. Glaçant.
Puis « Unanimes » arrive comme une profession de foi : mixant phrasé presque rap et guitares tout à fait Metal, Sidilarsen fait état de ses convictions.
« Hermanos » lorgne sur le Desert Rock et monte en puissance : le rythme est soutenu, technoïde. Ils ont gardé ce qui faisait le meilleur d’une époque où la fusion donnait une chance à des groupes français de montrer que dans l’Hexagone aussi, il y avait du talent à revendre. Si tu as connu cette époque, Chatterbox fera remonter dans tes souvenirs Lofofora, Assassin ou peut-être même Aston Villa (« L’ivresse des Maudits »). Les influences sont nombreuses mais le style Sidilarsen est unique, tout à fait Metal, mais aussi irrésistiblement groovy et te collant l’envie de te trémousser sur le dance-foor !
Un petit bémol pour ma part en écoutant « Les Anciens » : j’aime beaucoup l’hommage aux anciens, à ceux qui sont venus avant nous, mais je trouve la chanson un peu maladroite. Pas toujours évident de dire merci, alors on retiendra juste la volonté, pas la forme.
Avec « On en veut encore », c’est reparti pour le mélange des genres, encore une fois très bien maitrisé, cette fois avec la participation de Béra, pour des envolées stratosphériques et teintées d’Orient.
L’album se termine avec « Des milliards », 18 minutes : Sidilarsen avait demandé à ses fans courant 2013, de lui envoyer un enregistrement audio de la phrase : « Nous sommes des milliards contre une élite », en français ou dans une autre langue. Le groupe a donc intégré la voix de ses fans dans la 2ème partie de ce titre : c’est assez vertigineux, même si les questions que pose cet album concernant cette élite dominante et nuisible ne trouvent finalement pas vraiment réponse.
Au final, c’est quand même un sacré moment que nous font passer les Toulousains : un vrai bain de jouvence qui nous refait vivre nos émois adolescents, ce moment de la vie où tu crois que tu peux tout changer, et que la musique est une réponse valable à la connerie du monde !
The Kat