A Pale Horse Named Death
La Boule Noire, 16 février 2014
Le groupe de première partie, Blood Runs Deep commence avec une demi-heure de retard, devant une salle bien vide. On est dimanche soir, mi-février et il fait un temps typiquement parisien : humide, douceâtre, avec de bons petits courants d’air vicelards transportant toutes sortes de miasmes. Et pour tout dire, l’affiche métal goth de ce soir n’est pas le genre à compenser la sensation glauque du dimanche soir.
Donc, Blood Runs Deep. Des petits jeunes en provenance de Suisse Allemande (c’est pas moi qui précise, c’est le chanteur). Gros son, bien doom, avec du solo de guitare plein de réverb’ et des infra-basses pour te masser délicatement les intestins. Les paroles sont dignes de Type O Negative, référence obligatoire ce soir étant donné que le groupe en tête d’affiche est composé de deux anciens membres du groupe culte. Il n’y a qu’à noter le vert de la gélatine choisie pour parer les spots : c’est à peu de chose près celui qu’affectionnait notre défunt et regretté Peter Steele. Donc il est question de suicide, de regret, d’histoires d’amour qui finissent mal… Le chanteur remet ses cheveux noir corbac en place toutes les 45 secondes en moyenne d’un beau mouvement de tête.
Bref, sympa, mais pas follement original.
Rentrons dans le cœur du sujet avec A Pale Horse Named Death. C’est leur premier concert à Paris en tant que groupe, même si le chanteur a déjà joué ici avec Life of Agony. La scène parait bien petite pour accueillir tout le monde : Sal Abruscato (Type O Negative, Life of Agony) au chant et guitare, Matt Brown, guitare également, le batteur Johnny Kelly ( ex Type O Negative, Seventh Void, Danzig), Eric Morgan à la basse et Eddie Heedles, guitare encore. Tu comptes juste, ça fait donc 3 guitaristes, ce qui permet à Sal Abruscato de lâcher son instrument de temps à autre pour se consacrer entièrement au chant en agrippant son pied de micro. Chacun des guitaristes et bassiste y va de sa petite danse personnelle : pas de deux, petits sauts sur place façon crapaud ou grands jetés de torse. Abruscato fait très prédicateur en transe par moment, à moins qu’il n’ait abusé de certaines substances, le doute m’habite… Il me semble un peu à côté de ses pompes, se cognant presque à son micro ou trébuchant dans ses câbles… Mais la musique délivrée est parfaite. L’ambiance de spleen est amplifiée par les lumières qui passent du blanc le plus cru, tranchant, au rouge intense et au bleu digne d’une bouteille d’éther. Nous avons beau ne pas être nombreux ce soir, 50 au maximum, nous formons malgré tout un bel égrégore créé par l’univers dépressif de ce Pâle Cheval. Égrégore flatté lors qu’Abruscato, qui nous parle entre chaque titre, nous félicite pour la qualité de notre gastronomie comparée à celle de la Perfide Albion où jouait le groupe la veille. Merci, Sal, nous savons, c’est une évidence qui nous est souvent rappelée.
Pour « Shallow Grave », Abruscato demande à l’ingé-son de faire monter la basse pour l’intro : encore un petit massage des organes internes, exquis ! Juste avant « Die Alone », Abruscato essaye de ré-accorder, s’impatiente sur sa guitare et finit par lâcher l’affaire. Et puis à 22h, coupure brutale, les lumières reviennent, le groupe quitte la scène : le concert est terminé ! Matt Brown revient expliquer qu’il vaut mieux finir le concert maintenant avant que Sal ne casse sa voix. Ou autre chose. Il invite le public à attendre quelques minutes : ils viendront prendre un verre au bar de la Boule Noire. Gloomy Sunday décidément !
The Kat
Setlist :
To Die In Your Arms
As Black As My Heart
The Needle in You
Devil In The Closet
In the Sleeping Death
Growing Old
Cracks in the Walls
Shallow Grave
Pill Head
Die Alone
Killer by Night