« Je pense vraiment que « Burial Ground » est un album charnière , qui va faire date dans notre carrière tout simplement »
Entretien avec Stéphane Buriez et Drakhian
ANR : Nous sommes ravis de vous cueillir quasiment à la sortie de votre tour bus ! Vous venez tout juste de terminer la tournée « Brutale Coalition » avec Benighted : dix-sept dates consécutives sans day-off dans toute la France, alors pour commencer, comment ça va ?
Stéphane : Très bien on serait bien restés dix jours de plus tellement ça s’est bien passé !
ANR : Et niveau fatigue ?
Stéphane et Drakhian : Zéro Fatigue !
S : Les dix-sept dates se sont passées sans encombre, on a rencontré des gens géniaux !
ANR : La tournée a eu l’air de s’être plutôt très bien passée d’après ce qui a pu circuler sur les réseaux sociaux ! Le sourire que vous affichez ici en tout cas en témoigne !
D : On a rencontré une belle famille
S : Il y avait deux familles au début de la tournée, puis une seule et unique ! On s’est très bien entendus, les gars de Benighted sont vraiment incroyables, c’est une très belle rencontre humaine et musicale ! Le plateau a super bien fonctionné, dix sept belles dates d’affilé.
ANR : Pendant cette tournée vous avez joué devant de petits chanceux quelques titres du nouvel album « Burial Ground » qui sort dans toute l’Europe le 28 avril chez Listenable Records( et courant juin aux États-Unis).
Quelle a été la réaction du public à cette occasion ?
D : Très très bonne réaction, nous avons joué trois titres du nouvel album. Nous avons choisi des titres qui s’intégreraient parfaitement dans la set-list.
S : « Abstract God » était déjà plus ou moins identifié puisqu’il se trouvait déjà sur la compilation Klonosphere qui est sortie en juin dernier.
D : « From Dried Bones » est un morceau très explosif, on peut vraiment rentrer dedans immédiatement.
A l’inverse « A Bloody Oath » est un titre très en ambiance, avec une partie très lente …
ANR : De quoi dissiper un peu les doutes, si toutefois vous en avez, sur l’accueil de l’album?
S : Des doutes sur le fait que l’on adore l’album que l’on vient de faire, ça on n’en a pas ! (rires)
Ce que les gens nous ont rendu nous confirme que l’on a fait quelque chose qui devrait fonctionner. On a hâte de jouer cinq ou six nouveaux titres sur scène, c’est la prochaine étape !
ANR : La prochaine étape en tout cas c’est la sortie de « Burial Ground » !
Tu as dis Stéphane récemment dans une interview que cet album serait une sorte de « pierre angulaire ».
Comment l’interpréter ? L’album crucial ? Qui équilibre tout ?
D : …qui équilibre tout…c’est la chape de plomb qui vient tout souder.
S : Je pense vraiment que « Burial Ground » est un album charnière, qui va faire date dans notre carrière tout simplement.
ANR : Qui pose les fondations pour la suite ?
S : Bien sur, on avait déjà commencé avec « Frozen Moments Betweenn Life And Death », mais avec « Burial Ground » on a vraiment l’intime conviction qu’on a livré un album qui va démarrer quelque chose.
ANR : Quoi donc ?
D : (accent marseillais) La conquête du monde ! (rires)
S : C’est bien d’être un groupe qui a trente ans de carrière, on le dénigre pas, mais l’idée c’est aussi de voir devant, de voir ce qui va arriver, on ne regarde pas de rétro.
Cet album pose les bases de ce qui va arriver ailleurs et en mieux.
D : Sortir un peu du carcan de l’image de « dinosaure » du métal français de Loudblast…
Mais ce n’est pas tant le public qui nous présente comme ça, c’est plus les medias !
S : Les vétérans (rires) !
Il ne faut pas oublier que lorsqu’on a commencé Loudblast on était des gamins donc forcément notre carrière est longue !
C’est parfois un peu pénible…
D : Je ne pense pas que ça ait vraiment desservi le groupe parce que ça reste flatteur, en revanche, il est largement le temps de passer à autre chose.
ARN : Quand on regarde le public présent à vos concerts, toutes les générations sont représentées, il n’y a pas que ceux qui vous suivent depuis le début, il y a aussi beaucoup de petits jeunes !
S : On l’a bien vu sur la tournée: des gamins de quatorze ans avec des patchs Loudblast !
ANR: “Burial Ground » fait suite à « Frozen moments between life and Death » sorti en 2011.
Combien de temps votre nouvel album a-t-il pris pour voir le « jour », si je puis dire, puisque ce nouvel opus est particulièrement dark…
S :Le premier morceau « The Bird » a été composé il y a deux ans à peu près.
D : Sachant qu’il n’a connu sa forme définitive qu’il y a 3 semaines
(rires).
S : On a pris le temps aussi …On a fait énormément de concerts, près de cent-quatre-vingt dates depuis la sortie de « Frozen Moments Between Life and Death ».
On a réussi à s’aménager du temps de travail en maquettage en aout dernier pour se réunir tous ensembles, faire trois titres et voir un peu ou on en était.
On s’est donné une date buttoir et ensuite tout s’est embrayé, tout ce que nous avions en sommeil en nous s’est réveillé.
ANR : Quelle a été la part de chacun dans la composition de l’album ?
S : C’est le fruit d’un gros travail de quatre personnes, Alex (basse) a apporté beaucoup, c’est une vraie machine à riff !
D : Il doit en rester au moins le triple sur son téléphone d’ailleurs !
(rires)
S : Jusqu’à la dernière minute on a changé des choses, chacun y a mis du sien, c’est un beau millefeuille cet album !
D : On a la chance d’avoir les deux niveaux: le travail individuel, puis également le bel effort collectif de se retrouver à chaque fois, d’améliorer les morceaux et de leur donner leur forme définitive.
ANR : Avec la géographie et vos calendriers ça ne doit pas être évident !
S : On a géré au mieux, mais c’est vrai qu’il y a eu des écueils dans la composition de cet album.
Mais tout ça a fait que cet album existe ! S’il avait été simple à pondre il n’aurait pas sonné comme ça.
ANR : Vous pensez que vous avez trouvé le bon équilibre?
D : Dès le début on nous a donné la place de « 1 » à Alex et moi, pas de 0,5….Nous sommes arrivées à quatre et ça n’a pas bougé depuis.
Il n’y a pas de raison que cela change.
S : Choisir des exécutants, des gars à ta solde ça n’a vraiment aucun intérêt. Si ça se passait comme ça il n’y aurait pas de raison pour Loudblast de continuer.
ANR : Qu’est ce qui vous poussé à faire tout « Made in France, des prises au mix au Studio Sainte Marthe chez Francis Caste.
D : Le talent de Francis Caste !
S : Déjà sur de « Frozen Moments Between Life and Death » on avait tout enregistré en France au E-Factory.
Là nous avons fait les batteries au LB Lab, mon ancien studio, puis tout le reste au E-Factory et au Slab sound pour les basses.
On a bossé avec Scott Burns, Colin Richardson, Peter Tägtgren…des bons producteurs il y en a partout dans le monde.
Mais il ne faut pas oublier qu’il y en a de très bons en France ! Et en l’occurrence Francis Caste à Paris dont on adore le travail, sur Svartcrown et Bukowski par exemple.
C’est le premier nom qui est arrivé lorsqu’on a parlé de la production.
Il a vraiment une identité et c’est ce que nous voulions sur cet album.
D : On était persuadés que ça allait vraiment coller avec les morceaux.
ANR : Revenons au cœur de l’album, avant même l’écoute, on a ce visuel, très dark et evil, un artwork qui se distingue des précédents.
Qu’est ce qui vous a porté vers ce choix final, vous aviez plusieurs pistes il me semble ?
D : La musique elle-même, il fallait une image suffisamment frappante et sombre pour bien représenter le contenu de l’album.
S : C’est sur l’artwork que nous avons pris le plus de temps pour nous décider. Nous nous étions arrêtés sur un visuel au début de la composition de l’album, il était sublime, mais pas assez dark. Puis nous sommes passés encore à un nouvel artwork, une sorte de « femme végétale », que l’on utilise sur notre nouveau backdrop.
On voulait quelque chose de dérangeant, malsain et assez cash.
Ce « démon arbre » réalisée par Will Kuberski était juste parfait.
ANR : L’écriture de l’album avait commencé, puis un événement tragique vous a touché, dans quel sens cela a-t-il fait évoluer la suite de la composition de l’album ?
S : Ça s’est tellement impalpable…
D : Si tu prends les choses de manière pragmatique, ce sont des choses un peu inconscientes…
Si tu le prends de manière un peu « hallucinée » tu peux te dire que l’esprit de Marianne (Aka LSK, Secret of the moon) est venu nous habiter… à partir du moment où on l’a porté en nous quand il fallait composer et enregistrer c’est évident que ça s’est ressenti: dans les textes, peut être même dans la façon que Stéphane a eu de chanter, que j’ai eu de jouer de la guitare…
Les événements de ta vie on une influence directe sur ta création artistique.
Comme Marianne avait commencé à écrire les textes pour cet album on avait tous le cœur et l’esprit tourné vers elle.
Fatalement il y a quelque chose de très funeste qui en ressort…
ANR : Oui effectivement l’ambiance et « funeste » sans être « funèbre », mais à l’écoute finalement…pas du tout négatif.
Tous les titres sont très puissants, il y a de la rage et beaucoup de positif. Qu’en pensez-vous ?
S : Bien sur !
D : Oui parfaitement ! La résurrection était un peu le thème central. C’est un passage, vers quelque chose de choisi… Autre chose…
ANR « Burial Ground » comporte 9 titres, mais en réalité 10, “The Bird” sortant en bonus sur l’édition vinyle.
Stéphane tu disais récemment que : « cet album raconte une histoire ».
Les textes n’ont pas tous été écrits pas les mêmes personnes et surtout dans le même contexte, c’est quasiment mystique que tout s’imbrique parfaitement…
D : C’est le vaudou … (rires)
S : Oui…il y a vraiment une part d’ésotérisme et de mystique dans cet album…
D : Si ce n’est l’intelligence de s’entourer des personnes qui connaissent notre univers et on traversé les même choses que nous.
Ceux qui on été invités soit à écrire soit à jouer sur cet album savaient très bien ou nous allions. La cohérence au niveau des paroles vient de là je pense.
ANR : Concernant ces titres justement, il y a de la surprise, des choses que vous n’aviez pas fait auparavant, le chant clair en est en exemple, comme sur « I Reach The Sun », a quel moment vous êtes vous dit« aller, on tente autre chose »
S : Dans un premier temps on a eu une discussion avec tous les membres du groupe. On m’a clairement dit « Stéphane essaie autre chose parce que tu sais le faire ! Que tu l’as jamais fait dans Loudblast et que c’est con de priver le groupe de cette facette de ta voix »
D : C’était plus un encouragement, car on savait que dans d’autres projets Stéphane était capable de faire certaines choses, pas du tout exploitées dans Loudblast alors que c’est une réelle plus value !
Notamment le chant clair, plus rocailleux…
S : Au moment du maquettage où je suis parti m’isoler pendant cinq jours en studio, tout est sorti facilement, c’est ça qui est complètement incroyable.
Sorti comme jamais auparavant.
Le chant c’est toujours quelque chose de douloureux, ce n’est pas facile de poser ta voix parce que tu as toujours l’impression que ce n’est pas toi.
Sur cet album, tous les mots qu’on m’a prêté, qu’on m’a donné me parlaient et me touchaient.
Ça m’a aussi aidé à me libérer de cette espèce d’obligation de « growler ».
En plus l’ambiance et les thèmes des chansons s’y prêtaient complètement.
C’était maintenant ou jamais.
ANR : Deux clips vont sortir, le premier « Ascending Straight In Circles » , un clip live, puis un second , pouvez vous m’en dire déjà plus ?
D : « Ascending Straight In Circles » a été réalisé, filmé et monté par Anthony Dubois, c’est un clip live.
S : Et il sort dans deux semaines à peu près.
Là nous revenons de tournée, on a plein d’images car nous avons eu la chance d’avoir notre équipe « Gornoss » qui nous a suivis sur pas mal de dates. Gornoss nous avait déjà fait tous les teasers.
En fait ce clip live va encore être un peu remodelé, car quitte avoir du « live, » autant avoir un maximum d’images de fosses, de mecs qui se foutent sur la tronche (rires).
On ne voulait pas faire comme sur « Emptiness Crushes My Soul », un clip avec un synopsis, moi je ne l’ai toujours pas compris (rires).
Un clip live c’est toujours efficace.
D : C’est un support incontournable qui doit être facilement accessible. Maintenant les jeunes générations vont surtout découvrir les groupes sur You Tube.
S : Le second clip va arriver très vite également. Cet album est facilement
« clipable » il y a tellement d’ambiances, d’histoires à raconter, j’ai envie de faire un clip pour chacun des titres!
Le prochain morceau que l’ont choisira sera peut être le contrepied d’« Ascending Straight In Circles », peut être plus ambient.
ANR : Il paraît qu’il vous reste pas mal de titres de coté qu’allez vous en faire ?
S :On a quelques morceaux que nous n’avons pas mis sur l’album, qui auraient pu avoir leur place. On ne veut pas les laisser « mort-nés », ce sont des titres forts.
Il se pourrait que nous retournions en studio dans le cours de l’année pour enregistrer un EP.
ANR : Il y a beaucoup de grosses dates à venir, Dubaï, la Réunion, Dour, une tournée au Québec et notamment le HELLFEST !
S : Fin d’après midi sous la Altar Stage le vendredi 20juin!
Ce jour là il y a Slayer, Iron Maiden …Watain !
Ça risque d’être une très bonne journée.
Nous allons jouer une set-list de 50 min et faire la part belle au nouvel album et aux quelques « incontournables », les classiques !
ANR : Pour conclure, « BURIAL GROUND » en quelques mots ?
S : Death Metal, sombre, incontournable !
D : Tous autant que nous sommes on fait de la musique ou toute autre forme d’art pour transmettre des émotions.
Cet album là en est blindé, il y a beaucoup d’atmosphères qui vont vraiment faire voyager les gens.
On espère qu’ils prendront le temps de rentrer dans cet univers et de ressentir ce qu’on y a mis.
Soundcloud: https://soundcloud.com/promo-35/loudblast-ascending-straight
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