ANR : Vous allez donc sortir votre 10ème album d’ici peu ?
Jens Ludwig : 10ème oui, nous avons quelques « live » et des dvd mais c’est le 10ème album studio.
ANR : Est-ce que vous avez déjà des retours sur cet album ?
J. L. : Oui bien sûr nous avons déjà des retours de journalistes.
ANR : Et qu’en disent-ils ?
J. L. : Pour le moment les retours sont très bons, tout le monde semble l’apprécier mais évidemment il y a toujours des personnes qui n’apprécient pas ce que nous faisons pour différentes raisons. La semaine dernière nous avons sorti la 1ère chanson « Sabre & Torch » donc nous avons aussi la 1ère impression de nos fans. Et les réactions sont excellentes, tout le monde aime vraiment cette chanson. Je suis très curieux de ce que va être leur réactions à la sortie de l’album car c’est toujours un moment très excitant pour un groupe, tu sais on passe des mois à enregistrer, écrire, produire l’album et là finalement tu le sors et tu attends leur opinion. Donc on attend avril avec impatience.
ANR : Comment c’est passé l’écriture et l’enregistrement de l’album?
J. L. : Et bien, très rapidement… on a commencé à la fin de l’été, en août et nous avions déjà en tête, en parlant avec la maison de disques, de sortir cet album en avril. Nous avons commencé à travailler en studio et à calculer pour tenir les délais, 9 semaines en tout, et à ce moment-là nous n’avions même pas une seule note écrite. Nous avons pris ça comme un challenge en nous disant que si ça ne fonctionnait pas, nous pouvions toujours retarder la sortie si on pensait que l’album n’était pas suffisamment bon. Mais il s’avère que nous l’avons trouvé très bon, le point positif à travailler avec un timing si serré c’est que tu ne réfléchis pas trop… disons que tu ne réfléchis pas à 2 fois avant de faire un choix. Même quand nous avons commencé les enregistrements studio, nous n’avions que la structure de la chanson et les arrangements basiques mais tout n’était pas encore défini à 100%. En fait lorsque nous enregistrions les percu, nous étions en même temps dans le studio à enregistrer la partie guitare avec Felix Bohnke à la batterie. Et en le faisant comme ça, nous avons eu l’occasion de saisir quelques « moments magiques », des impros où tu te dis « oui ça, ça peut rendre quelque chose, essayons de repartir de là et voir où ça nous mène …». C’était beaucoup de pression, beaucoup d’emmerdements par moment mais d’un autre côté, tu as ces moments que tu n’as jamais si tu produis pendant un an parce que tu réfléchis trop à tout, tu rentres trop dans les détails, tu vois ? C’est pour ça, à mon avis, que cet album sonne très « frais », sonne vraiment comme venant des tripes, si tu vois ce que je veux dire. Et c’est ce qu’on aime avec cet album.
ANR : Peux-tu nous expliquer ce dont parle l’album ? C’est une histoire globale ou chaque titre est indépendant ?
J. L. : En fait chaque titre est une histoire, ce n’est pas un « concept album» même si ça peut y ressembler à l’écoute. Mais non ce n’est pas une histoire unique tout au long de l’album, chaque chanson est indépendante.
ANR : Et peux-tu nous parler de la chanson « Alone in myself » ? De quoi traite-elle au juste ?
J. L. : Et bien je n’ai pas écrit les paroles de cette chanson mais pour autant que Tobi m’ait expliqué, cette chanson est à propos du feeling que tu as d’être mal compris en un sens. Quand tu perds tes mots, tu vois, quand tu veux dire quelque chose et qu’une fois dit, tu as l’impression que ce n’est pas exactement ce que tu voulais exprimer. Comme si tu perdais une partie du sens en l’exprimant. En fait, quand les gens voient ce que tu fais sous un jour différent de celui que toi tu voyais et c’est ça l’idée centrale de cette chanson, ne pas être bien compris, ne pas trouver les mots justes pour exprimer ce que tu veux dire.
ANR : En passant c’est l’une de mes chansons préférées de cet album.
J. L. : Oui je comprends c’est une chanson très « intime », très intense.
ANR : Et comment vous est venu l’idée de la reprise de « Rock Me Amadeus » ?
J. L. : En fait, nous avions toujours eu l’idée de faire une reprise de cette chanson de Falco. Assis dans le « tour bus » après quelques bières, on discutait de ce qu’on pourrait faire après … un jour on pourrait faire une reprise de Falco… c’était une blague à la base, et nous avons commencé à réfléchir aux différentes chansons pour cet album et on s’est dit qu’on devrait faire une reprise de « Rock Me Amadeus » on y a réfléchit. La première chose c’était de voir s’il y avait déjà eu des reprises de cette chanson. Alors on a cherché sur internet et on n’en a pas trouvé beaucoup, voire pas du tout… enfin de bonnes reprises. On s’est demandé pourquoi, cette chanson est quand même un énorme hit. Pourquoi personne n’a jamais tenté d’en faire une reprise ? Alors on s’est dit qu’on allait le tenter. En commençant à bosser dessus on a compris pourquoi personne ne voulait le faire : cette chanson est tellement difficile. Pour moi ce n’est pas juste une chanson de plus, c’est plus comme une œuvre d’art. Quand tu reprends cette chanson, il y a de très grandes chances que ça tourne vraiment au ridicule. Mais c’était vraiment un challenge, surtout pour Tobi, réussir à trouver le bon accent, la bonne mélodie. Il a vraiment passé des semaines à écouter les versions live, les différentes versions de la chanson à essayer de comprendre ce qui se passait exactement, quel était le « phrasé ». Il est vraiment rentré dans la chanson et le résultat est vraiment cool. En l’écoutant pendant qu’il enregistrait la partie vocale, on se disait que ça sonnait comme l’original mais avec la patte de Tobi, c’était important et on a vraiment aimé.
ANR : La 1er fois que j’ai écouté l’album sans avoir regardé les titres des chansons je me suis dit « non c’est pas possible, ils n’ont pas fait ça » je l’ai écouté quand même et le rendu est bon. Une bonne surprise. Maintenant, concernant la pochette : comment a-t-elle été créé et par qui ?
J. L. : C’est une peinture et l’artiste qui l’a réaliser est le même que celui qui a fait la couverture de « Age of the Joker » il s’appelle Dan Frazier, c’est un prof d’art aux Etats-Unis et généralement, quand il ne peint pas les couvertures des albums d’Edguy , il peint des cartes « fantasy » comme Magic et ce genre de chose. Nous l’avons contacté via internet, l’idée à la base était quelque chose de flashy, quelque chose qui attire l’attention et quelque chose dont on se rappelle. Et bien sûr, beaucoup de gens nous ont dit « vous pouvez pas faire ça, c’est pas une couverture pour un album de Heavy Metal ». Avoir le policier des Village People sur la couverture, on a pensé que ça attirerait vraiment l’attention et je suis sûr que dans 10 ans, quand les gens parleront de l’album, ils se rappelleront de la pochette. Et c’est vraiment une réussite pour une couverture d’album.
ANR : Il n’y a pas eu de changement de line up depuis des années, c’est plutôt rare, quel est le secret ?
J. L. : En fait le secret, c’est qu’on est 5 dans le groupe et que chacun peut à la fois écouter et donner son avis. C’est ce que la plupart des groupes oublient juste avant de se séparer : d’écouter les autres et de communiquer. Ce que je veux dire, bien sûr il y a des disputes dans le groupe à propos des chansons, des pochettes, à propos de tout et n’importe quoi, parce que quand tu as 5 personnes, 5 personnalités différentes évidement tu obtiens parfois 5 opinions différentes. Parfois tout le monde a la même opinion et parfois, tu dois en discuter. Et parfois, tu peux t’énerver parce que tu es convaincu alors que les autres voient les choses différemment. Et tu dois en discuter, trouver un arrangement en pensant « Quelle est la meilleur décision pour le groupe ? ». Et si tu réussis à faire passer le groupe en premier et pas ton ego, alors tu peux avoir un line-up aussi stable. Et qui marche de mieux en mieux avec chaque album parce qu’il a la chance de découvrir de nouveaux éléments, la personnalité de chacun se développant dans des directions différentes. Tu ne peux pas dire que tout le groupe se développe dans la même direction, ce n’est pas comme ça que ça marche mais c’est ce qui fait tout l’intérêt. Chacun vient avec de nouveaux aspects, apportant des choses dans le groupe y compris quand le line-up est très stable. Je pense qu’en fait il y a 2 secrets : le premier c’est que nous sommes capables de nous parler et de nous écouter, et le second c’est qu’on aime ce que l’on fait. Vraiment on apprécie ce que l’on fait et on se rend compte que c’est rare et on est reconnaissants pour tout ce que l’on peut faire, les tournées dans le monde entier, tous ces trucs dingues et géniaux. Personne n’est prêt à abandonner ça parce qu’il est, à un moment, énervé contre quelqu’un d’autre. Personne n’est prêt à abandonner ce que nous avons, ce que nous avons réussi, à la légère. C’est certainement le point clé, et je peux vraiment dire que nous sommes amis. Et si tu passes autant de temps ensemble avec d’autres personnes il faut que tu aies un lien personnel avec elles, ça ne peut pas marcher autrement.
ANR : Y-a-t-il une tournée programmée dans les prochaines semaines, prochains mois ?
J. L. : Oui, la tournée va commencer mi-septembre, d’abord en Angleterre et à la fin du mois ce sera le début de la tournée européenne. Nous serons en France, à Lyon, le 14 octobre et le 15 à Paris, après nous verrons ou nous irons.
ANR : Depuis les débuts du groupe quels est ton meilleur souvenir ? Et le pire ?
J. L. : Pour moi les meilleurs souvenirs seront toujours les premières fois, première signature de contrat pour enregistrer, premier concert dans un grand stade. Toutes ces choses qui sont tellement excitantes la première fois. La première tournée en France par exemple. En fait toutes les premières fois, c’est ça mes meilleurs moments. Pour le pire… et bien … Tobi a fait une chute de la scène il y a 2 ans pendant un festival. Nous ne savions pas s’il allait pouvoir assurer le show. C’était l’un des pires moments, ça c’est sûr, tu es là sur scène, en tête d’affiche, 20 000 personnes un vendredi soir et là Tobi tombe… Le choc … je me rappelle exactement que nous jouons la chanson et que nous nous sentions mal car on ne savait pas ce qui arrivait : « est-ce qu’il s’est blessé ? » Nous étions sur le point d’arrêter de jouer quand nous avons entendu Tobi nous dire : « continuez, continuez… » Nous avons joué la chanson en version instru, après il est revenu des backstage et on a pu continuer le show mais c’était l’un des pires moments.
ANR : Plus de questions pour moi, merci beaucoup !