Je vais te raconter ma vie avant de rentrer dans le vif du sujet. Tu comprendras pourquoi. En ce moment, ma vie est aussi mouvementée que les épaules de Sarkozy. Je prépare un oral au taf, je passe des formations pour devenir une sorcière aguerrie, je fréquente un M. 100 000 volts, et quand il me reste du temps, je dors. Ah non. Je vais en concert.
Ça te donne une idée de ma vivacité dimanche soir au moment d’entrer dans la salle de concert du Point Ephémère. Salle où je n’avais d’ailleurs jamais mis les pieds. J’ai bien fréquenté le bar à côté, malgré les hipsters, mais la salle de concert adjacente, point.
Première impression : les videurs sont typiques des lieux festifs de la Capitale. No Comment. Je ne testerai pas le Truck-Food (quand je te disais que c’était un repère de hipsters…). En effet, l’ouverture de la salle est à 19h et le début du concert à 19h15. Heureusement que nous (M. 100 000 Volts et moi) sommes arrivés tôt car l’ouverture de la salle est un peu retardée. Pas le concert. Quand nous entrons, le set de Schammasch commence dans la pénombre. Trois des membres du groupe offrent leur dos aux regards du public, dans la lumière bleu indigo des spotlights sur scène. L’odeur d’encens est entêtante (je vais finir par croire que c’est un point commun constant entre les concerts Black Metal et l’Église).
Le premier titre commence et on passe au rouge côté lights. Le groupe se met en scène dans une attitude distante, ils n’échangeront pas un mot avec le public, et resteront assez statiques, se contentant de tourner le dos au public à la fin de chaque morceau.
Au final, on se prend relativement facilement au jeu de ce chanteur à capuche, un de plus, au visage peint en noir.
Puis Secrets of the Moon entre en scène, c’est le groupe que je voulais voir plus particulièrement ce soir. Leur jeu de scène est plus dynamique, moins affecté. Cependant, quelque chose semble faussé. Le groupe semble chercher ses marques. Les problèmes de sono n’aident pas… LSK, décédée il y a un an presque jour pour jour, a été remplacée par une autre bassiste. Le groupe lui rendra hommage avec le titre « Nyx » en fin de set.
Mes études de sorcière ne me permettant pas ce jour-là d’apprécier la fraicheur d’une boisson maltée et alcoolisée, je me contente d’un jus de tomate. Ceci explique peut-être mon manque d’entrain : je n’arrive décidément pas à rentrer dans le concert. Même avec la lumière jaune soufre, même avec « Lucifer Speaks », un comble ! Je vois cependant les têtes se mettre à osciller, le public est dedans, lui !
Et il y a en effet de quoi apprécier ce set. Le groupe apparait comme dans un théâtre d’ombres, le refrain de « Lucifer Speaks » est appuyé par un long flash blanc et aveuglant. Puis Le rythme ralentit pour un solo de guitare répétitif, assez envoûtant… je me laisse entrainer petit à petit. Les lights virent au vieux rose (oui. Vieux Rose. On se croirait dans un roman de Jane Austen). Après « Nyx », le set me parait devenir chaotique, et s’arrête, brutalement pour moi qui commençait tout juste à apprécier.
Dark Fortress prend le relais, devant un public moins nombreux mais qui semble les attendre avec joie et impatience. Je cite M. 100 000 Volts : « Et ben son maquillage il est raté ». Bon. Je ne le dirais pas dans ces termes sans détour, mais si Morean, chanteur de Dark Fortress, voulait faire dans l’original, il a manqué son coup. En le regardant, je me dis qu’il n’est pas facile d’être le peuple de la France un frontman crédible. Et que le live ne pardonne pas. Là où les clips du groupe distillent une ambiance malsaine, je ne vois sur scène que des personnages grandiloquents ayant du mal à en imposer. Et quand le chanteur dit en substance « Bonjour, j’aime beaucoup la France, nos albums sont disponibles au merch’ », je ne peux qu’y voir un mercantilisme agaçant.
Décidément, je n’accroche pas.
Au final, je sors de ce concert en regrettant que le set de Secrets of the Moon n’ait pas durer plus longtemps. Schammasch aura été le groupe qui aura le mieux tiré son épingle du jeu.