ANR : Nous nous sommes vu il y a deux ans lors de la sortie de l’album avec Arno. Quels sont les gros changements qu’il y a eu depuis ?
Bah déjà un changement de chanteur : nous avons arrêté notre collaboration avec Arno, comme il était prévu puisque c’était 6:33 & Arno Strobl. Nous sommes donc revenus à 6:33, changement de voix donc, ainsi que d’approche musicale, plus la même, peut-être un peu plus fusion. Avec Arno, on lui passait la musique déjà composée, il bossait dessus de son côté pour le chant et on découvrait ensuite ce que ça donnait. Là, avec Rorschach, on a davantage bossé ensemble, c’était un travail plus collectif au niveau des voix.
ANR : Et comment vous est venu l’idée de cette pochette ?
Pour remettre le truc dans le contexte, c’est une sorte de concept album qui parle des sept péchés capitaux. Nous avions des images très vagues pour la pochette. On bosse avec le même gars pour nos pochettes depuis le début, on aime bien son approche, type « affiche de film », et là, cette idée du berceau, c’est censée soulever une question : « Est-ce que l’Homme nait par défaut complètement plein de vis, de péchés, de défauts ou est-ce qu’il les acquiert par solidarité avec le monde qui l’entoure, par influence extérieure ? ». Après, au niveau de l’univers plus général, on avait envie d’un truc un peu dérangeant, sans que ce soit gore non plus. On lui a dit de nous faire un truc un peu à la famille Adams et franchement, on n’est pas déçu du tout !
ANR : Peux-tu justement nous expliquer de quoi parle les chansons ?
L’idée était donc de faire tourner l’album autour des sept péchés capitaux. Vu que le thème était déjà largement abordé, que ce soit dans le milieu de la musique ou du cinéma, il fallait le tourner à notre sauce, autour de petites histoires. Raison pour laquelle nous avons 9 chansons, les sept péchés racontés dans chaque chanson, un prologue et un gros épilogue à la fin. On n’a pas voulu non plus faire trop moralisateurs, trop religieux… C’est plus dans le genre Mr Gourmandise, Mme Luxure, un peu comme les bouquins que l’on avait gamin avec Mr Pressé….
ANR : Dès le début, nous avons l’impression de tomber dans une sorte de comédie musicale. Sans tomber dans l’opéra rock mais il y a de l’idée.
Oui, on voulait faire un truc un peu à la Brodway. Déjà le thème, avec cette sorte d’ombre religieuse qui plane dessus, donne cette couleur puis en opposition avec l’album avec Arno, où il n’est pas besoin de mettre des harmonisations dans tous les sens, il a une voix qui se suffit à elle-même. Là on a pris le truc à contrepied, on a vraiment voulu faire quelque chose de très très riche au niveau des voix, des chœurs. On a bossé avec une chanteuse, une chorale de dix personnes pour donner un coté très riche au niveau des voix et justement un peu effectivement comédie musicale.
ANR : Il y a aussi le morceau « Modus Operandi », qui sonne vachement Burton/Cirque….
Oui, c’est un morceau sur la luxure. Ça parle d’un bonhomme qui organise des soirées dans son manoir, il invite plein de monde, les gens sont à l’aise, ils ont des petits fours, de la coke, à boire…. Et une fois que tout le monde est défoncé et claqué, bah… il tue tout le monde.
ANR : Donc même si l’on reconnaît la patte de 6:33, cet album est totalement différent du précédent. Un rapport avec le fait qu’Arno n’ait pas bossé dessus ?
Je suis ravi que tu le penses. Que ce soit avec Arno ou Rorschach, c’est Nico qui compose quasiment la totalité des morceaux, c’est pour cela que l’on retrouve la patte du groupe. Mais effectivement, même si ce n’était pas prémédité, cet album n’a pas grand-chose à voir avec le précédent. C’est une évolution naturelle qui se fait je pense.
ANR : Et comment s’est passé l’enregistrement de l’album ?
Ce qui nous rend grandement service, c’est le fait que je sois ingénieur du son, j’ai un petit studio d’enregistrement chez moi, tout l’album a donc été enregistré et mixé chez moi, par moi. Nico m’a bien aidé sur toutes les séances de mix, il était là à chaque fois, pour être sûrs de la direction à prendre, car on a bien bossé bien rigolé mais au total on dépasse les 1800 pistes, on s’est lâché quoi. D’une part c’est important pour nous d’avoir la main mise là-dessus et en plus, à moins d’avoir 2 millions à claquer en studio, on n’aurait pas pu le sortir. Mais à la fin, on était très contents du résultat, même si en ayant passé autant de temps dessus, on ne se rendait plus compte de tout à la fin ! On l’a fait écouter à un pote qui nous a dit que c’était bien mais… qu’on devrait passer le bébé à quelqu’un pour que ce soit encore mieux. On l’a donc passé à Bruno Gruel d’Elektra Mastering, qui avait plus de recul que nous, un œil neuf ; il a adoré l’album. Je suis super content de ce qu’il a fait sur mon mix, il n’a pas déformé mon boulot, il a juste fait ce qu’il fallait et on en est super contents.
ANR : Une petite tournée de prévue ?
C’est plein de petites tournées en fait. Mi-marsn c’est un mini tournée dans le sud, en avril on recommence avec un artiste anglais, des petits trucs comme ça. Vu que l’on n’a pas de tourneur, c’est surtout ça, c’est du boulot mine de rien.
ANR : Un dernier truc à ajouter ?
Rien de spécial hormis que c’est un album que l’on a vraiment pris plaisir à faire, j’espère que les gens prendront au moins autant de plaisir à l’écouter.