Hellfest Daily Report Friday 19th June 2015
10h du matin, un soleil radieux, l’enfer est prêt à nous ouvrir ses portes pour cette dixième édition haute en couleur. La façade est rénovée, magnifique avec ses ombrages et ses reliefs. A la sortie du HellCity Square, la queue est déjà longue pour découvrir ce que Ben Barbaud et ses équipes nous ont concoctés pour cette année.
On entre pour découvrir une belle pelouse verdoyante et éclatante qui s’étend pratiquement partout sur le site. Chouette ! Adieu amas de poussière dans le nez et vapeurs irrespirables dans les concerts ! Et en prime, on pourra s’asseoir sans trop se salir le cul.
Sticky Boys – Une ouverture de la Mainstage 01 d’enfer !
Les parisiens avancent ! De nombreux concerts derrière eux, ils ont maintenant le talent et le cran pour jouer sur la plus grande scène metal de France. Cheveux au vent, en pleine forme, les foulées sont aujourd’hui beaucoup plus longues pour rejoindre la scène d’un bout à l’autre.
Vêtus de la même chemise bleue marine accompagnée d’une cravate rouge, les Sticky Boys sont sur leur 31, de quoi faire craquer les jeunes minettes au sein du public.
Au cours d’un set de 30 minutes, propre et maîtrisé, les jeunes fougueux alternent des titres issus de leur deux albums, tantôt Hard Rock avec « Great Big Dynamite » ou « Party Time », tantôt Punky pour finir en apothéose avec « Inside Outside USA », une reprise des Beach Boys.
Un concert qui ouvre cette dixième édition à la perfection.
The Midnight Ghost Train – Décalage horaire parfait
Du stoner américain lourd et puissant débarque sous la Valley. En arrivant dans le coin, on remarque que les 3 scènes (Altar, Temple et Valley) ont été totalement remaniées. Elles sont beaucoup plus aérées que les années précédentes, permettant de moins suffoquer. Des écrans géants ont été mis en place afin de pouvoir profiter des spectacles même de loin. Mais il est encore le temps de s’approcher de la scène assez aisément afin d’apprécier les trois ahuris qui nous proposent un show énergique et musclé. Cette fois-ci, le train fantôme ne passe pas à minuit mais à midi! Tout-puissant, la voix de Steve Moss, hurlante et sombre, est impressionnante. Et les deux autres musiciens sont loin d’être invisibles.
Un set planant et hypnotisant avec notamment des titres issus de leur dernier album «Cold Was The Grund », joués avec une délicatesse palpable. Un show athlétique et transcendant.
We are Harlot – Home Sweet Home
Pour les fans d’Aerosmith ou encore Lynyrd Skynyrd, We are Harlot vient en terre clissonnaise afin de promouvoir son rock’n’roll old school aux chansons calibrées et classiques.
Le chanteur Danny Worsnop, vêtu d’un costume turquoise et muni d’un drapeau américain sur son pied de micro, balance haut dans les aigus. Les interactions avec le batteur blondinet aux grosses lunettes de soleil Bruno Agra sont sympathiques. Dommage, il manque à deux reprises ses lancements de baguettes dans les airs…
Le groupe alterne bonnes chansons rock’n’roll, solos et balades, si bien que l’on se croirait à bord d’une décapotable le long de la route 66.
Le public tape dans ses mains pour finir ce concert avec un circle pitt dans une bonne ambiance. Pour moi, c’est une découverte personnelle, un concert appréciable mais loin d’être transcendant.
Godsmack – Du metal à l’état pur
«Tapez dans vos mains pour qu’on nous entende jusqu’en putain de Russie!». On posera la question à Vladimir Poutine pour savoir si le pari est réussi…
Sully Erna, chanteur charismatique de la formation, possède une voix ressemblant fortement à celle du leader de Metallica James Hetfield. Lorsqu’il crie, ses jugulaires ressortent tellement qu’on dirait qu’un nouveau tatouage apparaît sur son corps. Headbanging à l’appui, le groupe mélange punch, force tranquille et humour.
Coté instruments, cassures de rythmes, harmoniques artificielles, slapping et riffs saccadées mettent à l’aise. Le jeu du batteur sanguinolent met en avant un show calé, sportif et motivant.
En intégrant dans leur set du Pantera ou encore du Korn en faisant chanter le public « Go Away », l’ambiance est au rendez-vous. Une très belle surprise, à consommer sans modération !
Billy Idol – Un concert intergénérationnel
Il règne une ambiance de feu devant la mainstage 01. Et pour cause, l’un des rockeurs les plus charismatiques de la planète sur scène avec furie pour le bonheur de tout le monde.
Posture impeccable, le temps qui passe ne semble avoir aucun effet sur lui. Après une introduction intersidérale, il enchaîne ses tubes de l’époque comme « I Hate To Myself ».
Le beau gosse, accompagné de musiciens talentueux, chante sans aucune difficulté malgré la chaleur incontestable qui règne sur le site. Entre pop rock, parfois funk et punk, la basse métronomique accompagne des solos déferlants sur un rythme parfaitement calé.
Coté ambiance, le public chante à tue-tête les refrains inconditionnels de ses standards. La reprise «L.A Women» est intégrée au set, le public «adoors»!
Un concert très agréable qui prouve qu’après 40 ans de carrière, on peut encore assurer comme un Dieu sur scène !
Motörhead – Toujours bel et bien la !
Alors que Sodom joue son puissant trash metal allemand, une énorme foule s’agglutine devant la mainstage 01 afin de voir l’une des légendes les plus convoitées du rock’n’roll. Il s’agit bien évidemment de Lemmy Kilmister, chanteur et bassiste invétéré du groupe Motörhead. Malgré ses innombrables problèmes de santé suite à une vie entière de débauche, il répond toujours présent pour faire plaisir à ses fans. 22 albums studio depuis 1975, le trio britannique ne cesse de composer de nouveaux titres tant le mécanisme est bien huilé.
Enfin arrivés sur scène, Lemmy, arborant un collier en l’honneur du festival, salue le public : «Hello France, We are Motörhead ». Le son résonne, le public est en délire. Il faut dire que ce groupe est très proche de ses fans.
Le guitariste Phil «Wizzö Campbell, muni d’une guitare faisant honneur au Pays de Galles, est vêtu d’un tee-shirt du grand classique du cinéma « Pulp Fiction » de Quentin Tarantino. Son doigté est toujours aussi impressionnant.
Quant à Mikkey Dee, le batteur ne cesse de frapper sa batterie comme un malade mental, l’énergie est toujours au rendez vous !
Lemmy semble fatigué, mais on ne peut pas lui en vouloir, lui qui a tout de même le mérite de continuer à jouer sur scène plutôt que sur sa machine à sous… Ses lunettes de soleil sont tellement énormes qu’on peut voir l’immense foule reflétée à travers ses carreaux. Plusieurs gros plans sont réalisés sur la petite bouteille d’eau gazeuse à proximité de lui : Lemmy aurait-il suivi les conseils de son médecin ?
Avec comme réputation d’être un des groupes qui joue le plus fort sur cette planète, on a néanmoins du mal à reconnaître certaines chansons. Le son est élevé et couvre Lemmy par moment. Phil semble voler la vedette, notamment pendant une conversation autour de la magie noire. Pendant que Lemmy se rafraîchit, Phil envoie un solo digne d’un film pornographique.
Un set étonnant incluant notamment un gros solo de batterie sur «Doctor Rock », une chanson issue du très bon « Aftershock », pour finir sur les deux tubes « Ace Of spaces » et « Overkill ».
Merci à Motörhead d’être toujours présent. Chapeau à ces messieurs, révolutionnaires en matière de musique. « Have a nice week-end, and remenber, don’t forget to rock’nroll!»
Alice Cooper – Shock Rock assuré
On ne présente plus le maître originaire de Détroit. Alice Cooper, roi de la provocation des années 70, est connu pour ses spectacles théâtraux et morbides. Il est 20h45, le soleil est toujours radieux et je trouve dommage de voir ce personnage emblématique et spécialiste des artifices avant la tombée de la nuit. Enfin, on ne va pas se plaindre, la soirée reste encore très alléchante !
Alice Cooper débarque avec une pêche débordante sur une scène minimaliste, pour sa deuxième prestation au Hellfest. Une veste à clous, maquillé comme à son habitude, il ressemble étrangement à Beetlejuice. Mais tout au long du concert, il n’arrête pas de changer de tenue avec une vitesse exaspérante, rendant les changements d’ambiances clinquants.
Avec beaucoup d’humour et de sarcasme, il balance des billets de banque sur «Billion Dollars Babies » accompagné de son chapeau haut de forme. On le verra également se faire interner en camisole de force puis guillotiner sous les yeux du public. Une zombie infirmière qui fout la trouille, une marionnette géante, de multiples pétards accompagnés de fumigènes, etc… le show est impressionnant, au grand bonheur du public.
Les musiciens, quant à eux, sont hors normes. D’ailleurs, le guitariste porte un tee-Shirt « I’m not Johnny Depp », clin d’oeil au nouveau projet « Hollywood Vampires » dans lequel la star du cinéma jouera de la gratte auprès d’Alice.
Avec un solo de batterie ahurissant, des lignes de basse majestueuses, des solos de guitare au vibrato maîtrisé, le spectacle est propre, sans encombre.
Les tubes tels que «Feed My Frankestein », «Poison» ou « School’s Out » en rappel, en intégrant une ligne des Pink Floyd, rendent le concert électrisant et impressionnant. Le magicien du cauchemar, après cinq décennies de carrière envoie toujours en live, chapeau l’artiste !
Five Finger Death Punch – Le renouveau américain
Cinq minutes après Alice Cooper, alors que le soleil commence à se cacher tranquillement, voici un autre gros calibre américain qui débarque sur scène. Formation plus récente, les cinq ahuris de 5FDP sont présents pour donner leur tout premier concert au Hellfest.
A l’instar de Limp Bizkit, chaque protagoniste à son propre style. Entre looks ghetto et apparences poilues, les mélanges de genre sont drôles et innovants. Ivan, L Moody, le chanteur avec sa puissante posture, habillé d’un tee-shirt du dernier album de Judas Priest, présente une gigantesque main rouge peinte sur son crane rasé, tel un viking. Le batteur est maquillé comme une star du black metal.
Niveau son, du lourd ! Les amplis sont montés à fond tandis que les musiciens jouent avec une dextérité déconcertante. La puissance monte, surtout quand le chanteur hurle « Burn Mother Fucker Burn ». Les projecteurs focalisés sur le chanteur semblent l’éblouir fortement.
Néanmoins, le show est monstrueux. Une énorme setlist englobant toutes leurs meilleures chansons issues de leurs cinq albums studio.
Un groupe qui monte ces dernières années, un concert impressionnant qui valait le détour !
Judas Priest – Les entrailles du Heavy Metal
Les maîtres du heavy metal ressortent des ténèbres ! Un second concert au Hellfest pour Rob Halford et ses musiciens. Pionnier des tenues en cuir et des bracelets cloutés, ce personnage emblématique de la scène Heavy Metal a fait son coming out il y a quelques années. C’est donc un chanteur tout neuf qui renait de ses cendres que l’on s’apprête à voir.
Avec l’excellent album « Redeemer Of Souls » sorti l’année passée, le groupe commencent son concert avec « Dragonaught », de la grosse dynamite. Il règne un climat calme et enivrant devant la mainstage 01, la plupart des spectateurs restent bouche bée devant la voix de Rob qui balaie les octaves. Malgré son âge, c’est impressionnant et ça donne des frissons: les notes qu’il attaque sont puissantes et élégantes.
Le son et la performance technique sont indiscutables. Rien à redire concernant les musiciens, notamment pour le nouveau guitariste Richie Faulkner qui balance des accords sans aucun problème. Les riffs déchirent, la batterie bat la chamade.
Niveau spectacle, c’est tout aussi épatant, surtout quand Rob se ramène sur scène avec une énorme cylindrée afin d’enflammer le public.
En plus de leurs nouvelles chansons qui déboîtent, les titres les plus classiques s’enchaînent tels que « Breaking The Law » ou encore « Living After Midnight » pour une fin de set parfait, sans bavure, qui résonne tel le tonnerre.
Les piliers du Heavy Metal sont eux aussi toujours là, en pleine forme pour nous faire plaisir. Un show comme celui-ci ça n’a pas de prix.
Slipknot – Le grand renouveau
Formation incontestée en provenance de l’Iowa, Slipknot semble aujourd’hui être à l’apogée de sa carrière. Leur cinquième album « 5 : The Gray Chapter », certainement le meilleur de tous, rend hommage à Paul Grey, le bassiste décédé lié a un surdosage de morphine. Après une longue pause suite à cette lourde perte, Slipknot revient en super forme !
Que d’histoires avec ces gars ! Dernièrement, le guitariste à été poignardé dans la nuque par son frère mais, heureusement, s’en est sorti indemne. Déjà venus au Hellfest il y a quelques années, le concert s’était fini dans un contexte houleux après une mauvaise prestation du groupe qui semblait ne pas se soucier de ses fans.
Cette fois-ci, c’est différent : Corey Taylor, qui est venu d’innombrables fois avec Stone Sour, a su remettre les pendules à l’heure en s’excusant auprès au public et en affirmant qu’ils sont vraiment heureux de participer à cette édition dans laquelle ils comptent mettre le feu !
Avec de nouveaux masques flambants neufs qui foutent la pétoche tellement ils semblent réels, Slipknot fait le show. Un set monstrueux rassemblant une bonne partie de leurs meilleurs morceaux tel « The Devil In I », « Psychosocial » ou encore «Sic ».
Le spectacle est musclé, ils ont tous l’allure de psychopathes. Les deux musiciens qui sont en élévation sur les bidons qu’ils frappent avec une batte de base-ball le font tellement fort qu’on en a mal aux os. Un autre bondit partout sur la scène comme possédé par le Diable. La voix de Corey est identique à celle des albums studio, puissante et sanglante. Des flammes surgissent de partout, la scène ressemble étrangement à un endroit où les croyants détesteraient mettre les pieds.
Slipknot, avec son talent, réussit à faire ressortir les maux d’une société qui selon le groupe tombe en ruine. Le groupe n’est pas là pour s’amuser, la formation est belle et bien présente pour dénoncer tout ce qui ne lui plaît pas. Un show et une performance ahurissants pour finir cette première journée en beauté, sous le signe préféré des métalleux.
Bravo Slipknot, resurgir ainsi, ce n’est pas donné à tout le monde !
Toutes les photos de cette journée ici:
http://www.artnroll.net/home/photos-hellfest-day-1-4/