Nous voici au Hellfest pour un deuxième jour de festivités. Que de beaux concerts à voir aujourd’hui ! Entre vieux rock’n’roll, belles têtes d’affiches et groupes aux influences hip-pop, cette journée s’annonce des plus fructueuses !
Ace Frehley – Le retour du Spaceman
Guitariste invétéré du groupe KISS jusqu’en 1998, le voilà en terre clissonaise, sur la mainstage 01, afin de promouvoir son dernier projet solo « Space Invader ». Accompagné de musiciens talentueux, The Spaceman enchaîne des titres personnels issus de ses six albums solo.
Mais ce n’est pas tout ! Lorsqu’il propose une reprise des Black Sabbath (« Don’t Stop »),le public est en délire ! Ce dont il abusera en reprenant d’autres titres phares de l’un des plus grands groupes de hard rock de la planète tels que « Love Gun », « Shock Me » ou encore « Deuce » en rappel. Chaque musicien joue sa petite partie solo et chacun participe aussi au chant, un schéma classique qui a fait la puissance de KISS durant ces quatre dernières décennies. Arborant un tee-shirt « Fucking New York City » (sa ville natale), le prodige envoie des solos déferlants pendant que sa guitare ne cesse de cracher de la fumée. Un concert agréable, qui a sûrement plu à de nombreux fans de KISS, nostalgiques de la vieille époque.
Rise of the Northstar – « Get the Fuck Up ! »
Un concert que j’attends avec impatience ! Rise of the Northstar, c’est le mélange de plusieurs genres. Entre metal bien hardcore avec des riffs sanglants, une batterie explosive et un chant avec un flow «rap de banlieue» bien pêchu, l’ensemble est associé dans une ambiance nippone sauce samouraï en mode super sayan. Après deux EP’s et un album (« Welcame ») fraichement sorti l’année dernière, le groupe est en pleine émergence. Déjà complet au Divan du Monde à Paris, les cinq parisiens se sont lancés dans une énorme tournée européenne. On comprend pourquoi le public est au rendez-vous à la Warzone! Dès l’introduction de « What The Fuck », les premiers riffs sèment la cohue dans le pitt! Tout les spectateurs sautent et dansent comme des ahuris au rythme du flow du chanteur !
Habillés façon gangsta avec d’énormes baggy en jogging, baskets blanches, casquettes et bandeaux, les cinq ahuris se bougent le cul pour un show bourré d’adrénaline et de sueur ! Ils mettent une superbe ambiance, la complicité avec le public est dingue ! La voix du chanteur semble moins puissante que sur les titres studios mais, expérimenté par la tournée, sa voix s’améliore et le flow est de plus en plus transcendant. La plupart des titres est issue de leur premier album, ils finiront sur leur morceau le plus populaire « Samouraï Spirit ». Malgré quelques petits soucis niveau son pour le guitariste, le show était hallucinant. « Il paraît qu’un groupe cé-fran peut pas réussir à l’étranger ! ». Un excellent groupe à suivre de très près ! Kaméhaméha !
Airbourne – La puissance à l’état pur
Alors que je quitte la Warzone sonné, la nouvelle grosse cylindrée du hard rock est en train de faire un immense show ! Une foule massive est venue voir le petit frère d’AC/DC. Apparemment, la sono fût capricieuse pendant une dizaine de minutes. Bravo aux techniciens d’avoir trouvé le problème et sa solution aussi rapidement, ce qui n’a pas du être une tâche facile ! Bref, j’ai tout de même eu le temps de voir une bonne grosse demi-heure du concert des chevelus australiens. De la sueur sur le corps de Joël permet aux médiators de coller à son abdomen, sa chevelure toute trempée lui fouette les yeux ! Côté setlist, on nous propose des titres qui ont fait leur réputation de coyotes : « Stand Up For Rock’n Roll », « Black Dog Barking », « Cheap Wine »… tout en intercalant des riffs de Black Sabbath et d’AC/DC. Un show comme à leur habitude : calibré, énergique et transcendant.
Finntroll – Les trolls à l’attaque
Depuis quelques années, les groupes folkloriques incluant guitare électrique, voix criardes et instruments traditionnels sont en vogue. On pourrait en citer plusieurs tels que Turisas (metal viking), Eluveitie (metal celtique) ou encore Alestorm (metal pirate). Cette fois-ci, on va parler de metal folklorique dans une super ambiance ! Les scandinaves, tous maquillés avec des oreilles de trolls, sont drôles à voir. La voix puissante du chanteur résonne dans une sorte de petit pot de lutin qui tient dans la paume de sa main. Le clavier donne un super contraste musical en parfaite concordance avec les instruments à cordes. Une ambiance du feu de Dieu très appréciable ! Voir du power metal typiquement européen est un vrai luxe !
Body Count – « BC, BC, BC ! »
Il m’a fallu attendre 30 minutes devant la Warzone afin d’être sûr de ne pas rater le rappeur californien Ice-T en compagnie de ses musiciens. En effet, la Warzone s’est retrouvée saturée dix minutes avant le début du show ! Beaucoup n’ont pas pu profiter de ce concert, faute de place. Enfin, on sait que les organisateurs du Hellfest n’avaient pas d’autre choix que de les programmer à ce moment là. Bref, Body Count fait une tournée européenne, dont son concert en terre clissonaise. L’ambiance est au rendez-vous ! Body Count, c’est du Hip-pop mélangé à de la grosse distorsion, à tendance punk. La cassure de culture et des clichés est hallucinante. En débarquant sur scène avec un autre chanteur habillé en vigile, Ice-T envoie directement avec le titre « Body Count’s in the house » en hurlant « My name is Mother Fucker Ice-T Bitch ! ». Le bassiste a un chant criard tandis qu’Ice-T nous présente son jeune fils, alias Little Ice, sur scène en justifiant qu’il lui fait voir du pays en tant que père très attentionné ! Dragueur et provocant, Ice-T gueule « Suck my dick » et gobe le micro pratiquement en entier. Entremêlé d’humour, Body Count réalise même un titre mixant Slayer, The Exploited et Body Count, un titre magique ! Un énorme solo de batterie transcendant exulte le public. Ice-T semble également très proche de son public. En discutant avec une jeune fille, il se rend compte qu’elle n’a que 14 ans ! Il lui dit donc « Tu ne devrais pas être au concert de Justin Bieber ? Ice-T est maintenant ton nouveau tonton ! ».
En enchaînant avec son dernier tube « Talk Shit, Get Shot », le public rentre en furie, offrant au chanteur au moins trois mille « Fuck »! Pour finir, Little Ice enchaîne les « Fuck the police » et prouve ainsi au public que c’est dur d’élever son gamin. Excellent concert, sûrement l’un des meilleurs de cette édition !
ZZ TOP – On the Road Again
Suite au concert de Body Count, il m’a fallu une bonne vingtaine de minutes pour rejoindre la mainstage 01 afin d’apprécier le trio texan, ZZ Top. Accompagné de leur batteur éponyme Franck Beard, les deux barbus aux grosses lunettes de soleil sont en train de jouer « I gotcha get paid », sûrement la meilleure chanson de leur dernier album « La Futura ». L’ambiance est calme devant la scène. En enchaînant sur « Chartreuse » la reprise de « Foxy » de Jimmi Hendrix, le trio fait son concert sans vraiment faire attention au public.
Néanmoins, la musique reste propre et maîtrisée. Ils changent de guitares constamment, elles sont toutes magnifiques, surtout celles à moumoute blanche. Avec des tubes tels que « La Grange », la machine ZZ Top est bel et bien en état de marche.
Faith No More – Une majorité après
Alors que la foule se déplace vers la mainstage 02, l’un des groupes les plus atypiques du rock’n’roll se prépare afin de donner un concert que beaucoup de fans attendent. Il s’agit du polyvalent et talentueux Mike Patton et de ses musiciens.
Faith No More, c’est un mélange de tous genres : funk, metal, hip-pop et j’en passe. Alors que ça fait 18 ans qu’ils n’avaient rien créé, leur nouvel album « Sol Invictus » arrive dans les bacs comme un cheveu sur la soupe. Décor minimaliste à l’allure d’enterrement, la scène est teintée d’un blanc majestueusement terne faisant ressortir quelques dizaines de bouquets de fleurs partout le long de la scène. Tous les membres du groupe arrivent sur scène vêtus du même costume blanc, très élégant et chic. En introduction, un excellent « Mother Fucker » : Mike Patton fait vibrer le public tellement sa voix est puissante et élégante. Il règne alors un climat sombre et lugubre devant la scène. Il faut dire que le chanteur regarde droit devant lui avec obstination, tant il semble concentré pour réaliser ses prouesses vocales. Auteur de plusieurs projets solos tels que « Mr Bungle » ou encore « Fantomas », il prête aussi sa voix dans des jeux vidéos et à fait quelques expériences en tant qu’acteur. Il réagit tout de même chaleureusement avec le public en essayant de parler français, notamment en criant « heavy merde » plusieurs fois. Une ballade au piano, des chansons heavy metal ou encore le tube « Epic », le set est étonnant et maîtrisé.
En allant dans la fosse auprès du public, Mike Patton finit par prendre un t-shirt orange gentiment offert par un fan afin de le porter jusqu’à la fin du concert.
Un concert à la nuit tombée, parfait, sans encombre et voluptueux. Après 18 ans de silence, Faith No More revient en forme, un show qui valait le détour !
Feu d’artifice – Hellfestland !
Grosse surprise de cette dixième édition : le feu d’artifice annoncé par les organisateurs comme étant le feu d’artifice le plus grand jamais tiré dans l’ouest. Et ce seront effectivement 20 minutes de pur bonheur, calées sur les plus grands titres du Metal comme « Thunderstruck » d’AC-DC ou encore « Bohemian Rhapsody » de Queen.
Le feu d’artifice s’étend sur tout le site, permettant à chacun de profiter de ce spectacle inouï ! Un feu exceptionnel qui, pour les dix ans du Hellfest, nous en a mis plein la vue.
Obituary – La descente aux Enfers.
Alors que Scorpions se produit pour la deuxième fois au Hellfest, les floridiens d’Obituary, groupe phare de Death Metal sont également présents sous l’altar afin d’imposer leur musique lourde et impitoyable.
Obituary, c’est sombre, lent et puissant. Le set dévoile la plupart de leurs titres les plus populaires.
Néanmoins, l’ambiance n’est pas au rendez vous. De nombreux temps morts rendent le spectacle ennuyeux. Je ne peux vous en dire davantage car je ne suis resté que vingt minutes, préférant aller voir les skateurs qui déferlaient sur La Cross Da Cruz puis Scorpions en attendant Marilyn Manson.
Scorpions – I’m Still Loving You
Un demi-siècle de carrière pour les allemands, ce n’est pas rien ! Un nouvel album « Return To Forever » vient de sortir en ce début d’année, la machine Scorpions ne semble jamais vouloir s’arrêter. On ne présente plus ce groupe interplanétaire connu par maintenant trois générations.
Ils sont toujours vivants et c’est tout à leur honneur. Un set comme à leur habitude, simple, classique et diversifié.
En introduction « Going Out With A Bang », un mix acoustique de « Always Somewhere – Eyes Of The Storm et Send Me An Angel ». Les allemands balayent leur carrière en l’espace de 1h30 de concert. Coté musical, rien à redire, c’est parfait.
Avec deux feux d’artifice supplémentaires sur « I’m Still Loving You » et « Rock You Like A Hurricane », cette soirée se finit en apothéose d’artifices ! Un concert karaoké rempli de tendresse.
Marilyn Manon – Changement d’ambiance
Marilyn Manson, star inconditionnelle du Shock Rock Gothique il y a quinze ans, a peu fait parler de lui ces dernières années. Il faut dire que les accusations concernant la tuerie de Colombine l’ont laissé un peu loin des médias. Un dernier album, sorti fin d’année dernière, intitulé « The Pale Emperor » est un pur bijou ! C’est le seul de ses neuf albums qu’il a écrit de jour, c’est pour vous dire ! L’ancienne égérie d’Yves Saint Laurent utilise donc un registre moins choquant, plus blues, plus mûr.
Une scène sombre et froide, avec peu de lumières, une longue introduction est mise en avant. Il s’agit du Requiem de Mozart, le public est abasourdi. Il enchaîne alors sur son dernier tube « Deep Six », très agréablement interprété. Ses musiciens, talentueux par la manière d’utiliser leurs instruments, sont pour le moins nonchalants. Avec de grosses pauses de Marilyn Manson entre chaque chanson, laissant le public inerte, beaucoup de spectateurs s’en vont ! On a l’impression que Marilyn Manson fait le strict minimum alors qu’il essaie sans franc succès de faire chanter « Happy Birthday » en l’honneur de son guitariste. Viennent ensuite de nombreux titres tels que « The Dope Show », « The Beautiful People » ou encore « Sweet Dreams ». Néanmoins, la qualité artistique est palpable ! Le son est parfait, les maquillages magnifiques et Marilyn Manson assure une prestance digne d’un showman, parfaitement en osmose avec son univers créatif. Malgré de nombreuses chansons qui envoient du rêve, le concert fût décevant et n’a pas fait l’unanimité du public…
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