Seyminhol – « Les Mots Sans Les Pensées Ne Vont Jamais Au Ciel »
Sans nouvelle des Lorrains depuis presque cinq ans, ils reviennent aujourd’hui avec un projet d’envergure pour s’attaquer à rien de moins qu’Hamlet, l’incontournable œuvre de William Shakespeare que l’on ne devrait pas avoir à présenter. Pour le jeu des questions/réponses qui suivent, c’est Chris Billon-Laroute qui s’y colle accompagné de Thomas Das Neves, nouveau batteur de la formation.
Seb: Peux-tu nous expliquer la genèse du projet The Wayward Son ?
Chris: Pour être franc, notre précédent album n’avait pas recueilli de très bonnes critiques à tel point que nous avions décidé de cesser toute activité. Nous avions tenté de nouvelles choses et disons que nous avons mal amorcé le virage. Nous avons la chance d’avoir Kevin, il est non seulement chanteur mais aussi historien et féru de littérature. Il nous a donc proposé de revenir aux origines du groupe avec un thème conceptuel plus puissant : Hamlet. Ce qui est intéressant, c’est l’étendu de la palette des couleurs musicales. C’est très vaste, tu trouves de tout dans Hamlet, de l’amour, des meurtres. Et puis si tout le monde n’a pas lu Hamlet, tout le monde le connait. Je pense que ce projet est à la hauteur de nos ambitions.
Seb: Concernant les textes, s’agit-il d’une réinterprétation ou vous avez-vous utilisé les textes de Shakespeare ?
Thomas: Le déroulement exact de la pièce est impossible, Kevin a donc recomposé les textes pour qu’ils puissent s’inscrire à nos compositions. Il a conservé l’arc narratif des actes et des scènes, tous les temps forts de la pièce sont dans l’album. Il nous a aussi guidé musicalement pour que nous composions des parties soient émotionnelles soient pleine de tension. Le reste est un travail de groupe.
Seb: Pourquoi Julien, votre précédent batteur n’a pas participé au projet ?
Chris: Quand nous lui avons parlons de notre envie de reformer Seyminhol, il a simplement décliné l’invitation. Il ne souhaitait plus autant s’investir dans le groupe. Il continue à jouer par plaisir le weekend, « The Wayward Son » s’est donc fait sans lui.
Seb: C’est à ce moment là qu’intervient Thomas, comment as-tu été recruté ?
Thomas: Je connaissais Kevin et Nicolas (guitariste et claviériste de Seymhinol) puisque nous avions sorti un album avec notre groupe Symakya en 2008, Chris était même venu jouer avec nous pour faire les guitares additionnelles en live et nous prenions beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Ils m’ont donc simplement exposé leur ambitieux projet d’adapter Shakespeare et d’y participer. J’ai accepté tout de suite et dès 2013 nous sommes passés à la composition. J’ai récemment déménagé à Besançon, les distances ne sont pas toujours évidentes pour travailler ensemble mais c’est un immense plaisir de jouer dans Seyminhol.
Seb: Peut-on dire que les choses se passent démocratiquement dans le groupe ?
Chris: En dehors du fait que l’on délègue totalement les textes à Kevin, nous mettons un point d’honneur à ce que tout le monde soit « ok » sur l’assemblage final de nos parties. Si l’un de nous venait à ne pas être d’accord, on retravaille ce qu’il faut sans se poser de question. On enlève, on efface, on recommence. Il est hors de question que l’on fasse paraître un morceau qui n’aurait pas été validé par l’ensemble des musiciens.
Seb: Pour la première fois de votre carrière, vous avez utilisé des éléments musicaux de black metal. Comment expliquez-vous cette nouvelle influence ?
Thomas: Je pense que ce sont mes influences. J’ai en effet utilisé quelques blasts légers, un peu de double pédale. Pour les besoins du concept, Nico a composé des thèmes assez sombres pour servir l’histoire. Ceux-ci méritaient d’être rythmiquement plus appuyés pour renforcer la noirceur de ses ambiances. Seyminhol a une approche très lyrique dans sa musique, si nous retirions parfois le chant, tu aurais l’impression qu’il s’agit d’un autre style musical.
Seb: Avez-vous sollicitez des talents extérieurs au groupe pour vous aider à la mise en forme de The Wayward Son ?
Thomas: Nous avons fait le choix de tout réaliser par nous même à l’exception du mastering. Nous avons choisi de travailler avec Nicolas Drey de Jellyfish studio. Nous le connaissions pour avoir déjà travaillé avec lui par le passé.
Chris: Nous tenions à n’avoir aucune contrainte et à conserver une liberté totale sur ce disque. Pour ma part, je n’ai jamais été satisfait du son sur aucun de nos albums, Nicolas, notre guitariste a donc fait un travail de titan, il a passé des nuits blanches à atteindre la perfection.
Thomas: Quand tu loues un studio c’est pour un temps déterminé, le gars qui est derrière la console est payé pour tant de temps. Il doit te rentre le produit fini à la fin du temps imparti, que le résultat te plaise ou non.
Chris: Il ne faut pas se leurrer c’est une histoire d’argent. Afin d’y trouver notre compte, nous avons décidé de produire notre album seuls et de prendre notre temps. Si l’album avait dû mettre quatre ans de plus pour sortir, nous aurions attendu quatre ans.
Seb: Seriez-vous tentés de réaliser un album qui ne soit pas un concept album ?
Non, Seyminhol fait des concepts albums depuis quinze ans et nous adorons travailler avec le fil conducteur qu’impose la démarche. Nous avons d’ailleurs déjà quelques idées pour l’album suivant qui vont dans ce sens.
Mr SEB