Art’N Roll : Pour commencer, peux-tu nous expliquer quelles ont été vos motivations de reprendre les rênes du groupe et de travailler seuls sur cet album?
Andi : Pour ce qui est management, le déclic s’est fait après avoir viré notre manager, c’est un chic type, très sympa mais nous n’étions plus heureux de son travail et après réflexion, nous avons conclu que l’on pouvait reprendre son travail et le faire nous-même.
Pour ce qui est de la production, Hannes, produit déjà des groupes donc il a le savoir-faire et il est très bon dans ce qu’il fait donc pourquoi travailler avec d’autres personnes quand on peut le faire soi-même. Je pense que nous avons fait le bon choix car nous avons lu beaucoup de chroniques positives.
Je dois avouer que de bosser par nous-même nous a permis de nous accorder une certaine liberté et nous sommes très heureux du résultat.
ANR : Qu’est-ce que ça vous a changé d’être indépendants et de ne plus travailler avec des gens extérieurs ?
Andi : Pour Hannes, cela a évidemment été plus stressant que pour nous car il avait beaucoup de pression sur les épaules.
Ça nous a aussi permis de nous apercevoir que nous étions capables de faire ce genre de travail et pas seulement composer des morceaux et laisser des gens faire le reste.
Cette expérience a été très positive pour tous donc nous envisageons de le refaire pour les futurs albums.
ANR : Mais ne penses-tu pas que d’avoir des avis externes peut vous aider à être un peu plus objectif dans votre travail ?
Andi : C’est vrai que c’est un risque, d’ailleurs ça nous est arrivé lors de l’enregistrement de l’album, Hannes restait parfois 17h au studio sans bouger, du coup, il n’arrivait plus trop à savoir ce qui était bon ou pas. Le pauvre, on le récupérait certains matins, il n’avait pas fermé l’œil de la nuit, car il bossait aussi sur d’autres groupes. On le retrouvait là, assis tel un zombie, pas lavé, pas rasé, mais avec les autres comme nous n’étions pas à la production, on n’était pas tout le temps au studio et on arrivait à avoir un avis neuf quand on venait écouter ce que ça donnait.
C’est comme quand j’écris les paroles. J’écris habituellement le soir, ensuite je vais me coucher et je me remets dessus le lendemain avec un esprit frais et là je me rends plus facilement compte de si c’est bien ou si c’est à jeter.
ANR : Donc tu es le batteur et tu écris les paroles, c’est assez rare, non ?
Andi : Nous sommes en fait un groupe de compositeurs de musique et de paroles, mais je ne sais pas pourquoi, c’est moi qui suis à l’écriture des paroles. Je dois avouer que pour cet album, j’avais beaucoup de choses à exprimer. Mais oui, je confirme, ça reste très rare que le batteur écrive les paroles dans un groupe.
ANR : Dans cet album, il y a 2 chansons en particulier qui ont l’air remplies de désillusion : « If the Clocks Were Running Backwards » et « Utopia », peux-tu nous parler de ces chansons ?
Andi : Les chansons ont toutes le même thème sur l’album, à des niveaux différents, mais ça parle de la même chose, tu sais celles qui te font souffrir, des choses que tu vois, auxquelles tu ne peux rien y faire mais qui te font souffrir, et que ça ne devrait pas être le cas.
« Generation Goodbye » parle de la société actuelle, des réseaux sociaux, l’addiction des gens à leurs écrans, de ne plus se parler, échanger ou encore partager, alors que « If the Clocks Were Running Backwards » parle d’addiction à la personne, quand tu es amoureux et que tu te sépares cela prend parfois des mois à te défaire de la dépendance que tu avais par rapport à cette personne. L’amour fait mal après une rupture, et quand tu as vraiment aimé ça dépasse de loin les autres addictions comme l’alcool ou la drogue.
Pour ce qui est de la chanson « Utopia », ce n’est pas une chanson d’addiction, celle-ci est à part, musicalement elle est un peu inspirée de Queen. L’histoire est une fiction, c’est celle d’un torero, qui pense que c’est cool d’être torero et tuer des taureaux lors des corridas, qui est très connu et adulé, mais il finit par se rendre compte que ce n’est pas très reluisant d’être un torero qui a pour métier de tuer un animal et commence à le vivre très mal. A la fin de la chanson, il se fait tuer par le taureau. Et si tu fais attention, cette mort est amenée comme salvatrice pour son âme, il trouve la paix dans la mort.
ANR : Cet album est le premier où vous abordez des sujets sérieux, des sujets de société, est-ce un virage pour Kissin Dynamite ou cet album était juste une parenthèse?
Andi : Je sais que cet album est très sérieux surtout au niveau des paroles mais on en avait besoin.
Nous sommes toujours Kissin Dynamite, on est toujours fun et on a toujours envie de rigoler. D’ailleurs, tu peux le voir dans la vidéo « Hashtag Your life » Martin Miller a fait un boulot fabuleux sur ce clip, le sujet est relativement sérieux car cela parle du comportement des gens en société et de leur addiction à leurs Smartphones mais la façon dont est présenté le clip, c’est assez fun.
Pour l’anecdote, dans le clip où il y a la scène du mec et sa nana qui font l’amour dans les toilettes en se filmant c’est notre tour manager.
Cette chanson est plus là pour dire aux gens, lâche ton téléphone et vis le moment présent car après c’est fini.
Pour le futur je ne sais pas du tout ce que l’on va vous réserver, pour le moment c’est totalement flou, mais on reviendra peut être au sujet d’avant, les gros seins et ce genre de choses (rire).
ANR : En parlant des gens collés à leur Smartphone et accro aux réseaux sociaux, as-tu un Facebook, Twitter, Instagram ou autres ?
Andi : Franchement ? Non !
Les autres ont tous un Facebook et d’autres réseaux sociaux mais moi, je n’ai jamais été tenté.
En tant que groupe, nous avons un Facebook pour communiquer les informations du groupe car c’est un vrai outil promotionnel à présent, par contre lorsque nous sommes en tournée et nous sortons faire la fête nous ne sommes pas le genre de personne à sortir nos téléphones et prendre des photos de chaque moment de la soirée.
Après je ne dis pas non aux selfies avec les gens car selon moi c’est vraiment les autographes modernes, j’aimerais juste que les gens en concert rangent un peu leurs téléphones et profitent du concert.
ANR : Justement en parlant de ça, as-tu entendu parler de la chanteuse Adèle qui a arrêté son concert pour dire à une fille du public d’arrêter de filmer et de profiter du concert car elle était là en chair et en os et qu’après ça serait fini ?
Andi : Pas du tout, mais je trouve ça génial. En effet, ils paient leurs place donc s’ils veulent filmer c’est leur problème mais je trouve que c’est gâcher l’instant présent car ils sont plus concentrés à faire des vidéos qu’à réellement apprécier le concert.
ANR : Et d’ailleurs, de plus en plus d’artistes commencent à se demander si ça ne serait pas mieux d’interdire les Smartphones en concert, qu’en penses-tu ?
Andi : Je ne pense pas qu’interdire soit la meilleure idée, il faudrait que les gens prennent conscience que faire ça c’est nul. Interdire serait des coups à les faire focaliser sur le fait qu’ils n’ont pas leurs Smartphones et ça ne rendrait pas l’ambiance très gaie, sans parler de la logistique en entrée de concert. J’aimerais que les gens prennent conscience par eux-mêmes qu’il faut lâcher le Smartphones et profiter de l’instant présent.
ANR : On vous retrouve en duo avec Jennifer Habbens, peux-tu nous parler de ce duo ?
Andi : Jennifer est une amie d’Hannes depuis de nombreuses années, elle chante dans « Beyond The Black », c’est un groupe de metal symphonique. Hannes a déjà écrit des chansons pour son groupe et il avait chanté sur leur premier album. Et je crois qu’un jour ils sont sortis boire des bières ensemble et ils ont décidé que ça serait une bonne idée d’avoir à son tour Jenni sur l’album, c’est une super chanteuse. Nous avions déjà cette chanson « Masterpiece » et on a trouvé que d’ajouter sa voix donnerait encore plus de puissance à cette chanson qui l’était déjà de base.
ANR : La pochette parle d’elle-même et traduit très bien l’idée générale de l’album, avec qui avez-vous travaillé ?
Andi : Nous avons tout d’abord réfléchi nous-même sur ce que l’on voulait et ensuite nous avons rencontré ce français qui nous a créé l’artwork. Ce téléphone avec l’écran cassé parle de lui-même, on souhaitait exprimer la mélancolie comme lorsqu’ une soirée se termine, la lumière se rallume et les gens demandent une autre chanson, et bien on voulait que cette pochette traduise un peu ce sentiment.
ANR : As-tu d’autres hobbies artistiques que la musique ?
Andi : Autres non, mais je ne fais pas que de la batterie et écrire des paroles, je chante et joue de la guitare aussi.
Retrouvez-les le 04 novembre prochain au Ferrailleur de Nantes et le 05 novembre au Backstage Btm At O’sullivans By The Mill