HOT on the rocks!

Interview avec Boka de Ratos de Porão lors du Hellfest 2016

dimanche/10/07/2016
1 238 Views

Art’n Roll : Pour commencer, comment as-tu trouvé le show ?

Boka : Super fun ! Le son était top, les gens s’amusaient, il y avait pas mal de fan brésiliens.

Je me suis bien éclaté sur cette date.

 

ANR : Vous aviez déjà essayé de jouer au Hellfest auparavant, ça y est vous l’avez fait, as-tu réussi à faire un tour sur le site ?

Boka : Oui et non, nous sommes arrivés, il a fallu s’installer ensuite jouer et puis manger après le concert, venir faire l’interview donc pas trop de temps libre mais j’ai vu Slayer et j’ai pu observer le public du coté de la scène et ressentir l’atmosphère.

C’est vrai que nous sommes heureux de jouer car on avait déjà essayé de booker ce festival depuis quelques années mais on s’y prenait toujours trop tard.

 

ANR: Tu ne joues pas dans le groupe depuis le tout début mais tu joues avec depuis assez longtemps pour nous dire quel est le secret de cette longévité ?

Boka : Je pense que le secret vient de ne pas trop en faire, ne pas se disputer et s’il y en a un qui se sent flemmard, lui dire ok et ne pas rentrer en conflit. On veut que tout le monde soit heureux et de bonne humeur. On préfère tourner moins, faire des petites tournées et être sûr que chacun s’éclate que d’en faire trop et d’être stressé. Le vrai secret je pense que c’est notre amitié de longue date, l’amour de la musique et de jouer ensemble.

Il y a beaucoup de groupe qui ne veulent pas ralentir le rythme et sont toujours en tournée, tu remarqueras qu’au bout de 5-6 ans ils sont tout stressés, s’engueulent entre eux et split même parfois.

 

ANR : Votre dernier album date de 2014, est-ce que vous travaillez sur quelque chose en ce moment, ou ce n’est pas encore d’actualité ?

Boka : On parle toujours de nouvelles choses car on compose tout le temps, on s’appelle pour se faire écouter les sons des uns et des autres mais jamais on ne se met la pression pour amener de nouveaux sons, même si l’un de nous rapporte un super morceau, on ne se dépêchera pas de l’enregistrer, nous sommes un vieux groupe de plus de 30 ans, on est passés au-dessus de la pression de devoir enregistrer, sortir des albums etc …

De toute manière en concert tu dois jouer les classiques donc même si tu veux de nouveaux morceaux, ça ne servira peut-être pas à la scène. C’est prouvé, le public adore les tubes donc quand tu as 30 ans de carrière, tu as déjà un set quasi tout prêt.

On a mis 6 ans à faire le dernier album, nous ne sommes pas à l’abri de recommencer.

 

ANR : Contrairement à l’album qui n’est pas forcément d’actualité, vous vous apprêtez à publier une bande dessinée, que peux-tu nous dire à ce sujet ?

Boka : A l’ origine c’est une BD qui est sortie au début des années 90 et le gars qui l’avait créé est revenu vers nous il y a quelques temps, du coup j’ai pensé que ça tombait à pic pour les 25 ans d’Anarkophobia, que ça permettrait de marquer le coup.

 

ANR : Peux-tu nous dire quelle était la situation au Brésil quand vous avez commencé et quelles étaient les motivations du groupe de se lancer ?

Boka : Au début des années 80 le punk était très populaire au Brésil, tout comme aux US et en Europe je suppose. Je pense qu’au début ils ont commencés comme ça car ils voulaient jouer de la musique car c’était cool de jouer de la musique et ça peu importe le style.

Après il est fort possible qu’ils aient choisi le punk à cause de la situation politique au Brésil à cette époque puisque nous étions en pleine dictature.

De toute manière à cette époque le punk était une vraie sous-culture car les gens étaient fatigués de vivre en dictature.

 

ANR : Depuis les débuts de Ratos de Porao, vous avez connu au pouvoir : la dictature, la droite, la gauche et à présent les évangélistes d’extrême droite qui essaient de renverser le pouvoir en place, qu’en penses-tu ?

Boka : Je pense que les gens ont oublié qu’à l’époque où nous sommes sortis de cette dictature, le peuple avait honte et n’assumait pas ce pouvoir sortant. Au Brésil nous avons toujours eu des partis très conservateurs, mais ces 10 dernières années avec l’explosion des réseaux sociaux, les gens ont commencé à se lâcher sur leurs pensées profondes et il s’avère que cela n’est pas très concluant quand on fait le bilan de ce qu’il se dit sur les réseaux sociaux.

Avant chacun pouvait parler en petit groupe pour s’exprimer alors que maintenant tu entends une conversation et tu peux la reprendre et voici comment débute la propagande.

En plus, nous rencontrons des problèmes avec notre gouvernement en place depuis 16 ans, au début ça marchait plutôt pas mal mais le système est arrivé au bout et ça s’essouffle, enfin quand je parle de problèmes, je parle économiquement mais si tu regardes ailleurs, cela existe aussi aux US ou encore en Europe et en Asie donc nous ne sommes pas isolés.

Enfin tout ça pour dire que cette crise met les gens en colère et que dans ce genre de situation les gens se mettent à se détester les uns les autres et c’est à ce moment-là que les médias reprennent cette haine pour attiser encore plus de haine.

La corruption on en a toujours eu donc ce n’est pas nouveau mais la place et le pouvoir des médias ne sont pas anodins à la situation actuelle.

Les gens sont aveugles, ils se disent qu’ils en ont marre du gouvernement actuel mais se fichent de ce qui vient après, ils ne réfléchissent pas et ne se projettent pas. Les gens ne se posent pas la vraie question, si tu n’aimes pas ce gouvernement, quel type de gouvernent veux-tu, quelle direction veux-tu que ton pays prenne ?

Je pourrais en parler des heures mais pour conclure, cette situation est vraiment merdique.

ANR : Tu as peut être un avis aussi en tant qu’artiste, quelle est ta position sur le fait qu’ils souhaitent supprimer le ministère de la culture ?

Boka : Pour le moment notre présidente est dans l’attente du jugement pour se faire sortir. Ce type qui était son premier ministre est le président par intérim en ce moment et ce qu’il est en train d’essayer de faire c’est de faire le type proche du peuple pour mieux les entuber. Il fait de grands discours sur les économies à faire dans le pays et les ministères non essentiels qu’il faudrait fermer. Voilà un exemple de sa philosophie : Vous avez 100 salariés au ministère de la culture et bien si on les vire ça fera 100 salaires de moins à payer, donc les gens sont ébahis devant tant d’effort pour économiser et ne se disent pas que ça fera 100 personnes de plus au chômage.

Mais le vrai truc c’est que le Brésil a beaucoup trop de ministères, il y en a un pour tout donc oui certains pourraient être fermés.

Mais sérieusement fermer le ministère de la culture est la chose la plus stupide que j’ai entendue.

 

ANR : Dans les années 80 vous jouiez déjà des chansons comme « Anarcia el sistema », qui est encore d’actualité, tu ne trouves pas ça trop triste ?

Boka : C’est tout à fait ça, à l’époque certaines chansons pouvaient sonner enfantines avec des messages un peu naïfs mais c’est vrai que nos chansons sont en majorité encore d’actualité.

Celles encore d’actualité, à l’époque on pouvait penser que nos paroles étaient enfantines mais quand tu écoutes bien elles étaient et sont tristement toujours criantes de vérité.

Et ça montre bien que le système ne marche pas sinon nos chansons auraient été passées de mode donc si je dois dire une chose aux gens, allez voter, ce n’est pas obligatoire car je n’y vais pas moi-même mais ne laissez pas ces imbéciles continuer à nous gouverner. Mais je suis utopique donc j’espère qu’on jour nous aurons quelque chose de diffèrent.

 

ANR : Pour finir, quels sont les projets de RDP ?

Boka : Nous allons célébrer les 25 ans de Anarkophobia donc on va surement faire des dates au Portugal, revenir au Brésil et partir en tournée avec des groupes d’amis et ensuite nous avons aussi des dates au Mexique. Nous ne faisons pas de plans en général mais je pense que quelque chose de sympa devrait aussi sortir un de ces jours.

 

ANR : As-tu d’autres hobbies artistique que la musique ?

Boka : Pas vraiment, par exemple j’aime lire mais je ne suis pas écrivain … donc je préfère te dire non.

Je suis plutôt dans le sport quand je ne suis pas derrière ma batterie.
Par exemple, en ce moment je prends des cours de jazz donc je n’ai pas de multiples hobbies mais j’aime apprendre de nouvelles choses sur ma batterie, d’autres façons de jouer.

 

Leave A Comment