ANR : Encore des chansons sur des batailles, des victoires mais avec cette-fois ci de légères différences puisque cela vient de continents différents…
Sabaton : Oui tout à fait, la plus grande différence maintenant est que nous avons été plus loin que les deux siècles précédents pour piocher dans l’histoire mondiale. Cela se passe également dans le Japon ancien, en Afrique, en Europe, nous sommes retournés sur la bataille des Thermopyles en 480 av. JC en Grèce. Nous nous sommes sentis très libres dans l’écriture de cet album, dans toutes les options possibles et ce que nous voulions faire. Nous n’avions pas d’impératifs de temps. Nous avons fait beaucoup de recherches sur les histoires que nous racontons, certaines sont plus connues que d’autres.
ANR : C’est aussi un peu à nous de découvrir ces histoires…
Sabaton : Oui, et beaucoup de fans apprécierons cela. Certaines personnes seront justes contentes d’entendre de bonnes chansons de heavy et d’autres écouteront en pensant à l’histoire derrière le morceau. Nous voulions jouer sur ce genre de thème, du monde réel en collant le plus possible à la réalité historique pas de la fiction.
ANR : Toutes vos chansons parlent d’histoire, de faits historiques
Sabaton : Nous essayons d’être le plus précis possible. Évidemment plus nous remontons dans le temps, plus c’est difficile. Il est impossible de savoir exactement ce qui s’est passé. Nous utilisons donc un petit peu notre imagination pour combler certaines lacunes !
ANR : Avez-vous une période préférée ? Et pourquoi ?
Sabaton : Oui, la deuxième guerre mondiale. Pour plusieurs raisons : c’est une période où l’on retrouve beaucoup de documents, de personnes encore vivantes pour en parler, pleine d’histoires, des films, des livres. Il y a beaucoup de documentation sur le sujet. C’est aussi un conflit qui a engagé énormément de pays dans le monde. C’est donc plus facile de choisir de chanter sur telle ou telle histoire. On se sent concernés dans la mesure où cette part de l’histoire est intégrée dans l’histoire populaire, l’imaginaire collectif, les jeux vidéo…
ANR : Sur quels critères avez-vous choisi vos histoires ?
Sabaton : Il y a évidemment tellement de choses à raconter que ce n’est pas toujours facile de choisir. Quand nous trouvons quelque chose qui nous paraît excitant ou que nous avons envie de raconter parmi nos lectures alors nous le prenons, nous sommes seuls juges !!
ANR : Vous avez une activité bien chargée depuis quelques mois : la sortie d’un live « Heroes on Tour », festivals, nouvel album… Vous reste-t-il un peu de temps pour des vacances ?
Sabaton : Avant tout, notre travail est de jouer du heavy metal. Nous n’avons pas besoin de « récréation ». Quand nous faisons une tournée, nous faisons exactement ce que nous aimons. Nous n’avons donc pas besoin de ce que les autres personnes appellent des vacances. Notre groupe n’est pas seulement un hobby, c’est une passion à plein temps. C’est aussi pourquoi nous sommes efficaces et pouvons produire presque un album par an même quand nous sommes en tournée. Nous n’attendons pas que les choses arrivent, nous les faisons. C’est aussi une des raisons pour lesquelles nous sommes plus efficaces que la plupart des groupes : Sabaton est notre première priorité alors que pour d’autres c’est leur deuxième ou troisième priorité.
ANR : Vous avez également votre propre Open Air Festival, comment ça s’est passé ?
Sabaton : Oui, le Sabaton Open Air Festival, notre propre festival. Cela fait 9 ans. L’aventure a commencé pour la release party de « Art of War » : nous cherchions quelque chose de plus grand qu’un simple club et nous ne trouvions rien. Nous voulions un endroit assez grand mais pas trop non plus !! Un festival présentait les caractéristiques de ce que nous cherchions pour Sabaton. Nous avons fait face au problème, nous ne l’avons pas juste résolu. Nous en avons fait quelque chose de bien et de positif. A cette époque, le problème était de ne pas trouver une salle qui nous convenait, nous avons donc fait notre festival. Au début c’était une journée, une scène. Maintenant c’est l’un des plus importants festivals international de Suède. Plusieurs milliers de personnes viennent de partout dans le monde pour y assister. Nous invitons beaucoup de groupes, de bons groupes. C’est une grande fête et un moment unique pour les fans.
ANR : Blind Guardian l’a fait il y a quelques années… mais juste une fois…
Sabaton : Oui, mais nous ça fait neuf ans !!
ANR : Vous avez également le Sweden Rock en Suède ?
Sabaton : Le Sweden Rock est le plus important et aussi quelques autres festivals mais le Sabaton Open Air est le deuxième festival international le plus important dans notre pays. Beaucoup de gens viennent de loin pour y assister car ils savent que le Sabaton Open Air est unique : nous jouons des chansons différentes des tournées. Parce que ce n’est pas un spectacle normal de toute façon.
ANR : Il y a également votre croisière, comment en avez-vous eu l’idée ?
Sabaton : Cela fait maintenant 6 ans qu’elle existe : le Sabaton Cruise. Elle se passe en décembre. C’est encore le résultat d’un problème que nous avons résolu pour en faire quelque chose de positif. C’était pendant une tournée et nous avions besoin d’aller en Finlande. La seule façon d’y aller était le bateau. Mais le matériel était trop lourd avec les camions et le reste, j’ai donc décidé de louer le bateau entier et d’y jouer pour les fans. Cela leur a plu et l’idée est restée. L’évènement est également devenu plus important et dure une journée. C’est une fête énorme pour les fans. Nous avons l’habitude d’avoir un groupe mystère en plus de Sabaton. L’année dernière c’était Gamma Ray.
ANR : A l’écoute de l’album, j’ai trouvé qu’il était plus mélodique et heavy que power, est-ce intentionnel ?
Sabaton : L’album peut avoir plusieurs niveaux d’écoute mais on reconnait tout de suite que c’est du Sabaton. Chaque chanson est vraiment individuelle et possède sa propre personnalité. C’est ce qui rend « The Last Stand » tellement excitant. Cela va réunir les différents types de fans du groupe, que vous aimiez les premiers albums, ou « Carolus Rex », tout le monde y trouvera son compte.
ANR : Une tournée est prévue l’année prochaine avec Accept, comment avez-vous choisi ce groupe en particulier ?
Sabaton : Nous voulions vraiment un très bon groupe avec nous sur cette tournée et que les gens pensent « ça c’est une date à ne pas louper !! ». Et je suis sûre qu’avec Accept, les gens seront assurés d’avoir un bon spectacle et satisfaits quand ils rentreront après chez eux. Qu’ils soient jeunes ou plus vieux, qu’ils connaissent Accept ou pas, tout le monde passera du bon temps. Ainsi, c’est parfait pour nous et parfait pour les fans ! Ce sera une grande tournée.
ANR : Vous avez changé en 2012 presque tout le groupe, êtes-vous maintenant satisfaits du line-up ?
Sabaton : Oui, il est très solide et maintenant que nous avons enregistré un nouvel album « The Last Stand », tout va pour le mieux. Tout le monde se sent détendu et fait réellement parti du groupe. C’est comme s’ils faisaient partis du groupe depuis très longtemps ! Avec le dernier album, ils ont vraiment trouvé leurs marques, alors que sur « Heroes » ils tâtonnaient encore un petit peu. Là on les a laissés libres avec leurs instruments, la guitare, la batterie… « The Last Stand » est très bien joué avec tous les instruments et nous sommes impatients de faire la tournée tous ensemble.
ANR : Que peux-tu nous dire de plus sur cet album ?
Sabaton : Je voudrais parler de la jaquette conçue par Peter Sallaí, pour l’idée de base j’ai imaginé des scènes avec différentes périodes, différents personnages mais pas tous ceux présents dans l’album car je voulais que les fans puissent encore découvrir de nouvelles choses dans l’album. Peter a fait un travail fantastique. Je trouve que c’est une des plus belles pochettes qu’on ait jamais fait. C’est également complètement différent de ce qu’on fait d’habitude. La plupart des fans seront également contents car nous avons aussi travaillé sur l’intérieur du livret. Tout est différent des précédents albums. C’est assez unique pour nous. Nous avons beaucoup plus travaillé que sur Heroes et sommes très satisfaits du résultat.
ANR : Vous êtes tout le temps occupés par vos projets, tournées, albums, activités diverses…
Sabaton : Oui, bien sûr car c’est la nature même de Sabaton, nous aimons beaucoup et ce n’est pas si dur si vous aimez ce que vous faites. Et c’est ce que nous aimons, avoir tout le temps plein de choses à faire. Nous aimons aussi les défis et essayer de nouvelles choses. Nous travaillons sur de nouvelles choses pour le futur. Nous ne voulons pas juste être un groupe avec albums et tournées. Peut-être un autre festival ou d’autres choses. Nous faisons tout nous-mêmes, nous n’avons pas de manager. Depuis les débuts du groupe nous fonctionnons comme ça. C’est moi qui ai les idées, sur ce que nous devons faire et comment. L’équipe avec laquelle nous travaillons est très bonne. Nous n’avons jamais eu personne pour nous dire ce que nous devons faire et avons appris en essayant différentes choses. Et nous allons continuer comme ça. Beaucoup de groupes travaillent dur et leur manager gère avec la maison de disque, le tour manager et au final ne sont au courant de rien. Nous faisons tout nous-même, je sais exactement comment la maison de disque marche, comment l’agence de booking marche parce que tous ces gens-là travaillent pour moi. Je connais les différentes étapes d’un concert car je fais tout moi-même. Durant toutes ces années, j’ai appris beaucoup de chose : sur la technique, la mécanique du bus, les lumières, tout ce qui devait être fait. Avec le temps, nous devenons de plus en plus professionnels pour aider sur ce qui entoure le groupe. Je pense que nous avons la bonne attitude pour tout ça et le groupe s’en porte très bien. Beaucoup de gens viennent nous voir et nous disent : « on peut vous aider à faire tout ça… » mais non, maintenant on sait le faire et on le fait bien.
ANR : Un dernier mot pour les fans français ?
Sabaton : Nous étions au Download il y a quelques jours et en concert l’année dernière, je pense que le public était satisfait de notre prestation. Nous avons hâte de revenir pour notre prochaine tournée. Nous avons plein de souvenirs sur nos tournées et particulièrement sur Paris. La deuxième fois que nous sommes venus ici, c’était horrible, je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais le public ne nous aimait pas, c’était vraiment triste. Nous étions déçu mais sous sommes quand même revenus l’année suivante et c’était formidable !! En dépit de la pluie, les gens ont adoré ! C’est le genre de show que tu n’as pas peur de faire sous la pluie, le public était génial et ça nous a boosté. Beaucoup de groupes se reculent et se cachent de la pluie pour jouer, pas nous. Nous préférons rester près de notre public. Le matériel s’est un peu arrêté de marcher mais ce n’est pas grave, on continue quand même… Ça valait le coup.
ANR : Merci beaucoup !!